
Le tueur a utilisé la voiture d'une avocate pour commettre son crime
Accusé de meurtre, Kevin St-Pierre, 35 ans, a plaidé coupable lundi matin, au palais de justice de Joliette, à un chef réduit d'homicide involontaire avec une arme à feu. Le juge Louis Dionne a ensuite entériné la suggestion commune de peine de la Couronne et la défense.
Dans cette affaire, Noémi Tellier, une avocate de la défense bien connue, est accusée d'entrave à la justice. Son procès n'a pas eu lieu et elle est présumée innocente. Elle risquait encore plus gros jusqu'au printemps, lorsque le chef de complicité après les faits – une accusation passible de la prison à vie – a été abandonné par la Couronne. Il lui est interdit de pratiquer le droit pendant le processus judiciaire.
La défense a tenté d'obtenir une ordonnance de non-publication temporaire visant le nom de Noémi Tellier. Mais le juge Dionne de la Cour supérieure a refusé.
Noémi Tellier est l'ex-conjointe et la mère de l'enfant de Kevin St-Pierre.
Selon la trame factuelle présentée lundi, Kevin St-Pierre a abattu la victime, Francis Turgeon, dans la nuit du 7 au 8 mai 2019 à Repentigny. Ce soir-là, l'accusé voulait « discuter et régler » ses différends avec la victime en lien avec la vente de stupéfiants. Les circonstances de l'affaire demeurent toutefois nébuleuses.
Trois hommes sont mêlés à l'affaire. Outre Kevin St-Pierre, il est question de Wesley McKenzie, un homme d'abord accusé de meurtre, mais qui a bénéficié d'un abandon des poursuites par la Couronne en 2021. On ne peut nommer le 3e individu, toujours en attente de procès. Appelons-le Mike*.
Vers 23 h 30, le soir fatidique, Mike est intercepté au volant de son véhicule Land Rover par le Service de police de Repentigny. Il circule alors près du domicile de la victime. Kevin St-Pierre est à bord. Cinq minutes plus tard, St-Pierre communique avec Noémi Tellier, selon les faits reconnus par l'accusé.
Vers minuit, Noémi Tellier rencontre les trois hommes dans un stationnement de Charlemagne. Elle quitte les lieux avec le Land Rover de Mike. Celui-ci conduit alors la voiture Acura de l'avocate avec ses complices à bord. Ils se rendent à Repentigny près de la maison de la victime.
Wesley McKenzie (l'homme acquitté) se rend chez la victime. Vers 2 h, St-Pierre et Mike le rejoignent pour « tenter de régler leur différend ». Or, la « situation dérape » et St-Pierre tire sur Turgeon, mort sur le coup. Les trois hommes quittent à bord de la voiture Acura et rejoignent Noémi Tellier dans un stationnement du centre-ville de Montréal vers 3 h.
« Après une discussion et une dispute entre St-Pierre et Mme Tellier, cette dernière est repartie seule chez elle à bord du Land Rover. La carte de crédit personnelle de Mme Tellier fut utilisée pour payer le stationnement, plus tard dans la journée », selon les faits reconnus par St-Pierre.
Un « quasi-meurtre » qualifie la Couronne
Selon la procureure de la Couronne, Me Claudia Carbonneau, qui a fait équipe avec Me Valérie Michaud, il s'agit d'un « quasi-meurtre ». En général, un tel homicide involontaire commis par arme à feu mérite une peine située entre 10 et 15 ans, voire parfois plus. Compte tenu des antécédents judiciaires de l'accusé, la peine de 15 ans était adéquate, selon le ministère public.
L'avocate de la défense, Me Mylène Lareau, a fait valoir que son client voulait « retrouver le droit chemin ». « Il a l'intention de devenir un bon citoyen pour sa fille et de devenir un actif pour la société », a-t-elle plaidé. Il ne s'agit pas d'un « quasi-meurtre », selon elle.
Par ailleurs, « il y avait des enjeux de fiabilité des témoins » dans la preuve de la Couronne, selon la défense.
Selon l'exposé conjoint des faits, la Couronne s'engage à ne pas faire témoigner Kevin St-Pierre au procès de Mike, son complice allégué.
Par ailleurs, la Couronne a insisté sur le fait que Wesley McKenzie n'avait reçu « aucun avantage quelconque pour collaborer dans le présent dossier ». Selon Me Carbonneau, il a collaboré seulement un an et demi après l'abandon des accusations.
« [Je ne suis] pas d'accord qu'il n'a pas reçu d'avantage monétaire », a répliqué Me Lareau de la défense, qui convient toutefois que McKenzie n'est pas un « témoin contractuel ».
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(Ottawa) La Cour suprême du Canada n'entendra pas l'appel de Raed Jaser, reconnu coupable d'avoir fomenté un complot visant à commettre le meurtre de personnes inconnues au profit d'un groupe terroriste. Jim Bronskill La Presse Canadienne Il s'agit du dernier rebondissement d'une saga judiciaire qui a débuté il y a 12 ans avec des accusations contre Jaser et Chiheb Esseghaier pour avoir planifié des attentats, notamment le sabotage d'un train de passagers de VIA Rail. La Couronne alléguait que Jaser et Esseghaier avaient convenu de tuer des citoyens canadiens pour forcer le Canada à retirer ses forces armées d'Afghanistan. La preuve de la Couronne se basait principalement sur des communications interceptées et sur le témoignage d'un agent infiltré du FBI américain, chargé de se lier d'amitié avec Esseghaier. Le jury n'a pas pu rendre de verdict pour Jaser concernant l'accusation de complot ferroviaire, mais l'a déclaré coupable de trois autres infractions liées au terrorisme. La Cour suprême, conformément à sa pratique habituelle, n'a pas exposé les motifs de son refus d'examiner le cas de Jaser.


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La juge Magali Lepage a imposé une peine plus clémente à Frank Paris après avoir lu une « évaluation de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle ». Je résume la nouvelle de La Presse qui a fait sourciller beaucoup de gens, mercredi : un homme noir a reçu une peine plus légère parce que les Noirs font l'objet d'obstacles systémiques qui n'affligent pas la moyenne des Québécois. Titre de l'article de Thomas Emmanuel Côté : « Une première peine adaptée aux criminels racisés au Québec1 ». Frank Paris, défendu par le criminaliste Andrew Galliano, a plaidé coupable à des accusations de trafic de cannabis et de haschich : il en postait dans le Grand Nord pour une clientèle inuite, dans des villages où la dépendance fait des ravages. La juge Magali Lepage lui aurait normalement imposé une peine de 35 mois de prison. Mais elle a ramené ça à 24 mois d'emprisonnement après avoir lu une « évaluation de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle » de Frank Paris, une EIOEC. 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Donc, j'ai lu l'EIOEC consacrée à Frank Paris par les assesseures Natalie Hodgson, Barb Hamilton-Hinch et Nicole Mitchell*… Et ça faisait longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi mal foutu ! Nous sommes devant un fourre-tout socioculturel, criminologique et psychologique – malgré les nombreuses références à des études savantes – donnant l'impression d'un charabia plus ésotérique que scientifique. Le rapport s'attarde d'abord sur le quartier où Frank Paris a grandi, Côte-des-Neiges. C'est un quartier pauvre, violent et ce quartier a « sans aucun doute » forgé la trajectoire de vie de M. Paris, nous apprennent les autrices. Bon, jusqu'ici, on peut comprendre… Cependant, nous apprend le rapport, M. Paris était bon élève, il excellait à l'école. Pourquoi n'a-t-il pas fini son secondaire ? Je cite : « Il n'a pas eu de succès pour réussir son cours de français obligatoire. 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Autre exemple d'un choix de mots bien commode pour décrire la difficulté de Frank Paris à conserver un emploi : « En 2013, M. Paris a fait un séjour en prison qui a perturbé sa trajectoire d'emploi. » Aux autrices de l'EIOEC, Frank Paris le dit : il était bon à l'école. Un ami témoigne : le meilleur de sa classe ! Mais bon, ce foutu cours de français l'a empêché d'avoir son diplôme de secondaire V. Qu'importe, alors qu'il était en prison, il a terminé son secondaire V. Et il a commencé des cours au cégep Marie-Victorin, toujours de la prison. En maison de transition, Frank Paris suit même des cours au collège Dawson, mais il finit par abandonner, n'aimant pas son programme. Qu'importe : les autrices de l'EIOEC décrivent quand même Frank Paris comme un décrocheur (drop out)… Et elles nous abreuvent de statistiques sur le fait que les jeunes Noirs canadiens sont surreprésentés chez les décrocheurs. Ce qui est vrai, ce qui est un problème. Mais permettez cette question plate : si M. 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