
En Russie, les professeurs désormais incités à surveiller les enfants de migrants
Mesure sécuritaire ou dérive autoritaire? En Russie, un guide méthodologique élaboré par plusieurs ministères et incitant les enseignants à surveiller les enfants de migrants a été diffusé dans plusieurs régions du pays, a révélé le journal économique russe Vedomosti . Ce document a notamment été publié sur les sites web des administrations éducatives des régions de Sverdlovsk, de Smolensk et de Bachkortostan, dans le sud-ouest de la Russie.
Le manuel, élaboré par le ministère de l'Éducation en collaboration avec celui de l'Intérieur, selon Vedomosti qui cite un représentant de l'État, a été conçu dans l'idée de permettre aux professeurs de repérer les élèves de migrants «à risque», susceptibles de commettre des agressions ou des «actions illégales». Pour ce faire, il appelle les enseignants à consigner tout comportement qui témoignerait d'un mépris pour la mémoire historique du pays, les valeurs traditionnelles russes et les symboles de l'État.
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Sondages «anonymes»
«Les enseignants observeront également l'attitude des enfants migrants face au contenu des cours (lors desquels) des jugements extrêmes sont exprimés et des signes d'intolérance sont manifestés», avance Vedomosti, journal habituellement critique du pouvoir russe. Et de poursuivre: «La présence de vêtements et d'articles portant des attributs et des symboles du radicalisme religieux, de l'extrémisme et des sous-cultures criminelles devrait également alerter un adolescent».
Les professeurs sont aussi invités à «prêter attention» aux recherches internet des enfants, qui pourraient consulter à l'école des «contenus extrémistes, terroristes ou violents», et à mener des sondages «anonymes» en classe sur divers sujets. Il est également recommandé d'organiser des heures de cours intitulées «Nous sommes tous différents, mais nous sommes ensemble », «Apprendre à vivre sans conflits», «L'amitié des peuples»...
Les parents migrants seront aussi sollicités, d'après le manuel. «Le personnel des écoles est encouragé à aider les étrangers, compte tenu de leurs caractéristiques linguistiques et culturelles, à faire partie de la 'communauté des parents de l'école' et à les faire participer aux activités de l'école», raconte Vedomosti.
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Augmentation des crimes
Ce guide n'a rien de coercitif et sera appliqué selon le bon vouloir des écoles. «Pourquoi devons-nous préparer les enseignants à ce que ce soient les enfants de citoyens étrangers qui mèneront des conversations illégales?», a d'ailleurs réagi auprès du journal Vsevolod Lukhovitsky, coprésident du syndicat des enseignants.
Néanmoins, d'après Alexandre Bastrykine, haut fonctionnaire présidant le comité d'enquête de la fédération de Russie, «le comportement criminel des migrants mineurs est un sujet de grave préoccupation. Le nombre de crimes commis par eux a augmenté de 8% en 2024, passant de 353 à 381. Le nombre d'infractions particulièrement graves commises par des adolescents migrants a augmenté de 82 %». En ce sens, à partir du 1er septembre prochain, les étrangers vivant à Moscou et dans sa région devront partager leur géolocalisation par le biais d'une application mobile, et se soumettre à des contrôles biométriques.
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