
Derrière chaque jour férié, une symbolique qui empêche tout consensus sur leur suppression
Si la proposition a immédiatement suscité la colère des partis d'oppositions et des syndicats, le chef du gouvernement s'est dit « prêt à accepter d'autres idées » sur le choix des jours à supprimer.
Mais existe-t-il des jours fériés plus faciles à abandonner que d'autres ? Pas vraiment, et pour le comprendre il est nécessaire de revenir sur la dimension symbolique des 11 jours fériés que compte la France.
• Lundi de Pâques : un caractère religieux questionné
Pour expliquer son choix, le Premier ministre a avancé que le lundi de Pâques « n'a aucune justification religieuse ». Dans les faits, cette date - fériée depuis 1886 - est effectivement un jour de repos consécutif à la fête chrétienne de Pâques et non une fête religieuse au sens propre.
Certains spécialistes voient cependant dans le lundi de Pâques une réminiscence de l' « Octave de Pâques », qui désigne les huit jours suivant la fête pascale, l'une des plus importantes pour les chrétiens. Comme le rappelle le diocèse de Nanterre, la pratique de l'octave religieuse se retrouve déjà dans l'Ancien Testament avec la fête des Tabernacles, et « c'est l'empereur Constantin qui l'a introduite dans la liturgie catholique au quatrième siècle ».
Pour Laurent Stalla-Bourdillon, prêtre et théologien interrogé par l'AFP, le lundi de Pâques est « vraiment une fête religieuse ». « Quand on est catholiques, on fête Pâques toute la semaine », soutient-il.
• 8 mai : la célébration de la victoire contre l'Allemagne nazie
Pour ce qui est du 8 mai, François Bayrou l'a sélectionné car il estime qu'il intervient « dans un mois de mai devenu un véritable gruyère où l'on saute de ponts en viaduc de congés ».
Cette journée, qui célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la capitulation de l'Allemagne nazie, est fériée depuis 1981.
Supprimer le 8 mai « jour de la victoire contre le nazisme », serait « extrêmement grave » à l'heure où « l'extrême droite est aux portes du pouvoir », a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet ce mardi.
• 1er de l'an : incontournable
Au-delà des deux jours évoqués par François Bayrou, aucune autre option ne paraît idéale. À commencer par le 1er janvier, férié en France depuis 1810. Le premier jour de l'année dans le calendrier géorgien est férié dans de nombreux pays et notamment dans les 27 pays de l'Union européenne. Il paraîtrait donc difficilement envisageable de demander aux salariés français de travailler durant cette journée.
• 1er mai : hautement symbolique
Autre jour férié incontournable en France et à l'international : le 1er mai, la journée des droits des travailleurs. La date tient ses racines des États-Unis puisqu'elle rend hommage aux ouvriers américains tués par la police lors d'une mobilisation, à Milwaukee, en 1886. En France, le 1er mai devient officiellement un jour chômé et payé à partir de 1947.
On peut aisément imaginer que les syndicats et la gauche monteraient au créneau en cas de suppression.
• 14 juillet : un héritage politique
Mentionnée dans tous les livres d'histoire, la date du 14 juillet figure elle aussi sur la liste des jours fériés en France. En mémoire de la prise de la prison royale de la Bastille par les Parisiens le 14 juillet 1789 - qui a marqué le début de la Révolution française - ce jour est celui la fête nationale depuis 1880. Il paraît impossible, donc, de le supprimer.
• L'Armistice : en mémoire de ceux morts pour la France
La fin de la Première guerre mondiale est quant à elle célébrée le 11 novembre, le jour de l'Armistice qui reconnaît la victoire des Alliés et la défaite de l'Allemagne nazie en 1918. Depuis que la date a été rendue fériée en 1922, un hommage est rendu aux combattants et aux victimes décédés lors de la Première guerre mondiale chaque année à cette date.
Pour certains acteurs du tourisme, supprimer le 11 novembre aurait moins d'impact sur leur branche que la suppression du lundi de Pâques par exemple, car il s'agit d'un jour férié en dehors de la haute saison.
• Lundi de Pentecôte : un jour férié particulier
Le lundi de Pentecôte symbolise quant à lui la « descente de l'Esprit Saint » sur les premiers chrétiens, ce qui marque la naissance de l'Église.
Il s'agit toutefois d'un jour férié particulier. Après la canicule de 2003, le lundi de Pentecôte est devenu une journée de solidarité « en faveur de l'autonomie des personnes âgées ou handicapées ». Cela signifiait alors que les salariés travaillaient sans être payés. La règle a été assouplie en 2008 et les employeurs ont désormais le choix d'offrir ou non cette journée à leurs salariés.
Jeudi de l'Ascension, Toussaint, Noël et Assomption : le poids du religieux
Alors que le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte sont des jours fériés consécutifs à des fêtes religieuses, la France compte également des jours fériés purement religieux : le jeudi de l'Ascension, qui commémore la montée de Jésus au ciel ; la Toussaint, le 1er novembre qui honore tous les saints ; Noël, le 25 décembre jour de la naissance du Christ ; et l'Assomption, qui célèbre la montée la Vierge Marie au ciel le 15 août. Leur lien direct avec la religion chrétienne rendrait ainsi leur suppression difficile.
Au-delà de ces onze jours fériés à l'échelle nationale, certains départements ont leurs propres journées non travaillées. C'est notamment le cas en Alsace (Bas-Rhin et Haut-Rhin) et en Moselle, où l'on ne travaille pas le 26 décembre, le jour de la Saint-Etienne, ainsi que le Vendredi Saint, qui se tient le vendredi précédent le dimanche de Pâques. Tandis que le jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage est un jour férié dans les Drom, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. La date varie selon le département.
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