
«Tout a été cédé à Trump» : la classe politique dénonce l'accord douanier entre l'UE et les États-Unis
«Le plus grand accord jamais signé.» Dimanche 27 juillet, Donald Trump n'a pas caché sa satisfaction à l'issue de sa rencontre avec Ursula von der Leyen. L'accord conclu entre l'Union européenne et les États-Unis prévoit notamment la mise en place de droits de douane à hauteur de 15% sur les exportations européennes vers le marché américain, contre 10% auparavant. En contrepartie, l'UE s'engage à acheter 750 milliards de dollars d'énergie américaine et à investir 600 milliards de dollars supplémentaires outre-Atlantique. Un consensus salué par la présidente de la Commission européenne comme un «bon accord» qui permet de lever les barrières douanières sur certaines filières stratégiques, dont l'aéronautique. Mais dans les rangs des oppositions politiques, en France comme ailleurs en Europe, la tonalité est toute autre.
Dès les premières heures, le texte a déclenché une salve de critiques. «C'est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission», a réagi lundi matin le Premier ministre François Bayrou. Une déclaration qui donne le ton d'une journée d'indignation politique.
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Une «capitulation»
À gauche, les critiques sont virulentes. «Tout a été cédé à Trump», a fustigé Jean-Luc Mélenchon sur X. Le chef de file de La France Insoumise dénonce un accord qui bafoue «le libéralisme, la concurrence libre et non faussée et autres règles du Traité de Lisbonne», qu'il qualifie de «mauvaise blague». Il appelle à «l'insoumission à l'Empire et au non-alignement» comme «seule alternative disponible».
Même tonalité chez ses camarades : Manuel Bompard et Éric Coquerel ont dénoncé un «accord de la honte», tandis que l'eurodéputé de gauche Anthony Smith a qualifié le texte de «capitulation». «Ce n'est pas un accord commercial, c'est une reddition», a-t-il insisté, en pointant les «15% de droits de douane», les «750 milliards de dollars de gaz» achetés aux Américains, et les «600 milliards d'investissements offerts aux États-Unis».
Le Parti socialiste n'est pas en reste. «Se satisfaire d'avoir écopé de seulement 15% de droits de douane ? Mais ce sont nos emplois, nos productions et l'environnement que la Commission a sacrifiés», s'est insurgé Pierre Jouvet, député européen PS, dénonçant une «vassalisation» de l'Europe.
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«Un tribut plus qu'un traité»
Dans un communiqué publié sur X, Marine Le Pen s'en est pris à un «fiasco politique, économique et moral». La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale estime que «la France n'aurait jamais accepté de telles clauses asymétriques», et accuse la Commission de «capituler en rase campagne pour notre industrie, notre souveraineté énergétique et militaire». Selon elle, l'Union européenne «a obtenu de moins bonnes conditions que le Royaume-Uni», et la France devient une simple exécutante de décisions prises à Bruxelles sous pression américaine.
La voix de Dominique de Villepin s'est également élevée contre l'accord. L'ancien Premier ministre y voit un «traité inégal, où l'un paie des droits de douane à hauteur de 15%, mais l'autre aucun». Il s'interroge : «Il est illusoire de croire que Donald Trump s'arrêtera là. Que coûtera cet accord en emplois à l'Europe ?» Et d'ajouter : «C'est un tribut plus qu'un traité».
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«Donald Trump a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner»
En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz s'est félicité d'un accord qui permet «d'éviter une escalade inutile dans les relations commerciales transatlantiques», tout en appelant à la vigilance. L'Italie, de son côté, temporise. Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a salué la «fin d'une phase d'incertitude», mais veut désormais «examiner tous les détails». La cheffe du gouvernement Giorgia Meloni a, elle aussi, estimé prématuré tout jugement définitif.
La charge la plus virulente est venue de Hongrie. Le Premier ministre Viktor Orbán, interrogé lundi sur Facebook Live par le porte-parole de son parti, a comparé l'accord conclu par la présidente de la Commission européenne à une défaite personnelle. «Ce n'est pas Donald Trump qui a conclu un accord avec Ursula von der Leyen, c'est Donald Trump qui a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner», a-t-il ironisé, jugeant l'accord «pire» que celui négocié en mai dernier par le Royaume-Uni.
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«Ce n'est pas la fin de l'histoire»
Côté gouvernement, les voix sont plus mesurées, mais critiques. «L'accord est déséquilibré, mais apporte une stabilité temporaire», a estimé Benjamin Haddad, ministre délégué à l'Europe. Sur RTL, son collègue Marc Ferracci, chargé de l'Industrie, a reconnu que «ce n'est pas la fin de l'histoire» et appelé à «rééquilibrer les choses, notamment pour les services».
Le ministre délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a reconnu sur France Inter que «désormais, il va falloir rentrer dans le dur», plaidant pour un soutien accru aux filières les plus pénalisées. «Si les Européens ne se réveillent pas, le décrochage sera inévitable», a encore prévenu Benjamin Haddad. L'accord douanier entre Bruxelles et Washington, qualifié d'«historique» par Donald Trump, est donc loin de faire l'unanimité.
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