Lâche l'affaire ! Ces bénévoles qui continuent de porter leur tenue des Jeux Olympiques de Paris 2024
Depuis un peu moins d'un an, pour certains espiègles habitués des compétitions sportives, c'est devenu comme un petit jeu. Des travées de Roland-Garros à celles du Stade de France, en passant par les gymnases accueillant des U13 ou U15 de tous poils, une sorte de Où est Charlie ? géant s'invite lors des temps morts. Mais ici, ce n'est pas l'inimitable marinière rouge et blanche qu'il convient de repérer, mais plutôt celle, bleu foncé et turquoise, de la tenue des anciens volontaires des JOP de Paris 2024.
De fait, quelques mois après l'évènement planétaire, la ferveur n'est pas retombée pour nombre des 45 000 bénévoles - dont un tiers était issu des clubs - qui continuent d'arpenter le coeur du sport français. Comme autant de gentils VIP arborant fièrement leurs attributs et prêts à dégainer leurs smartphones remplis de photos de boxeurs cubains ou de handballeuses danoises, ils suggèrent passivement un : « J'en étais ! ». Mais sans vraiment plastronner... quoique...
Une source de fierté autant qu'une tenue de sport
Salomé Guénan, qui était volontaire au centre d'entraînement d'escrime, la joue raisonnable, mais n'est pas peu fière de pouvoir sortir son habit fétiche dès qu'elle pratique : « Ça a été un moment tellement fantastique que je vais garder la tenue complète le plus longtemps possible. Pendant les JOP, le t-shirt, c'était le vêtement à avoir, car il était ultra-reconnaissable et que l'on nous identifiait bien avec. Aujourd'hui, je le porte moins, même si je trouve chouette de continuer de le faire. En revanche, comme je fais pas mal de course à pied, quand il pleut, j'adore porter le coupe-vent. Il est vraiment hyper pratique et super beau avec le grand Paris 2024 à l'arrière. »
Atika Slotnik, qui était assistante de délégation au village, elle aussi s'accroche à sa tenue : « Je continue de la porter très régulièrement, quand je fais du sport ou que j'en regarde, mais aussi quand je vais dans des brocantes ou quand je retrouve d'anciens volontaires pour boire des verres. Parfois, je prête certains éléments à mes enfants pour leur faire plaisir, mais tout ça a tellement de valeur pour moi que j'en prends vraiment soin. J'étais déjà comme ça avec ma tenue de l'Euro 2016, qui est comme neuve (rires) ! Ce qui est sympa, c'est que, régulièrement, je vois que mes accessoires provoquent une petite "jalousie" saine chez les gens, et beaucoup de questionnements. Cela ouvre des discussions où je peux parler de sport et des JOP. Et si je sais que certains ont pu acheter dans des braderies certains habits du surplus, ce n'est pas pareil, car il faut l'accréditation pour que la tenue soit validée ! On s'est quand même beaucoup investi pour la France ! »
Visible jusque sur les sentiers du Mont-Blanc
Des symboles et des usages qui prolongent les fonctions initiales de la panoplie imaginée par Decathlon dans le cadre de son partenariat avec Paris 2024. Car si le souci du détail et du style ont habité les réflexions de l'enseigne nordiste, d'autres priorités ont activé le processus de création, l'aspect mode venant ensuite. « Il fallait d'abord que la tenue soit pensée pour être un point de repère. Dès l'arrivée dans une gare, un aéroport, à l'abord d'un stade, on devait pouvoir repérer que l'on était dans le cadre des JOP 2024, grâce à elle » détaille Philippe Daguillon, le directeur artistique de la marque nordiste.
L'ensemble a été pensé comme une tenue de sport, afin que « tout le monde puisse se sentir bien dedans », insiste le responsable. « Comme en général on cible large, on n'a pas toujours de parti pris fort dans nos designs. Mais on a pu s'exprimer cette fois-ci car la visibilité était nécessaire. J'ai la chance de vivre en montagne et je ne compte plus les fois où je vois passer des randonneurs, sur les sentiers du Mont-Blanc, qui portent encore le bob, le t-shirt ou le pantalon. Je trouve cool que ça continue à vivre. Ce qui m'a fait vraiment marrer, ce sont toutes les histoires liées à notre bob. Il y a eu des vols comme on sait, mais aussi de fausses déclarations pour que l'on rééquipe les gens ! Sur le départ du Tour de France, on a pu apercevoir comme un hommage avec celui produit par l'organisation pour les coureurs. Cela montre qu'on a une capacité à produire du design qui marque.
Respire : Pourquoi les cyclistes amateurs ne s'habillent plus comme les pros
Au point de rendre culte l'ensemble ? Pour cela, l'épreuve du temps sera le seul juge de paix. « Je ne sais pas si ce seront des pièces qui, comme le vin, prendront de la beauté et du corps avec le temps, comme un jean qui se délave, des t-shirts en coton lourd qui se patinent ou des chaussures en cuir qui gagnent en singularité » éclaire Marc Baugé, chroniqueur spécialiste du vêtement, vu notamment dans Quotidien. « Ce qui est sûr, c'est que si cela fait plaisir aux gens de les porter parce que cela leur rappelle des bons souvenirs, c'est déjà bien. Ce serait d'un snobisme sans bornes que de dire aux gens de ne plus mettre ces vêtements parce qu'untel a dit que ça n'était pas comme il fallait. Moi, j'aime les choses qui servent. Il n'y a rien de plus anti-cool que les gens qui achètent et ne portent pas. Ou jettent. Après, il ne faut pas constituer sa garde-robe autour de cette tenue (sourires). On peut accessoiriser, car porter la panoplie entière peut être dangereux... et inciter les gens à venir vous demander où est l'entrée du Parc des Princes ou du Grand Palais. »
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