« Le foot français reprend son destin en main » : la LFP dévoile sa chaîne Ligue 1+
Un tournant historique. Dès le 15 août, la Ligue de football professionnel (LFP) lancera sa propre chaîne de télévision pour diffuser l'essentiel des matchs de Ligue 1. Sa promesse : offrir aux fans huit des neuf matchs de chaque journée - le neuvième restant dans l'escarcelle de beIN Sports -, en direct et en exclusivité. Son nom ? Ligue 1+.
« Ce projet s'imposait car il n'y avait pas de marché pour valoriser les droits télé de la Ligue 1 », a rappelé Nicolas de Tavernost, le directeur général de la filiale LFP Media, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Ligue. Une occasion pour le football français de « reprendre son destin en main », a-t-il poursuivi. À ses côtés, Vincent Labrune, le président de la LFP, a fait remarquer que cette option avait déjà été mise sur la table l'été dernier. « Nous avions fait un autre choix, conscients qu'une mise en œuvre trop rapide aurait pu fragiliser certains clubs. Aujourd'hui, toutes les conditions sont réunies pour lancer la première chaîne 100 % dédiée à un championnat national de football, considère-t-il. Contrairement à ce que certains prétendent, la Ligue 1 dispose aujourd'hui de tous les atouts pour réussir ce projet inédit. »
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La saison a été marquée par des records d'affluence dans les stades. Le PSG est sorti grand vainqueur de la Ligue des champions. Et la compétition va voir le retour de plusieurs stars du ballon rond, à l'image de Paul Pogba ou Olivier Giroud, a claironné le président de la LFP. N'empêche. Le plus dur reste à faire : convaincre les supporteurs, dont beaucoup se sont convertis au piratage, de revenir dans la légalité.
Premier élément déterminant : le prix. La chaîne proposera un abonnement à 14,99 euros par mois avec deux utilisateurs et engagement sur 12 mois (19,99 euros sans engagement). Un tarif inférieur à l'offre de lancement de DAZN, diffuseur de la Ligue 1 la saison dernière, qui s'élevait à 29,99 euros par mois avec engagement d'un an. Il y aura également une offre mobile et tablette à 14,99 euros par mois pour un seul utilisateur. Une offre pour les moins de 26 ans sera lancée plus tard, à 9,99 euros pour un utilisateur. Pour attirer les fans, la soirée du dimanche 17 août sera diffusée gratuitement, avec un magazine à 19 h 15 suivi de l'affiche Nantes-PSG. Par ailleurs, la LFP n'exclut pas des offres promotionnelles et des bundles pour séduire plus d'abonnés.
Orange, Bouygues, Free et SFR… mais pas Canal+
La distribution de la chaîne constitue un autre élément crucial de sa réussite. Faute d'un accord exclusif avec Canal+, le ballon rond va déployer une stratégie d'hyperdistribution afin de toucher un maximum de consommateurs. Ligue 1+ sera proposée par les quatre opérateurs télécoms (Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR), mais aussi par DAZN. Ce dernier, qui vient de récupérer les droits télé de la Serie A italienne en France, devrait rapidement proposer des forfaits couplés. D'autres accords seront annoncés d'ici les prochains jours, précise la Ligue. Et bien sûr, a assuré Nicolas de Tavernost, « la porte sera toujours ouverte à Canal+ pour distribuer notre chaîne, dans l'intérêt de ses abonnés »…
Enfin, côté contenu, Ligue 1+ promet 20 heures de direct chaque week-end, avec des prises d'antenne une heure avant chaque rencontre et, cette saison, trois Clasicos entre l'OM et le PSG, dont le premier est programmé le 21 septembre. Un magazine sera prévu le samedi soir après les deux matchs de la journée, et un autre - diffusé en clair - le dimanche avant la dernière affiche de chaque journée. La neuvième rencontre, celle détenue par beIN Sports, sera diffusée en différé.
Des avant-matchs, des après-matchs et… beaucoup d'immersion. « Nous voulons mettre en scène le plus possible les coulisses de la Ligue 1 », a insisté Jérôme Cazadieu, le directeur senior marketing et éditorial de LFP Media. « Ligue 1+ ne sera pas une simple chaîne qui enchaînera les matchs. Nous allons proposer beaucoup de sujets, nous irons dans tous les clubs, les petits comme les grands, pour raconter des histoires, et il y en a beaucoup », assure-t-il. La chaîne promet « des analyses de haut niveau et des immersions en tribunes, dans les vestiaires et au bord des pelouses ». En semaine, elle proposera « des contenus exclusifs et innovants autour des clubs : interviews, coulisses, formats originaux… ».
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Un championnat d'e-sport à destination d'un public plus jeune, deux séries documentaires en immersion pour suivre le club récemment promu du Paris FC ou bien le capitaine brésilien de Nice, Dante, doyen de la L1… La chaîne proposera même à partir de cet automne un programme destiné aux enfants, « Ligue 1 Kids ». En somme, tout ce que DAZN a toujours demandé la saison dernière… sans jamais parvenir à l'obtenir.
Toujours en cours de finalisation, le casting de la future chaîne a aussi été en partie dévoilé ce jeudi. Thibault Le Rol, Lesly Boitrelle, Marina Lorenzo, Sébastien Dupuis, Xavier Domergue, Smaïl Bouabdellah et Benoît Cheyrou en font partie.
Objectif 1 million d'abonnés en fin de saison
La Ligue vise un objectif ambitieux : 1 million d'abonnés en fin de saison, et entre 2,2 et 2,5 millions d'abonnés d'ici quatre ans. Pour rappel, DAZN avait fini la saison dernière avec une base d'abonnés estimée entre 600 000 et 700 000 personnes, sur laquelle la Ligue espère capitaliser puisque DAZN distribuera Ligue 1+. À l'époque où il diffusait le championnat, Amazon avait compté jusqu'à 1,4 million d'abonnés, selon des chiffres datant d'octobre 2021. En principe, « l'audience sera mesurée par Médiamétrie », a précisé Nicolas de Tavernost, ajoutant que le coût global de la chaîne sera d'environ 66 millions d'euros. La Ligue a choisi Mediawan, le groupe de Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, pour la partie gestion du personnel, la production éditoriale des matchs, des multiplex, des magazines…
Pour lancer leur chaîne et entamer la saison, les clubs de foot disposeront d'un « matelas » de 165 millions d'euros lié à l'indemnité de sortie de DAZN de 85 millions d'euros et les 78,5 millions de beIN Sports pour la diffusion d'un match par journée. Mais pour l'heure, la LFP se montre peu disserte sur les recettes espérées. « Elles seront inférieures à celles des années précédentes », a admis Nicolas de Tavernost, avant de prévenir qu'il y aurait sans doute « deux années difficiles en termes de ressources, dans la mesure où les rendements de cette chaîne seront progressifs ». « La constitution d'un actif nécessite des investissements », rappelle-t-il.
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