
Helvetico, le Vaudois qui habille les stars de demain
Johan Lin, alias Helvetico (à droite de l'image, de dos) a habillé Theodora lors de la cérémonie des Flammes 2025.
Liesel Fritsch
En bref:
Sous le pseudonyme Helvetico, Johan Lin reste discret. Travailleur de l'ombre, le styliste vaudois de 29 ans est derrière tous les looks de Theodora, la chanteuse franco-congolaise, qui a explosé cette année. Celle qui se produira mercredi au Montreux Jazz Festival arbore à chacune de ses apparitions les vêtements choisis par le natif de Chardonne, qui s'est fait un nom dans le milieu underground de Paris.
Comment en est-il arrivé là? Une fois sa maturité obtenue au gymnase de Burier, Johan Lin a longtemps douté sur son avenir, nous explique-t-il: «À cette époque, je voulais surtout jouer au volley, l'université n'était qu'un prétexte.» Lors d'un passage dans un centre de formation à Lyon, le Vaudois cumule les petits boulots jusqu'à rejoindre le média « Views» , qui deviendra par la suite une référence de la culture urbaine française.
En 2019, Johan revient en Suisse, où il porte les couleurs du VBC Lutry-Lavaux et du LUC avant qu'une blessure ne l'éloigne des terrains. «J'ai alors réalisé que si je voulais réussir dans la mode, je devais retourner en France.» En 2021, le Chardonneret alors âgé de 25 ans décide de se lancer pleinement dans le stylisme en retournant chez «Views» à Lyon, puis à Paris, où il a réussi à se faire connaître.
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La stratégie d'Helvetico: un feed Instagram léché et cohérent. C'est un moyen pour le styliste de mettre en valeur son travail sur les réseaux sociaux. «À mes débuts, j'ai fait une campagne avec «Views» pour Nike et ça a très bien marché. Après ça, on est venu me demander de travailler sur des projets par-ci par-là.» C'est via un ancien stagiaire de chez «Views», devenu manager de Theodora, que Johan rencontre la chanteuse franco-congolaise encore méconnue du grand public. C'est alors un coup de foudre tant professionnel qu'amical. «J'ai travaillé avec beaucoup d'artistes underground, mais il me manquait une artiste plus mainstream pour donner plus de visibilité à mon travail. Avec Theodora, on commence seulement maintenant à récolter les fruits d'un travail de longue haleine.» La Suisse en retrait
«J'adorerais voir la mode suisse se développer et se faire une place à l'international, mais je pense que ça va prendre énormément de temps», analyse Helvetico. Le meilleur conseil qu'il pourrait donner à un jeune styliste suisse? «C'est de quitter le pays pour rejoindre Paris. La capitale française regorge d'artistes talentueux et cette effervescence pousse chacun à donner le meilleur de soi.» En Suisse, malgré des écoles renommées comme la HEAD ou l'ECAL, le marché peine à se développer. «En plus de ça, les habits sont des produits internationaux. Les coûts de productions sont bien plus élevés en Suisse qu'ailleurs, alors les marques et les artistes ne gagnent rien à venir travailler dans notre pays.»
Helvetico accompagne depuis deux années la chanteuse franco-congolaise.
Helvetico Thin Bold
De son côté, Johan Lin n'a jamais été guidé par la soif d'argent. «J'ai beaucoup investi personnellement pour réaliser des projets qui ne me rapportaient rien d'autre que de la visibilité. Encore l'année dernière, avec un pote, on a autofinancé une campagne qu'on est venu produire en Suisse», avoue-t-il. Pendant plusieurs années, il est intervenu sur des projets bénévolement en combinant quelques jobs alimentaires. «Aujourd'hui, je commence enfin à m'en sortir financièrement. C'est comme dans le monde du sport, il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus. Dans le métier que je fais, à Paris, on doit être seulement une vingtaine de personnes à en vivre.»
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Johan retrouvera mercredi sa Riviera natale à l'occasion du concert de Theodora. À Montreux, le nouveau joyau de la musique française a fait bon nombre de déçus quand se sont écoulés en moins d'une minute les 550 billets de la Spotlight Stage. Son succès ne semble pas près de s'estomper, pour le plus grand plaisir du Vaudois. Même s'il compte bien faire un bon bout de chemin avec Theodora, Helvetico a encore quelques cases à cocher dans sa carrière déjà bien lancée. «J'aimerais bien transmettre mon expérience en donnant des cours, revenir en Suisse pour y ouvrir un centre culturel et pourquoi pas habiller un jour Roger Federer.»
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