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Pour Golshifteh Farahani, Locarno déploie le tapis rouge (sang)

Pour Golshifteh Farahani, Locarno déploie le tapis rouge (sang)

24 Heures5 hours ago
Accueil | Culture | Cinéma & séries |
L'actrice iranienne, condamnée par le régime des mollahs, irradie dans l'horrifique «Alpha», qu'elle présentait mercredi en ouverture. Interview politique. Publié aujourd'hui à 19h12
Golshifteh Farahani n'a pas pu retourner dans son pays natal depuis 2009 et sa condamnation pour être apparue tête nue en conférence de presse.
Rahi Rezvani
Glamour et intellect: l'équation si souvent réclamée au Festival de Locarno trouve avec Golshifteh Farahani sa plus belle incarnation. Mercredi soir, la comédienne iranienne recevait un Léopard d'honneur en ouverture de la 78e édition du rendez-vous de cinéma, dont le tapis rouge avait les teintes sanguines d'«Alpha», drame horrifique que l'actrice traverse d'une intensité stupéfiante. Le film de Julia Ducournau, Palme d'or cannoise avec «Titane», sortira le 25 août. Locarno, terre d'exil
«La première fois que je suis venue ici, c'était juste après mon exil d'Iran, se souvient Golshifteh Farahani. Locarno fut le premier festival à m'accueillir, c'est pourquoi il a une telle importance pour moi. J'y suis venue quatre fois: la première comme membre du jury – nous siégions dans cette pièce où nous nous trouvons. Et aujourd'hui pour recevoir un prix! Je mesure le chemin parcouru.»
Elle a de quoi. Comme elle le rappelle sans fausse modestie, l'actrice compte à 42 ans un parcours d'une rare profusion et d'une grande diversité, une vingtaine de longs métrages en Iran, dès l'âge de 15 ans, avant de connaître, de gré puis de force, une carrière internationale entre blockbusters hollywoodiens («Pirates des Caraïbes», «Exodus: Gods and Kings», «Mensonges d'État») et cinéma français – elle a tourné pour Alain Chabat, Christophe Honoré, Louis Garrel… Et Julia Ducournau, donc, autrice hautement abrasive d'un cinéma de la déconstruction et de la métamorphose. Ce que Golshifteh Farahani a connu dans sa chair…
«Alpha» raconte les douleurs d'une adolescente stigmatisée, que l'on croit malade dans un monde soumis à un virus terrifiant. Avez-vous pu vous identifier à cette histoire?
Bien sûr. Alpha, dont je joue la mère, est victime de traumatismes transgénérationnels que le film révèle. Ce sont des choses auxquelles je suis confrontée dans ma vie, des traumas hérités des générations précédentes, que je n'ai même pas vécus, mais qui m'ont été transmis.
À quel traumatisme pensez-vous exactement?
Ma grand-mère s'est suicidée. Elle s'est immolée quand ma mère avait 7 ans. Elle en a été témoin, elle est allée chercher les voisins pour éteindre sa mère en flammes. Elle a grandi comme une orpheline. Puis elle s'est mariée, a eu trois enfants – je suis la dernière. Je n'ai pas vu mourir ma grand-mère, mais j'ai vécu sa douleur à travers ma mère. Elle m'a littéralement injecté toutes ses insécurités, je les porte comme si elle m'avait passé un gigantesque sac à dos. Petit à petit, j'apprends à le déposer. Parfois, ces sacs collent à la peau: il faut en arracher une partie. C'est aussi ce que raconte le film dans son rapport au corps.
Golshifteh Farahani tient Alpha (Mélissa Boros) dans ses bras.
©MANDARIN & COMPAGNIE KALLOUCHE
Le fait d'être séparée de votre famille, de votre ville natale, de votre pays d'origine est probablement un autre traumatisme…
Absolument. Je me suis aperçue que je portais ces sacs dès que j'ai quitté l'Iran. L'exil a mis un poids énorme sur moi, et le traumatisme a soudainement pris le dessus. Avant, en Iran, je me sentais étonnamment libre. En 2008, j'ai joué dans «Mensonges d'État», de Ridley Scott, je pensais qu'on serait fiers de moi, parce que ce film n'est pas proaméricain et montrait bien la complexité de la situation au Moyen-Orient. J'étais très connue dans mon pays, je suis revenue de Hollywood en confiance. Puis tout a basculé… J'ai traversé le labyrinthe de la justice nationale et des services de renseignement, avec des mois d'interrogatoires. Je n'avais que 23 ans. Le juge a dit qu'il attendait la sortie du film pour prononcer sa sentence. J'ai eu de la chance, car il m'appréciait comme actrice! Mais ce type est l'un des hommes les plus effrayants du système judiciaire. Un homme horrible. Il avait exécuté plusieurs amis de mon père lors de la révolution islamiste. Alors je suis partie. C'est une longue histoire, mais ma vie est devenue ce qu'elle est aujourd'hui.
«Quand on naît femme en République islamique, on vaut la moitié d'un homme.»
Getty Images via AFP
De fait, vous êtes à l'international l'une voix les plus populaires de la contestation au régime iranien. Avez-vous choisi d'assumer cette responsabilité?
Choisir est un grand mot pour ceux qui naissent dans des conditions difficiles: on n'a pas le choix. Quand on naît femme en République islamique, on vaut la moitié d'un homme. Toute sa vie, on se bat pour combler cette inégalité. C'était une affaire de survie, quelque chose de très organique, je ne me suis jamais trop posé de question, là-bas. En revanche, lors des manifestations de 2022, je me suis consciemment impliquée: je pouvais amplifier la voix de gens qu'on n'entendait pas. Le traduire au niveau émotionnel, car ce qu'on voit aux informations, ce n'est que… de l'information. En tant que comédienne, je voulais traduire les émotions d'une femme iranienne qui perd un mari, un enfant, ou donne la vie. Tout sauf être politique.
Comment ça?
La politique est toujours l'intérêt de l'un contre l'intérêt de l'autre. Je pense que la seule façon de lutter contre cette obscurité est de se réfugier dans l'art et la culture. D'être une force de lumière face à ces ados qui dirigent le monde. Des hommes sous testostérone qui se menacent.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Le conflit militaire entre Israël et l'Iran pourrait-il être un levier de changement plus puissant que les révoltes de 2022?
C'est terrible, parce qu'on entend tant d'Iraniens dire: «Qu'Israël vienne nous libérer!» Aucun pays, surtout pas Israël ou les États-Unis, ne libérera un pays pour son propre bien. L'Iran est un trésor, et tout le monde en veut un morceau. J'espère que la liberté pour les Iraniens viendra de l'intérieur, car aucune guerre, aucun bombardement ne peut libérer un pays, et il ne faut pas sous-estimer le poids de 2022: sur les images que m'envoient des amies depuis l'Iran, je n'arrive pas à y croire. Personne ne porte le voile! Elles sont en manches courtes et débardeurs. Le gouvernement a compris qu'il ne pouvait pas lutter avec ça. Il prend le peuple en otage, militairement, mais il a déjà perdu.
Festival du film de Locarno, jusqu'au 17 août. locarnofestival.ch
À lire, sur le Festival de Locarno
François Barras est journaliste à la rubrique culturelle. Depuis mars 2000, il raconte notamment les musiques actuelles, passées et pourquoi pas futures. Plus d'infos
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Locarno fut le premier festival à m'accueillir, c'est pourquoi il a une telle importance pour moi. J'y suis venue quatre fois: la première comme membre du jury – nous siégions dans cette pièce où nous nous trouvons. Et aujourd'hui pour recevoir un prix! Je mesure le chemin parcouru.» Elle a de quoi. Comme elle le rappelle sans fausse modestie, l'actrice compte à 42 ans un parcours d'une rare profusion et d'une grande diversité, une vingtaine de longs métrages en Iran, dès l'âge de 15 ans, avant de connaître, de gré puis de force, une carrière internationale entre blockbusters hollywoodiens («Pirates des Caraïbes», «Exodus: Gods and Kings», «Mensonges d'État») et cinéma français – elle a tourné pour Alain Chabat, Christophe Honoré, Louis Garrel… Et Julia Ducournau, donc, autrice hautement abrasive d'un cinéma de la déconstruction et de la métamorphose. 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Elle m'a littéralement injecté toutes ses insécurités, je les porte comme si elle m'avait passé un gigantesque sac à dos. Petit à petit, j'apprends à le déposer. Parfois, ces sacs collent à la peau: il faut en arracher une partie. C'est aussi ce que raconte le film dans son rapport au corps. Golshifteh Farahani tient Alpha (Mélissa Boros) dans ses bras. ©MANDARIN & COMPAGNIE KALLOUCHE Le fait d'être séparée de votre famille, de votre ville natale, de votre pays d'origine est probablement un autre traumatisme… Absolument. Je me suis aperçue que je portais ces sacs dès que j'ai quitté l'Iran. L'exil a mis un poids énorme sur moi, et le traumatisme a soudainement pris le dessus. Avant, en Iran, je me sentais étonnamment libre. En 2008, j'ai joué dans «Mensonges d'État», de Ridley Scott, je pensais qu'on serait fiers de moi, parce que ce film n'est pas proaméricain et montrait bien la complexité de la situation au Moyen-Orient. J'étais très connue dans mon pays, je suis revenue de Hollywood en confiance. Puis tout a basculé… J'ai traversé le labyrinthe de la justice nationale et des services de renseignement, avec des mois d'interrogatoires. Je n'avais que 23 ans. Le juge a dit qu'il attendait la sortie du film pour prononcer sa sentence. J'ai eu de la chance, car il m'appréciait comme actrice! Mais ce type est l'un des hommes les plus effrayants du système judiciaire. Un homme horrible. Il avait exécuté plusieurs amis de mon père lors de la révolution islamiste. Alors je suis partie. C'est une longue histoire, mais ma vie est devenue ce qu'elle est aujourd'hui. «Quand on naît femme en République islamique, on vaut la moitié d'un homme.» Getty Images via AFP De fait, vous êtes à l'international l'une voix les plus populaires de la contestation au régime iranien. Avez-vous choisi d'assumer cette responsabilité? 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En revanche, nous avons sélectionné des projets qui ne nécessitent pas la mise en place de structures spéciales et coûteuses.» Pour aider les spectateurs à faire leurs emplettes, voici cinq rendez-vous à ne pas manquer, du 7 au 10 août, à Yverdon. «Mirage», un jour de fête (danse) Inspiré de l'image d'un camp de réfugiés en Cisjordanie avec grillages, barbelés et tôles rouillées en toile de fond, ce spectacle de danse laisse augurer de sombres perspectives. Et pourtant. «Plutôt que de plonger le public dans une ambiance morose, ce grand format l'immerge dans une fête collective qui célèbre la vie», relève Damien Frei. Malgré un propos grave, «Mirage» immerge le spectateur dans une fête collective. C-Detrez / DR Certes, le propos reste grave et dénonce l'horreur et l'absurdité de la guerre, mais la compagnie Dyptik (France) emmène tout le monde jusqu'à une apothéose au cours de laquelle le public peine à ne pas chanter et danser avec les chorégraphes. 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En y ajoutant de la musique jouée en direct, du chant et des acrobaties, la compagnie sert un cocktail tropical inimitable. Place Pestalozzi, samedi 9 (10 h 30) et dimanche 10 (18 h 15). D'autres sujets festivaliers Frédéric Ravussin est journaliste à 24 heures depuis 2005 pour qui il couvre l'actualité régionale du Nord vaudois. Au-delà de ces frontières géographiques, il a un intérêt marqué pour les sujets touchant au monde des animaux (les oiseaux en particulier) et au domaine du sport. Plus d'infos @fredravussin Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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