
Desjardins délaisse Hamster pour son concurrent américain
La situation politique américaine actuelle incite les Canadiens à se tourner vers les produits locaux. Pourtant, lorsqu'ils sortent leur portefeuille, ils optent souvent pour le prix le plus bas, même s'il n'est pas canadien. Leur caisse populaire a fait la même chose.
Même si sa marque est régulièrement associée à la promotion de l'achat local, Desjardins a récemment préféré une société américaine à une entreprise canadienne pour l'achat des fournitures de bureau de ses employés.
Depuis plus de 20 ans, le plus important employeur privé au Québec était le client de Hamster, un fournisseur établi à Laval, aussi connu sous le nom de Novexco. Le contrat, d'une valeur de plusieurs millions de dollars, serait passé aux mains d'un concurrent au début de l'été. Selon des informations obtenues par La Presse, il s'agirait de Staples Canada (Bureau en gros au Québec), la division canadienne de l'entreprise américaine Staples.
« Ce choix s'inscrit dans une volonté de maintenir un haut niveau de qualité et de service, tout en assurant une saine gestion des coûts de la coopérative », précise Desjardins dans un courriel envoyé à La Presse.
La coopérative, qui compte plus de 55 000 employés, soutient avoir procédé à « un appel d'offres rigoureux ». En vertu de sa politique de développement durable, ce processus devait notamment tenir compte de l'origine de l'entreprise.
« C'est dommage que Desjardins prenne [ce contrat-là] pour l'envoyer à Staples, une entreprise gérée à Toronto et propriété américaine », dit Gilles Frigon, propriétaire de plusieurs magasins affiliés à Hamster en Abitibi et en Outaouais.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Un marchand indépendant affilié à Hamster à Repentigny
« Transférer ça à une entreprise américaine, surtout avec ce qu'on vit présentement et les impacts que ça a sur l'économie du Québec, c'est encore plus épouvantable que d'avoir fait ça il y a cinq ans. », ajoute Guylaine Landry, propriétaire d'un commerce de fournitures de bureau situé à Joliette.
En Beauce, Christian Demers envoie toutefois un autre son de cloche. « C'est le libre marché. C'était à nous de faire de meilleurs prix », avance le propriétaire d'un magasin affilié de Saint-Georges.
Sollicité par La Presse, le président et chef de la direction de Hamster, Denis Mathieu, a préféré s'abstenir de commentaires. Son entreprise est le plus grand distributeur de fournitures de bureau à propriété canadienne. En plus de son service de vente aux entreprises, Hamster compte sur un réseau de marchands indépendants ayant plus de 100 points de vente au Québec.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Staples compte plus de 300 succursales au Canada, dont les magasins Bureau en gros au Québec, et son siège social canadien est situé en banlieue de Toronto.
Un fournisseur « incorporé au Canada »
Dans la déclaration écrite, Desjardins relativise l'impact réel du choix du grossiste retenu sur la provenance de la marchandise qui lui est acheminée. « Comme c'est le cas pour la majorité des fournisseurs/distributeurs dans ce secteur, une grande partie des biens achetés à travers eux est importée. »
La coopérative souligne aussi avoir choisi un fournisseur « incorporé au Canada, [qui] fait travailler les Québécois et les Canadiens, contribuant ainsi à l'économie nationale ».
Staples compte plus de 300 succursales au Canada, dont les magasins Bureau en gros au Québec, et son siège social canadien est situé en banlieue de Toronto. Depuis 2017, l'entreprise appartient à Sycamore Partners, une société de capital-investissement new-yorkaise qui est aussi propriétaire des quincailleries Rona.
« Par souci de transparence et de respect, notre fournisseur précédent a été informé dès octobre 2024 que le contrat ne serait pas renouvelé », a ajouté Desjardins.
De la concurrence qui vient de partout
Pour Guylaine Landry, la pilule reste difficile à avaler, d'autant plus que la vente au détail dans le secteur des fournitures de bureau n'est plus ce qu'elle était. « Les PME, on se pose de grosses questions. Avec tout ce qui est Amazon et compagnie, les gens nous voient déjà comme n'étant plus là dans un jour qui est proche. » Elle déplore aussi que les petits commerçants locaux aient souvent de la difficulté à accéder aux contrats publics.
Pour elle, la vocation coopérative de Desjardins et sa volonté d'encourager les petits entrepreneurs auraient dû pousser l'entreprise à poursuivre son partenariat avec Hamster.
Gilles Frigon va encore plus loin : il déplore que Desjardins ait privilégié un approvisionnement centralisé plutôt que régional.
Avant, c'étaient des distributeurs locaux qui fournissaient les caisses locales. On a tous perdu cette petite business-là.
Gilles Frigon, propriétaire de plusieurs magasins affiliés à Hamster en Abitibi et en Outaouais.
Depuis plusieurs années, la coopérative achetait l'ensemble de ses fournitures de bureau directement auprès de l'entrepôt de Hamster à Laval. Les marchands affiliés recevaient des bénéfices liés à ce partenariat, mais ils ne pouvaient plus compter sur des revenus de ventes directes.
Pourtant, les caisses Desjardins font régulièrement la promotion de l'achat de proximité. Dans la dernière année seulement, elles se sont affichées comme partenaires de plusieurs campagnes favorisant explicitement l'achat chez des commerçants locaux, notamment dans les MRC de Rivière-du-Loup, de Portneuf et de Lotbinière, à Verchères et dans le quartier Villeray, à Montréal.
Mince consolation pour M. Frigon : comme le contrat ne cible que les fournitures de bureau, les caisses locales peuvent toujours acheter leur mobilier de bureau dans des magasins affiliés à Hamster. « Mais les caisses, elles ne changent pas leurs bureaux tous les jours », rappelle-t-il.
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