Dernières actualités avec #AnasAlSharif


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La mort des journalistes à Gaza ravive le débat sur la liberté de la presse
Accueil | Monde | Israël/Hamas | Six reporters ont péri dans un bombardement dimanche. Tsahal accuse l'une des victimes, Anas Al-Sharif, d'appartenir au Hamas. Les ONG dénoncent l'absence de preuves. Publié aujourd'hui à 17h04 L'armée israélienne a revendiqué l'assassinat du correspondant palestinien de 28 ans, mort dans un bombardement dimanche avec cinq autres personnes, le qualifiant de «terroriste». AFP En bref: Six journalistes ont été tués dimanche dans une attaque aérienne israélienne contre une tente installée devant l'Hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza. Parmi les victimes figurent cinq journalistes d'Al Jazeera, dont l'éminent reporter Anas Al-Sharif et quatre de ses collègues. Selon l'organisation Reporters sans frontières, un journaliste indépendant a également perdu la vie dans cette offensive. Dans un communiqué de presse, la chaîne d'information qatarie a précisé que la cible était une tente clairement identifiée comme un abri pour les médias. «L'ordre de tuer Anas Al-Sharif et ses collègues est une tentative désespérée de faire taire les voix critiques à l'occupation programmée de l'ensemble de la bande de Gaza», a déclaré la chaîne. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. En juillet, Anas Al-Sharif avait publiquement réfuté les accusations israéliennes qui le présentaient comme membre du Hamas. Sur les réseaux sociaux, il avait écrit: «Je suis un journaliste sans affiliation politique. Ma seule mission est de rapporter la vérité, telle qu'elle est, sans parti pris». Quelques minutes avant sa mort, il avait signalé sur la plateforme X des bombardements intensifs dans la ville de Gaza, qui duraient depuis plus de deux heures. Dimanche, sa dépouille a été portée en cortège funéraire dans les rues de Gaza, devant une foule venue en nombre. La dépouille d'Anas Al-Sharif est préparée en vue de son enterrement. BASHAR TALEB/AFP Dans une lettre d'adieu rédigée en avril dernier au cas où il viendrait à mourir, Anas Al-Sharif évoque le «massacre auquel notre peuple est exposé depuis plus d'un an et demi». Son dernier message s'adresse à tous ceux qui sont en vie. «Ne vous laissez pas réduire au silence. Soyez des ponts pour la libération de ce pays et de son peuple.» Israël parle d'une attaque ciblée contre une cellule du Hamas En juillet, un porte-parole de l'armée israélienne avait déjà publié sur Facebook une vidéo accusant Anas Al-Sharif d'appartenir à la branche armée du Hamas, les Brigades Izz al-Din al-Qassam. Il avait également incriminé le journaliste de «travailler pour la chaîne la plus meurtrière», une allusion évidente à Al Jazeera. Après la mort des cinq journalistes, l'armée israélienne a reconnu être responsable de l'attaque. La cible était Anas Al-Sharif. Il aurait «dirigé une cellule du Hamas» et aurait «été l'instigateur d'attaques à la roquette contre des civils et des soldats israéliens». Il se serait «fait passer pour un journaliste». Selon le « New York Times », les preuves comprennent des documents saisis lors d'opérations terrestres à Gaza: listes de noms, fiches de paie et données issues des répertoires de membres du Hamas. Al Jazeera rejette vigoureusement cette affirmation. Le diffuseur a précisé à CNN qu'Anas Al-Sharif était un journaliste indépendant sans attaches politiques. Le directeur de l'Hôpital Al-Shifa, Mohammed Abu Salmiya, a indiqué à la chaîne américaine que la tente touchée était clairement identifiée comme une zone réservée à la presse. Selon l'ONU, il n'y a aucune preuve de liens avec le Hamas Des organisations internationales expriment également des doutes quant à la version israélienne. Irene Khan, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a dénoncé dans le journal britannique « The Guardian » des «accusations non prouvées» et une «attaque contre la liberté de la presse». Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une organisation américaine indépendante, avait déjà alerté en juillet sur les campagnes de diffamation menées par l'armée israélienne contre Anas Al-Sharif. Après l'attaque, la directrice du CPJ, Sara Qudah, a déclaré à l'agence de presse Reuters : «La pratique répétée d'Israël de traiter les journalistes de terroristes sans preuve tangible soulève de sérieuses questions sur ses intentions et son respect de la liberté de la presse». Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, au moins 186 journalistes ont trouvé la mort. La quasi-totalité d'entre eux étaient palestiniens, selon le CPJ. L'autorité des médias contrôlée par le Hamas à Gaza parle de 238 journalistes tués. Les journalistes étrangers n'ont toujours pas accès à la bande de Gaza, ce qui rend très difficile la réalisation d'enquêtes indépendantes sur le terrain. Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan À propos de Gaza Edgar Schuler est journaliste pour la rubrique suisse de Tamedia à Zurich. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


La Presse
10 hours ago
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L'attaque d'Israël contre la presse soulève l'indignation
De nombreuses personnes en deuil défilent lundi avec les corps des journalistes tués lors d'une frappe israélienne nocturne sur leur tente, à Gaza. « Ceci est mon testament et mon dernier message. Si ces paroles vous parviennent, sachez qu'Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix. » Ainsi commence la lettre posthume du journaliste Anas al-Sharif, l'un des six membres des médias tués dimanche par une frappe israélienne, une attaque contre la presse vivement dénoncée dans le monde. Conscient que sa vie était menacée, Anas al-Sharif, qui travaillait pour la chaîne Al-Jazeera, a écrit un long texte, qu'il a demandé de diffuser « en cas de décès ». L'armée israélienne a confirmé l'avoir pris pour cible, estimant qu'il était « un terroriste » se faisant passer pour un journaliste. gé de 28 ans, Anas al-Sharif était né dans un camp de réfugiés palestiniens. Il était marié, avait deux enfants et était l'un des correspondants les plus connus couvrant le conflit à Gaza. En 2023, Al-Jazeera rapportait que son père, Jamal al-Sharif, avait été tué par un bombardement israélien sur la résidence familiale. PHOTO DAWOUD ABU ALKAS, ARCHIVES REUTERS Anas al-Sharif, l'un des journalistes tués dimanche par une frappe israélienne Dans son texte, Anas al-Sharif parle de la Palestine comme du « joyau de la couronne des musulmans et le battement de cœur de chaque personne libre dans ce monde ». « Je vous confie son peuple et ses jeunes enfants opprimés qui n'ont pas eu le temps de rêver et de vivre en sécurité et en paix. » Priant Dieu pour toute sa famille endeuillée, il dénonce « ceux qui sont restés silencieux et ont accepté notre massacre » et tous ceux « dont le cœur n'a pas été touché par les restes de nos enfants et de nos femmes, et contre ceux qui n'ont pas mis fin au massacre que notre peuple subit depuis plus d'un an et demi ». « Si je meurs, ce sera en étant resté fidèle à mes principes. » Un appel à la solidarité Al-Jazeera a condamné l'attaque, disant y voir « une tentative désespérée de faire taire les voix qui exposent la prise imminente de Gaza et son occupation ». Cinq autres professionnels des médias ont été tués dans la même attaque. Selon Reporters sans frontières (RSF), quatre d'entre eux travaillaient ou avaient travaillé pour la chaîne Al-Jazeera. Outre Anas al-Sharif, il s'agit du correspondant Mohammed Qraiqea, du vidéoreporter Ibrahim al-Thaher, du cameraman Mohamed Nofal et de Moamen Aliwa, journaliste indépendant qui a travaillé avec Al-Jazeera. PHOTO ZAIN JAAFAR, AGENCE FRANCE-PRESSE Des manifestants brandissent des pancartes dénonçant le meurtre d'une équipe de journalistes d'Al-Jazeera à l'occasion d'une veillée en Cisjordanie occupée, lundi. Mohammed al-Khaldi, un autre journaliste indépendant, créateur d'une chaîne YouTube d'information, a aussi péri. RSF dénonce le fait qu'Israël, « sans avancer de preuves solides », soutienne qu'Anas al-Sharif avait une « appartenance terroriste ». PHOTO KARIM JAAFAR, AGENCE FRANCE-PRESSE Les membres du personnel d'Al-Jazeera observent une minute de silence en hommage à leurs collègues tués lors d'une frappe israélienne nocturne à Gaza, au siège de la chaîne à Doha, au Qatar, lundi. Dans son communiqué, l'organisation dénonce « une technique indigne utilisée de manière récurrente contre les journalistes et destinée à masquer des crimes de guerre, alors que l'armée a déjà tué plus de 200 professionnels des médias ». « Il faut de toute urgence mettre un terme à ce massacre et à la stratégie de black-out médiatique d'Israël, destinée à masquer les crimes commis par son armée, depuis plus de 22 mois, dans l'enclave palestinienne assiégée et affamée. La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux. » Au Québec, 51 personnes – essentiellement des journalistes à la retraite, de même notamment qu'une ex-présidente du Conseil de presse et un ex-président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec – ont lancé à travers une lettre un « appel à la solidarité envers les journalistes de la bande de Gaza1 ». PHOTO DAWOUD ABU ALKAS, REUTERS Plusieurs Gazaouis en deuil se sont rassemblés lundi pour assister aux funérailles des journalistes tués lors d'une frappe israélienne, à Gaza. « Ce conflit meurtrier a déjà tué plus de journalistes et de travailleurs des médias que toutes les guerres réunies depuis le début du XXe siècle, affirme l'Institut Watson de l'Université Brown, au Rhode Island », soulignent-ils. « Ceux qui continuent, malgré tout, à nous informer font preuve d'un immense courage. » Nous appelons le gouvernement canadien à faire pression auprès du gouvernement israélien afin qu'il mette tout en œuvre pour laisser les journalistes palestiniens effectuer leur travail en respectant minimalement leur sécurité. Extrait de la lettre de professionnels des médias du Québec Les signataires rappellent que « les journalistes sont, en vertu de l'article 79 de la Convention de Genève (12 août 1949), 'considérés comme des personnes civiles' et doivent donc bénéficier des mêmes mesures de protection lors des conflits armés ». L'Union européenne a condamné l'attaque. Le porte-parole du premier ministre britannique a indiqué pour sa part que Keir Starmer était « gravement inquiet » que des journalistes soient pris pour cibles à répétition à Gaza. Des employés humanitaires aussi visés En juin 2025, l'ONU a par ailleurs publié un communiqué pour dénoncer « les attaques dirigées contre des civils près des centres d'aide dans la bande de Gaza ». Elles « pourraient constituer une 'grave violation du droit international et un crime de guerre' », était-il écrit. « Chacune de ces attaques doit faire l'objet d'une enquête rapide et impartiale, et les responsables doivent rendre des comptes. » PHOTO JEHAD ALSHRAFI, ASSOCIATED PRESS Des Palestiniens inspectent la tente détruite où des journalistes d'Al-Jazeera ont été tués par une frappe aérienne israélienne, dimanche. Toujours en juin, l'ONU a aussi honoré la mémoire « des 168 membres du personnel qui ont perdu la vie en 2024. Parmi eux, 126 ont été tués à Gaza et tous, sauf un, servaient au sein de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA ». Lundi, les autorités israéliennes et des politiciens ont été outrés par un graffiti sur le mur des Lamentations, à Jérusalem, qui disait en hébreu qu'« il y a un holocauste à Gaza » et que « des enfants meurent de faim ». Les policiers auraient arrêté un homme de 27 ans dont il a été dit qu'il souffrait de problèmes de santé mentale et qui, selon la version officielle, aurait présenté ses excuses pendant son interrogatoire. Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, 49 restent retenues, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. L'attaque a entraîné la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon le bilan de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61 499 morts, pour la plupart des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. 1. Lisez la lettre « Nos yeux et nos oreilles à Gaza sont pris pour cibles »


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Qui était Anas Al-Sharif, célèbre journaliste tué à Gaza?
Accueil | Monde | Israël/Hamas | «La carte de presse n'est pas un bouclier pour le terrorisme», ont expliqué les forces israéliennes, tandis qu'Al Jazeera et Reporters sans frontières s'insurgent. Publié aujourd'hui à 19h00 Anas Al-Sharif était dans l'œil des forces armées israéliennes depuis des mois. AFP Dans la nuit de dimanche à lundi, l'une des dernières voix médiatiques de Gaza s'est tue. Anas Al-Sharif, visage familier de la chaîne qatarienne Al Jazzera, n'est plus. Il avait 28 ans et il est mort sous les bombes , aux côtés de quatre autres journalistes. Une frappe israélienne s'est abattue sur les reporters alors qu'ils se trouvaient dans une tente à l'extérieur de l'hôpital Al-Shifa de Gaza ville. L'armée israélienne a reconnu sa frappe et la justifie. Selon elle, Anas Al-Sharif serait le chef d'une cellule terroriste au sein même du Hamas, assure-t-elle sur Telegram. Tsahal explique avoir obtenu des preuves, à savoir des renseignements issus de documents retrouvés à Gaza. À l'international, cette version ne convainc pas. Elle est même condamnée par de nombreuses voix, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme. Reporters sans frontières (RSF) dénonce de son côté «l'assassinat revendiqué» du journaliste. Sur la même ligne, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) insiste: «Les journalistes ne doivent jamais être ciblés en temps de guerre.» En réalité, Anas Al-Sharif craignait pour sa vie depuis des mois, rapporte «The Guardian» . L'armée israélienne portait contre lui de graves accusations, à tel point que le reporter avait confié au CPJ vivre sous la menace «d'une mort imminente». Le 31 juillet dernier, Irene Khan, rapporteuse spéciale de l'ONU sur la liberté d'expression, avait quant à elle qualifié Anas Al-Sharif de «dernier journaliste survivant d'Al Jazeera» à Gaza. Ses derniers mots Anas Al-Sharif se servait des réseaux sociaux pour montrer son quotidien, marqué par les attaques. Comme quelques heures à peine avant sa mort, quand il documente en vidéo, sur X, les éclairs lumineux des frappes israéliennes. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Et même après son décès, ses réseaux lui survivent, observe «Le Figaro» . Sur Instagram comme sur X, un message que le reporter aurait écrit des mois avant sa mort est publié ce 11 août, sans doute par des proches. «Si ces mots vous parviennent, sachez qu'Israël a réussi à me faire tuer», pose-t-il en préambule. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Une vie à Gaza Né dans le camp de réfugiés de Jabaliya, le plus vaste de Palestine, Anas Al-Sharif portait aussi l'histoire de son peuple. Sa famille a été chassée d'Ashkelon, au nord de Gaza, et lui-même a grandi dans la précarité des camps. Diplômé en communication de l'Université Al-Aqsa, il se tourne rapidement vers le journalisme, pour devenir l'un des correspondants les plus reconnus d'Al Jazeera dans la région. En janvier 2025, lors d'un cessez-le-feu temporaire entre Israël et le Hamas, il avait marqué les esprits en retirant son gilet pare-balles devant les caméras. La foule l'avait alors porté en triomphe, reconnaissante envers celui qui risquait sa vie pour raconter la leur. Si la voix d'Anas Al-Sharif s'est tue ce 10 août, cette image, elle, restera. En lire plus sur la guerre à Gaza Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


Le Figaro
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Guerre Israël - Hamas : qui étaient les cinq journalistes tués dans une frappe israélienne à Gaza ?
Cinq correspondants de la chaîne qatarie Al-Jazeera ont trouvé la mort dans une frappe israélienne dimanche. L'un d'entre eux serait un «terroriste» en lien avec le groupe terroriste du Hamas, s'est justifié Tsahal. Un «terroriste [...] qui se faisait passer pour un journaliste». Voilà en quelques mots le portrait dressé par Israël pour justifier l'attaque qui a coûté la vie à cinq journalistes de la chaîne al-Jazeera dans la bande de Gaza ce dimanche. Ces cinq correspondants ont été tués par une frappe de l'État Hébreu alors qu'ils se trouvaient dans une tente réservée à la presse à proximité de l'entrée principale de l'hôpital Al-Shifa, a indiqué la chaîne de télévision qatarie dans un post X. Parmi eux, Anas al-Sharif, pointé par Tsahal comme la cible principale de cette frappe en raison de ses accointances avec le groupe terroriste palestinien du Hamas. Publicité Anas al-Sharif, ciblé par Tsahal depuis plusieurs mois Il était l'un des visages les plus connus de la bande de Gaza. Ce Palestinien de 28 ans, marié et père de deux enfants, était né dans le camp de Jabaliya - le plus grand camp de réfugiés de Palestine. Sa famille est originaire de la ville d'Ashkelon, au nord de la bande de Gaza. Diplômé en communication de l'Université Al-Aqsa, il s'était rapidement tourné vers une carrière à la télévision en devenant correspondant pour Al-Jazeera. Refusant d'évacuer le nord de la bande après les frappes israéliennes, il s'était ensuite imposé comme l'un des correspondants les plus connus de ce territoire interdit d'accès aux médias étrangers. Anas al-Sharif avait d'ailleurs reçu en décembre 2024 le Prix des défenseurs des droits de l'homme de la part d'Amnesty International, pour célébrer son «travail journalistique» dans l'enclave palestinienne. En janvier 2025, Al-Sharif avait notamment attiré l'attention des médias lorsqu'il avait retiré son gilet pare-balles face caméra, alors qu'il commentait en direct le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. Il avait ensuite été hissé sur les épaules de Palestiniens qui célébraient la fin temporaire des hostilités. Depuis plusieurs mois, Anas al-Sharif était accusé par l'armée israélienne avec cinq autres de ses confrères du même média, d'être membres du Hamas et du Jihad islamique. Dans la foulée de ces accusations, Anas al-Sharif avait indiqué avoir été «pris pour cible à plusieurs reprises» par Tsahal. «L'armée d'occupation [sic] a tenté à plusieurs reprises de nous réduire au silence par la mort et par le feu», écrivait-il dans un message sur son compte X, cité par Le Monde, où il assurait également que l'armée israélienne avait «visé sa maison». Irene Khan, rapporteur spéciale des Nations Unies sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression, l'avait qualifié le 31 juillet 2025 de «dernier journaliste survivant d'Al Jazeera» dans le nord du territoire, condamnant des «menaces et accusations répétées de l'armée israélienne» qui l'accusait d'être un terroriste ou un partisan du Hamas, «sans aucune preuve». «Il était le chef d'une cellule terroriste au sein de l'organisation terroriste Hamas et était responsable de la préparation d'attaques de roquettes contre des civils israéliens et les troupes» israéliennes, a affirmé de son côté Tsahal dans un post Telegram pour justifier sa frappe. L'armée israélienne a indiqué avoir obtenu des renseignements provenant de documents trouvés à Gaza comme preuve des accointances d'Anas al-Sharif avec le groupe terroriste. Quelques heures après la mort d'Al-Sharif, le porte-parole de Tsahal Avichai Adraee, qui avait déjà fait état de vives critiques à son encontre, a partagé une nouvelle vidéo sur X dans laquelle il a certifié que le correspondant de la chaîne qatarie avait rejoint un bataillon du Hamas en 2013 qu'il aurait commandé, avant d'être ensuite blessé. Captures d'écran à l'appui, le porte-parole a qualifié le correspondant décédé de «menteur», avant de s'en prendre d'un ton vindicatif à la chaîne Al-Jazeera, qui «couvre les crimes du Hamas». L'État hébreu et le média qatari se livrent à une guerre ouverte depuis plusieurs mois, le premier accusant le second d'avoir «participé activement au massacre du 7 octobre». En avril 2024, le signal de la chaîne avait été coupé en Israël. Publicité Le 11 août 2025, le compte X d'Anas al-Sharif a posté un message que le reporter avait écrit quelques mois avant sa mort. «Si ces mots vous parviennent, sachez qu'Israël a réussi à me tuer et à me faire taire», écrit-il en préambule, avant de faire ses adieux à ses proches sur quelques lignes. «Ô Allah, accepte-moi parmi les martyrs, pardonne mes péchés passés et futurs, et fais de mon sang une lumière qui illumine le chemin de la liberté pour mon peuple et ma famille», conclut le journaliste. Mohammed Qreiqeh, correspondant Parmi les quatre autres journalistes qui ont également trouvé la mort dans ces frappes, Mohammed Qreiqeh, correspondant, dont la mère aurait aussi été tuée dans une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Shifa. Si l'armée israélienne n'a pas fait de commentaires concernant une potentielle accointance entre ce dernier et le groupe islamiste armé, le profil Facebook de Mohammed Qreiqeh recèle de nombreuses photos de membres du Hamas qui laissent entendre un lien entre le correspondant aujourd'hui décédé et le groupe palestinien. Une photo datée de 2014 l'affiche par exemple, plus jeune, aux côtés de combattants masqués dont la tête est ceinte du foulard vert orné de l'emblème du Hamas. Un autre cliché le représente souriant aux côtés de Mushir Al-Masry, un des dirigeants du Hamas. Dans un autre post en 2015, il célèbre le mariage de Rawhi Mushtaha, cadre politique du groupe terroriste tué lors d'une frappe israélienne au cours du conflit. Ce cliché, posté sur sa page Facebook en décembre 2014, affiche le jeune correspondant aux côtés de deux combattants masqués, la tête ceinte d'un foulard portant le logo du groupe palestinien. Capture d'écran Facebook / Compte de Mohammed Qreiqeh Quelques heures avant son décès, ce dernier avait également été filmé en train de décrire les bombardements israéliens. «Nuit difficile et éprouvante», avait-il commenté face caméra, revêtu d'un gilet pare-balles et d'un casque. Les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa ont également trouvé la mort dans cette attaque.

Le Figaro
a day ago
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Journalistes d'al-Jazeera tués à Gaza : cinq choses à savoir sur la chaîne qatarie
Des frappes de l'armée israélienne opérées dimanche à Gaza ont causé la mort de cinq journalistes d'al-Jazeera. Tsahal affirme que l'un d'eux était un terroriste. L'armée israélienne a reconnu avoir visé le correspondant Anas al-Sharif, reporter de 28 ans bien connu des spectateurs de la chaîne qatarie al- Jazeera, le qualifiant de «terroriste» qui «se faisait passer pour un journaliste». Le géant arabe des médias a fait état de quatre autres victimes dans «ce qui semble être une attaque ciblée israélienne»: Mohammed Qreiqeh, également correspondant, ainsi qu'Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa, cameramen. Selon la chaîne, cela porte à 10 le nombre de ses journalistes tués par l'armée israélienne depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien le 7 octobre 2023. Publicité Voici cinq choses à savoir sur la chaîne de télévision qatarie al-Jazeera. Fondation al-jazeera a été créée à Doha en 1996 par un décret de l'ancien émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani. Tout en disposant que la chaîne devait être «totalement indépendante de toute influence», le décret prévoyait un prêt gouvernemental d'environ 140 millions d'euros pour «sa mise en place et la couverture de ses coûts de fonctionnement pendant cinq ans». Le gouvernement qatari a toutefois continué à financer une partie du budget de la chaîne, soulevant des questions sur son indépendance éditoriale. Al-Jazeera s'est immédiatement imposée comme un rival des géants internationaux des médias, mais sa couverture en tant que «première chaîne d'information indépendante du monde arabe» a suscité des tensions dans la région. Portée mondiale La chaîne affirme couvrir 95 pays avec 70 bureaux et une équipe de 3000 employés, et dit toucher 450 millions de foyers. al-jazeera, qui diffusait seulement en arabe, a lancé en 2006 un service en anglais, al-Jazeera English. Le réseau comprend également une chaîne diffusant des événements en direct, al-Jazeera Mubasher, et la chaîne AJ+, uniquement en ligne, qui s'adresse à un jeune public. Publicité Printemps arabe Alors qu'une vague de soulèvements populaires s'est diffusée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2011, al-Jazeera a été considérée comme un acteur clé dans le façonnement de l'opinion publique, ayant accordé un temps d'antenne sans précédent aux groupes d'opposition, en particulier au mouvement islamiste des Frères musulmans. La chaîne a subi alors des pressions de la part des gouvernements de la région. Le Caire a par exemple considéré al-Jazeera comme un porte-parole des Frères musulmans et les autorités égyptiennes ont arrêté trois de ses journalistes. Blocus du Qatar En 2017, les voisins du Qatar, au premier rang desquels l'Arabie saoudite, ont imposé un blocus diplomatique et économique de trois ans à la monarchie du Golfe. En plus d'exiger du Qatar qu'il coupe ses liens avec les Frères musulmans et le Hamas (le Qatar héberge le bureau politique du mouvement islamiste palestinien), ils ont également appelé à la fermeture d'al-Jazeera et de toutes ses filiales, ce que la chaîne avait qualifié de tentative de «réduire au silence la liberté d'expression». Guerre de Gaza Le Qatar est l'un des pays médiateurs dans la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, al-Jazeera diffuse en continu des reportages sur les conséquences des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien. Ses émissions ont été parmi les plus suivies au Moyen-Orient, dans un contexte de désenchantement généralisé à l'égard de la couverture médiatique occidentale. Publicité En avril 2024, le Parlement israélien a voté une loi permettant d'interdire la diffusion de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l'État. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a alors accusé al-Jazeera d'être «un organe de propagande du Hamas et d'avoir participé activement» à l'attaque sanglante menée le 7 octobre 2023 par le mouvement palestinien dans le sud d'Israël, qui a déclenché la guerre. Le 5 mai 2024, le gouvernement israélien a interdit à la chaîne d'émettre depuis Israël et fait fermer ses bureaux. Tsahal a accusé à plusieurs reprises ses journalistes à Gaza d'être des «agents terroristes». Ce qu' al-Jazeera réfute, affirmant qu'Israël cible systématiquement ses reporters dans le territoire palestinien.