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Rozon fait l'étrange procès de son procès
Rozon fait l'étrange procès de son procès

La Presse

time4 days ago

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Rozon fait l'étrange procès de son procès

Gilbert Rozon, au palais de justice de Montréal, répondant aux questions des journalistes, mercredi Accusé par neuf femmes d'agression sexuelle, Gilbert Rozon s'est présenté en véritable victime au palais de justice, cette semaine. En marge de son contre-interrogatoire, il a fait le procès de son propre procès devant les journalistes attroupés. À entendre le fondateur de Juste pour rire, le système de justice permet la « légalisation de l'extorsion ». L'expérience d'une poursuite est tellement violente qu'il estime préférable de régler à l'amiable, même quand on n'est pas coupable. Demain matin, si un ami avec toutes les preuves de son innocence l'appelait pour lui demander conseil, il lui répondrait : « Non, non, fais un chèque ! Ne va pas à la cour, tu vas tout perdre ! » Notre système de justice est-il à ce point inhumain, inadéquat ? Étrangement, c'était le discours qu'on entendait de la part des victimes de violence sexuelle lorsque le mouvement #metoo est né. Rebutées par les démarches judiciaires, plusieurs victimes avaient alors dénoncé leur agresseur directement sur les médias sociaux. Cette vague a poussé le gouvernement du Québec à revoir les règles entourant les procès de violence faite aux femmes. De très belles avancées ont été accomplies pour mieux accompagner les victimes. Le Québec a été à l'avant-garde. Nos élus ont travaillé de façon transpartisane. On peut être fier du chemin parcouru. La création d'un tribunal spécialisé a notamment permis d'offrir un environnement plus adapté pour les cas de violence sexuelle et conjugale. Aujourd'hui, on offre davantage d'information judiciaire et d'accompagnement psychosocial pour aider les victimes à passer à travers cette épreuve. De plus, le nouvel article 2858.1 du Code civil a mis des bâtons dans les roues des avocats qui tentaient de détruire la crédibilité d'une victime en lui posant des questions qui entretiennent des mythes et des préjugés, des questions qui insinuent sournoisement qu'elle n'est pas la « victime parfaite ». Pourquoi aviez-vous une jupe courte ? Pourquoi ne pas avoir porté plainte immédiatement après l'agression ? Pourquoi avoir continué de voir l'agresseur par la suite ? Ce nouvel article ne fait que codifier ce qui était déjà reconnu dans la jurisprudence. Et l'avocat peut encore poser ce genre de questions, mais seulement s'il parvient à convaincre le juge de leur pertinence. Le fardeau est sur ses épaules. Néanmoins, Gilbert Rozon conteste ce nouvel article qui est entré en vigueur quelques jours avant le début de son procès. Il conteste aussi l'abolition du délai de prescription civile qui permet à une victime d'agression sexuelle de poursuivre son agresseur, peu importe le temps écoulé depuis les faits. Auparavant, il y avait une limite de 30 ans. Cette modification – réclamée par le Barreau du Québec et le Protecteur du citoyen et adoptée avec l'appui des quatre partis politiques représentés à l'Assemblée nationale – est pourtant un grand pas en avant. On sait que les victimes mettent souvent des décennies à déposer une plainte. Il est important de souligner que toutes ces améliorations apportées dans la foulée du mouvement #metoo n'ont pas déséquilibré la balance de la justice. Elles ont mieux huilé ses rouages. C'est tout. Le fardeau de la preuve reste le même. Et un procès restera toujours un passage difficile pour les victimes… mais aussi pour ceux qui sont accusés à tort. Leur défense entraîne des frais, égratigne leur réputation. Gilbert Rozon n'est pas le seul à s'en plaindre. Mais justement, le tribunal lui permettra de laver sa réputation, s'il est acquitté. C'est exactement à cela que sert la justice. Et peut-être encore plus la justice civile… Au civil, le juge tranche en faveur de la version qui est la plus probable, celle qui lui semble la plus proche de la vérité. C'est différent du criminel, où le fardeau de la preuve est plus lourd, parce qu'on ne veut pas courir le risque d'envoyer en prison une personne non coupable. Le juge doit être convaincu « hors de tout doute raisonnable » que l'accusé a bel et bien commis le crime dont on l'accuse. C'est ce qui fait en sorte que Gilbert Rozon a été acquitté en 2020 au criminel, même si la juge a pris soin de dire qu'elle ne croyait pas sa version. Qu'en sera-t-il cette fois-ci ? Au tribunal de trancher. Mais en attendant leur jugement, les personnes injustement poursuivies ne sont pas à court d'options. Il existe des dispositions qui permettent de rejeter à un stade préliminaire les poursuites abusives ou mal fondées, ou encore de rembourser le défendeur pour les frais encourus. Le défendeur peut aussi déposer une poursuite en diffamation qui peut être étudiée dans le même procès, dans le cadre d'une demande reconventionnelle. Or, Gilbert Rozon n'a utilisé aucun de ces outils, même s'il se présente comme une victime, « comme un paria » forcé de se défendre seul contre un groupe de femmes qui ont été « embrigadées » pour lui réclamer 14 millions. Gilbert Rozon a eu l'occasion d'exprimer son point de vue en cour. Faire le procès de son procès ne l'aidera pas à obtenir gain de cause. Quant au système de justice, il n'est certainement pas parfait. Mais il faut reconnaître qu'il s'est amélioré dans la foulée du mouvement #metoo.

« Je suis traité comme un paria »
« Je suis traité comme un paria »

La Presse

time6 days ago

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« Je suis traité comme un paria »

Avant la conclusion de son contre-interrogatoire, mercredi, Gilbert Rozon a dénoncé son « traitement » durant son procès civil, arguant que son cas découragera d'autres personnes de se défendre devant la justice « même s'ils ne sont pas coupables ». Dans une mêlée de presse, il a affirmé qu'ils vont tous vouloir régler hors cour. Le fondateur de Juste pour rire n'a pas mâché ses mots en arrivant au palais de justice pour la conclusion de son contre-interrogatoire. « Le fait qu'on me traite aujourd'hui comme un paria ou comme quelqu'un qui est accusé au criminel, le fait que pendant huit ans ces gens-là se sont organisés, ont fait des tonnes de réunion, alors que moi je suis seul, je me bats… Pensez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui vont maintenant aller devant les tribunaux pour se défendre ? Tout le monde va régler hors cour. » M. Rozon est revenu sur ses déclarations, faites encore une fois lors d'une mêlée de presse, selon lesquelles il se défendait contre « la légalisation de l'extorsion ». Quand j'ai parlé de légalisation de l'extorsion, ce n'est pas parce que je veux mettre en doute le système de justice, la preuve c'est que je suis là. C'est que si vous devez vous soumettre à des procès médiatiques aussi violents, vous êtes mieux de faire un chèque, même si vous n'êtes pas coupable d'aucune façon. Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Les journalistes présents lui ont demandé s'il regrettait de n'avoir pas réglé hors cour les neuf poursuites civiles le visant. « Je regrette certainement de ne pas avoir été plus pragmatique, a-t-il répondu. Je crois en la justice, j'ai une formation de juriste, comme vous tous, j'ai essayé d'être une bonne personne, un bon père. J'ai fait des erreurs, j'ai commis des bêtises dans ma vie, il n'y a pas de doutes, j'ai 70 ans, j'ai vécu les années 1960 comme tout le monde, mais je n'ai jamais été un homme violent, je ne suis pas un criminel. » En fin de journée, il en a rajouté : « J'aurais pu faire des chèques il y a huit ans, je ne l'ai pas fait. Je vais vous le dire, je le regrette. Ça aurait été plus intelligent. Si quelqu'un m'appelle demain matin, qui est menacé, qui me dit : ce n'est jamais arrivé, j'ai toutes les preuves, je lui dis : non, non, fais un chèque ! Ne va pas à la cour, tu vas tout perdre ! » Il est revenu enfin sur les allégations d'agressions sexuelles et de viol dont il fait l'objet dans le présent procès. Comment vous expliquez que la moitié des allégations se passent dans des lieux publics ? Dans la zone VIP, 400 personnes, dans mon jardin, avec une centaine d'invités en plein jour, dans une boîte où il y a 150 personnes où se trouvent des caméras. Et où il n'y a jamais de témoins ? Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Gilbert Rozon témoigne dans le cadre de son procès civil qui s'est ouvert au mois de décembre dernier. Neuf femmes lui réclament 14 millions pour des agressions sexuelles et des viols qu'il aurait commis à leur endroit entre 1980 et 2004. Contre-interrogatoire du Procureur général L'avocat du Procureur général du Québec, Me Michel Déom, qui assiste au procès civil depuis le début des procédures étant donné que Gilbert Rozon conteste la constitutionnalité de l'article 2858,1 du Code civil sur les mythes et stéréotypes, ainsi que l'article 2926,1 sur la fin du délai de prescription, a mené le contre-interrogatoire. Me Déom est lui aussi revenu sur le plaidoyer de culpabilité de Gilbert Rozon en 1998, à la suite de l'agression sexuelle commise à l'endroit d'une jeune croupière du manoir Rouville-Campbell. M. Rozon a décrit sa comparution au palais de justice de Saint-Hyacinthe comme étant un moment « irréel » et « marquant ». « Le juge portait une croix autour du cou, j'avais l'impression d'être à la confesse, a-t-il dit. J'ai conscient, mais troublé, groggy. » Malgré cela, M. Rozon a admis n'avoir aucun souvenir d'avoir pris connaissance de la preuve contre lui. Me Déom lui a demandé plusieurs fois s'il avait pris le temps de comprendre ce qu'on lui reprochait, qu'il s'agisse de la jeune croupière ou des accusations de voies de fait portées par une autre femme, que nous ne pouvons nommer ici. L'ex-producteur a simplement répondu qu'il « savait ce qui s'était passé ». Il a également été question du peu de démarches de M. Rozon pour retrouver des photos de sa maison, notamment pour prouver qu'il n'y avait pas de buisson ou de boisé sur son terrain. M. Rozon aurait également été poursuivi par l'acheteur de sa maison d'Outremont, pour avoir dissimulé un petit feu, ainsi qu'un dégât d'eau survenu entre 2010 et 2015. Confronté sur ses « péchés » avoués dans le livre de Jean Beaunoyer, dont l'infidélité et la consommation de drogues, il a dit au tribunal qu'il a « arrêté de mentir à 40 ans ». En quittant le palais de justice, Gilbert Rozon s'est de nouveau adressé aux journalistes dans le couloir du palais de justice. Pour expliquer le fossé entre sa version et celles des demanderesses, le fondateur de JPR est revenu sur ses propos autour d'une « coalition » formée pour l'attaquer. « Ces gens-là ont été embrigadés par une personne que j'ai nommée aujourd'hui [Geneviève Lorange]. Vous avez fait, les journalistes, une enquête sur cette personne-là. C'est sa spécialité. Elle a embrigadé des gens pour la cause en prétendant avoir été elle-même agressée, ce qui est totalement faux. […] En huit ans, ces gens-là se sont regroupés en coalition avec un ennemi commun, un enjeu commun d'argent, elles se sont mises à raconter leurs histoires, qu'elles ont changé, il me semble que si on est logique, ça ne marche pas. » Le procès civil de Gilbert Rozon est suspendu pour l'été. Il reprendra le 25 août prochain.

« J'ai été traité comme un paria »
« J'ai été traité comme un paria »

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time6 days ago

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« J'ai été traité comme un paria »

Avant la conclusion de son contre-interrogatoire, mercredi, Gilbert Rozon a dénoncé son « traitement » durant son procès civil, arguant que son cas découragera d'autres personnes de se défendre devant la justice « même s'ils ne sont pas coupables ». Dans une mêlée de presse, il a affirmé qu'ils vont tous vouloir régler hors cour. Le fondateur de Juste pour rire n'a pas mâché ses mots en arrivant au palais de justice pour la conclusion de son contre-interrogatoire. « Le fait qu'on me traite aujourd'hui comme un paria ou comme quelqu'un qui est accusé au criminel, le fait que pendant huit ans ces gens-là se sont organisés, ont fait des tonnes de réunion, alors que moi je suis seul, je me bats… Pensez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui vont maintenant aller devant les tribunaux pour se défendre ? Tout le monde va régler hors cour. » M. Rozon est revenu sur ses déclarations, faites encore une fois lors d'une mêlée de presse, selon lesquelles il se défendait contre « la légalisation de l'extorsion ». Quand j'ai parlé de légalisation de l'extorsion, ce n'est pas parce que je veux mettre en doute le système de justice, la preuve c'est que je suis là. C'est que si vous devez vous soumettre à des procès médiatiques aussi violents, vous êtes mieux de faire un chèque, même si vous n'êtes pas coupable d'aucune façon. Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Les journalistes présents lui ont demandé s'il regrettait de n'avoir pas réglé hors cour les neuf poursuites civiles le visant. « Je regrette certainement de ne pas avoir été plus pragmatique, a-t-il répondu. Je crois en la justice, j'ai une formation de juriste, comme vous tous, j'ai essayé d'être une bonne personne, un bon père. J'ai fait des erreurs, j'ai commis des bêtises dans ma vie, il n'y a pas de doutes, j'ai 70 ans, j'ai vécu les années 1960 comme tout le monde, mais je n'ai jamais été un homme violent, je ne suis pas un criminel. » Il est revenu enfin sur les allégations d'agressions sexuelles et de viol dont il fait l'objet dans le présent procès. Comment vous expliquez que la moitié des allégations se passent dans des lieux publics ? Dans la zone VIP, 400 personnes, dans mon jardin, avec une centaine d'invités en plein jour, dans une boîte où il y a 150 personnes où se trouvent des caméras. Et où il n'y a jamais de témoins ? Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Gilbert Rozon témoigne dans le cadre de son procès civil qui s'est ouvert au mois de décembre dernier. Neuf femmes lui réclament 14 millions pour des agressions sexuelles et des viols qu'il aurait commis à leur endroit entre 1980 et 2004. L'avocat du Procureur général du Québec, Michel Déom, qui assiste au procès civil depuis le début des procédures étant donné que Gilbert Rozon conteste la constitutionnalité de l'article 2858,1 du Code civil sur les mythes et stéréotypes, ainsi que l'article 2926,1 sur la fin du délai de prescription, a mené le contre-interrogatoire. D'autres détails suivront.

« Tout le monde va [vouloir] régler hors cour »
« Tout le monde va [vouloir] régler hors cour »

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time6 days ago

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« Tout le monde va [vouloir] régler hors cour »

Avant la conclusion de son contre-interrogatoire, mercredi, Gilbert Rozon a dénoncé son « traitement » durant son procès civil, arguant que son cas découragera d'autres personnes de se défendre devant la justice « même s'ils ne sont pas coupables ». Dans une mêlée de presse, il a affirmé qu'ils vont tous vouloir régler hors cour. Le fondateur de Juste pour rire n'a pas mâché ses mots en arrivant au palais de justice pour la conclusion de son contre-interrogatoire. « Le fait qu'on me traite aujourd'hui comme un paria ou comme quelqu'un qui est accusé au criminel, le fait que pendant huit ans ces gens-là se sont organisés, ont fait des tonnes de réunion, alors que moi je suis seul, je me bats… Pensez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui vont maintenant aller devant les tribunaux pour se défendre ? Tout le monde va régler hors cour. » M. Rozon est revenu sur ses déclarations, faites encore une fois lors d'une mêlée de presse, selon lesquelles il se défendait contre « la légalisation de l'extorsion ». « Quand j'ai parlé de légalisation de l'extorsion, ce n'est pas parce que je veux mettre en doute le système de justice, la preuve c'est que je suis là. C'est que si vous devez vous soumettre à des procès médiatiques aussi violents, vous êtes mieux de faire un chèque, même si vous n'êtes pas coupable d'aucune façon. » Les journalistes présents lui ont demandé s'il regrettait de n'avoir pas réglé hors cour les neuf poursuites civiles le visant. « Je regrette certainement de ne pas avoir été plus pragmatique, a-t-il répondu. Je crois en la justice, j'ai une formation de juriste, comme vous tous, j'ai essayé d'être une bonne personne, un bon père. J'ai fait des erreurs, j'ai commis des bêtises dans ma vie, il n'y a pas de doutes, j'ai 70 ans, j'ai vécu les années 1960 comme tout le monde, mais je n'ai jamais été un homme violent, je ne suis pas un criminel. » Il est revenu enfin sur les allégations d'agressions sexuelles et de viol dont il fait l'objet dans le présent procès. Comment vous expliquez que la moitié des allégations se passent dans des lieux publics ? Dans la zone VIP, 400 personnes, dans mon jardin, avec une centaine d'invités en plein jour, dans une boîte où il y a 150 personnes où se trouvent des caméras. Et où il n'y a jamais de témoins ? Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Gilbert Rozon témoigne dans le cadre de son procès civil qui s'est ouvert au mois de décembre dernier. Neuf femmes lui réclament 14 millions pour des agressions sexuelles et des viols qu'il aurait commis à leur endroit entre 1980 et 2004. L'avocat du Procureur général du Québec, Michel Déom, qui assiste au procès civil depuis le début des procédures étant donné que Gilbert Rozon conteste la constitutionnalité de l'article 2858,1 du Code civil sur les mythes et stéréotypes, ainsi que l'article 2926,1 sur la fin du délai de prescription, a mené le contre-interrogatoire. D'autres détails suivront.

Le monde parallèle de Gilbert Rozon
Le monde parallèle de Gilbert Rozon

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time7 days ago

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Le monde parallèle de Gilbert Rozon

Lors de son procès, lundi, Gilbert Rozon a été questionné à propos d'une soirée qui s'est déroulée dans un hôtel de Québec, en 1999. Le patron de Juste pour rire se trouvait alors en compagnie d'une troupe de théâtre en tournée. Gilbert Rozon s'est souvenu que, ce soir-là, l'actrice Dominique Pétin lui faisait de l'œil. « C'était très gentillet », s'est-il remémoré. Le scandale du manoir Rouville-Campbell, survenu moins d'un an plus tôt, l'avait toutefois rendu parano. « J'étais rouge comme un jouvenceau de me faire draguer. » J'ai cru percevoir un frémissement d'incrédulité traverser la salle du palais de justice de Montréal. Gilbert Rozon, ce womanizer qui admet avoir couché avec 250 femmes, rouge comme un jouvenceau de se faire courtiser ? Vraiment ? C'est d'autant plus difficile à croire que Dominique Pétin a livré une tout autre version de cette soirée à La Presse, dans un reportage publié en 2018. Une version pas gentillette du tout : Gilbert Rozon, flambant nu dans le corridor, aurait frappé à la porte de sa chambre jusqu'au petit matin. « C'était comme une terreur nocturne, a-t-elle raconté, une nuit d'enfer dans cet hôtel de Québec. » C'est l'un des aspects les plus consternants du procès Rozon. Entre les témoignages des femmes qui disent avoir été agressées et celui de l'ex-magnat de l'humour, le gouffre est immense. Gilbert Rozon ne prétend pas seulement que ces femmes étaient consentantes ; elles le désiraient, follement. Elles auraient tout fait pour se payer le grand Gilbert Rozon. C'était lui, la proie. Lui, la victime de son incommensurable sex-appeal. « La lumière attire dans la vie », a-t-il expliqué au tribunal, mardi, au terme de neuf jours surréalistes à la barre des témoins. Quand tu es une grosse vedette, « les femmes courent après toi pour la célébrité, pour l'argent, pour le prestige ». Cette perception boursouflée de lui-même a percolé tout au long de son témoignage. Lorsqu'il a nié les allégations de Martine Roy, par exemple : « Je sentais qu'elle voulait me séduire. Ça arrivait souvent avec mon métier et ce que j'incarnais. […] Souvent, on voulait s'offrir Gilbert Rozon sur son tableau de chasse. » PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Martine Roy au palais de justice de Montréal, lundi Peu importe que son ancienne belle-sœur ait été lesbienne : « J'ai senti qu'elle voulait se donner à moi, comme pour dire : moi aussi, je suis capable d'avoir Gilbert Rozon, pas juste ma sœur. C'était tentant, mais j'ai résisté. » Quelle admirable maîtrise de soi, tout de même. À propos du viol allégué par la réalisatrice Lyne Charlebois, qui a confié au tribunal avoir été « pétrifiée », « sûre de mourir », et avoir fait « la planche en attendant que ça passe », Gilbert Rozon a affirmé : « Je la sentais contemplative ou impressionnée par mon personnage. […] On a fait l'amour très doucement, parce qu'elle était très douce. » L'homme d'affaires déchu a même osé comparer la comédienne Patricia Tulasne au personnage dangereusement troublé de Glenn Close dans Fatal Attraction. Le lien se serait fait dans son esprit dès l'acte sexuel parce que, voyez-vous, « elle se donnait trop et trop spontanément ». Pour lui, ce n'était pas normal. « Quand c'est trop facile, parfois, on a un peu peur. » La suite des choses lui aurait d'ailleurs donné raison, puisque la comédienne l'aurait pourchassé sans relâche, le pauvre. « Elle m'a dragué pendant des années et c'est moi qui disais non. » Tout ça pour un moment de faiblesse, comme dans le film de 1987. « Ç'a été passionnel. On a fait l'amour contre le mur. Je m'en souviens parce que ce n'est pas une position facile, il faut être déterminé. » Patricia Tulasne, elle, se souvient plutôt de son « regard de fou ». Elle se souvient d'avoir été « plaquée contre le mur », d'avoir résisté autant qu'elle a pu et d'avoir eu peur de mourir, elle aussi. À force d'écouter le témoignage de Gilbert Rozon, j'ai fini par avoir l'impression qu'il s'était construit un monde parallèle. Véronique Moreau, son « Esmeralda », lui a brisé le cœur en racontant qu'elle se réveillait régulièrement, la nuit, pendant qu'il était en train de la pénétrer. Dans le monde de Gilbert Rozon, c'est Esmeralda qui était insatiable. « Elle me disait que je ne lui faisais pas assez l'amour. » Dans ce monde-là, Gilbert Rozon ne peut pas avoir agressé Mary Sicari, qui travaillait à la billetterie de Juste pour rire, puisqu'elle ne l'attirait pas. Il la trouvait « vulgaire ». Il ne lui a jamais fait d'avances, « à son grand dam, peut-être ». Dans ce monde-là, Annick Charette n'a pas été réveillée en plein viol, un matin de 1980. C'est le contraire qui s'est produit. C'est Gilbert Rozon qui s'est réveillé, ce matin-là, pour trouver Annick Charette à califourchon sur lui. « Je me suis dit : elle est bizarre, cette fille. Hier soir, elle refusait mes avances et ce matin, elle me saute dessus… Elle se faisait l'amour sur moi, elle ne me regardait même pas. D'autres considéreraient ça comme une agression… » Qui peut croire à un témoignage aussi invraisemblable ? Vous me direz que la juge, au procès criminel, l'a cru. En 2020, elle a acquitté Gilbert Rozon après avoir entendu cette histoire de fille bizarre qui refuse les avances d'un gars pour mieux le violer le lendemain matin. Vrai qu'il y a eu acquittement, mais la juge a indiqué que son verdict ne signifiait pas nécessairement qu'elle croyait la version de l'accusé. Il avait suffi à la défense de soulever un doute raisonnable. C'est l'un des grands principes de notre système de justice : on préfère acquitter un criminel que condamner un innocent par erreur. Dans l'actuel procès civil, le fardeau de la preuve est moins lourd pour les demanderesses. La juge Chantal Tremblay doit seulement décider quelle version de l'histoire est la plus probable ou la plus crédible : celle de Gilbert Rozon ou celle des neuf femmes qui le poursuivent en dommages pour 14 millions de dollars ? PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Des femmes manifestant leur colère devant le palais de justice de Montréal, lundi Pour avoir assisté à deux jours du procès, j'ai peine à croire que Gilbert Rozon s'en tirera, cette fois-ci. En contre-interrogatoire, je l'ai entendu se contredire et s'empêtrer dans des explications alambiquées, sans jamais perdre de sa superbe. Et puis, il y a le poids du nombre. Bien sûr, la juge devra évaluer la thèse de la défense : tout ceci n'est qu'une vaste conspiration. Les neuf femmes qui poursuivent Gilbert Rozon se sont liguées pour lui faire cracher son pognon. Elles sont, toutes, des menteuses. Et les autres femmes, qui ne poursuivent pas, mais qui sont tout de même venues témoigner de leur calvaire ? Menteuses, elles aussi, clame Gilbert Rozon. Si ce n'est pour l'argent, c'est par vengeance, par envie, pour faire un show, pour justifier un passé trouble ou pour brûler un homme au bûcher de #metoo. Manifestement, Gilbert Rozon a réfléchi à tous les motifs possibles et imaginables ayant pu pousser ces femmes à raconter « leur vérité » au tribunal. Il n'en a oublié qu'un seul : obtenir justice, enfin. * Lisez notre article « La chute de l'empereur du rire »

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