
« Je suis traité comme un paria »
Le fondateur de Juste pour rire n'a pas mâché ses mots en arrivant au palais de justice pour la conclusion de son contre-interrogatoire.
« Le fait qu'on me traite aujourd'hui comme un paria ou comme quelqu'un qui est accusé au criminel, le fait que pendant huit ans ces gens-là se sont organisés, ont fait des tonnes de réunion, alors que moi je suis seul, je me bats… Pensez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui vont maintenant aller devant les tribunaux pour se défendre ? Tout le monde va régler hors cour. »
M. Rozon est revenu sur ses déclarations, faites encore une fois lors d'une mêlée de presse, selon lesquelles il se défendait contre « la légalisation de l'extorsion ».
Quand j'ai parlé de légalisation de l'extorsion, ce n'est pas parce que je veux mettre en doute le système de justice, la preuve c'est que je suis là. C'est que si vous devez vous soumettre à des procès médiatiques aussi violents, vous êtes mieux de faire un chèque, même si vous n'êtes pas coupable d'aucune façon.
Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire
Les journalistes présents lui ont demandé s'il regrettait de n'avoir pas réglé hors cour les neuf poursuites civiles le visant.
« Je regrette certainement de ne pas avoir été plus pragmatique, a-t-il répondu. Je crois en la justice, j'ai une formation de juriste, comme vous tous, j'ai essayé d'être une bonne personne, un bon père. J'ai fait des erreurs, j'ai commis des bêtises dans ma vie, il n'y a pas de doutes, j'ai 70 ans, j'ai vécu les années 1960 comme tout le monde, mais je n'ai jamais été un homme violent, je ne suis pas un criminel. »
En fin de journée, il en a rajouté : « J'aurais pu faire des chèques il y a huit ans, je ne l'ai pas fait. Je vais vous le dire, je le regrette. Ça aurait été plus intelligent. Si quelqu'un m'appelle demain matin, qui est menacé, qui me dit : ce n'est jamais arrivé, j'ai toutes les preuves, je lui dis : non, non, fais un chèque ! Ne va pas à la cour, tu vas tout perdre ! »
Il est revenu enfin sur les allégations d'agressions sexuelles et de viol dont il fait l'objet dans le présent procès.
Comment vous expliquez que la moitié des allégations se passent dans des lieux publics ? Dans la zone VIP, 400 personnes, dans mon jardin, avec une centaine d'invités en plein jour, dans une boîte où il y a 150 personnes où se trouvent des caméras. Et où il n'y a jamais de témoins ?
Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire
Gilbert Rozon témoigne dans le cadre de son procès civil qui s'est ouvert au mois de décembre dernier. Neuf femmes lui réclament 14 millions pour des agressions sexuelles et des viols qu'il aurait commis à leur endroit entre 1980 et 2004.
Contre-interrogatoire du Procureur général
L'avocat du Procureur général du Québec, Me Michel Déom, qui assiste au procès civil depuis le début des procédures étant donné que Gilbert Rozon conteste la constitutionnalité de l'article 2858,1 du Code civil sur les mythes et stéréotypes, ainsi que l'article 2926,1 sur la fin du délai de prescription, a mené le contre-interrogatoire.
Me Déom est lui aussi revenu sur le plaidoyer de culpabilité de Gilbert Rozon en 1998, à la suite de l'agression sexuelle commise à l'endroit d'une jeune croupière du manoir Rouville-Campbell.
M. Rozon a décrit sa comparution au palais de justice de Saint-Hyacinthe comme étant un moment « irréel » et « marquant ». « Le juge portait une croix autour du cou, j'avais l'impression d'être à la confesse, a-t-il dit. J'ai conscient, mais troublé, groggy. »
Malgré cela, M. Rozon a admis n'avoir aucun souvenir d'avoir pris connaissance de la preuve contre lui. Me Déom lui a demandé plusieurs fois s'il avait pris le temps de comprendre ce qu'on lui reprochait, qu'il s'agisse de la jeune croupière ou des accusations de voies de fait portées par une autre femme, que nous ne pouvons nommer ici. L'ex-producteur a simplement répondu qu'il « savait ce qui s'était passé ».
Il a également été question du peu de démarches de M. Rozon pour retrouver des photos de sa maison, notamment pour prouver qu'il n'y avait pas de buisson ou de boisé sur son terrain. M. Rozon aurait également été poursuivi par l'acheteur de sa maison d'Outremont, pour avoir dissimulé un petit feu, ainsi qu'un dégât d'eau survenu entre 2010 et 2015.
Confronté sur ses « péchés » avoués dans le livre de Jean Beaunoyer, dont l'infidélité et la consommation de drogues, il a dit au tribunal qu'il a « arrêté de mentir à 40 ans ».
En quittant le palais de justice, Gilbert Rozon s'est de nouveau adressé aux journalistes dans le couloir du palais de justice. Pour expliquer le fossé entre sa version et celles des demanderesses, le fondateur de JPR est revenu sur ses propos autour d'une « coalition » formée pour l'attaquer.
« Ces gens-là ont été embrigadés par une personne que j'ai nommée aujourd'hui [Geneviève Lorange]. Vous avez fait, les journalistes, une enquête sur cette personne-là. C'est sa spécialité. Elle a embrigadé des gens pour la cause en prétendant avoir été elle-même agressée, ce qui est totalement faux. […] En huit ans, ces gens-là se sont regroupés en coalition avec un ennemi commun, un enjeu commun d'argent, elles se sont mises à raconter leurs histoires, qu'elles ont changé, il me semble que si on est logique, ça ne marche pas. »
Le procès civil de Gilbert Rozon est suspendu pour l'été. Il reprendra le 25 août prochain.

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