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Gala de la francophonie Juste pour rire
Gala de la francophonie Juste pour rire

La Presse

time5 days ago

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Gala de la francophonie Juste pour rire

Dans le cadre de sa nouvelle formule de galas thématiques, Juste pour rire présentait samedi une soirée consacrée à la francophonie et ses humoristes. À l'animation : Mehdi Bousaidan. Au menu : des artistes francophones plus ou moins connus, dont certains se sont démarqués et d'autres ont dérapé. Retour sur un Gala de la francophonie malgré tout riche en temps forts. Pour ce gala qui venait réunir des artistes de provenances diverses, qui sera diffusé dans plusieurs pays de la francophonie, on a misé sur toutes sortes de formes d'humour. Du plus engagé au plus grinçant, les humoristes sur scène ont créé des moments d'ovation et des moments de malaise à oublier. En fait, un seul a été particulièrement difficile à subir. Jarry, qui pourtant nous avait été promis comme une découverte intéressante par la presse française et même la presse québécoise, a été la source du numéro le plus déplaisant. S'il a voulu chambouler les instincts « woke » du public montréalais, mission accomplie. Il a rabaissé, touché, intimidé des membres du public. Une bonne capacité à improviser est appréciable lorsqu'on décide de faire rire des foules dans la vie. Mais Jarry, lorsqu'il est descendu faire son crowd work, a parlé du poids d'un jeune homme, embrassé « le seul Noir » de la salle sur la bouche et a allégrement touché tous les hommes avec lesquels il a eu des interactions. Visiblement mal à l'aise, plusieurs ont tenté de refuser les échanges, en vain. Mais le gala n'a été que légèrement perturbé par ce numéro parmi plusieurs autres. La plupart des autres artistes sur scène, dont l'animateur de la soirée, ont été très convaincants. En commençant par notre coup de cœur du gala, Waly Dia, un humoriste très apprécié en France et qui pourrait très bien réussir ici aussi. Sa première phrase concernait Gilbert Rozon. Il est ensuite allé aborder le sujet de la Palestine, en tentant notamment de situer Benyamin Nétanyahou sur une échelle allant de « Anne Frank » à « Hitler ». Il a parlé de Trump, de Musk, d'Esptein, de transidentité, d'homophobie. Son humour noir est tombé dans le mille, parce qu'il n'était pas destiné à choquer pour le plaisir de choquer, mais plutôt à susciter des réactions sur des sujets révoltants. Le gala a été parsemé de nombreuses comparaisons entre les Montréalais et les Parisiens. Chaque fois, les Français en ont pris pour leur grade. Mais beaucoup de références de ce gala axé sur la francophonie ont renvoyé à l'héritage des humoristes, tous nés ou résidants dans un pays francophone, mais d'origines diverses. Ainsi, Sarah Lélé a été excellente lorsqu'elle a raconté que ses parents camerounais n'avaient que faire de la culture belge, même si elle est née dans ce pays voisin de la France. Elle nous a fait souvent éclater de rire en parlant de son père surtout, en particulier lorsqu'elle a exposé la façon dont elle l'a sauvé de son homophobie. Son numéro était intelligent, réfléchi et s'est révélé l'un des plus drôles de la soirée. PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Waly Dia Nordine Ganso, qui est à la fois français, noir et arabe, a discuté de sa triple identité avec brio. Elena Nagapetyan, née en Ouzbékistan, qui a grandi en Russie et dont le français n'est pas la langue maternelle, a profité de son passage sur scène pour faire quelques blagues grivoises, parlant de sexe avec légèreté. Laurie Peret, qui fait rire en chantant, s'est armée de son clavier pour interpréter une chanson pour l'amour de sa vie qu'elle n'a pas encore trouvé. Son personnage, bancal et à l'air naïf, n'a pas manqué d'amuser le public du Théâtre Maisonneuve, sans toutefois le déchaîner. Des visages connus Si le public montréalais lui est très familier, c'était la première fois que Katerine Levac participait à un gala destiné à des Français. Ce n'est pas une culture qu'elle connaît bien, a-t-elle ajouté, en précisant que son actrice française préférée est Magalie Lépine-Blondeau. Il est plaisant de penser à ce que le public de France et de Belgique découvrira grâce à ce gala, puisqu'elle est, comme toujours, impeccable sur scène. Elle a le ton, le rythme, le personnage… tout est là pour nous faire rire aux éclats, sans qu'elle semble vraiment y mettre trop d'efforts. C'est son côté flegmatique qui nous charme le plus lorsqu'elle parle des aléas de son orientation sexuelle, de la vie avec ses jumeaux ou de ce qui lui manque des relations sexuelles avec les hommes. La fin du gala a été réservée aux deux vedettes de la soirée, que l'on a plus à présenter, mais dont la présence a été anticipée tout au long du gala grâce à des capsules vidéo les mettant en scène. Gad Elmaleh et Rachid Badouri ont clos la soirée. Le premier a fait un sans-faute, lui qui a profité de cette présence à Montréal pour effleurer le sujet du plagiat dont il a été accusé dans les dernières années (au moyen d'une des capsules vidéo). Il a parlé de la vieillesse, et même si l'auteure de ces lignes ne connaît pas encore les maux qu'il a décrits, il l'a fait avec une telle adresse qu'il nous a chaque fois fait rire. Et puis il y a eu Rachid Badouri, avec l'énergie qu'on lui connaît, qui s'est attaqué au concept de multiculturalisme. Il s'est dit heureux de le voir face à lui, mais aussi désireux qu'il y en ait encore plus. Dans un message aussi hilarant que pertinent, il a parlé lui aussi de son statut en raison de ses origines. Badouri est marocain et il travaille fort, comme ses amis humoristes maghrébins, à défaire, un spectacle à la fois, l'image que certains ont des gens comme lui. Mais certains préjugés persistent. Le thème ne s'épuise pas, en tout cas pas entre les mains de Rachid Badouri, qui excelle dans ce qu'il fait.

Décennie Juste pour rire 2020
Décennie Juste pour rire 2020

La Presse

time5 days ago

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Décennie Juste pour rire 2020

Juste pour rire inaugurait mercredi son édition 2025, la première véritable sous sa nouvelle administration, et étrennait au Théâtre Jean-Duceppe ses soirées Décennies, un concept qui n'en est pas vraiment un. Non, a d'emblée prévenu Suzie Bouchard, personne ne danserait le charleston. Les années 20 que nous étions là pour fêter n'étaient pas les mythiques années folles, mais celles, tout aussi folles, auxquelles nous tentons tous présentement de survivre : les années 2020. Et d'ajouter l'animatrice : « Pas la décennie la plus glorieuse pour Juste pour rire ! » Avec ce concept, la nouvelle administration du fleuron de la rigolade semble avoir voulu inventer une alternative à ses traditionnels galas, qui n'auront désormais lieu que lors de l'édition de Québec de Juste pour rire (anciennement le ComediHa! Fest-Québec), alors que la programmation de son pendant montréalais mise beaucoup sur des comiques français. Ces soirées Décennies y font exception en présentant un aréopage d'humoristes associés à leur époque, une manière habile d'arriver à une certaine cohésion de ton et de donner au public une idée claire d'avec qui et de quoi il s'en vient rire. Les galas finissent souvent par ressembler à des évènements où, à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, on ne fait plaisir à personne. La décennie présente n'en étant qu'à sa moitié, même si elle donne parfois l'impression de durer depuis une éternité. Il était davantage question mercredi de célébrer l'avenir de l'humour que de rigoler dans le rétroviseur. Mais, de toute façon, « personne n'est vraiment nostalgique de l'humour des années 1990 », de lancer Suzie Bouchard dans un solide numéro d'ouverture, porté par une probante confiance en son rythme. « Si vous vouliez du racisme et des coats en cuir, vous seriez à Rawdon dans un combat de chiens. » Et même s'il a quitté Juste pour rire depuis 2017, Gilbert Rozon demeure, à cause de son procès, l'éléphant dans la pièce. Pas question pour Suzie Bouchard de l'ignorer. Il lui fallait le saluer et le remercier d'avoir « encore à cœur notre divertissement ». On ne sait pas qui a dit que l'humour est la politesse du désespoir, mais il avait raison. Nos préférés Parmi les six invités de Suzie Bouchard, essentiellement inconnus du grand public, dont Thomas Bédard, Pascale Marineau et Alexis Fortin, plusieurs avaient judicieusement opté pour l'angle des présentations, avec ce que vous devinez d'anecdotes sur les parents, l'école et les premiers emplois. On s'en doutait bien, et ça se confirmerait : s'il était question mercredi soir des années 2020, ce ne serait que par la bande, les humoristes invités ayant plutôt déballé des numéros qui semblaient déjà faire partie de leur répertoire. Le concept tenait donc surtout de l'argument de vente, pas de la figure imposée. Notre première surprise appartient à Jay Laliberté, l'animateur du délirant Podcast des personnages, qui, avec une attitude timorée, s'est lancé dans le récit loufoquement dramatique d'une commande de jambon au comptoir des viandes froides de son supermarché. Absurde et parfaitement construit, son numéro rappelait le Jean-Thomas Jobin de l'époque où il vulgarisait des choses simples. À l'heure où une quotidienneté très terre à terre domine l'imaginaire des humoristes québécois, ce ton décalé fait grand bien. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Jay Laliberté Avec sa gueule ahurie de petit-cousin des Denis Drolet, Louis Girard-Bock a aussi brillé dans un numéro qui, sous le couvert de l'autodérision, dressait un portrait peu reluisant de l'horizon socioéconomique auquel font face les gens de sa génération. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Louis Girard-Bock Un horizon qui lui fait regretter le confort de la maison de sa mère dentiste, qui était dotée de certains de ces luxes qui font défaut à son appartement, comme de l'isolation. Le grand gaillard a déjà une bonhomie et une singularité sur lesquelles peuvent se construire de belles carrières. Quant à Magali Saint-Vincent, coanimatrice de la jouissive série balado Golden Top G, qui parodie les Barbies du web, elle est de tous les invités de mercredi celle dont l'écriture semble le plus apte à sublimer des situations douloureuses, voire vulnérabilisantes, en rires. Sa description croisée de la famille aisée de son ex et de la sienne, plus démunie, touchait par moments à une forme de vérité qui finit par permettre à un humoriste de créer autre chose que juste des rires. Ne restait plus à Suzie Bouchard qu'à nous souhaiter un restant de décennie sous le signe de l'audace, de la diversité et « du moins de scandales sexuels possible ». Notre verdict Avec des billets un peu en bas de la barre des 50 $, ces soirées Décennies Juste pour rire n'ont pas à rougir, mais sont à ce point dépouillées d'artifice qu'il est permis de se demander ce qui les distingue exactement de ce qu'on peut vivre à longueur d'année dans nombre de comedy clubs. Arnaud Soly, Cathy Gauthier, Dominic et Martin, Silvi Tourigny, Mona de Grenoble et Tommy Néron animeront jusqu'à dimanche les autres soirées célébrant les décennies 1990, 2000, 2010 et 2020. Consultez la page des soirées Décennies Juste pour rire

Le stand-up français prend des dimensions de ouf
Le stand-up français prend des dimensions de ouf

La Presse

time15-07-2025

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Le stand-up français prend des dimensions de ouf

Il y avait longtemps que le festival Juste pour rire, qui s'amorce à Montréal ce mercredi, n'avait pas accueilli un tel contingent européen, réjouissant reflet de l'effervescence française autour du stand-up à l'américaine. Parce que oui, les humoristes hexagonaux ont fini par troquer le quatrième mur pour un mur en brique. Le triste hasard aura voulu que ce soit au lendemain de la mort de l'humoriste français Bun Hay Mean que nous joignions au téléphone son camarade Jarry, d'une compréhensible fragilité au moment de parler de son ami. « Quand j'ai vu Bun pour la dernière fois, il y a dix jours, il me disait à quel point cette période lui manquait. » Quelle période ? Celle durant laquelle les deux potes ont fait leurs classes en tant que comiques, dans les soirées d'humour de la métropole française, qui commençaient à bourgeonner. « Il y avait quoi, trois endroits où on pouvait tester nos sketches à Paris ? On était payés au chapeau et quand on partait avec 15 euros chacun, on était tellement contents. » C'était au début de la décennie 2010, alors que frémissait avec de plus en plus d'ardeur un bouillonnement qui n'a pas cessé depuis autour des « standupeurs », comme on dit dans les coulisses du Zénith de Paris. « Ruée inédite sur les shows d'humour », titrait en janvier 2024 Le Parisien. « Aujourd'hui, le stand-up représente 80 à 90 % du marché de l'humour », note dans ce même article Pierre-Louis Malinet, responsable produits humour de France Billet, au sujet de cette génération pour qui David Chappelle est une référence beaucoup plus prégnante que celle de quiconque préférait obéir à un quatrième mur plutôt que d'échanger directement avec son public. Une génération à laquelle l'édition montréalaise de Juste pour rire fait la part belle. Entre Elena Nagapetyan, Caroline Vigneaux, Tom Baldetti, Waly Dia, David Voison et Thomas Angelvy, les Français n'y ont pas été aussi nombreux depuis la fin du règne de Gilbert Rozon. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE Josée Charland, cheffe de programmation de Juste pour rire « Ce qu'il y a derrière ce phénomène, c'est l'influence des plateformes comme Netflix, Prime et compagnie, avec lesquelles le stand-up américain est soudainement accessible à tous », observe Josée Charland, cheffe de programmation de Juste pour rire. C'est un style qu'on a adopté peut-être un peu plus rapidement ici au Québec que chez les Français, qui avaient une tradition plus forte de la théâtralité, même en humour. Josée Charland, cheffe de programmation de Juste pour rire Comme un refuge Laurie Peret, qui vient présenter à Montréal les 17 et 18 juillet son deuxième spectacle, À bientôt quelque part, évoque quant à elle l'influence d'autres plateformes, celles des réseaux sociaux. TikTok, Instagram et Facebook contribuent en bonne partie à ce que des humoristes européens puissent remplir l'Olympia de Montréal une fois (comme Paul Mirabel en juin dernier, en vue de son retour au Centre Vidéotron et à la Place Bell en avril 2026), deux fois (comme Laura Laune en novembre dernier) ou même trois fois (comme Nawell Madani, en septembre prochain). « Comme ce sont des artistes internationaux, il y a un côté un peu plus exclusif qu'avec des artistes locaux », fait valoir pour sa part Adrien Orlowski, fondateur de Singular Agency, la boîte qui, depuis trois ans, invite au Québec plusieurs de ces humoristes francophones d'Europe ou du Maghreb. « Ça génère tout de suite un engouement, parce que ça devient plus événementiel. Et puis il y a à Montréal un bassin d'immigrants qui constitue une bonne base. » C'est un numéro viral sur son accouchement qui aura mis la table pour Laurie Peret à son premier seule-en-scène, étrenné dans de petits lieux comme La Nouvelle Seine, un cabaret situé dans une péniche. Elle nourrissait pourtant des ambitions de chanteuse, avant de participer en 2015 à un concours d'humour, auquel une amie lui avait suggéré de s'inscrire. « L'humour avait toujours été pour moi une soupape, par rapport à mon apparence qui m'a longtemps complexée, sans jamais pourtant que je pense à en faire une carrière, confie-t-elle. Ce que j'ai trouvé dans les comedy clubs, c'est un refuge, un endroit où enfin être moi-même. » Une rare proximité Comment expliquer une telle effervescence ? Nordine Ganso, 28 ans, qui donnera mercredi et dimanche à l'Olympia son spectacle Violet, vante l'accessibilité d'une forme d'art où la proximité avec le performeur prime. « Le stand-up à Paris, ça a pris une dimension de ouf », dit-il en rappelant l'influence d'une émission comme le Jamel Comedy Club, diffusée de 2006 à 2016. Jamel Debouzze et sa troupe seront d'ailleurs aussi de cette édition de Juste pour rire, les 16 et 17 juillet, à l'Olympia. Le stand-up a un tel succès parce que les gens aiment bien les choses simples, sincères. Le stand-up, c'est l'honnêteté pure. L'humoriste Nordine Ganso Jarry pousse l'analyse sociopolitique un peu plus loin. « Je pense qu'en France, on est dans un climat plutôt anxiogène », suggère celui qui participera samedi au Gala de la francophonie animé par Mehdi Bousaidan. « Les gens, présentement, ont besoin d'énergie et de courage. Ils ont besoin de sentir pendant quelques instants que rien n'est grave, dit-il. Et je pense que l'humour peut leur donner la force d'être qui ils sont, de croire en leurs rêves. L'humour, c'est un outil de paix, d'amour et de vivre ensemble. » Qualité comparable L'humoriste québécois Colin Boudrias, qui a effectué trois séjours en Europe à partir de 2023, a pu constater de visu que le buzz (!) autour du stand-up est bien réel. « J'avais entendu dire que le niveau n'était vraiment pas comparable avec le Québec, mais ce sont de vieux préjugés, souligne-t-il. Le niveau est similaire à chez nous. Je pense que les humoristes ont compris que dans un contexte où il y a beaucoup d'offre, l'important, c'est de sortir du lot, de trouver son originalité. » PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE L'humoriste québécois Colin Boudrias « La seule différence que je perçois encore quand je vais dans les comedy clubs à Paris, c'est au plan de l'écriture », ajoute Josée Charland, en précisant ne pas vouloir généraliser indûment. « Le rythme, ça, ils l'ont, ça va, mais les jeunes humoristes émergents mettent un peu plus de temps à arriver à maturité côté écriture, parce qu'il n'y a pas à Paris d'équivalent à l'École nationale de l'humour. » Dans un contexte de surexposition de bien des humoristes québécois, Josée Charland estime, à l'instar d'Adrien Orlowski, que l'effet de rareté n'est pas sans lien avec le succès de leurs homologues français en visite à Montréal ou à Québec. La forte présence européenne dans la programmation de Juste pour rire à Montréal permet aussi à l'entreprise de bien camper l'identité distincte de ses deux festivals. L'édition de Québec de Juste pour rire, anciennement le ComediHa! Fest Québec, continuera de miser sur ses valeurs sûres comme les galas et ses grands bien-cuits, mettant en vedette des artistes d'ici. « On ne s'en est pas caché, conclut Josée Charland. On veut que Montréal redevienne la plaque tournante mondiale de l'humour et cette internationalisation-là est impossible sans l'apport de la francophonie. » Juste pour rire Montréal se tient du 16 au 27 juillet. Consultez le site du festival

D'ex-salariés peinent à être indemnisés
D'ex-salariés peinent à être indemnisés

La Presse

time14-07-2025

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D'ex-salariés peinent à être indemnisés

Plusieurs dizaines d'ex-employés de Juste pour rire n'ont jamais été capables d'obtenir une indemnisation d'un programme fédéral pour les salariés. Juste pour rire, Taiga, Valero Pharma, Lion Électrique… Outre la déconfiture financière, ces entreprises ont un autre point en commun : plusieurs de leurs ex-employés sont jugés inadmissibles à un programme d'indemnisation des salariés – et tout indique qu'ils n'ont pas fini d'attendre. « Avec le temps, plusieurs se sont découragés et ont tourné la page », lâche Junior Girardeau, au bout du fil. Comme plusieurs de ses anciens collègues, celui qui occupait un poste de directeur de la programmation chez Juste pour rire se retrouve sans gagne-pain lorsque le géant déchu québécois de l'humour se tourne vers la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). On connaît la suite. Au terme d'une restructuration supervisée par les tribunaux, Juste pour rire est rachetée par ComediHa !. Ce que beaucoup ignorent, c'est que près de 50 anciens employés n'ont jamais été en mesure d'être indemnisés par le Programme de protection des salariés (PPS). Ils sont loin d'être les seuls. En vertu de cette mesure fédérale, un travailleur peut obtenir jusqu'à 8800 $ lorsqu'il perd son emploi en raison de la faillite de son employeur. Les ex-salariés de JPR, Taiga, Valero Pharma et Lion Électrique sont toutefois incapables de s'en prévaloir. « On nous a dit, au gouvernement, que l'entreprise avait été rachetée, qu'elle n'avait pas fait faillite et que la loi ne s'appliquait pas », affirme M. Girardeau. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE Installations de Lion Électrique à Saint-Jérôme Outil contesté Au cœur du litige se trouve l'outil ayant permis à ces entreprises de se relancer et de repartir à neuf avec de nouveaux propriétaires : l'ordonnance de dévolution inversée. Essentiellement, ce mécanisme – utilisé par les quatre entreprises citées dans cet article – permet de transférer à un repreneur les actifs qu'il souhaite racheter et de laisser les passifs (créances, dettes, employés, etc.) dans une autre entité que l'on met en place, une sorte de coquille vide. Prenons le cas du constructeur d'autobus scolaires électriques. Tous les employés non retenus, les passifs, comme les dettes, ainsi que des contrats se sont retrouvés dans une entité résiduelle, ce qui a permis aux repreneurs de Lion de mettre la main sur une entreprise avec un bilan financier pratiquement remis à neuf. Pour les représentants du procureur général du Canada, c'est un peu comme avoir le beurre et l'argent du beurre, notamment parce que les repreneurs d'une entreprise insolvable n'ont pas à indemniser les salariés qui ne sont pas retenus. Et visiblement, le gouvernement fédéral ne veut pas payer. Le 23 avril dernier, Ottawa a obtenu la permission d'en appeler d'un jugement rendu en début d'année par la Cour supérieure du Québec dans lequel on avait estimé que 24 ex-salariés de Valero Pharma – ce fournisseur montréalais de produits pharmaceutiques s'était placé à l'abri de ses créanciers en octobre 2024 – étaient admissibles au PPS. Selon le procureur général du Canada, le mécanisme a des allures de « fiction juridique structurée » dans laquelle les employés non retenus sont transférés dans une coquille vide pour ensuite être licenciés, dans le seul but de contourner l'esprit du Programme. « Le gouvernement évoque de la fiction juridique parce que l'on transfère tous les passifs dans l'entreprise poubelle, explique Marc Boudreau, du cabinet Marceau & Boudreau, spécialisé en droit du travail. On dit que l'on fait indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Le gouvernement soutient que les repreneurs font cela uniquement pour que les employés bénéficient du programme de protection. » C'est à la fin septembre que l'appel doit être entendu dans le dossier Valero Pharma. Incertitude prolongée Dans ce contexte, le juge Michel Pinsonnault, qui supervise la restructuration judiciaire de Lion, opte pour la prudence. Lundi, le magistrat a confirmé qu'il attendrait le dénouement dans le dossier de la pharmaceutique avant de se prononcer en ce qui a trait à Lion, ce qui prolonge l'attente de plusieurs centaines de travailleurs licenciés. « On est pris dans un vide juridique », a estimé une ancienne employée de Lion, Valérie, le mois dernier, dans le cadre d'une séance de questions-réponses avec Deloitte, contrôleur dans le dossier de Lion, destinée notamment à faire le point sur cette situation. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE Les travailleurs licensiés de Lion Électrique sont le plus récent exemple du refus d'Ottawa à indemniser des salariés. Elle n'était pas la seule. Pendant plus d'une heure, plusieurs de ses ex-collègues ont exprimé leur incompréhension à l'égard de la situation, qui les prive d'une indemnisation. « Nous sommes environ 200 mécontents, a ajouté François. Il y a certaines personnes qui éprouvent des difficultés financières en attendant les sommes qui nous sont dues. Vous comprenez l'urgence de la situation. » Même si le gouvernement fédéral est débouté par la Cour d'appel, la cause pourrait se retrouver devant la Cour suprême du Canada, selon Me Boudreau. Dit autrement, il pourrait s'écouler des années avant que le plus haut tribunal du pays tranche. Ce type de restructuration [la dévolution inversée] est de plus en plus à la mode. Le gouvernement voit peut-être une tendance se dessiner. Les grands spécialistes de la restructuration, ce sont eux qui mettent le mécanisme en place. Me Marc Boudreau, avocat spécialisé en droit du travail Tour de passe-passe ou pas, Me Boudreau rappelle que le PPS vise à épauler des travailleurs ayant perdu leur boulot parce que leur employeur est devenu insolvable. C'est aussi ce qui s'est passé avec JPR, Taiga, Valero Pharma et Lion.

« Je suis traité comme un paria »
« Je suis traité comme un paria »

La Presse

time09-07-2025

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« Je suis traité comme un paria »

Avant la conclusion de son contre-interrogatoire, mercredi, Gilbert Rozon a dénoncé son « traitement » durant son procès civil, arguant que son cas découragera d'autres personnes de se défendre devant la justice « même s'ils ne sont pas coupables ». Dans une mêlée de presse, il a affirmé qu'ils vont tous vouloir régler hors cour. Le fondateur de Juste pour rire n'a pas mâché ses mots en arrivant au palais de justice pour la conclusion de son contre-interrogatoire. « Le fait qu'on me traite aujourd'hui comme un paria ou comme quelqu'un qui est accusé au criminel, le fait que pendant huit ans ces gens-là se sont organisés, ont fait des tonnes de réunion, alors que moi je suis seul, je me bats… Pensez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui vont maintenant aller devant les tribunaux pour se défendre ? Tout le monde va régler hors cour. » M. Rozon est revenu sur ses déclarations, faites encore une fois lors d'une mêlée de presse, selon lesquelles il se défendait contre « la légalisation de l'extorsion ». Quand j'ai parlé de légalisation de l'extorsion, ce n'est pas parce que je veux mettre en doute le système de justice, la preuve c'est que je suis là. C'est que si vous devez vous soumettre à des procès médiatiques aussi violents, vous êtes mieux de faire un chèque, même si vous n'êtes pas coupable d'aucune façon. Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Les journalistes présents lui ont demandé s'il regrettait de n'avoir pas réglé hors cour les neuf poursuites civiles le visant. « Je regrette certainement de ne pas avoir été plus pragmatique, a-t-il répondu. Je crois en la justice, j'ai une formation de juriste, comme vous tous, j'ai essayé d'être une bonne personne, un bon père. J'ai fait des erreurs, j'ai commis des bêtises dans ma vie, il n'y a pas de doutes, j'ai 70 ans, j'ai vécu les années 1960 comme tout le monde, mais je n'ai jamais été un homme violent, je ne suis pas un criminel. » En fin de journée, il en a rajouté : « J'aurais pu faire des chèques il y a huit ans, je ne l'ai pas fait. Je vais vous le dire, je le regrette. Ça aurait été plus intelligent. Si quelqu'un m'appelle demain matin, qui est menacé, qui me dit : ce n'est jamais arrivé, j'ai toutes les preuves, je lui dis : non, non, fais un chèque ! Ne va pas à la cour, tu vas tout perdre ! » Il est revenu enfin sur les allégations d'agressions sexuelles et de viol dont il fait l'objet dans le présent procès. Comment vous expliquez que la moitié des allégations se passent dans des lieux publics ? Dans la zone VIP, 400 personnes, dans mon jardin, avec une centaine d'invités en plein jour, dans une boîte où il y a 150 personnes où se trouvent des caméras. Et où il n'y a jamais de témoins ? Gilbert Rozon, fondateur de Juste pour rire Gilbert Rozon témoigne dans le cadre de son procès civil qui s'est ouvert au mois de décembre dernier. Neuf femmes lui réclament 14 millions pour des agressions sexuelles et des viols qu'il aurait commis à leur endroit entre 1980 et 2004. Contre-interrogatoire du Procureur général L'avocat du Procureur général du Québec, Me Michel Déom, qui assiste au procès civil depuis le début des procédures étant donné que Gilbert Rozon conteste la constitutionnalité de l'article 2858,1 du Code civil sur les mythes et stéréotypes, ainsi que l'article 2926,1 sur la fin du délai de prescription, a mené le contre-interrogatoire. Me Déom est lui aussi revenu sur le plaidoyer de culpabilité de Gilbert Rozon en 1998, à la suite de l'agression sexuelle commise à l'endroit d'une jeune croupière du manoir Rouville-Campbell. M. Rozon a décrit sa comparution au palais de justice de Saint-Hyacinthe comme étant un moment « irréel » et « marquant ». « Le juge portait une croix autour du cou, j'avais l'impression d'être à la confesse, a-t-il dit. J'ai conscient, mais troublé, groggy. » Malgré cela, M. Rozon a admis n'avoir aucun souvenir d'avoir pris connaissance de la preuve contre lui. Me Déom lui a demandé plusieurs fois s'il avait pris le temps de comprendre ce qu'on lui reprochait, qu'il s'agisse de la jeune croupière ou des accusations de voies de fait portées par une autre femme, que nous ne pouvons nommer ici. L'ex-producteur a simplement répondu qu'il « savait ce qui s'était passé ». Il a également été question du peu de démarches de M. Rozon pour retrouver des photos de sa maison, notamment pour prouver qu'il n'y avait pas de buisson ou de boisé sur son terrain. M. Rozon aurait également été poursuivi par l'acheteur de sa maison d'Outremont, pour avoir dissimulé un petit feu, ainsi qu'un dégât d'eau survenu entre 2010 et 2015. Confronté sur ses « péchés » avoués dans le livre de Jean Beaunoyer, dont l'infidélité et la consommation de drogues, il a dit au tribunal qu'il a « arrêté de mentir à 40 ans ». En quittant le palais de justice, Gilbert Rozon s'est de nouveau adressé aux journalistes dans le couloir du palais de justice. Pour expliquer le fossé entre sa version et celles des demanderesses, le fondateur de JPR est revenu sur ses propos autour d'une « coalition » formée pour l'attaquer. « Ces gens-là ont été embrigadés par une personne que j'ai nommée aujourd'hui [Geneviève Lorange]. Vous avez fait, les journalistes, une enquête sur cette personne-là. C'est sa spécialité. Elle a embrigadé des gens pour la cause en prétendant avoir été elle-même agressée, ce qui est totalement faux. […] En huit ans, ces gens-là se sont regroupés en coalition avec un ennemi commun, un enjeu commun d'argent, elles se sont mises à raconter leurs histoires, qu'elles ont changé, il me semble que si on est logique, ça ne marche pas. » Le procès civil de Gilbert Rozon est suspendu pour l'été. Il reprendra le 25 août prochain.

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