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Gala de la francophonie Juste pour rire

Gala de la francophonie Juste pour rire

La Presse20-07-2025
Dans le cadre de sa nouvelle formule de galas thématiques, Juste pour rire présentait samedi une soirée consacrée à la francophonie et ses humoristes. À l'animation : Mehdi Bousaidan. Au menu : des artistes francophones plus ou moins connus, dont certains se sont démarqués et d'autres ont dérapé. Retour sur un Gala de la francophonie malgré tout riche en temps forts.
Pour ce gala qui venait réunir des artistes de provenances diverses, qui sera diffusé dans plusieurs pays de la francophonie, on a misé sur toutes sortes de formes d'humour. Du plus engagé au plus grinçant, les humoristes sur scène ont créé des moments d'ovation et des moments de malaise à oublier.
En fait, un seul a été particulièrement difficile à subir. Jarry, qui pourtant nous avait été promis comme une découverte intéressante par la presse française et même la presse québécoise, a été la source du numéro le plus déplaisant. S'il a voulu chambouler les instincts « woke » du public montréalais, mission accomplie. Il a rabaissé, touché, intimidé des membres du public. Une bonne capacité à improviser est appréciable lorsqu'on décide de faire rire des foules dans la vie. Mais Jarry, lorsqu'il est descendu faire son crowd work, a parlé du poids d'un jeune homme, embrassé « le seul Noir » de la salle sur la bouche et a allégrement touché tous les hommes avec lesquels il a eu des interactions. Visiblement mal à l'aise, plusieurs ont tenté de refuser les échanges, en vain.
Mais le gala n'a été que légèrement perturbé par ce numéro parmi plusieurs autres. La plupart des autres artistes sur scène, dont l'animateur de la soirée, ont été très convaincants.
En commençant par notre coup de cœur du gala, Waly Dia, un humoriste très apprécié en France et qui pourrait très bien réussir ici aussi. Sa première phrase concernait Gilbert Rozon. Il est ensuite allé aborder le sujet de la Palestine, en tentant notamment de situer Benyamin Nétanyahou sur une échelle allant de « Anne Frank » à « Hitler ». Il a parlé de Trump, de Musk, d'Esptein, de transidentité, d'homophobie. Son humour noir est tombé dans le mille, parce qu'il n'était pas destiné à choquer pour le plaisir de choquer, mais plutôt à susciter des réactions sur des sujets révoltants.
Le gala a été parsemé de nombreuses comparaisons entre les Montréalais et les Parisiens. Chaque fois, les Français en ont pris pour leur grade. Mais beaucoup de références de ce gala axé sur la francophonie ont renvoyé à l'héritage des humoristes, tous nés ou résidants dans un pays francophone, mais d'origines diverses.
Ainsi, Sarah Lélé a été excellente lorsqu'elle a raconté que ses parents camerounais n'avaient que faire de la culture belge, même si elle est née dans ce pays voisin de la France. Elle nous a fait souvent éclater de rire en parlant de son père surtout, en particulier lorsqu'elle a exposé la façon dont elle l'a sauvé de son homophobie. Son numéro était intelligent, réfléchi et s'est révélé l'un des plus drôles de la soirée.
PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE
Waly Dia
Nordine Ganso, qui est à la fois français, noir et arabe, a discuté de sa triple identité avec brio. Elena Nagapetyan, née en Ouzbékistan, qui a grandi en Russie et dont le français n'est pas la langue maternelle, a profité de son passage sur scène pour faire quelques blagues grivoises, parlant de sexe avec légèreté. Laurie Peret, qui fait rire en chantant, s'est armée de son clavier pour interpréter une chanson pour l'amour de sa vie qu'elle n'a pas encore trouvé. Son personnage, bancal et à l'air naïf, n'a pas manqué d'amuser le public du Théâtre Maisonneuve, sans toutefois le déchaîner.
Des visages connus
Si le public montréalais lui est très familier, c'était la première fois que Katerine Levac participait à un gala destiné à des Français. Ce n'est pas une culture qu'elle connaît bien, a-t-elle ajouté, en précisant que son actrice française préférée est Magalie Lépine-Blondeau.
Il est plaisant de penser à ce que le public de France et de Belgique découvrira grâce à ce gala, puisqu'elle est, comme toujours, impeccable sur scène. Elle a le ton, le rythme, le personnage… tout est là pour nous faire rire aux éclats, sans qu'elle semble vraiment y mettre trop d'efforts. C'est son côté flegmatique qui nous charme le plus lorsqu'elle parle des aléas de son orientation sexuelle, de la vie avec ses jumeaux ou de ce qui lui manque des relations sexuelles avec les hommes.
La fin du gala a été réservée aux deux vedettes de la soirée, que l'on a plus à présenter, mais dont la présence a été anticipée tout au long du gala grâce à des capsules vidéo les mettant en scène. Gad Elmaleh et Rachid Badouri ont clos la soirée.
Le premier a fait un sans-faute, lui qui a profité de cette présence à Montréal pour effleurer le sujet du plagiat dont il a été accusé dans les dernières années (au moyen d'une des capsules vidéo). Il a parlé de la vieillesse, et même si l'auteure de ces lignes ne connaît pas encore les maux qu'il a décrits, il l'a fait avec une telle adresse qu'il nous a chaque fois fait rire.
Et puis il y a eu Rachid Badouri, avec l'énergie qu'on lui connaît, qui s'est attaqué au concept de multiculturalisme. Il s'est dit heureux de le voir face à lui, mais aussi désireux qu'il y en ait encore plus. Dans un message aussi hilarant que pertinent, il a parlé lui aussi de son statut en raison de ses origines. Badouri est marocain et il travaille fort, comme ses amis humoristes maghrébins, à défaire, un spectacle à la fois, l'image que certains ont des gens comme lui. Mais certains préjugés persistent. Le thème ne s'épuise pas, en tout cas pas entre les mains de Rachid Badouri, qui excelle dans ce qu'il fait.
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Et la réponse de Louise dans Le déclin n'était jamais très loin… Retrouver l'espace public Mais tout n'est pas perdu, je ne le crois pas. La disparition de Pierre Foglia, récemment, m'a rappelé la richesse de notre culture — locale, nationale, globale. Les défis du vivre-ensemble, sans céder à l'uniformisation ou à la peur de l'autre. Il faut retourner à la base : les mots, la réflexion, l'écriture. Retrouver ce que nous sommes collectivement, renouer avec les humanités. J'enseigne L'Osstidcho, et je vois des étincelles. Le ravissement de la création collective. Le plaisir de ne pas chercher à plaire à tout le monde, d'oser penser, critiquer, écouter et recevoir la critique. Pas juste se défendre. Apprendre à dialoguer. À être honnête. Vivre dans un monde complexe demande qu'on apprenne à porter cette complexité. Les philosophes le savaient. J'ai relu Le monde de Sophie. Redécouvert Hermann Hesse. 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