Dernières actualités avec #francophonie


Le Figaro
a day ago
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Ces expressions que vous utilisez quotidiennement (sans forcément les comprendre)
«Tomber dans les pommes», «être à croquer» ou encore «courir sur le haricot»: ces expressions familières nous font sourire, mais leurs origines sont souvent méconnues… et parfois étonnantes. La langue française regorge d'expressions imagées dont on ignore souvent l'origine. Certaines sont si fréquemment employées qu'on oublie qu'elles sont le fruit de l'évolution du français. En voici cinq, décortiquées au fil de leur histoire. Au fur et à mesure Aujourd'hui utilisée pour désigner une progression, cette expression repose sur une redondance . En effet, le mot fur, aujourd'hui disparu, signifiait déjà «mesure, proportion». Dire «au fur et à mesure», c'est donc littéralement dire «à mesure et à mesure». Une répétition devenue familière, dont le rythme a sans doute assuré sa survie. Publicité Courir sur le haricot Souvent utilisée pour exprimer l'agacement, cette expression a vu le jour au début du XXe siècle. À l'époque, dans le langage populaire, le mot «haricot» désignait les orteils. Ainsi, quelqu'un qui nous « court sur les haricots » nous... casse les pieds ! Une image à la fois drôle et évocatrice, qui retranscrit à la perfection la sensation de gêne persistante provoquée par une personne trop envahissante. Tirer a quatre épingles Quand on dit de quelqu'un qu'il est «tiré à quatre épingles», on souligne l'attention extrême qu'il accorde à son apparence. Cette expression trouve son origine dans la mode féminine du XVIe siècle. Pour que le fichu, une sorte de petit châle ou foulard, reste bien en place, on l'attachait avec quatre épingles. Ce détail vestimentaire a donné naissance à une métaphore devenue synonyme d'élégance… Être à croquer Cette expression évoque une beauté si attendrissante qu'on aurait envie de croquer la personne ! Mais à l'origine, il ne s'agissait pas de mordre. Le verbe «croquer» signifiait alors «dessiner rapidement», «esquisser», comme son nom l'indique, «faire un croquis». Dire qu'une personne est «à croquer», c'était donc dire qu'elle est si charmante qu'on aimerait en faire un portrait. Une origine artistique, souvent méconnue. Tomber dans les pommes Aujourd'hui utilisée de manière familière pour parler d'un évanouissement, cette expression remonte jusqu'au Moyen ge. À cette époque, on disait «tomber en pâmes», du verbe se pâmer qui signifiait «perdre connaissance» ou «s'évanouir». Avec le temps, l'évolution de la prononciation et l'oreille populaire ont transformé les pâmes… en pommes. Une transformation sonore devenue une expression délicieusement fruitée.


Le Figaro
4 days ago
- Entertainment
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Ce livre que Nine d'Urso emporte en vacances : «Je suis tombée sur ce livre en parcourant le rayon anthropologie»
LIVRE D'ÉTÉ 4/9. - Dans ma valise, je mets un roman talisman, un auteur fétiche, le plein d'émotions… Neuf personnalités se racontent entre les lignes en révélant quel ouvrage elles emportent en vacances. Aujourd'hui, l'actrice nous parle du livre Ève, 200 millions d'années d'évolution au féminin, de Cat Bohannon. «Je suis tombée sur ce livre en parcourant le rayon anthropologie de ma librairie. Même si ça m'énerve de le décrire comme ça, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une version féminine de Sapiens, de Yuval Noah Harari. Une traversée du monde et de l'histoire à travers les perceptions et les spécificités du corps féminin. Je trouve intéressant, et plutôt progressiste, de lire une étude sur la façon dont le corps de la femme est construit biologiquement et pas seulement comment il est vécu. Et de pouvoir penser la femme comme un point de départ et non pas comme un satellite de l'homme. Je me considère féministe, mais je me sens encore encombrée par des schémas de pensée. Revoir l'Histoire à travers ce prisme-là sera forcément bénéfique.» Nine d'Urso joue dans La Rebelle, les aventures de la jeune George Sand sur


Le Figaro
7 days ago
- Politics
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«Francophonie, industrie du jeu vidéo... la France a oublié qu'elle avait des leviers pour son soft power»
FIGAROVOX/ENTRETIEN - L'Institut Montaigne vient de publier une note consacrée à la diplomatie culturelle de la France. Pour Blanche Leridon, directrice éditoriale de ce think-tank, notre pays doit profiter du basculement des valeurs américaines, du discrédit de la mondialisation heureuse et du peu d'attractivité du modèle culturel chinois afin d'étendre son influence. Blanche Leridon est essayiste, directrice éditoriale de l'Institut Montaigne, et enseignante à Sciences Po. Elle a dirigé avec Hortense Miginiac la note « Diplomatie culturelle : quatre vecteurs essentiels pour la France » , pour l'Institut Montaigne, parue le 10 juillet 2025. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié LE FIGARO. - Pouvez-vous détailler les quatre vecteurs d'influence française que vous jugez prioritaires dans la note ? Publicité Blanche LERIDON. - Nous avons identifié quatre vecteurs essentiels qui doivent permettre à la France de répondre aux bouleversements internationaux actuels. Le premier concerne la langue française et la francophonie. Il ne s'agit pas de promouvoir un français conquérant et vertical, mais bien de comprendre que le français est bien plus qu'un idiome. C'est une façon de penser, de voir le monde, qui encourage d'ailleurs la promotion du plurilinguisme. Prenez le développement des IA : on sait que les bases des intelligences artificielles sont essentiellement nourries de données anglo-saxonnes, ce qui ne favorise pas la diversité et aboutit à une uniformisation délétère de nos modes de pensée. Il faut également renforcer l'attractivité universitaire française - mais aussi européenne, alors que les libertés académiques sont fragilisées aux États-Unis depuis le retour de Donald Trump. Tout en restant lucides quant à notre capacité à absorber les demandes d'universitaires venus d'ailleurs. Le deuxième point, c'est notre réseau culturel à l'étranger, l'un des plus développés au monde en termes de diplomatie culturelle. Il n'y a qu'à observer le nombre d'établissements français à l'étranger, de lycées français, d'Instituts et d'alliances français, qui sont autant de relais à exploiter. Notre audiovisuel extérieur est également très puissant, via France Médias Monde qui regroupe France 24, RFI, TV5Monde... Cela permet, dans une démarche plurilingue, de véhiculer une information de qualité auprès d'un large public, au nom d'une certaine idée du débat public, de sa fiabilité, de sa rigueur intellectuelle. Il s'agit de partager une certaine idée de l'information, du débat, à un moment où les États-Unis reculent également sur ce terrain avec le démantèlement de Voice of America notamment. Mais ce réseau, physique ou audiovisuel, doit être plus performant, plus horizontal, plus « co-construit » avec les pays où nous sommes présents. Ce réseau, s'agissant de l'audiovisuel notamment, peut être un rempart contre les risques d'ingérence et de désinformation. À lire aussi Défense : la France se prépare à la fin de l'exception arctique Nos industries culturelles et créatives constituent un troisième vecteur. Au-delà de notre cinéma, on oublie parfois notre force de frappe dans des domaines innovants. Je pense au jeu vidéo et à l'animation, où la France a réussi à développer une vraie filière depuis 1985 et la mise sur pied d'un plan à l'instigation de Jack Lang. Quarante ans plus tard très exactement, si le secteur traverse une crise conjoncturelle, nous excellons toujours sur la formation, avec des écoles comme Les Gobelins. Sur le jeu vidéo, nous avons des pépites, notamment indépendantes. L'une d'elles, Standfall Interactive, a édité cette année un jeu appelé Clair Obscur: Expedition 33. Il s'est vendu à plus de trois millions d'exemplaires en l'espace de trois semaines. Basé à Montpellier, ce studio diffuse un imaginaire qui tranche avec les jeux vidéo américains auxquels on s'est habitué. À côté de son rayonnement historique et patrimonial, la France dispose d'atouts indéniables, mais son image reste encore assez figée, et des réformes doivent être entreprises pour permettre à la filière de se développer davantage encore, d'être plus lisible et plus puissante à l'export. Dernier levier enfin, qui peut surprendre : notre droit. Il est, selon nous, un vecteur d'influence majeur dans la période que l'on traverse. Ce droit continental, d'héritage romain, nous semble essentiel dans un monde où la règle est constamment remise en cause et où l'on voudrait faire primer la force. Cette importance du droit doit être portée à l'échelle française comme européenne, où nous adoptons des législations garantissant le pluralisme et les droits d'auteur. Enfin, défendre le droit continental face au droit anglo-saxon nous paraît également crucial. Au même titre qu'il faut une pluralité culturelle, il faut une pluralité juridique. «Le soft power français, porté par sa diplomatie culturelle, ne pourra conserver sa force que s'il reste fidèle à ce qu'il prétend représenter : une vision du monde fondée sur la liberté, la vérité, le pluralisme et la culture du débat», écrivez-vous. Dans un monde de prédateurs, ces bonnes intentions ne sont-elles pas empreintes d'un optimisme excessif ? Publicité Non, je ne le crois pas. Face au basculement des valeurs américaines, au discrédit de la mondialisation heureuse et au peu d'attractivité du modèle culturel chinois (du moins en Europe), on réouvre largement la «bataille des imaginaires». La France et l'Europe peuvent combler cette vacance et trouver leur juste place. Les vecteurs que je décrivais sont très concrets et une partie du combat se joue sur les imaginaires, sur notre capacité aussi à ne pas constamment être en réaction - notamment face aux ingérences russes - mais aussi à l'initiative. Quel modèle et quelles valeurs voulons-nous porter ? Et à quelles fins ? Ce sont les questions que le politique doit se poser aujourd'hui, et qu'il se pose insuffisamment, tiraillé entre l'attachement à « l'exception culturelle française » et la crainte de déclassement. Dans ce moment de bascule, la France a une opportunité à saisir. Mais si elle veut être garante de ces valeurs, elle doit le faire avec humilité, sans morale, et avec ses partenaires européens. L'idée n'est pas de renoncer à « l'arme culturelle » : les États-Unis continuent de valoriser avec force leur cinéma et leur production culturelle, mais c'est l'imaginaire qui a changé Blanche Leridon Les États-Unis de Donald Trump illustrent-ils la disparition du soft power au profit d'un hard power qui ne connaît d'autre langage que la force ? Disparition, non, nous n'en sommes pas encore là. Nous citons dans la note Joseph Nye, l'inventeur du concept de soft power qui, juste avant de mourir en mai dernier, a écrit un article mettant en évidence l'affaiblissement du soft power américain, du fait du décalage grandissant entre les valeurs qu'il a longtemps portées et celles qu'il diffuse depuis le retour de Donald Trump. D'ailleurs, l'idée n'est pas de renoncer à « l'arme culturelle » : les États-Unis continuent de valoriser avec force leur cinéma et leur production culturelle, mais c'est l'imaginaire qui a changé. L'exil d'artistes et de scientifiques aux États-Unis, notamment pendant la seconde guerre mondiale et après-guerre, a largement façonné l'image de l'Amérique comme terre d'accueil, nourrie par un terreau de créativité ouvert et sans limites. Cet édifice se trouve fragilisé par Donald Trump, sur les plans tant scientifique que culturel. Cela réouvre indéniablement le jeu. Vous nuancez le constat d'un déclin de l'influence française, soulignant les succès de l'année 2024 en termes d'image entre les JO et la réouverture de Notre-Dame. En réalité, cette parenthèse n'est-elle pas l'arbre qui cache la forêt ? Publicité Nous ne sommes pas naïfs. Nous n'affirmons pas que l'année 2024 aurait résolu toutes les difficultés auxquelles l'influence française est confrontée. 2024 incarne néanmoins une forme d'alignement des planètes. Les Jeux olympiques et paralympiques, bien organisés, ont projeté une image forte du pays à l'international ; de même que le sommet international de la francophonie à Villers-Cotterêts, la réouverture de Notre-Dame et les cérémonies pour le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie ; sans compter l'audience record du cinéma français à l'étranger. Mais ces réussites ne doivent pas dissimuler nos difficultés : notre perte d'influence dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, nos faibles capacités de contre-ingérence, la dispersion de nos moyens, le manque de visibilité de la « marque France »... À lire aussi Les mécènes appelés au chevet des vitraux de la Sainte-Chapelle Mais en France, l'obsession du déclin va de pair avec l'idée de rayonnement. En nous livrant à une archéologie minutieuse des textes sur le sujet, on s'est aperçu que cela fait un demi-siècle que nous redoutons notre déclin potentiel est redouté. Il y a une tension permanente entre deux sentiments contradictoires : d'un côté, l'orgueil procuré par l'exception culturelle française, de l'autre, l'obsession pathologique du déclassement. Nous préconisons de sortir de ce tiraillement binaire et de nous interroger sur notre modèle : pourquoi veut-on le préserver, quelles sont les valeurs que nous voulons porter ? Ensuite, viennent des questions plus pratiques : comment ajuste-t-on nos politiques en fonction des publics et des géographies ? La vocation universelle du modèle français ne doit pas nous empêcher de mieux intégrer les nouvelles réalités locales, de mieux connaître nos publics.


Le Figaro
04-07-2025
- Politics
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«Boualem Sansal ou la francophonie emmurée»
TRIBUNE - Sept mois et demi après son arrestation à Alger, l'écrivain franco-algérien s'est vu infliger une peine de cinq ans de prison. Pour Sophie Audugé, présidente de SOS Éducation, l'absence de soutien de notre diplomatie est symptomatique du délitement progressif de l'esprit français. Sophie Audugé est présidente de SOS Éducation. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié Depuis des siècles, forte de son humanisme et de son universalité, la langue française tisse des liens entre les générations et entre les continents. 258 millions de personnes la parlent dans le monde. La langue française est un bien commun qui nous oblige. Publicité Comprendre l'histoire des idées, du siècle des Lumières à l'époque contemporaine, est l'un des enjeux primordiaux de l'École. Pour cela, il ne s'agit pas seulement d'apprendre à lire, mais de savoir lire. C'est-à-dire lire parfaitement jusqu'à saisir le sens profond des textes, afin d'accéder à l'esprit des idées qui ont forgé l'âme française. Pour l'académicien Jean Dutourd, «pervertir une langue, c'est pervertir l'esprit, c'est renier l'âme de la nation dans ce qu'elle a de plus intime et de plus précieux.» La créolisation d'apparat que prône Jean-Luc Mélenchon, consiste à déshériter le peuple français d'une partie de sa matrice civilisationnelle. Déjà en 1998, des esprits partisans voulaient affaiblir la francophonie. Le philosophe et historien Jean Salem, publia comme un acte de résistance, un article dans l'Orient-Le Jour, en marge d'un colloque sur la francophonie qui se tenait au Liban. Voilà ce qu'il y écrivit: «La langue française est devenue une grande langue de civilisation parce qu'elle a été façonnée par trente générations d'écrivains ; c'est à eux, en première et ultime instance, que le français doit d'être ce qu'il est, et d'avoir, dans son tissu sémantique, dans ses outils grammaticaux, dans ses instruments rhétoriques, dans ses registres stylistiques, le poids et l'épaisseur d'un millénaire d'histoire.» Maurice Druon reprendra mot à mot les propos de Jean Salem dans un discours historique sur l'état de la langue, prononcé sous la coupole de l'Académie française le 3 décembre 1998. À lire aussi «Il s'est exprimé de façon personnelle» : LFI prend ses distances avec Delogu, en déplacement en Algérie sans évoquer Sansal et Gleizes Druon y dépeint «la francophonie à l'école et surtout à l'université, comme guettée par un mal insidieux et grave : la crise intellectuelle et spirituelle de la culture française qui se traduit par le reniement délibéré, systématique, de la tradition qui a fondé, depuis plus de dix siècles, cette culture.» Maurice Druon condamne «les sectarismes réducteurs qui menacent l'avenir tout à la fois de la langue française et de la civilisation dont elle est inséparable.» 20 ans plus tard, le sectarisme du genre avait frappé, l'écriture inclusive a envahi les universités et les administrations. L'Académie lance une alerte solennelle en 2017 avec cette formule choc : «La langue française est en péril mortel» Aujourd'hui, c'est le sectarisme du racialisme qui s'abat sur la francophonie. Comment alors ne pas avoir une pensée pour Léopold Sédar Senghor, Africain agrégé de grammaire, président du Sénégal, auteur africain élu à l'Académie française mais surtout, fervent défenseur de la francophonie séculaire. Publicité Pour Senghor, «la langue française est un instrument de liberté. Le français, langue de rigueur, langue de clarté, m'a permis d'exprimer le fonds de mon âme nègre.» Et que dire aussi, d'Albert et Boualem, que 40 ans séparent, mais qui l'un comme l'autre, enfants d'une extrême pauvreté, ont grandi dans le quartier populaire de Belcourt, à Alger. Ils reçurent l'instruction rigoureuse et exigeante des hussards noirs de la République Française. Albert Camus fera de la langue française sa patrie. Sacré prix Nobel de littérature, il rendit un vibrant hommage à son instituteur dans une lettre d'anthologie. Quant à Boualem Sansal, diplômé de l'école polytechnique d'Alger et docteur en économie, haut fonctionnaire, il fut directeur général du ministère de l'Industrie algérien. Écrivain tardif en réaction aux années de guerre civile algérienne, il déclara «écrire, était une nécessité vitale». Dans Le français, parlons-en !, Boualem Sansal déplore «la langue est la pierre angulaire de l'édifice symbolique national, le trésor sacré du peuple. Défendre la langue française est désormais chez nous considéré comme un combat désuet. En Algérie, je suis devenu un résistant de la langue française. Je suis considéré comme un agent de l'Occident, doublé d'un mécréant.» Tristement prophétique puisque l'écrivain franco-algérien croupit dans une prison d'Alger. Les écrivains ont tout fait. Si la France cessait d'en produire, la langue de Duras et de Sansal deviendrait une langue morte. Antoine de Rivarol Précisément sur la terre, où jadis la méritocratie de l'école républicaine fut l'ascenseur social qui le fit scientifique et écrivain. Mais les temps ont changé. La France, hier paradis des écrivains, combattante infatigable de la liberté d'expression, courbe l'échine. La diplomatie française incapable de se lever avec force pour ramener, un des siens, symbole vivant de la francophonie émancipatrice. Boualem Sansal incarne malgré lui le symptôme d'un changement d'époque. L'esprit français cédant aux sirènes de l'ignorance. Si Boualem Sansal venait à mourir en Algérie, ce serait une tragédie historique, marquant le basculement de l'universalisme français vers l'obscurantisme. De Camus à Sansal, l'instruction publique française permit à des enfants pauvres de s'élever aux plus hautes fonctions. Depuis, des esprits fourbes ont inventé la discrimination positive et cassé l'ascenseur social des savoirs et de l'exigence intellectuelle. Des institutrices et instituteurs, héritiers spirituels des hussards, désertent l'École publique parce qu'elle n'instruit plus. Ils sont remplacés par des surdiplômés, gratifiés d'un bac + 5, pourtant incultes voire ignares à en juger par leurs faits d'armes au dernier concours du professorat des écoles. Certains ont attribué Germinal à Balzac ou les fleurs du mal à Victor Hugo, confondu les nombres impairs et les nombres négatifs, été incapables de définir «apatride» ou même, d'en comprendre le sens dans une phrase. Ironie du sort. Ces professeurs des écoles en herbe, inconscients d'être apatrides de la langue française, prétendent, avec l'outrecuidance de l'enfant-roi, instruire les élèves de France. Publicité Il est peu probable qu'ils engendrent des Zola, Sand, Yourcenar, Jaurès, Colette, Camus, Duras, Ernaux ou Sansal… La formule d'Antoine de Rivarol, malicieusement adaptée à la circonstance, cingle notre époque : «Les écrivains ont tout fait. Si la France cessait d'en produire, la langue de Duras et de Sansal deviendrait une langue morte». Voilà où en est la France en 2025, après des décennies de renoncements. Sous-culture, diplomatie de soumission et École de l'ignorance. L'esprit français tombé en désuétude, remplacé par les rouleaux compresseurs du vide: Netflix et TikTok. L'instruction publique, macdonalisée, où l'on vient «satisfait comme on est», la fierté de l'inculture en bandoulière.


La Presse
03-07-2025
- Entertainment
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L'assistance aux spectacles a bondi au Québec
« La croissance observée en chanson est en grande partie alimentée par la chanson anglophone dont les représentations ont doublé depuis 20 ans », souligne l'ISQ dans son document. (Montréal) Les Québécois ont été plus nombreux à assister à des spectacles en 2023 par rapport à il y a 20 ans, à l'exception des représentations théâtrales. Vicky Fragasso-Marquis La Presse Canadienne L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a dévoilé jeudi de nouvelles données qui constatent un sommet de l'assistance en 2023, comparativement à des données colligées en 2004. En tout, 8,8 millions d'entrées ont été recensées pour quelque 20 000 spectacles en 2023. En 2004, on comptait 7 millions d'entrées pour 16 000 représentations. L'offre et l'assistance aux spectacles ont donc bondi de 25 et 26 % de 2004 à 2023. À elles seules, les représentations en chanson sont passées de 2 à 3 millions – et c'est la chanson anglophone qui a connu la hausse la plus marquée depuis 20 ans. « La croissance observée en chanson est en grande partie alimentée par la chanson anglophone dont les représentations ont doublé depuis 20 ans », souligne l'ISQ dans son document. Autre mauvais signe pour les productions québécoises et francophones : les parts de marché des spectacles produits ici ont diminué par rapport à ceux venant d'ailleurs. « Même si la fréquentation et les revenus de billetterie des spectacles québécois ont augmenté, ceux-ci ont tout de même perdu des parts de marché au profit des spectacles provenant d'ailleurs », précise l'ISQ. Si une augmentation générale de l'assistance aux spectacles a été notée, l'ISQ fait état d'une diminution de l'assistance au théâtre, de 1,7 à 1,5 million, ce qui représente une baisse de 11 %. « Les diminutions observées en théâtre s'expliquent notamment par l'important déclin du théâtre de répertoire, qui n'a pas été compensé par la croissance du théâtre de création », indique-t-on dans le document de l'ISQ. Les autres représentations mesurées étaient : la danse, la musique et les variétés. Toutes ces catégories sont en hausse, bien que celle de la musique soit très modeste (0,1 % d'augmentation d'assistance). Le domaine de l'humour, reconnu pour sa popularité, a été la locomotive du secteur des variétés, avec une représentation sur quatre qui était un spectacle d'humour au Québec en 2023. « L'ouverture de lieux de type cabaret voués à la présentation de soirées d'humour, où des artistes de la relève et de renom prennent l'affiche régulièrement pour tester leur nouveau matériel de spectacle devant de petits publics intimes, serait reliée à ces résultats », selon l'ISQ.