Dernières actualités avec #Haïtiens


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2 days ago
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Merci de m'avoir appris à sacrer avec style
Le froid de l'hiver québécois n'a pas empêché Thélyson Orélien de rencontrer de la chaleur humaine. Aujourd'hui, j'ai pris une claque. Pas une vraie. Une claque existentielle. Celle qui t'arrête net et te fait dire : « Mon gars, t'es chanceux en sacrament. » THéLYSON ORéLIEN Écrivain et chroniqueur indépendant Je lisais les nouvelles en buvant mon café trop cher. J'ai vu ces images d'Haïtiens aux États-Unis, coincés dans une tempête qu'ils n'ont pas provoquée. Menacés, stigmatisés, traités comme des indésirables alors qu'ils veulent juste vivre. Puis j'ai repensé à Haïti, mon premier chez-moi. Un pays pris en otage, pas seulement par les gangs, mais aussi par ceux en cravate qui pillent avec des stylos et des comptes offshore. Pendant ce temps, des centaines de milliers d'Haïtiens vivent aux États-Unis sur un fil d'espoir qui s'effiloche. Et moi ? Je suis ici. En sécurité. Avec un passeport qui ne me fait pas passer pour un suspect. Une éducation abordable. Des soins de santé qui soignent même si c'est long. Une vie. Je suis arrivé comme bien d'autres : une valise pleine de rêves et de peurs. J'ai découvert l'hiver comme on découvre un ennemi sournois. Le premier hiver, j'étais un popsicle haïtien à -30 °C. Mais dans ce froid, j'ai aussi rencontré la chaleur humaine. Un voisin m'a appris à booster ma batterie. Une dame m'a expliqué la poutine. Des collègues m'ont invité à mon premier party de Noël. Un Québécois saoul, j'ai compris, c'est un poète incompris qui chante du Beau Dommage. Et puis il y a le Québec. Pas juste une province. Un état d'esprit. Montréal, c'est un monde. Mais les régions ? C'est là qu'on découvre la vraie âme québécoise. Chaque village a son accent, son histoire, son accueil. J'ai rencontré des gens curieux, bienveillants. Des régions fières, enracinées. Le Québec, c'est les nids-de-poule, les loyers fous, le système de santé brisé, oui. Mais c'est aussi un endroit où je ne me suis jamais senti aussi respecté. Mon cœur accroché à un lampadaire J'ai pu étudier, voter, travailler, critiquer, bâtir. J'ai appris à sacrer avec style. À dire merci avec le cœur. Et même si je vis en Ontario maintenant, mon cœur est resté accroché à un lampadaire du boulevard Saint-Laurent. Merci au Québec. Merci pour les débats linguistiques, les fêtes de village, les voisins qui t'aident à pelleter. Merci pour la liberté. La vraie. Celle d'exister, d'espérer. Parce qu'ailleurs, espérer, c'est dangereux. Ici, c'est normal. Je me souviens de tout. De mes premières années. Du froid qui pique. Du droit de vote. De la première tourtière. Du premier sacre bien placé. De toutes ces petites choses qui font qu'on devient d'ici, même si on vient d'ailleurs. J'ai croisé des racistes, bien sûr. Mais c'est rare. La majorité s'en fout d'où je viens, tant que je fais ma part, que je chiale contre la météo avec eux. Et c'est précieux. Parce qu'on oublie vite. On tient tout pour acquis. On râle contre Hydro-Québec, contre la neige, contre les taxes. Mais ailleurs, c'est la peur qui tombe du ciel. Ailleurs, l'impôt ne paie pas l'école, il engraisse les bandits. Ici, j'ai le droit d'espérer. Et ça, c'est un luxe. Alors merci pour tout. Pour les printemps qui ressemblent à des résurrections. Pour les soirées à sacrer autour d'un feu. Pour les amis fidèles, les collègues accueillants. Pour cette terre qui m'a offert une place sans même me connaître. Si un jour on me demande si je suis québécois… Ben oui, câlisse. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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5 days ago
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Migrants haïtiens aux États-Unis, santé de Trump et pâtes Stefano
Un agent de l'agence américaine de l'immigration et des douanes (ICE) La journée passe vite. Voici les trois nouvelles qui ont marqué l'actualité jusqu'ici. La Presse Panique chez les migrants haïtiens aux États-Unis Ils sont plus de 500 000 à vivre avec une épée de Damoclès. Aux États-Unis, les Haïtiens dotés d'un statut de protection temporaire vivent tétanisés à la seule idée de sortir dans la rue et d'être arrêtés pour être expulsés. Ces dernières semaines, des Haïtiens au statut temporaire ont choisi le Canada. PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, AGENCE FRANCE-PRESSE À Miami comme à New York, des villes américaines comptant les plus importantes diasporas haïtiennes, la peur est omniprésente. Lisez l'article Donald Trump diagnostiqué d'une insuffisance veineuse Donald Trump souffre d'une insuffisance veineuse chronique, a annoncé jeudi la Maison-Blanche, après que le président américain de 79 ans a fait état de « légers gonflements dans le bas de ses jambes ». PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS Le président des États-Unis, Donald Trump Lisez l'article


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6 days ago
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Panique chez les migrants haïtiens aux États-Unis
À Miami ou à New York, villes américaines comptant les plus importantes diasporas haïtiennes, la peur est omniprésente. (New York) Ils sont plus de 500 000 à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Aux États-Unis, les Haïtiens dotés d'un statut de protection temporaire vivent tétanisés à la seule idée de sortir dans la rue et d'être arrêtés pour être expulsés. Guillaume LAVALLÉE Agence France-Presse Clarens (dont le prénom est modifié) avait fui Port-au-Prince en 2024. Destination : les États-Unis, où il a obtenu le TPS, le statut accordé par Washington aux Haïtiens dans la foulée du séisme de 2010 mais révoqué récemment par l'administration Trump. « J'étais venu ici chercher un refuge et voilà qu'on veut me chasser. Je croyais au rêve américain, et je pensais pouvoir accueillir le reste de ma famille ici. Je croyais que nous allions pouvoir nous épanouir aux États-Unis », dit-il à l'AFP. À Miami ou à New York, villes américaines comptant les plus importantes diasporas haïtiennes, la peur est omniprésente, racontent à l'AFP une dizaine d'acteurs ou de membres de la communauté. « C'est la panique totale, c'est toute la communauté qui souffre car même si votre statut temporaire n'est pas encore révoqué, les agents du ICE sont dans les rues et peuvent arrêter n'importe qui », confie Clarens. Après avoir annulé sa prolongation jusqu'en février 2026, l'administration de Donald Trump a révoqué définitivement fin juin ce statut accordé à 520 000 Haïtiens. Le couperet tombera le 2 septembre. Un tribunal de New York a bloqué la mesure mais le répit risque d'être bref, explique Stephanie D. Delia, avocate américano-haïtienne spécialiste des questions migratoires. PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, AGENCE FRANCE-PRESSE Stephanie D. Delia, avocate spécialiste des questions migratoires Je ne vois pas de scénario dans lequel ce statut sera prolongé […] imaginez ce que cela veut dire pour une personne qui vit avec ce statut depuis 15 ans, qui a bâti sa vie ici, et à qui l'on dit qu'elle a moins de six mois pour faire ses valises et partir. Stephanie D. Delia, avocate spécialiste des questions migratoires « Détresse totale » Dans le quartier « Little Haiti » de Brooklyn, à New York, plusieurs craignent d'aller au marché, à l'église, au travail, voire la clinique, par crainte d'être arrêtés par les agents masqués de l'ICE. PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, AGENCE FRANCE-PRESSE Dans le quartier « Little Haiti » de Brooklyn, à New York, plusieurs craignent d'aller au marché, à l'église, au travail, voire la clinique, par crainte d'être arrêtés par les agents masqués de l'ICE. « Les gens regardent la télé, voient des migrants arrêtés même si leurs papiers sont encore en règle. À la clinique, le nombre de personnes avec un statut temporaire qui viennent consulter est passé d'environ 300 à 30 par jour », explique le directeur d'une clinique de santé publique requérant l'anonymat. « Il y a une crise sociale qui bout. Le feu est à 'moyen', mais il sera bientôt à 'vif' ». Directrice de l'association « Haitian Bridge Alliance », Guerline Jozef a reçu nombre de témoignages en ce sens, notamment celui d'une femme « en détresse totale ». « Elle a deux enfants de moins de dix ans nés aux États-Unis. Qu'est-ce qui va lui arriver ? Elle sera expulsée et séparée de ses enfants ? ». « Sans statut, les gens n'auront plus la capacité de travailler, de payer leur loyer, et vont donc se retrouver à la rue », renchérit la militante haïtienne Pascale Solages. Les conditions sont créées pour que les gens décident de rentrer chez eux d'eux-mêmes car ils n'arriveront plus à subvenir à leurs besoins aux États-Unis. Pascale Solages, militante haïtienne Le gouvernement Trump propose 1000 dollars aux migrants pour retourner dans leur pays d'origine. Vers le Nord Ces dernières semaines, des Haïtiens au statut temporaire ont choisi une autre option : le Canada. « Nous recevons beaucoup de demandes d'information, de coups de fil. Et nous recevons 10-15 personnes par jour, avec ou sans leur famille », témoigne Marjorie VilleFranche, directrice de la Maison d'Haïti, une association d'accueil à Montréal, où vit une importante communauté haïtienne. PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES LA PRESSE Marjorie VilleFranche, directrice de la Maison d'Haïti En vertu d'une entente sur les tiers pays sûrs, les Haïtiens aux États-Unis peuvent demander l'asile au Canada s'ils y ont de la famille. Les autres peuvent s'y rendre par la frontière terrestre et demander l'asile dans les 14 premiers jours après leur entrée sur le territoire. Contactée par l'AFP, l'Agence canadienne des services frontaliers a dit constater un afflux de demandeurs d'asile au poste-frontière de Saint-Bernard-de-Lacolle, à la lisière du Québec et de l'État de New York. Du 1er janvier au 6 juillet, 8396 demandes d'asiles ont été reçues à ce point de passage, contre à 4613 pour la même période l'an dernier. Premier pays d'origine des demandeurs ? Haïti. Dans le viseur des gangs Clarens, lui, ne voit pas comment il pourrait migrer au Canada et attendre des années sans sa famille, dans l'espoir d'obtenir un statut de réfugié. Et la perspective de rentrer dans le pays le plus pauvre des Amériques, rongé par la violence des bandes criminelles, le fait frémir. Plus de 3000 personnes ont été tuées en Haïti durant les six premiers mois de l'année, selon l'ONU. Le département d'État demande, lui, aux citoyens américains « de ne pas voyager » en Haïti en raison des risques d'enlèvements par les gangs. « Les gangs contrôlent tout, ils ont des informateurs qui surveillent ceux qui entrent et sortent du pays. Dans leur tête, si on vit aux États-Unis, c'est qu'on a de l'argent », craint Clarens. « Nous deviendrons donc des cibles de kidnappings pour les gangs […] Nous renvoyer là-bas, c'est comme nous envoyer à la mort, à la boucherie ».