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9 hours ago
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« Je ne valide pas ce que j'entends » : Marc Chirilcenco, l'entraîneur du club d'Avoine-Beaumont, réagit aux attaques dont il fait l'objet ainsi que sa femme
L'entraîneur du club d'Avoine-Beaumont avec sa femme Gina, revient sur le départ de Kaylia Nemour qu'ils ont menée au titre olympique à Paris, et sur l'enquête judiciaire qui les vise. C'est lui qui a annoncé à la presse locale le départ de Kaylia Nemour, qu'il a formée et guidée dans son club d'Avoine-Beaumont (Indre-et-Loire) jusqu'au titre olympique des barres asymétriques, sous les couleurs de l'Algérie. Une semaine après que la jeune femme s'est exprimée dans nos colonnes, que d'autres familles de gymnastes ont témoigné de comportements contestables, Marc Chirilcenco a accepté le principe d'une interview en visio. Avec son conseil dans les rôles d'intermédiaire et garde-fou, présent sur un autre écran. Sans attendre la première question, le technicien a commencé à s'exprimer... « Pourquoi prendre la parole, et s'entourer d'un communicant ? Parce que le monde est ce qu'il est, je trouve qu'il y a beaucoup de dérives. On sait tous que l'enquête préliminaire de gendarmerie de Chinon, qui traîne depuis trois ans, est toujours en cours. Avec Gina (sa femme) qui n'est pas loin, on souhaitait porter un regard interrogatif sur ce qui se passe. On est forcément peinés par certaines choses. Bien sûr, par le départ de Kaylia. Lorsque le 5 mai, elle nous a annoncé, lors d'une brève entrevue avec sa maman, qu'elle souhaitait quitter le club, elle ne nous a pas donné d'explications ». « Elle a précisé qu'elle ne se sentait plus bien dans le nous a dit : "J'ai besoin de voir autre chose, d'aller voir ailleurs." Sur ce point, je n'ai rien à dire. Elle a 18 ans et, parce qu'à Avoine, on est dans un village, la question se pose pour toutes nos gymnastes de cet âge. Le départ d'une jeune fille de dix-huit ans qui découvre gloire, notoriété et des moyens financiers auxquels elle n'avait pas accès, c'est une demi-surprise. On pensait que ça aurait pu attendre les Championnats du monde (à Jakarta, Indonésie, 19-25 octobre). Le timing nous a paru en décalage, mais c'est son choix. Je l'ai dit dans la presse, c'est un choix que l'on respecte. On l'avait ramenée gentiment en forme, ce qui ne correspond pas tout à fait à ses propos. Peu importe, elle n'est pas entraîneur de gym. Et même si sa maman a voulu intervenir sur la planification, moi j'étais dans les clous pour qu'elle soit championne du monde dans quelques mois. Kaylia Nemour : « Je n'oublierai jamais d'où je viens, ni ce que j'ai vécu » En quoi l'interview qu'elle nous a accordée vous dérange-t-elle ?Quand on rentre des Jeux, je la laisse tranquille trois-quatre semaines, puis elle vient à sa guise début septembre. Elle se gère gentiment pour reprendre goût. Après une médaille d'or olympique, il faut forcément un temps de récupération. Mais comme il est clair qu'elle veut faire les Championnats du monde, je travaille mon calendrier. Je fais une réunion avec Kaylia et ses parents, j'étale les douze mois de l'année sur des feuilles A4 bien organisées, avec toutes les étapes de Coupe du monde, les stages. Nous choisissons ensemble les dates. Je regrette un peu certains propos déformés. Kaylia est partie soudainement, je ne sais pas ce qu'on lui a fait miroiter. On l'aurait poussée à quitter le club ?On vit dans une grande dynamique, on écoute les conseils à droite, à gauche. On a bien vu qu'elle avait une oreille attentive à d'autres paroles que les nôtres. En tant qu'adulte responsable, c'est sa route, sa carrière. Elle est libre. Mais je m'interroge sur ses choix. « Les ados doivent être respectueux des entraîneurs. Lorsque Kaylia a délibérément malmené notre collègue, forcément on lui a demandé de s'excuser » Marc Chirilcenco Entendez-vous sa volonté de vivre d'autres méthodes ?Je veux bien qu'on m'explique de quelle méthode il s'agit. J'ai une formation de base, avec un professorat de sport. Il n'y a pas de méthode particulière, juste de l'entraînement. Le sport de haut niveau a ses exigences. Depuis trois ans, ce n'est pas l'aspect technique mais plutôt des comportements qui vous sont reproché on a basé notre travail sur l'exigence, la rigueur, la qualité et le respect. Quand Kaylia dit qu'on lui a demandé de s'excuser... Les ados doivent être respectueux des entraîneurs. Lorsque Kaylia a délibérément malmené notre collègue, forcément on lui a demandé de s'excuser. Une entraîneuse d'Avoine-Beaumont suspendue Mais ce n'est pas ça qu'elle a raconté. Comme elle, une autre gymnaste a indiqué qu'en cas d'erreur sur un agrès, les filles devaient faire le tour de la salle pour s'excuser auprès de chaque entraîneur, ce qu'elles ont vécu comme une chose humiliante....C'est complètement faux ! Quand l'enfant jette ses maniques, tourne le dos à l'entraîneur, on intervient pour qu'elle ait une attitude digne et correcte vis-à-vis des adultes. Quand certaines athlètes déclarent que vous hurlez après les filles, que vous les sanctionnez... Est-ce votre conception du haut niveau ?Je parle de méthode, pas de comportement. Aujourd'hui, chaque éducateur assume ses comportements. Vous ne répondez pas. Ce qui vous est reproché vous a-t-il incité à changer votre comportement ?Vous prenez pour argent comptant ce qui est raconté ou colporté par les copines de Kaylia ou sa maman (ancienne présidente du club), qui a eu pendant trois ans un dossier entre les mains qu'elle connaît par coeur et dont il est facile de sortir des extraits, des témoignages et des formules de langage pour appuyer là où ça fait mal quand on a un objectif à peine voilé. Dans son environnement professionnel, elle manage plus de 500 collaborateurs. Quand je l'entends dire qu'elle a été sous emprise, qu'elle n'a rien vu, rien entendu, ça me fait doucement sourire... Évidemment qu'en trente ans d'enseignement, les pratiques et les comportements ont évolué. Que les jeunes filles témoignent de leur ressenti, c'est une chose ; la réalité du terrain, c'est autre chose. J'ai souhaité m'expliquer sur notre ressenti à nous, par rapport à cette situation. Je ne valide pas ce que j'entends parce que ce n'est pas ce qui se passe dans la salle de gym, et j'ai suffisamment de témoignages pour le corroborer. Pourquoi avoir dit lors d'une réunion du bureau du club que la maman de Kaylia avait porté plainte contre vous ?Parce qu'on a eu ce retour. On me donne l'information que la maman de Kaylia aurait porté plainte, je dis qu'elle aurait porté plainte... Nous avions eu une information suffisamment sûre, dont je ne révèlerai pas la source, pour croire que c'était le cas. « L'acharnement contre nous et le club vient de l'entourage de Kaylia et de parents mécontents » Cette affirmation devant les membres nouvellement élus du bureau a conduit le club à réagir contre la famille Nemour. Qu'en dites-vous ?C'est intéressant votre point de vue. J'ai comme l'impression que c'est nous qui sommes attaqués, et non pas Kaylia, que je défends, pour laquelle on a beaucoup d'estime et avec laquelle on n'est pas parti fâchés. On a un différend avec l'ancienne présidente du club depuis le retour des Mondiaux d'Anvers (2023). Je suis sur un plan sportif de carrière, et sa maman sur plan économique, un développement d'image et de business. Peu importe si l'affirmation s'est révélée fausse, et tant mieux pour nous, pour la gymnastique et pour le club. Je sais dans quelle mesure je me suis engagé dans le projet de Kaylia, parce que cette enfant méritait d'aller au bout de son rêve. D'autres ont été déçues, et le mécanisme est alors récurrent : on a beau être très vigilant sur le recrutement, il y a toujours des parents qui surinvestissent, et qui estiment qu'il suffit d'inscrire leur enfant à Avoine pour avoir une championne. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Que pensez-vous du témoignage des autres jeunes filles ?Quand on se rend compte au bout d'un an ou de six mois qu'on a fait le maximum pour une enfant, mais que son projet du haut niveau n'aboutit pas, on fait une réunion avec les parents. Les jeunes filles qui n'ont pas réussi cherchent des excuses, trouvent un coupable tout désigné : l'entraînement était trop dur, Marc était trop dur, la préparation physique était trop dure, les horaires d'entraînement ne convenaient pas... J'en passe et des meilleures. Comment justifiez-vous les reproches qui sont faits à votre égard depuis trois ans ?Mais il n'y a pas de suspicion. La Fédération fait un signalement la semaine avant la parution de votre article, lu par la présidente de la Fédération avant qu'il sorte bien entendu... Absolument pas. Jamais nous ne ferions relire l'interview d'une gymnaste à une présidente de Fédé bien c'est très bien. Mais il n'y a pas de hasard, quand il est provoqué à ce niveau-là. Les accusations d'emprise ne datent pas des propos de Kaylia Nemour...Ça date de 2022 et de la volonté de la Fédération de nous « obliger », y compris moi, à monter à l'Insep pour préparer les Jeux Olympiques. La commission départementale jeunesse et sports a conclu à une mascarade. Et c'est pour ça que ni le disciplinaire, ni l'enquête administrative n'ont retenu de griefs contre nous. Mais, je le rappelle, c'est pour Kaylia qu'on a été malmenés, que j'ai quitté mon poste de CTN et me suis mis en disponibilité, que je me retrouve sans poste en France, et sans plus de poste avec l'Algérie. Je suis entraîneur de club, et je ne le regrette pas du tout. L'épopée qu'on a construite avec Kaylia est une belle épopée. En aucun cas on a eu la volonté de blesser ou d'humilier. Ce qu'elle semble regretter, une fois encore, c'est l'ambiance de travail...C'est drôle, parce que j'ai un tas de témoignages de gens qui sont passés à l'entraînement, et je suis plutôt très drôle, prêt à détendre l'atmosphère et créer une ambiance saine de travail. Je ne suis pas le dernier à faire des blagues. L'acharnement contre nous et le club vient de l'entourage de Kaylia et de parents mécontents. J'ai du mal à comprendre pourquoi tant de haine gratuite. Mais chacun aura à répondre de ses paroles. »

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9 hours ago
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« Ça ne peut plus durer » : le club d'Avoine se déchire après des témoignages contre les entraîneurs
Depuis que Kaylia Nemour s'est exprimée la semaine passée, c'est un déferlement de témoignages entre deux clans qui s'affrontent, au sujet des méthodes supposées des entraîneurs Marc et Gina Chirilcenco. Elle pensait rétablir sa vérité, expliquer pour quelles raisons, à 18 ans, elle avait choisi de quitter le club d'Avoine-Beaumont où elle a grandi pendant quatorze ans, jusqu'au sacre olympique de l'été dernier. Mais c'est une brèche immense que Kaylia Nemour a dessinée. Depuis la semaine dernière, communiqués et témoignages affluent, qui défendent le club, ou dénoncent ses supposées dérives. Tous s'accordent sur un point, conscients que l'enquête préliminaire menée depuis trois ans par la gendarmerie de Chinon doit rendre un verdict : « Ça ne peut plus durer. » « Je n'oublierai jamais ce que j'ai vécu » : Kaylia Nemour explique les raisons qui l'ont poussée à quitter Avoine-Beaumont Le comité de soutien du club d'Indre-et-Loire, suivi par 972 personnes, a ainsi « réaffirmé son engagement et son soutien à ses entraîneurs, Marc et Gina Chirilcenco ». Vincent Pinaud, beau-frère de Marc et nouveau président du club, a certifié que le couple était « juste des entraîneurs exigeants qui se sont perpétuellement adaptés à l'évolution de la gymnastique et des gymnastes, en proposant individuellement à chacune d'elles un parcours correspondant à ses envies et à ses capacités, en parfait accord avec les parents ». Plusieurs familles ont embrayé, à l'image d'Emmanuel Pontlevoy dont la fille Claire participa à la qualification olympique de la France pour les Jeux de Tokyo, obtenant une 5e place par équipes aux Mondiaux de 2019. Dans un long texte, il s'indigne contre la Fédération française de gymnastique, écrivant notamment : « Claire ne bénéficie d'aucun accompagnement de cette fédération, que ce soit sur le plan médical ou pour sa reconversion. » Pourtant, après que la gymnaste encore adolescente s'était gravement blessée au genou pour la seconde fois, c'est à l'Insep qu'elle a été opérée, a effectué sa rééducation. Elle n'a jamais repris la compétition, mais a été prise en charge par la FFgym, avec des aides financières dépassant les 18 000€ annuels jusqu'en 2023. « Je n'ai jamais reçu d'insulte, de parole déplacée, d'humiliation, de main portée » Youna Dufournet au sujet de ses anciens entraîneurs Dans un entretien à la Nouvelle République, Youna Dufournet prend aussi le parti de ses anciens entraîneurs. La médaillée de bronze mondiale au saut de 2009, blessée lors d'une chute mémorable aux Championnats de France suivants alors que Marc Chirilcenco avait ouvert grands les bras sous les barres asymétriques, avait pourtant été exfiltrée de son club. Aujourd'hui, si elle estime que « le sport de haut niveau, c'est très difficile », devinant qu'il s'agit de savoir « jusqu'où l'athlète est capable d'aller pour réussir, jusqu'où il peut accepter la souffrance physique, de dépasser ses limites à outrance (...) », elle assure n'avoir « jamais reçu d'insulte, de parole déplacée, d'humiliation, de main portée ». Marc Chirilcenco, l'entraîneur du club d'Avoine-Beaumont, réagit aux attaques dont il fait l'objet ainsi que sa femme De nombreuses autres gymnastes, leurs parents ou entraîneurs formateurs ont une tout autre vision. Certains se sont réunis dans un groupe intitulé Balance_ta_gym sur Instagram (1776 followers). Partie d'Avoine pour l'Insep en 2023, Maëva Guéry évoque aussi avoir été « manipulée, rabaissée, humiliée ». Quant à Chloris Foucat, elle écrit : « Ce qui est dit dans les médias n'a rien de nouveau : j'avais alerté la fédération dès le mois de mai 2022 sur les mauvais traitements que je subissais de la part de mes entraîneurs. (...) Sans une once d'égoïsme, j'avais dénoncé ce que vivaient les autres gymnastes et quitté Avoine le mois suivant (...). » La jeune fille, encore mineure alors, avait essuyé « un déferlement de messages haineux ». Aujourd'hui, une technicienne qui souhaite garder l'anonymat et avait confié sa gymnaste à Avoine nous a aussi raconté : « Gina Chirilcenco avait prévenu que ce serait dur de passer de 10 à 35 heures par semaine, elle me tenait au courant, me disait : "Elle survit". » « Dans un courrier envoyé lundi au major de gendarmerie, ma fille reprend tout ce qu'elle a vécu : la pression, l'épuisement physique et psychologique, les blessures non soignées, la mise en danger quand elle devait courir une heure sous 40° C sans boire » Une mère de gymnaste Son athlète, joyeuse et timide adolescente, ne se plaignait pas. Pourtant elle a commencé à pleurer au quotidien. « Gina me disait qu'elle était trop difficile, avec un mauvais comportement, ce n'était pas à elle de s'adapter, la gymnaste devait se plier aux autres et tenir la cadence, explique-t-elle. Un jour, elle m'appelle au boulot en me hurlant dessus parce que ma gymnaste était tombée sur la tête et qu'elle l'avait punie trois heures au vestiaire. J'ai répondu que j'étais à cinq heures de route, et qu'il faudrait plutôt vérifier qu'elle est consciente. En un an, la malheureuse a eu des blessures sans jamais voir un médecin, Gina lui disait que c'était à ses parents de l'emmener passer une radio. » Embauchés par le club, plusieurs entraîneurs ont démissionné, certains disant « ne pas vouloir cautionner davantage les agissements, les cris de Marc et Gina Chirilcenco ». Une mère ajoute : « Dans un courrier envoyé lundi au major de gendarmerie, ma fille reprend tout ce qu'elle a vécu : la pression, l'épuisement physique et psychologique, les blessures non soignées, la mise en danger quand elle devait courir une heure sous 40 °C sans boire. » Gina Chirilcenco suspendue provisoirement après l'interview de Kaylia Nemour dans « L'Equipe » Et comme d'autres, elle a exposé le quotidien de sa fille. Jusqu'à cinq gymnastes étaient hébergées chez les Chirilcenco d'abord, puis dans une maison qu'ils louaient à côté de la leur. Les parents versaient environ 550 € de pension par mois. « Mais elles devaient prendre leur douche au gymnase, même quand l'eau était froide en plein hiver, et elles ne mangeaient pas à leur faim », s'indignent plusieurs parents. Certains espèrent une nouvelle enquête administrative qui pourrait aboutir au retrait des cartes professionnelles des entraîneurs (les deux précédentes les ont blanchis), d'autres une condamnation de la justice. Plusieurs familles envisagent ainsi de déposer une plainte collective pour éviter que l'enquête judiciaire ne soit abandonnée.


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15-07-2025
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Une entraîneuse d'Avoine-Beaumont suspendue provisoirement après l'interview de Kaylia Nemour dans « L'Équipe »
En réaction à la parution de témoignages dénonçant des abus de la part des entraîneurs d'Avoine-Beaumont, dont celui de Kaylia Nemour, dans « L'Équipe », la Fédération française de gymnastique a décidé de suspendre à titre conservatoire Georgeta « Gina » Chirilcenco, dans ses fonctions auprès de l'équipe de France juniors. « On était tellement tous sous emprise. La phrase préférée de Marc et Gina, c'est : ''La gym de haut niveau, c'est comme ça''. » Kaylia Nemour, qui s'est longuement confiée sur les méthodes en vigueur à Avoine dans un entretien accordé à L'Équipe, a été entendue par la Fédération française de gymnastique. Dans un communiqué, la présidente de la FFG, Dominique Merieux, a indiqué « suspendre à titre conservatoire Madame Georgeta Chirilcenco de ses fonctions d'encadrement à l'occasion du Festival Olympique de la Jeunesse Européenne », dans une « logique de précaution », bien que Gina Chirilcenco « demeure présumée innocente », tient à préciser Merieux. « Nous sommes pleinement conscients des conséquences que cette décision peut avoir sur certaines gymnastes, en pleine préparation », poursuit la Fédération, qui précise dans son communiqué qu'elle « apportera toute l'attention et l'accompagnement nécessaires pour sécuriser leur parcours de haut niveau ». « (Mais) aucune médaille ne justifiera jamais le silence, les compromissions ou la souffrance. Aucune pression, aucun calcul, aucune attaque ne nous fera reculer. Notre responsabilité est claire : protéger les gymnastes aujourd'hui et demain », conclut Dominique Merieux, la présidente élue en novembre dernier. Le mari de Georgeta, Marc Chirilcenco, directeur technique avoinais, a réagi en dénonçant « une nouvelle mascarade » et une « cabale qui recommence », lors d'une interview accordée à la Nouvelle République.


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12-07-2025
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La lutte d'influence entre la Fédération, le ministère et le club d'Avoine-Beaumont qui a débouché sur le fiasco des JO
Kaylia Nemour, médaillée d'or aux barres asymétriques sous bannière algérienne aux JO 2024 après avoir quitté le giron de la Fédération française, laquelle était en conflit avec son club d'Avoine-Beaumont, a depuis quitté celui-ci et révèle, dans « L'Équipe », les raisons qui l'ont motivée. Un nouveau chapitre, saisissant, dans un conflit à plusieurs parties qui a gangrené la gymnastique française au cours de la dernière Olympiade. En mars 2024, Nellu Pop, entraîneur de l'équipe de France féminine, est suspendu après un reportage de Stade 2 consacré à des violences et maltraitances dans la gymnastique. Au vu des témoignages relatés par France 2, le ministère des Sports, à l'époque dirigé par Amélie Oudéa-Castéra, déclenche une enquête administrative, laquelle débouche sur un article 40, l'ouverture d'une enquête préliminaire, et une suspension de Pop à titre conservatoire. Dans L'Équipe, plusieurs athlètes et membres du staff tricolore réclament sa réintégration et dénoncent une déstabilisation très dangereuse de l'équipe à quelques semaines des Jeux. En vain. Le même scénario se produit pour Véronique L., directrice du haut niveau de la fédération Française de gymnastique artistique, elle aussi mise sur la touche après le reportage de Stade 2. Tout comme Pop, elle échouera à retrouver son poste, malgré une trentaine d'attestations de collègues et de sportives de haut niveau en sa faveur. « C'est un gâchis » En réalité, se joue en coulisses une véritable lutte d'influence entre la fédé de gym qui défend ses cadres, le ministère qui prône une tolérance zéro, Marc et Gina Chirilcenco et le joyau qu'ils entraînent au club d'Avoine-Beaumont, Kaylia Nemour. Des décisions parfaitement contradictoires vont alors être rendues. Invités à se pencher sur la situation de Véronique L., les juges disciplinaires de la commission de discipline de la fédération l'absolvent complètement : « Les propos rapportés dans le reportage de Stade 2 (...) peuvent s'apparenter à une cabale contre cette dernière eu égard (...) aux témoignages qu'elle a été amenée à effectuer dans le cadre d'autres procédures », peut-on lire. La directrice de la haute performance estime en effet s'être fait de nombreuses inimitiés, en témoignant contre les méthodes pédagogiques des Chirilcenco à Avoine, mais aussi contre une entraîneuse de Dijon, dont les gymnastes qui la mettent en cause sur Stade 2 sont réputées proches. Sauf que... les Chirilcenco vont être à leur tour totalement blanchis par le Service départemental à la Jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES) de l'Indre-et-Loire qui, à l'issue d'une enquête administrative et de 47 auditions, décide unanimement qu'il n'y a pas lieu à sanction. Mieux encore, les membres de la commission décident également d'alerter le ministère sur un « acharnement de la fédération française de gymnastique » à l'encontre du club d'Avoine. Une enquête pénale est toujours en cours et a connu de nombreux rebondissements ces dernières semaines avec le revirement de la famille Nemour sur les Chirilcenco. Plusieurs auditions auraient eu lieu, ce que n'a pas souhaité commenter la procureure de Tours. Quant à Nellu Pop et Véronique L., le changement de ton est total au ministère des Sports : « Les deux dossiers sont clos, indique-t-on au cabinet de Marie Barsacq. Il n'y a pas eu de poursuite. » Le parquet de Paris ne nous a pas répondu quant à la situation pénale de Monsieur Pop. « C'est un gâchis. On les a jetés en pâture », déplore leur avocat, Me Chevret. Kaylia Nemour avait remporté l'or aux JO 2024 aux barres asymétriques, mais renoncé à concourir sous drapeau français, choisissant l'Algérie, son autre nationalité. Aucune Française n'avait franchi les qualifications.

L'Équipe
12-07-2025
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« Chaque matin, j'ai une boule au ventre » : à Avoine-Beaumont, la tension monte d'un cran
Les témoignages de Kaylia Nemour et de licenciés d'Avoine-Beaumont s'inscrivent alors que l'enquête judiciaire se poursuit autour du club de Marc et Gina Chirilcenco. Après trois ans de bras de fer, la Fédération française de gymnastique semble jouer l'apaisement avec le club d'Avoine-Beaumont, multiple champion de France. Gina Chirilcenco, qui y officie avec son mari Marc, a ainsi été réintégrée au staff de l'équipe de France dès les Championnats d'Europe juniors 2024, où deux de ses protégées avaient participé au titre collectif, Elena Colas étant même sacrée en individuel. Quelques mois plus tard, un autre joyau du club, l'Algérienne Kaylia Nemour, devenait championne olympique aux barres asymétriques. Une performance majuscule qui aurait dû rejaillir sur ses entraîneurs... Si la jeune femme de 18 ans n'avait choisi de s'éloigner d'Avoine. Victime de nombreuses attaques par son ancien club, elle a décidé de s'exprimer. Une voix qui porte sans doute plus que les quelques anonymes qui avaient jusque-là osé lever le voile sur un environnement clos et dur. Début 2022, le médecin fédéral Pierre Billard alertait sur « des situations de mise en danger d'autrui » et « une suspicion d'emprise générale », la Fédération avait alors effectué un signalement à la mi-mai 2022, entraînant l'ouverture de plusieurs procédures, dont une enquête administrative menée localement et qui a absous le club et ses entraîneurs, cette dernière concluant même à un « acharnement de la Fédération française de gymnastique » contre Avoine. Mais, dans l'interview qu'elle nous a accordée, Nemour ose utiliser ce terme d'emprise. Alors qu'un livre sera publié en fin d'année, qui racontera son histoire, elle parle déjà d'humiliations. Et si elle réfute les violences physiques, d'autres gymnastes ou leurs parents affirment qu'elles existent. Plusieurs ont évoqué de tels faits dans le cadre d'une enquête judiciaire qui se poursuit depuis trois ans. Les gendarmes multiplient les auditions, même si Marc et Gina Chirilcenco n'auraient toujours pas été convoqués à ce jour. La procureur de Tours n'a pas souhaité faire de commentaire. Des SMS édifiants Le couple de techniciens sait souffler le chaud et le froid : jeudi, ils avaient invité plusieurs de leurs gymnastes chez eux, pour profiter de leur piscine et du jacuzzi. Les sourires sur les visages juvéniles tranchent avec d'édifiants SMS que l'on a pu consulter : « Chaque matin, j'ai une boule au ventre », écrit une jeune internationale ; « Rappelle-toi que c'est une secte », insiste une maman ; « Peur de la compétition, peur de Marc et la douleur, moi, maman, je ne dors plus », s'inquiète une autre. « Ma fille écrivait qu'elle avait envie de sauter du balcon » La maman d'une jeune gymnaste La mère d'une petite fille de 11 ans, sous couvert d'anonymat, confie : « Un jour, elle fait un stalder (élément aux barres asymétriques), elle m'a expliqué qu'elle a ressenti "comme si (sa) peau se déchirait sur la fesse". Elle l'a dit aux entraîneurs qui ne l'ont pas cru : "ça suffit, c'est dans ta tête." Elle ne pouvait même plus s'asseoir sur sa chaise à l'école ou à la cantine. Ma fille écrivait qu'elle avait envie de sauter du balcon. Je l'ai emmenée voir la psychologue. J'ai pleuré pour avoir une échographie qui a révélé une déchirure à l'insertion de l'adducteur, avec un épanchement de sang. Aucun entraîneur ne s'est excusé de ne pas l'avoir crue, juste qu'ils allaient s'adapter. Quand ils lui ont dit qu'elle pouvait quand même faire des barres, elle est restée devant, tétanisée et mutique. Et l'entraîneur a mis ses maniques à la poubelle. » Des situations comme celle-ci ne sont pas uniques. Une enfant souffre d'une fracture du coude, une technicienne lui retire son attelle et la force à tendre son bras ; une autre multiplie les crises d'angoisse quotidiennes, Gina Chirilcenco convainc sa maman de se taire : « Elle m'a dit que ce qui se passait dans la salle devait y rester, qu'il ne fallait pas que ma fille pleure à l'école, parce qu'il y avait une nouvelle directrice, qu'elle ne devait pas parler à la maîtresse, parce qu'elle ne voulait pas perdre ce sport-études qu'elle a mis tant de temps à construire. J'avais fini par me sentir coupable de l'impact que mes paroles pourraient avoir sur les autres gymnastes. Alors je fâchais ma fille. » Jusqu'à cette ultime crise d'anxiété : par peur d'aller au gymnase, la petite s'était enfermée dans les toilettes de l'école. Un membre du staff du club, qui l'a quitté depuis, a alors dit à la mère que tout était lié à la gym, qu'elle devait retirer sa fille pour la protéger. Aucune plainte déposée à ce jour Comment est-il possible que rien n'ait réellement filtré, que tout le monde accepte ces méthodes d'un autre âge ? Ici, on inculque aux enfants et leurs parents que ce qu'ils vivent est normal et nécessaire pour accéder au haut niveau. Présidents successifs du club, les pères de Youna Dufournet, de Carolann Héduit, puis la mère de Kaylia Nemour, toutes médaillées européennes et/ou mondiales, ont défendu le club. «Je culpabilise de ne pas avoir protégé mes filles, de ne pas avoir vu et de ne pas avoir protégé les autres enfants alors que j'étais présidente » Stéphanie Nemour, ancienne présidente du club Quand sa fille lui a parlé en début d'année, Stéphanie Nemour a été bouleversée. « Depuis huit ans, j'ai défendu corps et âme les entraîneurs, j'ai confié mes enfants avec une telle confiance. Je culpabilise de ne pas avoir protégé mes filles, de ne pas avoir vu et de ne pas avoir protégé les autres enfants alors que j'étais présidente », souffle-t-elle. Elle a récemment démissionné, comme trois membres du bureau, et c'est désormais le beau-frère de Marc Chirilcenco qui occupe le poste de président. Le 12 mai, Stéphanie Nemour a été convoquée par le major qui diligente l'enquête judiciaire, elle a été entendue pendant six heures et demie et risque de potentielles poursuites. Elle aurait aussi pu porter plainte, ne l'a pas fait. D'ailleurs, s'il y a eu des signalements, aucune plainte n'a été déposée à ce jour. À lire aussi Nemour : «Je n'oublierai jamais d'où je viens, ni ce que j'ai vécu» De Jesus Dos Santos : «J'aurais tellement aimé être moi-même» Viktor Gyökeres: «Je suis à la table des meilleurs attaquants du monde» Merlier-Milan, un duel entre finesse et puissance