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Rebecca Ruiz: «Il faut utiliser l'argent au bon endroit»
Rebecca Ruiz: «Il faut utiliser l'argent au bon endroit»

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time2 days ago

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Rebecca Ruiz: «Il faut utiliser l'argent au bon endroit»

Coupes dans la santé vaudoise – «Garantir un service public de qualité, c'est utiliser l'argent au bon endroit» La ministre socialiste Rebecca Ruiz justifie les coupes budgétaires dans la santé, décriées par son propre parti. Explication de chiffres. Jérôme Cachin , Romaric Haddou Lausanne, Rebecca Ruiz affronte une vague de protestations, non seulement des régions concernées, mais aussi de son parti. 24heures/Odile Meylan Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les subventions aux Pôles santé diminuent en raison d'une baisse significative des hospitalisations. Le financement par habitant varie considérablement entre les différentes régions du canton. L'État assure un soutien continu aux services de base dans les zones périphériques. Les réductions budgétaires n'affecteront pas directement les prestations aux patients. Les finances vaudoises sont dans le rouge. La couleur est devenue subitement plus intense avec les annonces des coupes dans le monde de la santé, il y a une dizaine de jours. Cette première étape de la construction du budget 2026, avec 300 à 400 millions d'économies à faire, est lancée. Les Pôles santé, implantés dans les régions excentrées du canton, sont les plus touchés. Avec une coupe de 23%, celui du Pays-d'Enhaut est emblématique. Cheffe du Département de la santé et de l'action sociale, la socialiste Rebecca Ruiz est ainsi en première ligne de cette cure d'austérité. Elle affronte une vague de protestations, non seulement des régions concernées, mais aussi de son parti. Si les subventions hospitalières baissent, c'est parce qu'il n'y a plus assez de patients, justifie-t-elle. L'élue assure que les coupes ne mettent pas en péril les prestations et qu'une rupture de collégialité n'est pas à l'ordre du jour. Dans les Pôles santé, il y a pas mal d'inquiétudes, de protestations, notamment dans les deux qui sont les plus touchés, Pays-d'Enhaut et vallée de Joux. Est-ce que vous le comprenez? Je comprends les inquiétudes, évidemment. Toutefois, je précise que des discussions avec les Pôles ont été engagées il y a de nombreux mois. La nécessité d'une évolution n'est pas un scoop. Ces institutions reçoivent un financement très élevé de l'État. En moyenne cantonale, le financement par habitant là où il y a un hôpital de la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV) est de 216 francs. La vallée de Joux est à 908 et le Pays-d'Enhaut à 1393 francs. Pour ces deux, le soutien cantonal représente environ un tiers de leur financement. Les hospitalisations baissent, donc il devient trop important par rapport aux investissements nécessaires pour mettre les infrastructures hospitalières aux normes. Les pôles doivent donc mieux collaborer avec les hôpitaux régionaux de référence, vers lesquels les patients se dirigent davantage. Que va-t-il rester des Pôles santé? Ils doivent se concentrer sur leur mission de base, à savoir des soins coordonnés entre la médecine générale, les soins à domicile, les EMS et les établissements psychosociaux. Il n'est pas possible d'assurer les mêmes types de prestations partout, d'abord pour des raisons de sécurité pour les patients, car il faut une certaine taille critique et un nombre d'interventions minimum, mais aussi parce que les plateaux techniques coûtent extrêmement cher pour peu de patients. Selon moi, garantir un service public de qualité, c'est utiliser l'argent public au bon endroit. Concrètement, y a-t-il un problème particulier au Pays-d'Enhaut? Nous ne remettons pas en question le soutien financier pour le maintien des capacités de ce pôle, pas plus que dans les autres régions périphériques. Il s'agissait plutôt de problèmes de gouvernance. Nous avons accompagné ce pôle pour redéfinir un modèle financier viable. Cela n'a rien à voir avec la situation financière de l'État. En 2024, une aide cantonale exceptionnelle de 2,3 millions a permis d'éviter à ce pôle une fermeture brutale et immédiate. Sinon, c'était la faillite. Nous ne l'avons pas laissé tomber. J'ajoute que l'État ne gère pas les hôpitaux, même quand ils sont reconnus d'intérêt public. Chaque conseil d'administration et chaque direction doivent prendre leurs responsabilités. Est-ce que le Pôle santé de la vallée de Joux est dans la même situation? Pas exactement. Financièrement, sa situation est toutefois fragile et le nombre d'hospitalisations est peu élevé. En revanche, l'ambulatoire fonctionne bien. Les réseaux de santé sont aussi touchés par des économies alors que la prévention devrait être un axe fort de la santé publique. Nous allons continuer à en faire beaucoup dans la prévention. Simplement, il y a de grandes disparités entre les quatre réseaux. Certaines ont développé beaucoup de prestations, d'autres moins. Il faut une meilleure harmonisation. Pour certaines activités, il y aurait d'autres financements possibles. Les efforts demandés aux réseaux ne touchent pas aux prestations directes à la population, elles visent à suspendre ou étaler certains projets. Justement, il y a une diminution de 3% pour le budget de l'Avasad, l'Association vaudoise pour les soins à domicile. Est-ce qu'il y a un risque d'affaiblir le maintien à domicile et de solliciter davantage les EMS? Non, parce que la coupe pour l'Avasad concerne certains projets, notamment dans l'informatique, sans impact sur les prestations. Personne ne se verra refuser une prise en charge. Là aussi, il faut une meilleure coordination au sein de la structure centrale et avec ses associations ou fondations dans les régions. Je précise également que l'Avasad a des réserves financières. Est-ce que les EMS vont aussi être touchés? Nous sommes en train d'évaluer quelles mesures pourraient être demandées aux EMS. Dans tous les cas, les efforts ne toucheraient pas à la prise en charge des seniors, mais concerneraient davantage des travaux d'entretien ou des renouvellements d'équipements qui pourraient être différés. Aujourd'hui, les comptes d'exploitation de plus de neuf EMS sur dix sont excédentaires. Par ailleurs, le programme de construction et de modernisation des EMS ne serait pas concerné. La suppression des subventions pour des prestations d'intérêt général, les PIG, est revendiquée par les cliniques privées, et relayée par la droite. Est-ce que l'austérité budgétaire est l'occasion d'y mettre fin? Ce que nous disons aux hôpitaux, c'est qu'il faut progressivement diminuer les PIG qui sont dites implicites, en les rendant explicites, c'est-à-dire en précisant à quoi elles correspondent exactement comme prestation. Mais c'est totalement impossible de le faire en une année. Par exemple, s'il s'agit de trois postes d'infirmières de liaison qui font le lien entre les familles et les CMS, il faut le dire concrètement et le catégoriser dans les prestations qu'on finance pour assurer la transition entre l'hôpital et le domicile. Le CHUV, spécialement, a été attaqué sur la question des PIG. Dans quelle proportion est-il concerné par les coupes budgétaires? Il va être touché, mais comme pour d'autres politiques publiques, les montants ne sont pas arrêtés définitivement. Certaines tâches financées par des PIG pourraient être financées autrement. La Conférence des directeurs de la santé recommande que certaines tâches soient financées par les tarifs et non par les cantons comme les frais de traduction par exemple. Sur les Pôles santé, votre parti, le Parti socialiste, a parlé de «risque d'effondrement du service public», affirmant qu'une «ligne rouge a été franchie». Que lui répondez-vous? Mon parti sait très bien, par ses députés, que la situation financière du Canton est difficile et que la loi est extrêmement contraignante. À mon sens, nous nous devons d'examiner toutes les marges de manœuvre possibles. De plus, alors que le Canton n'a plus de dette, pour passer l'épaule et financer certains investissements majeurs, on devrait à nouveau faire des emprunts pendant quelques années, sans drame ni tabou. La loi a été rédigée quand le Canton était très fortement endetté dans un contexte financier critique. Aujourd'hui, c'est difficile mais différent et nous devons piloter l'État sans qu'on en vienne à saccager des prestations. À cet égard, faire croire qu'on peut baisser les impôts sans qu'il n'y ait jamais la moindre conséquence, comme le font les promoteurs de l'initiative pour une baisse de 12%, c'est une promesse qui rend les fous joyeux. Si elle devait être acceptée, cela amènerait réellement un saccage. Lausanne, le 10 avril 2025. Rebecca Ruiz lors de la présentation des comptes de l'État pour 2024, entre ses collègues PLR Férédric Borloz et Christelle Luisier. Yvain Genevay / Tamedia Excluez-vous de rompre la collégialité gouvernementale? Je n'ai jamais affiché mon avis divergent au premier désaccord venu. Ce n'est pas comme cela que je travaille. Mon devoir est d'abord d'essayer d'obtenir le maximum à l'intérieur de l'institution, que je respecte trop pour commencer à brandir publiquement des menaces de rupture de collégialité à chaque étape difficile. D'autant que le processus budgétaire ne fait que commencer. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos Romaric Haddou est journaliste à la rubrique Vaud et régions depuis 2016. Il couvre en particulier le domaine de la santé. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Coup de froid sur les soins et la santé dans la vallée de Joux et le Pays-d'Enhaut
Coup de froid sur les soins et la santé dans la vallée de Joux et le Pays-d'Enhaut

24 Heures

time14-07-2025

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Coup de froid sur les soins et la santé dans la vallée de Joux et le Pays-d'Enhaut

L'austérité budgétaire pour 2026 démarre dans la santé publique. Les hôpitaux et les institutions visés s'indignent de leur ampleur. Publié aujourd'hui à 19h42 Avec 23% d'économies pour 2026, le Pôle Santé du Pays-d'Enhaut et son hôpital de Château-d'Œx sont les plus durement touchés. Chantal Dervey En bref: Depuis la semaine dernière, une partie du service public de la santé découvre des baisses drastiques pour 2026. Le gouvernement vaudois les annonce à la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV) et à ses membres, dans des courriers signés de la présidente Christelle Luisier. La RTS le dévoilait dimanche soir dans l'émission «Forum»: entre les 12 institutions et hôpitaux vaudois de cette structure, un peu plus de 20 millions d'économies doivent être réalisées par une baisse des prestations d'intérêt général (PIG), instrument de financement des missions de politique sanitaire. Coupes budgétaires ciblées en région Sur le terrain, cet effort est différencié. Trois membres de la FHV se détachent des autres: le Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, le Pôle Santé de la vallée de Joux et la Fondation Rive-Neuve, à Blonay, connaissent les baisses les plus fortes, en regard de leurs budgets 2025. Pour le pôle du Pays-d'Enhaut, 4,6 millions seront coupés sur 20 millions, soit 23%. Celui de la vallée de Joux connaîtra une baisse de 16%, devant retrancher 3 millions sur 19. Enfin la Fondation Rive-Neuve, spécialisée en soins palliatifs, enregistre une chute de 14% de ses moyens (1,1 sur 7,8 millions). Les autres membres de la FHV connaissent des coupes plus modestes. Secrétaire générale de la FHV, Patricia Albisetti s'attendait à des coupes depuis que le Conseil d'État a affiché sa volonté d'économiser 300 à 400 millions pour 2026: «Nous savions qu'il y aurait des coupes, mais nous sommes vraiment surpris par leur ampleur. Nous voyons déjà que leurs conséquences seront majeures. C'est une situation que nous ne connaissions plus depuis 20 ans. Deux pôles santé sont directement concernés, de même que la Fondation Rive-Neuve. Si le Conseil d'État maintient ces coupes, ces établissements seront contraints de prendre des mesures fortes et des licenciements seront inévitables. Ils ne pourront plus délivrer leurs prestations comme actuellement. Nous espérons que le Conseil d'État entendra nos arguments et que nous pourrons négocier.» Des hôpitaux vaudois sous le choc Présidente du conseil de fondation du Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, qui inclut l'hôpital de Château-d'Œx, Anne Weill-Lévy accuse le coup: «Nous avons déjà dû remonter nos finances en passant par un licenciement collectif. L'idée de base est de garder trois structures autour du patient, l'EMS, le CMS et un secteur hospitalier de 8 à 12 lits pour pouvoir accueillir ceux qu'on ne peut pas déplacer. Aujourd'hui on se prend une claque en pleine face.» À la vallée de Joux, Sébastien Cala, président du pôle santé, n'est pas moins en colère: «Nous allons vers l'abandon du modèle des pôles de santé, car cette coupe met en cause des prestations de base, comme les urgences.» Également chef du groupe socialiste au Grand Conseil, il compare «son» pôle santé à «une horlogerie fine, où beaucoup d'acteurs se réunissent en synergie». Une mécanique qui subit une «casse brutale et scandaleuse». Autre réaction forte: «Les soins palliatifs, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité, tonne Eric Rochat, ancien conseiller aux États libéral et membre du conseil de fondation de Rive-Neuve. La baisse que nous subissons est une condamnation. Ce coup de massue, c'est du Trump.» Coût par habitant plus élevé Les coupes sont-elles négociables ou pas? «Il n'est pas exclu que certaines mesures ne soient pas retenues, et a contrario que des mesures supplémentaires soient nécessaires», indique le service de communication du Département de la santé et de l'action sociale (DSAS) de Rebecca Ruiz. Si les pôles de la vallée de Joux et du Pays-d'Enhaut sont proportionnellement plus touchés que les autres, c'est parce que «le coût du financement public par habitant peut être jusqu'à 11 fois plus élevé que pour le reste du Canton» indique le DSAS. À l'avenir, «ils devront ainsi renforcer la coordination et l'orientation des patients sur l'hôpital de référence de leur région […] mais il ne s'agit en aucun cas de remettre en question l'existence d'une structure sanitaire dans ces régions.» Au même questionnement s'agissant de Rive-Neuve, le DSAS ne répond pas. La gauche et les syndicats réagissent fortement En début de matinée, le Parti socialiste vaudois a réagi aux annonces de coupes. Dans son communiqué, il dénonce les «prémices d'une grave crise pour le service public et les prestations». Les coupes «entraîneraient un risque réel de fermeture pour certains hôpitaux régionaux, avec des conséquences graves pour le personnel, la prise en charge des patients et la stabilité du système de santé dans son ensemble». Le programme d'austérité est qualifié de «conséquence d'une politique de droite décomplexée et déconnectée de la réalité». Le parti de Rebecca Ruiz et de Nuria Gorrite demande la suppression du bouclier fiscal, le renoncement «à l'ensemble des baisses d'impôt sur les revenus votés par le Grand Conseil» et une révision du mécanisme de frein à l'endettement. Le groupe socialiste au Grand Conseil indique qu'il ne votera pas le budget 2026 en l'état actuel des choses. «La droite ne cesse de dire qu'il y a un problème de charges à l'État, et bien maintenant elle doit en assumer les conséquences et remarquer que ces «charges» concernent des vraies prestations au profit de la collectivité», réagit pour sa part la présidente des Verts, Rebecca Joly. Le POP parle de mesures «inacceptables» et appelle à manifester le 2 octobre avec les syndicats. Le syndicat SUD, qui avait mobilisé les employés du Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, demande «au DSAS d'informer avec précision les syndicats, associations et représentations du personnel concerné sur les mesures décidées et leur incidence et d'ouvrir immédiatement les négociations pertinentes afin que les conditions de salaire, de travail et d'emploi du personnel soient sauvegardées et garanties». Président des Vert'libéraux, Olivier Bolomey, estime que «les économies sur le dos des hôpitaux régionaux ratent leur cible» et prône «une planification hospitalière coordonnée, une augmentation de la prévention et le dossier électronique du patient.» Le PLR, l'UDC et Le Centre n'ont pas réagi. Vaud face aux coupes budgétaires Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Autour de Lioson, une buvette d'alpage entre rando et régal
Autour de Lioson, une buvette d'alpage entre rando et régal

24 Heures

time05-07-2025

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Autour de Lioson, une buvette d'alpage entre rando et régal

Au départ des Mosses, une randonnée satisfait papilles et pupilles. La bonne chère fait le lien entre nature et traditions alpestres. Flavienne Wahli Di Matteo Publié aujourd'hui à 11h04 En grimpant en direction des Petits Lacs, la vue plongeante sur le lac Lioson est époustouflante. À droite, le restaurant et sa terrasse. CHANTAL DERVEY En bref: En partant à l'assaut du «Tour des Lacs» depuis Les Mosses, les gastronomes seront ravis d'apprendre qu'ils n'ont besoin que d'une gourde dans le sac à dos. En choisissant l'option «balade gourmande» , il est possible d'enfiler en une randonnée plusieurs perles de patrimoine paysager, architectural et gastronomique. Trois buvettes et autant d'assiettes et godets attendent les promeneurs le long d'une balade qui totalise trois heures et demie de marche. Mais il faut compter la journée pour profiter de ces haltes qui sont autant de rencontres avec des figures attachées à faire connaître les traditions du Pays-d'Enhaut et des Ormonts . Tout un patchwork où se mêlent destins individuels et épopée régionale. Une expérience totale. Sur le parking du col des Mosses , on commence par chausser des souliers à mêmes d'affronter pente, terre et caillasse. Le parcours est classé en difficulté moyenne et il est conseillé de démarrer vers 9 h 15, histoire d'être à l'heure pour l'apéro. Sur le hérisson de panneaux jaunes désignant les sommets, choisir d'abord la direction Lioson. Mais à la première bifurcation, prendre à gauche vers Pra Cornet . Des pâturages sonorisés aux grillons et à la sonnaille conduisent par une route encore carrossable jusqu'à la première halte, la buvette des Charmilles. Le tour des lacs, au départ du Col des Mosses. ISABELLE CAUDULLO Apéro à la buvette des Charmilles Sur le seuil, la blondeur rieuse d'Alice Isoz flamboie dans les rayons du matin. T-shirt de la fromagerie de L'Étivaz (on est en plein périmètre de production), tablier rouge, celle qui s'est investie des décennies dans la restauration et l'aérostation au Pays-d'Enhaut est attachée comme à sa propre maison à ce lieu, propriété de Julie et Norbert Chabloz, réputés eux aussi pour leur investissement dans l'agritourisme. La terrasse s'ouvre sur l'alpage de Pra Cornet. Tout en surveillant son dîner, la tenancière se fait fort de renseigner sur ce chalet construit en 1711, dont l'ancienne étable, tout en longueur, est reconvertie en restaurant. Plafond bas, murs sablés, sol vernissé par des siècles de sabots et de godillots, un autre temps respire ici. Sur la planchette: des salaisons, de la tomme et du «fricasson». Quésaco? Avec sa consistance sablonneuse et son goût de noisette, cette spécialité du coin mêle beurre, farine et sucre. À l'origine, les forestiers emportaient cet en-cas petit mais costaud pour avoir leur content de calories, sans trop de poids dans la besace. Désaltéré au jus de pomme artisanal ou au blanc, le promeneur repart mi-pesant mi-alerte à l'assaut de la grande montée vers Lioson. Bordée par la Gummfluh et les Arpilles, la traversée offre tous les charmes des Préalpes: pâturages, épicéas, torrents et prairies fleuries où prospèrent notamment les beaux et rares lis martagons. Plat au restaurant de Lioson Au haut de la pente se dévoile le joyau de la balade: le lac Lioson. Le plan d'eau s'étale dans un écrin de roche et d'herbages presque fluorescents où tout un peuple cohabite. Pêcheurs à la ligne, baigneurs, enfants sages et ados turbulents se partagent une eau à 16 degrés. Au bout du sentier qui enlace le lac, une grande terrasse de bois fait trait d'union entre le restaurant et l'eau. Attablés devant des thés froids maison, les randonneurs échangent dans toutes les langues. Fondue, jambon à l'os, croûtes au fromage, le plat de résistance proposé dans le forfait est tiré d'une carte traditionnelle. La cuisine généreuse de Paul-François Mermod, alias Pollux, colle bien au site, occupé de début juin à début octobre (lire encadré) . L'iconique personnage, que l'on croise l'hiver aux commandes de la dameuse, propose aussi des spécialités, sur commande: ardoise ou bourguignonne de bœuf ou de cheval (ou les deux). Jambon à l'os, frites, salade, l'une des assiettes proposée dans le forfait «balade gourmande». Une cuisine traditionnelle, généreuse et goûtue. CHANTAL DERVEY Dessert à la buvette des Petits Lacs Après le café, on repart sur un sentier rocailleux où même les jeunes marcheurs oublient de se plaindre, fascinés par les chèvres et moutons nains, la vue plongeante sur le lac, les sommets étalés sur 360 degrés. Sur l'autre versant, une descente à travers un pierrier conduit à la confidentielle buvette des Petits Lacs . Le cadre est plus rustique, cela sent le bois fraîchement coupé, l'heure est à la contemplation. Ancien bûcheron et vigneron, Jérémy Schütz étrenne sa première saison. Mélisse, verveine ou menthe, une infusion bio confectionnée par sa sœur Nathalie accompagne une part de tarte aux abricots. On finit la journée en quasi-lévitation, dévalant vers la station le soulier ailé, papilles et pupilles comblées. Lioson, un destin montagnard Thérèse et Pollux, (Paul-François Mermod), tenanciers du Restaurant Lac Lioson entament leur 25e été. CHANTAL DERVEY L'alpage de Lioson partage son destin tourmenté avec celui de sa région. Encore ceint de son tablier, en fin de service, «Pollux» – qui vient de mettre la clé sous le paillasson de sa buvette d'hiver à L'Arsat – égraine les dates par cœur: terminé en 1906, le rural de pierre actuel a remplacé le chalet ancestral bâti de l'autre côté du lac. «Il a été ramassé par une avalanche en 1896. Il avait été décidé de ne pas le reconstruire à cet endroit exposé.» Sur ce site où on a de tout temps offert à boire aux marcheurs, la partie restauration s'est développée en 1962, avec la construction de la télécabine du pic Chaussy. «Je m'en souviens bien, j'étais gamin et mon oncle tenait la buvette. Plus tard, en 1988, mon cousin s'y est installé, au moment de la fermeture des installations . Il est décédé en 2001 et c'est nous qui avons repris. Cet endroit, c'est comme un hommage qu'on lui rend tous les jours.» À ses côtés, Thérèse s'active du lever au coucher pour choyer des hôtes qui peuvent aussi choisir l'option dodo et petit-déj' maison. Cinquante-quatre lits sont disponibles. L'ancienne assistante sociale espère se rire de la retraite encore longtemps: «Vivre son rêve plus de vingt-cinq ans, je souhaite ça à tout le monde!» Notre série buvettes d'alpage Newsletter «Gastronomie & Terroirs» «24 heures» suit depuis toujours l'actualité gastronomique et culinaire. Recevez, chaque vendredi, une sélection d'articles sur la restauration, la cuisine, les produits du terroir et le vin. Autres newsletters Flavienne Wahli Di Matteo est chroniqueuse judiciaire au sein de la rubrique Vaud et régions de 24 heures, qu'elle a intégrée en 2012. Avant cela, elle a travaillé dans les rubriques locales de plusieurs médias en presse écrite, radio et télévision. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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