
Coup de froid sur les soins et la santé dans la vallée de Joux et le Pays-d'Enhaut
Avec 23% d'économies pour 2026, le Pôle Santé du Pays-d'Enhaut et son hôpital de Château-d'Œx sont les plus durement touchés.
Chantal Dervey
En bref:
Depuis la semaine dernière, une partie du service public de la santé découvre des baisses drastiques pour 2026. Le gouvernement vaudois les annonce à la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV) et à ses membres, dans des courriers signés de la présidente Christelle Luisier. La RTS le dévoilait dimanche soir dans l'émission «Forum»: entre les 12 institutions et hôpitaux vaudois de cette structure, un peu plus de 20 millions d'économies doivent être réalisées par une baisse des prestations d'intérêt général (PIG), instrument de financement des missions de politique sanitaire. Coupes budgétaires ciblées en région
Sur le terrain, cet effort est différencié. Trois membres de la FHV se détachent des autres: le Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, le Pôle Santé de la vallée de Joux et la Fondation Rive-Neuve, à Blonay, connaissent les baisses les plus fortes, en regard de leurs budgets 2025.
Pour le pôle du Pays-d'Enhaut, 4,6 millions seront coupés sur 20 millions, soit 23%. Celui de la vallée de Joux connaîtra une baisse de 16%, devant retrancher 3 millions sur 19. Enfin la Fondation Rive-Neuve, spécialisée en soins palliatifs, enregistre une chute de 14% de ses moyens (1,1 sur 7,8 millions). Les autres membres de la FHV connaissent des coupes plus modestes.
Secrétaire générale de la FHV, Patricia Albisetti s'attendait à des coupes depuis que le Conseil d'État a affiché sa volonté d'économiser 300 à 400 millions pour 2026: «Nous savions qu'il y aurait des coupes, mais nous sommes vraiment surpris par leur ampleur. Nous voyons déjà que leurs conséquences seront majeures. C'est une situation que nous ne connaissions plus depuis 20 ans. Deux pôles santé sont directement concernés, de même que la Fondation Rive-Neuve. Si le Conseil d'État maintient ces coupes, ces établissements seront contraints de prendre des mesures fortes et des licenciements seront inévitables. Ils ne pourront plus délivrer leurs prestations comme actuellement. Nous espérons que le Conseil d'État entendra nos arguments et que nous pourrons négocier.» Des hôpitaux vaudois sous le choc
Présidente du conseil de fondation du Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, qui inclut l'hôpital de Château-d'Œx, Anne Weill-Lévy accuse le coup: «Nous avons déjà dû remonter nos finances en passant par un licenciement collectif. L'idée de base est de garder trois structures autour du patient, l'EMS, le CMS et un secteur hospitalier de 8 à 12 lits pour pouvoir accueillir ceux qu'on ne peut pas déplacer. Aujourd'hui on se prend une claque en pleine face.»
À la vallée de Joux, Sébastien Cala, président du pôle santé, n'est pas moins en colère: «Nous allons vers l'abandon du modèle des pôles de santé, car cette coupe met en cause des prestations de base, comme les urgences.» Également chef du groupe socialiste au Grand Conseil, il compare «son» pôle santé à «une horlogerie fine, où beaucoup d'acteurs se réunissent en synergie». Une mécanique qui subit une «casse brutale et scandaleuse».
Autre réaction forte: «Les soins palliatifs, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité, tonne Eric Rochat, ancien conseiller aux États libéral et membre du conseil de fondation de Rive-Neuve. La baisse que nous subissons est une condamnation. Ce coup de massue, c'est du Trump.» Coût par habitant plus élevé
Les coupes sont-elles négociables ou pas? «Il n'est pas exclu que certaines mesures ne soient pas retenues, et a contrario que des mesures supplémentaires soient nécessaires», indique le service de communication du Département de la santé et de l'action sociale (DSAS) de Rebecca Ruiz.
Si les pôles de la vallée de Joux et du Pays-d'Enhaut sont proportionnellement plus touchés que les autres, c'est parce que «le coût du financement public par habitant peut être jusqu'à 11 fois plus élevé que pour le reste du Canton» indique le DSAS. À l'avenir, «ils devront ainsi renforcer la coordination et l'orientation des patients sur l'hôpital de référence de leur région […] mais il ne s'agit en aucun cas de remettre en question l'existence d'une structure sanitaire dans ces régions.»
Au même questionnement s'agissant de Rive-Neuve, le DSAS ne répond pas. La gauche et les syndicats réagissent fortement
En début de matinée, le Parti socialiste vaudois a réagi aux annonces de coupes. Dans son communiqué, il dénonce les «prémices d'une grave crise pour le service public et les prestations».
Les coupes «entraîneraient un risque réel de fermeture pour certains hôpitaux régionaux, avec des conséquences graves pour le personnel, la prise en charge des patients et la stabilité du système de santé dans son ensemble». Le programme d'austérité est qualifié de «conséquence d'une politique de droite décomplexée et déconnectée de la réalité». Le parti de Rebecca Ruiz et de Nuria Gorrite demande la suppression du bouclier fiscal, le renoncement «à l'ensemble des baisses d'impôt sur les revenus votés par le Grand Conseil» et une révision du mécanisme de frein à l'endettement. Le groupe socialiste au Grand Conseil indique qu'il ne votera pas le budget 2026 en l'état actuel des choses.
«La droite ne cesse de dire qu'il y a un problème de charges à l'État, et bien maintenant elle doit en assumer les conséquences et remarquer que ces «charges» concernent des vraies prestations au profit de la collectivité», réagit pour sa part la présidente des Verts, Rebecca Joly. Le POP parle de mesures «inacceptables» et appelle à manifester le 2 octobre avec les syndicats.
Le syndicat SUD, qui avait mobilisé les employés du Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, demande «au DSAS d'informer avec précision les syndicats, associations et représentations du personnel concerné sur les mesures décidées et leur incidence et d'ouvrir immédiatement les négociations pertinentes afin que les conditions de salaire, de travail et d'emploi du personnel soient sauvegardées et garanties».
Président des Vert'libéraux, Olivier Bolomey, estime que «les économies sur le dos des hôpitaux régionaux ratent leur cible» et prône «une planification hospitalière coordonnée, une augmentation de la prévention et le dossier électronique du patient.» Le PLR, l'UDC et Le Centre n'ont pas réagi.
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Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos
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