
Douze ans de prison requis contre le rebouteux accusé de viols à Fribourg
L'accusé, qui pratiquait des «massages énergétiques», expliquait à ses victimes que les actes sexuels préconisés étaient à but thérapeutique.
Manuel Perrin
En bref:
«Si l'accusé a un don, c'est sans doute celui de repérer les personnes qui vont mal…» Au cours d'un réquisitoire fleuve de 2 h 30, la procureure Catherine Christinaz a détaillé ce jeudi les abus rapportés par chacune des 14 victimes présumées du rebouteux-agriculteur Olivier* (58 ans), pour mieux convaincre les juges de Châtel-Saint-Denis (FR) que toutes devraient être reconnues comme telles. Et pas uniquement les six plaignantes.
La magistrate fribourgeoise a requis 12 ans de prison à l'encontre de celui qui est déjà incarcéré préventivement depuis juin 2022 – principalement pour viols, contraintes sexuelles et abus de la détresse. Elle demande que la peine soit assortie d'un traitement ambulatoire, à savoir un suivi psychiatrique ainsi qu'un travail thérapeutique en sexologie. Mais aussi une interdiction à vie d'exercer des activités avec des adultes particulièrement vulnérables, ainsi qu'une interdiction d'exercer une profession avec des patients. «Faute terriblement lourde» pour la procureure
«On pourrait se dire qu'il y a eu beaucoup de naïveté de la part de ces femmes, au vu des propos abracadabrants du prévenu», a repris la représentante du Parquet. Elle a exhorté le Tribunal à ne pas juger les croyances de ces désormais ex-patientes qui ont accepté les massages «énergétiques» du guérisseur, et qui se sont finalement fait imposer des rapports sexuels complets prétendument thérapeutiques.
«Elles traversaient toutes une phase difficile de leur existence, de doute, de fragilité. Certaines sont encore tellement sous l'emprise qu'elles n'ont pas encore conscience d'être des victimes, plusieurs années après», a poursuivi la magistrate, en qualifiant la faute commise par l'accusé de «terriblement, extrêmement» lourde. «Sous ses airs de gros nounours, comme il aime à se décrire, c'est en fait un gros pervers.»
«Comme ces patientes ne tombaient pas spontanément sous son charme, il mettait en œuvre sa stratégie, en leur faisant croire qu'il avait détecté une maladie grave, jusqu'à parler de cancer, et du stade de la tumeur – pour leur faire peur», a souligné Catherine Christinaz, tout en estimant qu'Olivier n'est qu'un «fieffé menteur, un affabulateur».
Elle a ajouté que le quinquagénaire a déclaré en cours d'enquête que «les pouvoirs quasi magiques de sa verge» n'étaient que le fruit de son imagination. Mercredi lors de son interrogatoire, ce mythomane incurable a d'ailleurs déclaré ne plus croire en ses prétendus dons, compte tenu de l'absence totale de résultats thérapeutiques avec ses patientes. Entendu en cours d'enquête, son fils adulte partage cette analyse. «Ses motivations étaient uniquement sexuelles, il a adapté sa stratégie avec chacune de ses victimes pour obtenir ce qu'il voulait», a lancé la procureure. La défense plaide la «débilité»
Quant à l'avocat du rebouteux , Me Guillaume Hess, il n'a pas axé sa défense sur le fait que cet agriculteur prétend avoir appris sa méthode de soins sexuels en Thaïlande. À la place, l'homme de loi a centré sa plaidoirie sur le QI de l'accusé, dont la valeur de 77 le rangerait dans «les 5% des personnes les plus bêtes de la population mondiale». «Mon client fait partie des personnes les plus débiles», a insisté l'homme de loi. «Il ne pouvait pas se rendre compte qu'il faisait du mal, au vu de son état mental», contredisant ainsi le rapport de l'experte-psychiatre.
Selon Me Hess, ses capacités intellectuelles objectivement «dans la norme inférieure» n'ont pas permis à Olivier de comprendre le message qu'a voulu lui faire passer un juge de Romont en 2016, lorsque ce dernier l'a condamné à une peine pécuniaire avec sursis pour actes sexuels sur une personne incapable de discernement ou de résistance.
Comme il n'avait été reconnu coupable que d'une partie des actes reprochés par la plaignante, le guérisseur en aurait déduit qu'il pouvait continuer ses soins sexuels. Ce serait la raison pour laquelle 10 des 14 victimes présumées du procès de Châtel-Saint-Denis dénoncent des faits survenus après sa condamnation. Aujourd'hui, le risque de récidive du quinquagénaire est toujours de «moyen à élevé».
Pour ces motifs, le défenseur a demandé que son client soit acquitté, ce qui lui donnerait droit à une indemnité pour détention injustifiée de l'ordre de 250 000 fr. Ce serait le seul moyen pour le Fribourgeois de payer les indemnités pour tort moral demandées par les plaignantes, qui totalisent plus 125 000 fr. «Il n'est pas contesté qu'elles ont subi une atteinte morale», a conclu Me Hess. Le verdict sera rendu jeudi prochain.
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Autres newsletters Benjamin Pillard est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2019. Il couvre en particulier les faits divers et l'actualité judiciaire des cantons romands. Auparavant, il a travaillé durant sept ans au sein de la rédaction du «Matin». Plus d'infos @benjaminpillard
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