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13 hours ago
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Def Leppard saupoudre de sucre des Plaines mouillées
Dimanche soir, le chanteur de Def Leppard Joe Elliott a imploré le Bon Dieu du beau temps afin que les plaines d'Abraham demeurent au sec. Mais comment se plaindre quand la pluie se met à tomber en plein pendant Love Bites ? La journée au complet avait été mouilleuse et autour de 17 h, pendant que le ciel tombait sur la tête de Québec, même les plus optimistes devaient se demander s'il valait mieux tout de suite s'abandonner à leur chagrin et faire leur deuil de Def Leppard. Au final, le seul chagrin avec lequel il faudrait composer est celui, aussi réconfortant qu'une vieille couverture, que contiennent des power ballades comme Love Bites et Bringin' On the Heartbreak. Après une longue intro vidéo qui avait comme trame sonore une version symphonique de Gods of War, Joe Elliott, sa splendide chevelure argentée et sa scintillante veste noire sont apparus et nous ont proposé de rocker jusqu'à en tomber par terre durant Rock ! Rock ! (Till You Drop). Invitation immédiatement acceptée. PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL L'histoire d'amour entre Def Leppard et Québec s'est poursuivie dimanche soir. « Bonsoir, Québec, comment ça va ? », nous a ensuite demandé le chanteur – en français ! – avant d'implorer le Bon Dieu du beau temps afin que les Plaines demeurent au sec. Doigts croisés. « F-f-f-foolin' », entonnent en chœur les léopards anglais dans le refrain de Foolin', quatrième chanson de la soirée et, aussi, quatrième succès souvenir de la soirée. Dès lors, c'était clair qu'ils ne s'étaient pas pointés ici pour ni-ni-ni-niaiser. Est-ce que Mutt Lange, irremplaçable réalisateur des meilleurs albums de Def Leppard, était aux commandes derrière la console ? C'est en tout cas son mur du son à lui – le reverb dans le prélart, les refrains de gang qui sonnent comme si un terrain de soccer en entier les scandait, chaque frappe de batterie aussi vrombissante que le tonnerre – qui explosait sur les Plaines. Quelque part, Paul Sarrasin devait sourire. Tout était là, pareil comme dans le bon vieux temps, c'est-à-dire comme à l'époque dorée où Pour Some Sugar on Me a dominé pendant près d'un an Le combat de clips de MusiquePlus. Pleurs dans la pluie Puis le Bon Dieu du mauvais temps s'en est mêlé, mais avec un sens de la poésie qu'il n'embrasse que lors des grandes circonstances. Et la pluie s'est mise à tomber en plein pendant Love Bites, l'ultime toune de peine d'amour au son de laquelle tant d'ados ont versé des torrents de larmes à la fin des années 1980. Nos cheveux chargés de spraynet en prenaient pour leur rhume, mais c'est heureux que nous pleurions tous dans la pluie, sans nous soucier que quiconque n'y voie ou pas que du feu. Avions-nous besoin d'une autre preuve qu'entre Def Leppard et Québec, même si l'amour ne date pas d'hier, la passion brûle encore comme au premier jour ? Le programme ressemblait en fait drôlement à une des premières visites de la formation au pays. Le 9 juin 1988, l'hystérie Hysteria s'arrêtait au Colisée de Québec et 9 des chansons jouées ce soir-là (sauf erreur) figuraient, plus de 35 ans plus tard, parmi les 18 retenues dimanche. Un spectacle de Def Leppard en 2025 est en réalité l'idéal platonicien du spectacle d'un groupe dont les années de gloire se trouvent loin dans le rétroviseur. « Coudonc, ils n'auront plus rien à jouer dans 20 minutes », s'est exclamé un ami, alors que nous n'étions qu'au tiers de la soirée. Les légendaires rockeurs de Sheffield en avaient pourtant encore sous le coude. Et pas qu'un peu. Avec Pyromania (1982) et Hysteria (1987), ils se sont offert les clés de tous les arénas et de tous les festivals de la planète, tant et aussi longtemps que leurs médecins leur permettront. PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL Le bassiste Rick Savage, éternellement cool Ce qui ne semble pas être pour demain. Le guitariste Phil Collen a beau à 67 ans être l'aîné du groupe, il a conservé sa sculpturale plastique de lutteur professionnel. Le bassiste Rick Savage est quant à lui un des rares humains qui n'a pas l'air d'un pur idiot avec un micro-casque vissé à la tête ; ce qui en dit long sur son immuable coolitude. Et même si l'auteur de ces lignes est d'avis que les solos de batterie devraient être passibles de graves peines d'emprisonnement, c'est les yeux mouillés (pas par la pluie) qu'il a reçu la brève démonstration du batteur Rick Allen. C'est qu'il se trouve que la personne qui signe le texte que vous lisez présentement fait partie de ceux et celles qui doivent composer au quotidien avec un membre en moins. Quatre décennies après l'accident de voiture qui a failli le tuer, le jeune sexagénaire est encore là, avec le même sourire béat du gars qui n'en revient pas. Un batteur à un bras ? Avant lui, il ne s'agissait que de la prémisse d'une blague de mauvais goût. C'était sur la scène du Festival d'été de Québec, comme partout depuis 1984, la preuve que les miracles existent. Les deux dernières chansons de Def Leppard ? Rock of Ages, Photograph, puis au rappel, Hysteria et Pour Some Sugar on Me. Si avec la nostalgie, comme avec l'alcool, la modération a généralement meilleur goût, dimanche soir, il était doux d'avoir un peu abusé.


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4 days ago
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Cette voix que Rod Stewart n'a plus
Le Festival d'été de Québec (FEQ) accueillait jeudi pour sa soirée d'ouverture un Rod Stewart qui s'est beaucoup brassé les foufounes, sans faire oublier une voix très atténuée. « I just wanna make love to you / For twenty-four hours or more », clame Rod Stewart dans Tonight I'm Yours, la chanson avec laquelle il amorçait son spectacle, jeudi soir, sur les plaines d'Abraham. Rod Stewart pourrait-il vraiment faire l'amour durant 24 heures ? Compte tenu de ses 80 ans, il est permis d'en douter, bien qu'avec l'aide de la pharmacopée moderne, aucun rêve ne soit interdit. Mais Rod Stewart pourrait-il chanter durant 24 heures ? Dès la deuxième chanson, il y avait de quoi craindre qu'il n'arrive pas à se rendre jusqu'à la fin de la soirée. Les vidéos de sa performance de dimanche dernier au festival de Glastonbury en Angleterre ne nous avaient pas menti : Rod n'a plus vraiment de voix, ou en tout cas n'a vraiment plus cette voix souple, vigoureuse, féline, la voix même de la luxure, grâce à laquelle il a écrit quelques-unes des pages les plus dévoyées de l'histoire du rock. Ce que Rod n'a certainement pas perdu, c'est son sens de l'outrance. Veston doré sur gilet doré sur chemise blanche bouffante aussi déboutonnée que celle de Paul Piché ; le premier look de Rod le Mod faisait passer le château de Versailles pour un monument de sobriété. En mars dernier, Rod Stewart a amorcé au Caesars Palace de Las Vegas une résidence qui se poursuivra à l'automne. Et jeudi soir, sur les Plaines, c'était comme si Vegas était venu à nous, avec ce long podium blanc qui occupait la moitié de la scène, ses musiciens en costard et ses choristes et musiciennes en robe à paillettes. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE Nul doute, l'énergie de Rod Stewart était bien au rendez-vous ! PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE Les choristes et musiciennes ont souvent sauvé ce spectacle. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE On avait par moments l'impression que Vegas était venu à nous. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE Les musiciens avaient aussi de l'énergie et bien du talent à revendre. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE Nul doute, l'énergie de Rod Stewart était bien au rendez-vous ! 1 /4 Ces musiciennes qui jouaient du violon, du xylophone, de la harpe (!) ont d'ailleurs souvent sauvé ce spectacle de l'inertie qui menaçait de s'y installer. La voix de Rod s'est un peu replacée durant Tonight's the Night, la sixième chanson au programme, et c'était déjà le temps pendant Forever Young d'un premier changement de costume, une magnifique chemise à motif léopard (encore plus déboutonnée que la précédente) et un pantalon toujours à ce point serré qu'on se demande comment il arrive à s'en extirper. Plus un jeune loup Même si Rod n'est plus un jeune loup depuis longtemps, une nouvelle vie semblait commencer à s'emparer de lui durant Young Turks. L'occasion pour l'octogénaire de se trémousser de cette inimitable manière qui est la sienne, à la fois gauche et convulsive, fabuleuse et risible, comme par à-coups, comme un poulet qui ne sait pas sur quel pied danser, comme quelqu'un qui aurait une envie pressante d'aller aux toilettes. « Maintenant, je vais vous titiller », a annoncé Rod, et on ne s'attendait pas à moins d'un tel séducteur. Nous titiller ? Allez-y, monsieur, vous avez notre consentement. Retour en 1972, une des meilleures années de sa carrière, et à sa costaude version d'I'd Rather Go Blind d'Etta James, un blues éploré, très exigeant vocalement, que Sir Rod a trouvé le moyen de modeler aux limitations de son organe atténué par les années. Pourquoi pas un autre changement de costume ? Rod Stewart a quitté la scène, puis est revenu après une interprétation que personne n'avait demandée de Lady Marmalade par ses choristes. Si nous avions été dans un casino de la Strip, c'est à ce moment que nous serions allé glisser quelques sous dans une machine. Mais Rod est vite réapparu dans un splendide habit jaune sur chemise bleue. Après un intermède de quelques ballades, il faudrait se farcir un autre numéro mettant en vedette les choristes (Hot Stuff de Donna Summer), mais heureusement, Rod Stewart s'était gardé de grosses munitions pour la fin (avec, en sus, un ultime changement de fringues). D'abord Baby Jane (1982), puis Rhythm of My Heart, une chanson turbo pompeuse de 1991, dédiée jeudi soir au people ukrainien, au président Volodymyr Zelensky (dont la photo est apparue sur l'écran géant) et aux soldats ukrainiens, qui ne reçoivent aucune aide de « fuckin' Trump ». Rod Stewart a même esquissé une sorte de bras d'honneur et marmonné quelque chose au sujet de la menace du président américain de faire du Canada le 51e État. Sous les froufrous et les bijoux, il y a toujours eu cet attendrissant défenseur du peuple, qu'il est difficile de ne pas aimer. Après Da Ya Think I'm Sexy ?, son tube disco de 1978 que les traditionalistes n'ont pas encore digéré, il fallait bien se refaire une pureté avec Stay With Me des Faces, le meilleur groupe rock anglais à ne pas porter le nom The Rolling Stones. Ce groupe avec lequel Rod Stewart a pulvérisé tant de chambres d'hôtel, fait tant de galipettes avec tant de groupies, reniflé tant de poudre (pas si) magique. Avec toute cette débauche, Rod Stewart aurait pu mourir il y a longtemps. Mais il était encore là, devant nous, à se taper les foufounes, à se brasser le bonbon, à faire de son mieux pour chanter. La soirée se conclurait sur Having a Party de Sam Cooke, un des grands de la soul américaine à qui Rod a tôt eu envie de ressembler. Il faudrait bien le reconnaître : le monsieur sait encore faire lever un party.