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La Presse
02-08-2025
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L'effet de la valse des droits de douane
Pour bon nombre d'entreprises, c'est le statu quo même si les droits de douane sur les exportations canadiennes à destination des États-Unis ont été relevés, passant de 25 % à 35 %. Certains secteurs sont néanmoins plus touchés que d'autres. Des entrepreneurs et des consommateurs commencent à vivre une certaine lassitude face à cette valse tarifaire. Voici cinq questions pour faire le point. Ces droits plus élevés peuvent-ils vraiment ne rien changer ? Presque. Et voici pourquoi : le décret du président américain Donald Trump laisse en place l'exemption tarifaire pour tous les produits conformes à l'Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Cette mesure change la donne, puisqu'elle permet à la quasi-totalité des exportations de franchir la frontière sans droits de douane. La Banque Royale estime à 91 % la proportion des produits qui circulent librement. « Le taux […] pourrait même augmenter parce que plusieurs producteurs qui ne l'avaient pas fait vont aller chercher leur certification qui confirme que leur marchandise est bien d'origine canadienne », anticipe Rosemarie Bégin, directrice principale Économie et politique chez PwC. Rappelons qu'un produit conforme à l'ACEUM respecte un ensemble complexe de critères qui décrivent le niveau de production qui doit être réalisé en Amérique du Nord afin qu'il soit admissible à un traitement préférentiel. Le bouclier de l'accord de libre-échange n'est toutefois pas éternel étant donné qu'il peut faire l'objet d'une révision l'an prochain – ce que le président Trump a déjà indiqué qu'il souhaitait faire. On s'en est bien sortis, donc ? C'est l'impression que l'on pourrait avoir. Mais il y a d'autres éléments qui entrent en ligne de compte. La Maison-Blanche a aussi mis en place des droits de douane qui visent des secteurs spécifiques. Par exemple, ceux de l'aluminium et de l'acier sont visés par une taxe de 50 %, tandis qu'un droit de 25 % est appliqué par Washington sur le contenu non américain des véhicules exportés au sud de la frontière. Au Québec, de grands producteurs de métal gris, comme Rio Tinto et Alcoa, ont été en mesure de refiler une partie de la facture à leurs clients ou de rediriger des expéditions vers d'autres marchés, mais bon nombre de transformateurs (assemblage, moulage, découpage de composants, etc.) n'ont pas ce luxe. « Pour eux, ce n'est pas si simple d'exporter en dehors de l'Amérique du Nord, a fait remarquer Charlotte Larammée, présidente-directrice générale d'AluQuébec, la grappe industrielle de l'aluminium, dans une récente entrevue. Il y a donc des baisses de volume, ce qui met de la pression sur des liquidités. » L'énergie est aussi taxée à hauteur de 10 % par les États-Unis. Le Canada a-t-il répliqué ? Il est un des rares pays, avec la Chine, à l'avoir fait. En mars dernier, Ottawa avait imposé des droits de douane de 25 % sur quelque 1200 produits américains (produits d'épicerie, vêtements, électroménagers, etc.) dont la valeur s'élève à plus de 60 milliards. Une taxe de 25 % a aussi été imposée sur certains composants américains des véhicules importés du sud de la frontière. Vendredi, le gouvernement Carney n'avait pas indiqué s'il comptait appliquer de nouvelles contre-mesures aux droits américains. Moins médiatisé, ce volet donne beaucoup de maux de tête à des entreprises contraintes de s'approvisionner aux États-Unis. C'est le cas de Brault & Bouthillier, spécialisé dans la vente de jouets et de matériel pédagogique. « Ces contre-tarifs mettent en péril des importateurs qui voient leurs coûts augmenter et qui ne peuvent pas refiler l'entièreté de cette augmentation à leurs clients », se désole son président, Paul Le Brun, dans un entretien téléphonique. Comment les entrepreneurs vivent-ils avec la valse des droits de douane ? « C'est une situation qui gruge », admet Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). « Ça demande de l'énergie, poursuit-il. Il faut avoir la couenne dure pour être un entrepreneur et un chef de PME par les temps qui courent. » Jasmin Guénette compare la situation actuelle à des montagnes russes, un manège forcé dans lequel les entrepreneurs ne veulent pas être. Selon lui, l'optimisme de beaucoup d'entrepreneurs est mis à rude épreuve. « Évidemment, ce ne sont pas toutes les entreprises, tous les secteurs, toutes les régions qui sont touchés de la même façon. […] Pour certains, la situation actuelle est difficile et coûteuse, alors le stress et l'anxiété sont élevés, alors que le niveau d'optimisme, lui, est bas. » Faisons-nous face, collectivement, à une certaine lassitude tarifaire ? « Quand tu fais des affaires et que tu importes ou que tu exportes, ou si tu as des clients ou des fournisseurs qui importent, il faut que tu te tiennes au courant. Tu n'as pas le choix », dit Jasmin Guénette, de la FCEI. Ne serait-ce que pour informer les employés et les clients qui, eux aussi, se posent des questions. Jasmin Guénette est toutefois catégorique : l'ensemble des entrepreneurs que représente la Fédération aimerait passer à autre chose. « Nos membres commencent à être tannés, dit-il. Des changements, des annonces, des tarifs… » Alors, imaginons les consommateurs, en général. À force d'entendre parler de droits de douane à venir, ou non, de négociations, de reports. À force de lire des chiffres qui passent de 10 % à 25 % à 35 %, certains consommateurs pourraient se lasser, et cesser de s'intéresser au sujet. « Même pour les économistes, on s'y perd un peu ; les (non) ententes se succèdent, difficile de savoir ce qui est inclus, ce qui ne l'est pas… », estime le professeur Philippe D'Astous, directeur du Laboratoire en éducation financière de HEC Montréal. Selon lui, les effets de droits de 35 % comparativement à ceux de droits de 25 %, « ça fait beaucoup d'information à digérer pour le consommateur ». Et cela peut effectivement le rendre las. « Au bout du compte, poursuit le professeur, les consommateurs vont regarder surtout l'effet pour eux : comment les prix changent pour les biens qu'ils achètent. Par exemple, en épicerie, certaines enseignes signalent les produits affectés avec un petit 't' pour 'tarif'. Là, ça devient tangible… »


La Presse
22-07-2025
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D'une tour de prestige à une autre, PwC déménage
Les bureaux montréalais de PwC vont passer du 1250 boulevard René-Lévesque à Place Ville Marie. Il s'agit de l'une des plus importantes transactions du genre cette année. Que peut-on comprendre de cette nouvelle ? Deux immeubles AAA La branche de PricewaterhouseCoopers (PwC) située au Canada comprend plus de 6500 associés et employés. Son siège social est à Toronto, et elle compte plusieurs bureaux à travers le pays, dont trois au Québec : à Montréal, à Brossard et dans la capitale. INFOGRAPHIE LA PRESSE PwC déménage de 500 mètres à peine. PwC vient de signer un bail concernant une superficie de 95 500 pieds carrés (8872 mètres carrés) dans Place Ville Marie, à 500 mètres à peine de ses bureaux actuels. Les deux immeubles concernés par ce déménagement sont tous deux de catégorie AAA, c'est-à-dire qu'il s'agit d'espaces de bureau considérés comme prestigieux. « On parle de bâtiments qui sont dans les deux ou trois tours les plus prestigieuses au centre-ville de Montréal », mentionne Mathieu Turnier, vice-président associé chez Colliers, entreprise spécialisée en immobilier commercial, qui a elle-même ses bureaux à Place Ville Marie. Le 1250 boul. René-Lévesque, où se trouvent actuellement les bureaux de PwC, compte notamment parmi ses autres locataires Investissements PSP, Air Liquide Canada, ainsi que le Collège des médecins du Québec. L'immeuble de 47 étages est situé à proximité du s2quare Dorchester et du Centre Bell, entre les stations de métro Bonaventure et Lucien-L'Allier. PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE Le 1250 boulevard René-Lévesque compte parmi ses locataires Investissements PSP, Air Liquide Canada ainsi que le Collège des médecins du Québec. Selon Real Estate News Exchange, en 2022, plus de 98 % de l'espace de bureau était loué. L'édifice appartient depuis 2019 à la Sun Life, qui l'a acheté à la caisse de retraite des employés municipaux de l'Ontario et à PSP, qui gère les actifs des régimes de retraite des fonctionnaires fédéraux. Le 1 Place Ville Marie, où PwC ira s'installer, comprend également 47 étages et est situé à peine à un demi-kilomètre à l'est du 1250 boul. René-Lévesque. L'édifice est notamment reconnu pour la lumière rotative installée à son sommet, qu'on peut apercevoir dans la nuit. Parmi ses occupants, on retrouve la Banque Royale du Canada (RBC), IBM ou encore Alcoa Canada. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Place Ville Marie est notamment reconnue pour la lumière rotative installée à son sommet, qu'on peut apercevoir dans la nuit. Le taux d'occupation de ce bâtiment, qui appartient à la Caisse de dépôt et placement du Québec, est de 92 %. Pourquoi passer d'un lieu à l'autre ? Comme PwC a refusé les demandes d'entrevue de La Presse, il n'est pas possible de savoir précisément pourquoi l'entreprise a décidé de changer de tour. Sans commenter cette transaction spécifique, Mathieu Turnier, associé principal chez Colliers, mentionne qu'il observe chez ses clients souhaitant moderniser ou modifier leurs bureaux une tendance à déménager plutôt que de subir des travaux. Pour la plupart des entreprises, c'est vraiment compliqué de vivre dans des travaux, ça peut perturber les opérations d'une manière vraiment importante. On parle de grosses superficies. La plupart des entreprises vont préférer déménager. Mathieu Turnier, associé principal chez Colliers Les espaces de bureau de prestige (AAA) souffrent moins de la perte d'attrait des espaces de bureau que les autres immeubles. Selon le plus récent rapport du marché des bureaux du Grand Montréal d'Avison Young, au deuxième trimestre de 2025, le taux de disponibilité s'élevait à 11 % dans les immeubles de prestige du centre-ville, contre 19,5 % pour la moyenne des espaces de bureau sur ce territoire. « Il y a le phénomène du flight to quality [en français, fuite vers la qualité], ce qui veut dire que les entreprises se relocalisent dans des superficies plus petites, mais dans un immeuble de plus grande qualité », mentionne Mathieu Turnier. Bénéfique pour la Caisse de dépôt ? La Caisse de dépôt et placement du Québec n'a pas voulu accorder d'entrevue à La Presse en lien avec cette nouvelle. « Nous accueillerons prochainement l'équipe de PwC avec grand plaisir dans nos bureaux à Place Ville Marie », mentionne l'organisation dans un courriel. La Caisse a-t-elle perdu un locataire, libérant ainsi de l'espace pour PwC ? Doit-elle mettre en place une stratégie particulière pour trouver des locataires, dans le contexte où les entreprises sont nombreuses à avoir besoin de moins d'espace de bureau qu'avant la pandémie ? La Caisse n'a pas voulu répondre à nos questions à ce sujet. Dans son rapport annuel 2024, La Caisse soulignait que les tours à bureaux avaient tiré vers le bas son bilan, mais précisait que c'était surtout vrai dans son portefeuille d'immeubles américains. « L'année a été plus difficile en immobilier en raison de notre exposition historique au secteur des bureaux aux États-Unis, confrontés à des enjeux persistants », peut-on lire dans le message signé par le président et chef de la direction, Charles Emond. Dans le secteur des immeubles de bureaux, « on note à travers l'Amérique du Nord, surtout aux États-Unis, une baisse marquée de l'utilisation des espaces de bureaux par rapport à 2019 et des réductions significatives des superficies louées lors du renouvellement des baux », peut-on lire plus loin dans le rapport. Depuis 2020, La Caisse a transformé son portefeuille immobilier pour accroître le poids de secteurs comme la logistique et le résidentiel, identifiés comme plus porteurs. La proportion de bureaux est passée de 30 % à 21 % dans son portefeuille immobilier entre décembre 2019 et décembre 2024. La Caisse possède 75 immeubles au Québec, pour un total de 5,3 milliards. Parmi ceux-ci, on compte seulement 6 immeubles de bureaux, selon le rapport annuel 2024.