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La Presse
14 hours ago
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Des prêts publics pour le logement abordable
Depuis juin, la Société d'habitation du Québec (SHQ) agit comme prêteur financier pour bâtir des logements abordables. Ce changement réduira significativement les coûts de développement des projets, mais permettra aussi d'en construire plus à long terme, selon le gouvernement. Depuis plus de trois décennies, la seule façon de financer le logement à but non lucratif était par des subventions. Et les montants de ces aides ont connu une ascension impressionnante au cours des dernières années, notamment en raison des coûts de construction. « On ne peut plus du tout fonctionner comme avant, parce qu'on va frapper le mur », déplore la ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, en entrevue avec La Presse. « Puis on a tellement besoin de logements, on ne peut pas penser que les subventions vont augmenter indéfiniment », ajoute-t-elle. Ce constat a mené le gouvernement à repenser son approche, dans la dernière année. Dorénavant, les promoteurs pourront bénéficier d'une combinaison de prêts publics et de subventions pour les projets de logements abordables. « Des fois, ça va être un prêt patient, d'autres fois, ça va être un prêt à faible taux », indique la ministre. Concrètement, cette façon de faire permettrait de construire plus de logements avec le même investissement. Sur une décennie, il pourrait être possible de créer par exemple jusqu'à 20 % de logements abordables supplémentaires. La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) offrait déjà ce type de financement, notamment par le produit APH Sélect, mais le gouvernement du Québec ne s'était jamais avancé en ce sens. « Il va y avoir des annonces [de projets qui en bénéficient] prochainement », précise Mme Duranceau. La SHQ précise que de nombreux projets, actuellement, révisent leurs montages financiers afin de voir comment ils pourraient être bonifiés. « On est bien contents de varier les façons d'intervenir, ça donne une corde de plus à notre arc », estime Sébastien Olivier, directeur des communications à la SHQ. En parallèle, le gouvernement a ajouté la notion de logement abordable intermédiaire dans son Programme d'habitation abordable du Québec. Il s'agit d'un logement dont le loyer est inférieur à celui du marché, mais plus élevé que celui du logement social. En intégrant ce type de logements dans un projet, le coût de construction du projet fond encore plus, et ne réduit pas l'offre d'abordabilité, puisqu'elle peut répondre au besoin d'un autre type de ménage, soutient Mme Duranceau. Une nouvelle attendue Dans le milieu communautaire, la combinaison de prêts et de subventions était une voie à emprunter depuis longtemps pour contrer la crise. « On est très favorable à la diversification des outils de financement, disons que ça va vraiment dans la bonne direction », réagit d'emblée Sébastien Parent-Durand, directeur général de l'Alliance des corporations d'habitations abordables du territoire du Québec (ACHAT). L'initiative est aussi saluée par le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Mais le concept de logement abordable intermédiaire ne fait pas l'unanimité. Pour l'ACHAT, cette option offre de la flexibilité au modèle de financement, même si elle ne réglera pas la crise du logement dans l'immédiat. C'est sûr que ce n'est peut-être pas l'idéal parce que bon, ça ne permettra pas de loger quelqu'un qui a vraiment de très faibles revenus le jour 1. Mais par contre, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, tandis que le marché privé va augmenter, à côté de ça, ce loyer-là, on va progressivement pouvoir l'offrir à des gens qui sont de plus en plus vulnérables ou à des gens qui gagnent moins. Sébastien Parent-Durand, directeur général de l'ACHAT Véronique Laflamme, organisatrice communautaire et porte-parole du FRAPRU, craint que cela ne provoque une pression d'augmenter une partie des loyers, sur le terrain. À son avis, même si cela permettrait tout de même d'augmenter l'offre de logements, cela « nuit aux besoins d'abordabilité immédiate » et, ultimement, « contribuerait à augmenter encore le prix du loyer médian ». Actuellement, on compte plus de 10 000 logements abordables en construction au Québec, un nombre inédit selon le gouvernement du Québec.


La Presse
4 days ago
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Des centaines de ménages toujours sans logement permanent
À Montréal, 323 ménages étaient encore, au début d'août, accompagnés ou hébergés temporairement par l'Office municipal d'habitation (OMHM). Un mois après la frénésie des déménagements, 1727 ménages québécois sont encore accompagnés activement par un service d'aide au relogement – un peu moins qu'au 1er juillet, où l'on en comptait environ 2000. Cette catégorie inclut les ménages en hébergement temporaire (chez des proches ou à l'hôtel) ainsi que ceux qui sont suivis de près par les intervenants. Selon la Société d'habitation du Québec (SHQ), tous ne sont pas techniquement « sans logement ». Certains cherchent simplement un appartement mieux adapté ou plus abordable. Mais pour ceux qui se retrouvent sans bail, la situation est critique. Parmi eux, on retrouve aussi des sinistrés ayant perdu leur logement à la suite d'incendies ou d'inondations. Mais d'autres cas se retrouvent cependant sous le radar : certaines personnes vivent en camping ou en véhicule récréatif en attendant de faire des demandes d'aide à la rentrée scolaire. À Montréal, 323 ménages étaient encore, au début d'août, accompagnés ou hébergés temporairement par l'Office municipal d'habitation (OMHM). « Ce sont des ménages qui sont soit accompagnés, soit en hébergement temporaire avec nous, explique Isabelle Girard-Fortier, directrice du Service de référence de l'OMHM. Ça inclut les ménages sinistrés évacués en plus des ménages du premier juillet. » Pression persistante à Montréal Depuis le début de l'année, 10 480 ménages québécois ont demandé l'aide des services de relogement, soit une baisse d'environ 8 % par rapport aux 11 369 demandes enregistrées à pareille date en 2024. Le taux de résolution s'est amélioré avec 82 % des demandes réglées cette année, contre 76 % l'an dernier. La métropole a enregistré 1337 demandes depuis le début de l'année, soit 33 de plus qu'en 2024. Cette hausse reste modeste, mais elle illustre que la pression demeure forte. Cette année, on a remarqué que nos services sont mieux connus. Les gens qui sont orientés chez nous cadrent davantage avec dans notre offre de service et se trouvent souvent dans une situation qui se qualifie pour notre accompagnement. Isabelle Girard-Fortier, directrice du Service de référence de l'OMHM Elle note aussi que les demandes sont désormais plus étalées dans le temps. « Il y a quelques années, on voyait un gros pic en juin, juillet et début août. Maintenant, les gens nous contactent toute l'année. Nous avons eu des accompagnements dès janvier et février. » Selon elle, la meilleure chose à faire est de demander de l'aide le plus tôt possible pour permettre aux équipes d'analyser rapidement les dossiers et trouver des solutions. Tout citoyen qui a besoin d'aide pour se reloger peut faire appel à l'un des 40 services d'aide à la recherche de logement partout au Québec. Les lignes téléphoniques 311 pour Montréal et 211 pour le Grand Montréal sont aussi disponibles. Le FRAPRU réclame un plan structurant Pour Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la baisse des demandes provinciales ne doit pas être interprétée comme un signe d'amélioration durable. Elle explique qu'au fil des dernières années, le nombre de ménages en recherche de logement au 1er août est presque aussi élevé qu'au 1er juillet. « Beaucoup de gens sont chez des proches, des aînés qui sont chez leurs enfants, certains qui peuvent être en camping… Donc des gens qui sont dans des plans B », explique la porte-parole de la FRAPRU. « La plupart sont dans des situations d'hébergement temporaire. On peut dire qu'ils sont sans logis, sans logement permanent. » Elle ajoute que le problème peut être encore plus grand. En fait, plusieurs ne font jamais de demandes d'aide et ne sont donc pas comptabilisés dans les chiffres. Ces situations ne doivent pas être banalisées, estime Mme Laflamme. « Il ne faut pas s'habituer à voir des centaines de ménages sans logement permanent, que ce soit en juillet, en août ou en septembre. » L'OMHM prévoit devoir accompagner plusieurs ménages bien au-delà de l'été. Les évictions pour rénovations majeures, les reprises de logement et les hausses de loyer pourraient faire grimper les demandes d'aide en septembre et octobre. « On fait toujours une analyse en détail de la situation de chaque ménage qu'on accompagne, mais le plus tôt on peut le faire, le plus facile, c'est pour nous de trouver des solutions avec eux », explique Mme Girard-Fortier. « On espère que la crise du logement va être une réelle priorité de la rentrée parlementaire un an avant les prochaines élections provinciales », souhaite Mme Laflamme.