
Des prêts publics pour le logement abordable
Depuis plus de trois décennies, la seule façon de financer le logement à but non lucratif était par des subventions. Et les montants de ces aides ont connu une ascension impressionnante au cours des dernières années, notamment en raison des coûts de construction.
« On ne peut plus du tout fonctionner comme avant, parce qu'on va frapper le mur », déplore la ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, en entrevue avec La Presse. « Puis on a tellement besoin de logements, on ne peut pas penser que les subventions vont augmenter indéfiniment », ajoute-t-elle.
Ce constat a mené le gouvernement à repenser son approche, dans la dernière année. Dorénavant, les promoteurs pourront bénéficier d'une combinaison de prêts publics et de subventions pour les projets de logements abordables.
« Des fois, ça va être un prêt patient, d'autres fois, ça va être un prêt à faible taux », indique la ministre.
Concrètement, cette façon de faire permettrait de construire plus de logements avec le même investissement. Sur une décennie, il pourrait être possible de créer par exemple jusqu'à 20 % de logements abordables supplémentaires.
La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) offrait déjà ce type de financement, notamment par le produit APH Sélect, mais le gouvernement du Québec ne s'était jamais avancé en ce sens.
« Il va y avoir des annonces [de projets qui en bénéficient] prochainement », précise Mme Duranceau.
La SHQ précise que de nombreux projets, actuellement, révisent leurs montages financiers afin de voir comment ils pourraient être bonifiés. « On est bien contents de varier les façons d'intervenir, ça donne une corde de plus à notre arc », estime Sébastien Olivier, directeur des communications à la SHQ.
En parallèle, le gouvernement a ajouté la notion de logement abordable intermédiaire dans son Programme d'habitation abordable du Québec. Il s'agit d'un logement dont le loyer est inférieur à celui du marché, mais plus élevé que celui du logement social.
En intégrant ce type de logements dans un projet, le coût de construction du projet fond encore plus, et ne réduit pas l'offre d'abordabilité, puisqu'elle peut répondre au besoin d'un autre type de ménage, soutient Mme Duranceau.
Une nouvelle attendue
Dans le milieu communautaire, la combinaison de prêts et de subventions était une voie à emprunter depuis longtemps pour contrer la crise.
« On est très favorable à la diversification des outils de financement, disons que ça va vraiment dans la bonne direction », réagit d'emblée Sébastien Parent-Durand, directeur général de l'Alliance des corporations d'habitations abordables du territoire du Québec (ACHAT). L'initiative est aussi saluée par le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
Mais le concept de logement abordable intermédiaire ne fait pas l'unanimité. Pour l'ACHAT, cette option offre de la flexibilité au modèle de financement, même si elle ne réglera pas la crise du logement dans l'immédiat.
C'est sûr que ce n'est peut-être pas l'idéal parce que bon, ça ne permettra pas de loger quelqu'un qui a vraiment de très faibles revenus le jour 1. Mais par contre, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, tandis que le marché privé va augmenter, à côté de ça, ce loyer-là, on va progressivement pouvoir l'offrir à des gens qui sont de plus en plus vulnérables ou à des gens qui gagnent moins.
Sébastien Parent-Durand, directeur général de l'ACHAT
Véronique Laflamme, organisatrice communautaire et porte-parole du FRAPRU, craint que cela ne provoque une pression d'augmenter une partie des loyers, sur le terrain. À son avis, même si cela permettrait tout de même d'augmenter l'offre de logements, cela « nuit aux besoins d'abordabilité immédiate » et, ultimement, « contribuerait à augmenter encore le prix du loyer médian ».
Actuellement, on compte plus de 10 000 logements abordables en construction au Québec, un nombre inédit selon le gouvernement du Québec.
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