logo
#

Dernières actualités avec #Srebrenica

La Bosnie commémore le génocide de Srebrenica
La Bosnie commémore le génocide de Srebrenica

La Presse

time11-07-2025

  • Politics
  • La Presse

La Bosnie commémore le génocide de Srebrenica

Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Srebrenica) Des milliers de personnes endeuillées ont commémoré vendredi à Srebrenica le génocide commis il y a 30 ans par les forces serbes de Bosnie, l'un des pires massacres perpétrés sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Rusmir SMAJILHODZIC Agence France-Presse Les restes de sept victimes ont été inhumés pendant les commémorations de cet épisode le plus sanglant du conflit intercommunautaire bosnien des années 1990. Ils comprenaient ceux de Sejdalija Alic, qui faisait partie des plus de 8000 musulmans tués par les combattants serbes de Bosnie qui venaient de s'emparer de cette ville de l'est du pays, le 11 juillet 1995. « Pas de mots pour le décrire » Sa petite-fille, Anela Anic, dont le père a aussi péri dans ce massacre et a été enterré plus tôt, assiste aux funérailles : « Je n'ai jamais vu mon père […] et, aujourd'hui, mon grand-père est enterré, juste quelques ossements, à côté de son fils », dit-elle. « C'est une profonde tristesse […]. Je n'ai pas de mots pour le décrire », ajoute cette femme de 32 ans en pleurs. Elle est née au début de l'année 1994 après l'évacuation de sa mère enceinte hors de Srebrenica par un convoi de la Croix-Rouge. PHOTO ARMIN DURGUT, ASSOCIATED PRESS Une fleur a été déposée sur le monument portant les noms des personnes tuées lors du génocide de Srebrenica, au Centre mémorial Srebrenica-Potocari, le 11 juillet 2025. Les corps des personnes tuées dans cette ville, à l'époque une enclave protégée par les Nations unies, avaient été jetés dans des fosses communes. À ce jour, 7000 d'entre elles ont été identifiées et enterrées tandis que quelque 1000 autres sont toujours recherchées. Essayant de dissimuler la gravité des crimes, les forces serbes bosniennes avaient organisé des opérations de déplacements de cadavres, souvent déchiquetés par les machines lourdes et transportés vers plusieurs fosses communes dites « secondaires », selon les experts. « Une pierre tombale à caresser » « Depuis 30 ans, nous portons la douleur dans nos âmes. Nos enfants ont été tués innocents dans la zone protégée de l'ONU. L'Europe et le monde ont observé, muets, la tuerie de nos enfants », explique Munira Subasic, la présidente de l'association des mères de Srebrenica, dont le mari Hilmo et le fils Nermin, 17 ans, ont alors péri. PHOTO AMEL EMRIC, REUTERS Des hommes portent un cercueil lors des funérailles de sept victimes du génocide. Un homme et une femme respectivement âgés de 19 ans et de 67 ans au moment du massacre font aussi partie des sept victimes enterrées sous des pierres tombales blanches après une prière commune au cours des commémorations au Centre mémorial Srebrenica-Potocari. Leurs familles ont patienté pendant plusieurs années avant de les inhumer, espérant que d'autres restes seraient retrouvés. Mais Mevlida Omerovic a décidé de ne plus attendre et a donné son accord pour l'enterrement des restes de son mari, Hasib, tué à 33 ans sur l'un des cinq lieux d'exécutions de masse au moment de ce massacre, le seul épisode du conflit bosnien (1992-1995) qualifié de génocide par la justice internationale. « Trente années sont passées et je n'ai plus rien à attendre », raconte Mme Omerovic, 55 ans, qui souhaite pouvoir se recueillir sur la tombe de son mari, même si, dans le cercueil, il n'y aura que sa mâchoire. En se rendant sur leurs sépultures, les proches des victimes essaient de trouver du réconfort. PHOTO ANDREJ ISAKOVIC, AGENCE FRANCE-PRESSE Des femmes prient parmi les pierres tombales du cimetière commémoratif du village de Potocari. « Je n'ai que cette pierre tombale à caresser, pour prier », déplore Sefika Mustafic, debout à côté des tombes de ses fils Enis et Salim, tous les deux adolescents quand ils ont perdu la vie. « J'aimerais rêver d'eux mais je n'y arrive pas, » ajoute-t-elle. Le déni serbe L'ancien combattant canadien Daniel Chénard, déployé là-bas avec les forces de maintien de la paix de l'ONU d'octobre 1993 à mars 1994, a assisté aux commémorations. Depuis des décennies, il est hanté par un sentiment de culpabilité. « Je me suis pardonné […]. J'ai trouvé la paix. J'ai toujours voulu leur dire [aux familles] je suis désolé […], je suis désolé de vous avoir abandonnés », dit-il. Avec les troupes de l'ONU, « on a fait ce qu'on pouvait […] mais en vrai la tragédie est arrivée », confie cet homme de 58 ans, en pleurs. Les anciens chefs politiques et militaires des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à la perpétuité par la justice internationale pour crimes de guerre et génocide. Mais la gravité de ce crime continue à être relativisée par de nombreux dirigeants politiques serbes, en Bosnie et en Serbie. L'ONU a créé en 2024 une Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, le 11 juillet, malgré les protestations de Belgrade et des Serbes de Bosnie. Le président de la Serbie Aleksandar Vucic a présenté vendredi ses condoléances aux familles des personnes tuées à Srebrenica au nom des citoyens de son pays, qualifiant le massacre de « crime terrible ». « Nous ne pouvons pas modifier le passé mais nous devons changer l'avenir », a-t-il publié sur X.

Des milliers de personnes attendues à Srebrenica pour commémorer le génocide
Des milliers de personnes attendues à Srebrenica pour commémorer le génocide

La Presse

time11-07-2025

  • Politics
  • La Presse

Des milliers de personnes attendues à Srebrenica pour commémorer le génocide

Des personnes sont assises parmi les pierres tombales du cimetière commémoratif du village de Potocari, près de la ville de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, le 11 juillet 2025. Des milliers de personnes attendues à Srebrenica pour commémorer le génocide (Srebrenica) Des milliers de personnes sont attendues vendredi à Srebrenica pour commémorer le génocide commis il y a trente ans par les forces serbes de Bosnie, l'un des pires massacres commis sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Rusmir SMAJILHODZIC Agence France-Presse La veille des commémorations, des milliers de « marcheurs de la paix de Srebrenica », qui ont parcouru plus de 100 kilomètres à la mémoire des victimes et des survivants du massacre, sont arrivés au centre commémoratif de Srebrenica-Potocari. Srebrenica est l'épisode le plus sanglant du conflit intercommunautaire bosnien (1992-1995), qui a embrasé cette ancienne république yougoslave après la proclamation de son indépendance, souhaitée par les Bosniaques (musulmans) et les Croates (catholiques), mais refusée par les Serbes (orthodoxes). Assiégée pendant plus de trois ans, l'enclave de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, proche de la frontière avec la Serbie, pourtant proclamée « zone protégée » des Nations unies, a été attaquée en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie du général Ratko Mladic. En l'espace de quelques jours, environ 8000 hommes et adolescents bosniaques y ont été exécutés, leurs corps jetés dans des dizaines de fosses communes. À ce jour, les restes de plus de 80 % de victimes ont été retrouvés et enterrés. Essayant de dissimuler la gravité des crimes, les autorités serbes bosniennes avaient organisé des opérations de déplacements de cadavres, souvent déchiquetés par les machines lourdes et transportés vers plusieurs fosses communes dites « secondaires », selon les experts. « Nous recherchons toujours un peu moins de 1000 victimes », précise la porte-parole de l'Institut bosnien pour les personnes disparues, Emza Fazlic. Douleur PHOTO ANDREJ ISAKOVIC, AGENCE FRANCE-PRESSE Des femmes prient parmi les pierres tombales du cimetière commémoratif du village de Potocari. « Depuis trente ans, nous portons la douleur dans nos âmes. Nos enfants ont été tués innocents dans la zone protégée de l'ONU. L'Europe et le monde ont observé, muets, la tuerie de nos enfants », explique Munira Subasic, présidente de la principale association des mères de Srebrenica, dont le mari Hilmo et le fils Nermin, 17 ans, ont été tués. Vendredi, des survivants et des familles vont inhumer lors des commémorations au Centre mémorial Srebrenica-Potocari sept victimes, dont deux jeunes hommes qui avaient 19 ans au moment du massacre, et une femme qui était âgée de 67 ans. Leurs familles ont attendu pendant plusieurs années pour les inhumer, espérant que d'autres restes seraient retrouvés. « Malheureusement, pour la plupart de ces victimes il s'agit de restes incomplets, dans certains cas il n'y a qu'un ou deux os », explique Mme Fazlic, précisant qu'une centaine de femmes, dont 80 sont toujours recherchées, ont aussi été tuées dans le massacre. Mevlida Omerovic a décidé de ne plus attendre et a donné son accord pour l'enterrement des restes de son mari, Hasib, tué à 33 ans, probablement à Petkovci, à une soixantaine de kilomètres au nord de Srebrenica. Il s'agit de l'un des cinq lieux d'exécutions de masse lors de ce massacre, seul épisode du conflit bosnien qualifié de génocide par la justice internationale. Environ mille personnes y ont été transportées, enfermées dans une école, puis exécutées. « Son frère a été retrouvé et enterré il y a dix ans. Trente années sont passées et je n'ai plus rien à attendre », explique Mme Omerovic, 55 ans, qui souhaite pouvoir se recueillir avec ses enfants sur la tombe de son mari. Même si dans le cercueil, il n'y aura que la mâchoire de Hasib. En se rendant sur les tombes de ses deux fils Sajib et Sinan, tués dans le massacre alors qu'ils avaient une vingtaine d'années, Nezira Mehmedovic se sent plus proche d'eux. « C'est ici que j'aime le plus venir voir mes fils. Je leur parle, je pleure, je prie, je les embrasse… depuis 30 ans », dit-elle à l'AFP, assise à côté des tombes de ses fils. « Mon cœur souffre constamment pour eux », pleure cette femme de 75 ans. « On dit que la vie continue… Mais comment ? » Les anciens chefs politiques et militaires des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à perpétuité par la justice internationale pour crimes de guerre et génocide. Mais la gravité de ce crime continue à être relativisée par de nombreux dirigeants politiques serbes, en Bosnie et en Serbie. « Les Serbes n'ont pas commis de génocide à Srebrenica et il n'a pas eu lieu », a encore déclaré début juillet le président de l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik. L'Assemblée générale de l'ONU a créé en 2024 une Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, le 11 juillet, malgré la colère de la Serbie. Pour les familles et les survivants, cette date ne s'effacera jamais. « Pour moi, chaque jour est le 11 juillet, chaque nuit, chaque matin, quand je me lève et réalise qu'ils ne sont pas là », soupire Ramiza Gurdic, dont le mari Junuz et les fils Mehrudin et Mustafa ont été tués dans le massacre.

Massacre de Srebrenica : 30 ans après, la mémoire d'un génocide que les Serbes ont toujours du mal à reconnaître
Massacre de Srebrenica : 30 ans après, la mémoire d'un génocide que les Serbes ont toujours du mal à reconnaître

Le Figaro

time11-07-2025

  • Politics
  • Le Figaro

Massacre de Srebrenica : 30 ans après, la mémoire d'un génocide que les Serbes ont toujours du mal à reconnaître

Ce vendredi 11 juillet, la communauté musulmane de Bosnie commémore au mémorial de Potocari la pire tuerie perpétrée en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce vendredi 11 juillet, comme chaque année, les nouvelles victimes identifiées du massacre de Srebrenica seront inhumées lors d'une cérémonie organisée au mémorial de Potocari, près de la petite ville de l'est de la Bosnie-Herzégovine, frontalière de la Serbie, où plus de 8000 hommes et adolescents musulmans avaient été tués par les forces serbes de Bosnie du 11 au 16 juillet 1995. À ce jour, 6 751 victimes y ont été inhumées, tandis que 250 autres ont été enterrées dans des cimetières locaux à la demande de leurs familles. Plus d'un millier de victimes n'ont pas encore été retrouvées. Cette année, 14 nouvelles victimes identifiées seront enterrées lors de la cérémonie du 11 juillet. Publicité Reconnaissance officielle comme un acte génocidaire Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), actif de 1993 à 2017, et la Cour internationale de justice, ont tous les deux reconnu le massacre des musulmans bosniaques de Srebrenica par l'armée de la République serbe de Bosnie comme un acte de génocide, respectivement en 2004 et 2007. Le massacre de Srebrenica est ainsi l'un des trois seuls génocides reconnus officiellement par l'ONU avec le génocide des Tutsis au Rwanda de 1994 et la Shoah (l'extermination des Juifs d'Europe entre 1941 et 1945), reconnue par le Tribunal militaire international de Nuremberg. Le 8 juin 2021, un tribunal international a confirmé la condamnation à perpétuité de Ratko Mladic, surnommé le «Boucher des Balkans», le général à la tête des troupes qui avaient pris Srebrenica en 1995, pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Par ailleurs, le 23 mai 2024, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution portée par l'Allemagne et le Rwanda désignant le 11 juillet comme la «Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995». Cette résolution invitait aussi instamment les États membres à opérer un devoir de mémoire et à préserver la vérité des faits historiques établis sur cet évènement tragique à travers leurs systèmes éducatifs. Une mémoire conflictuelle, notamment du côté serbe Néanmoins, la mémoire du massacre de Srebrenica est loin de faire consensus aujourd'hui, particulièrement chez le voisin serbe. Cela concerne également le territoire même de la Bosnie-Herzégovine, dans la République serbe de Bosnie (une des deux entités régionales autonomes du pays) qui connaît une dérive sécessionniste sous la présidence de Milorad Dodik. Ce dernier considère ainsi que les événements de Srebrenica sont un crime de guerre et non un génocide, tandis que dans les rues de Banja Luka, la capitale de la Republika Srpska, les criminels Ratko Mladic et Radovan Karadzic condamnés à la prison à perpétuité par le TPIY sont toujours célébrés comme des héros. Radovan Karadzic est notamment accusé d'avoir ordonné le nettoyage ethnique des Bosniaques et des Croates lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Un premier pas a été fait en juillet 2015, quand Aleksandar Vucic alors premier ministre serbe s'était rendu au mémorial des victimes du massacre où il avait déposé une fleur devant les noms des plus de 6200 victimes identifiées et enterrées. Il avait condamné un «crime monstrueux», sans pour autant employer le mot de «génocide». Publicité Mais en mai 2024, à l'ONU, les dirigeants serbes avaient mené une campagne massive de lobbying pour obtenir le rejet de la résolution instituant une commémoration officielle du massacre de Srebrenica, y compris dans sa version finale excluant toute mention explicite de la responsabilité de la Serbie. Le président serbe Aleksandar Vucic s'était spécialement déplacé à New York pour l'occasion, et le président de la République serbe de Bosnie Milorad Dodik avait choisi, en guise de provocation ultime, de délocaliser son conseil des ministres dans la commune même de Srebrenica le jour du vote. Preuve de la réussite du travail d'influence serbe et du caractère clivant de la mémoire de Srebrenica au-delà des Balkans, la résolution n'avait obtenu que 84 votes favorables, contre 19 votes défavorables et 68 abstentions, parmi lesquelles de nombreux pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. L'Europe elle-même avait exposé ses divisions sur le sujet, puisque la Grèce, Chypre et la Slovaquie faisaient partie des délégations abstentionnistes alors que la Hongrie de Viktor Orbán s'était opposée à l'adoption de la résolution, aux côtés de la Chine et de la Russie.

Bosnie: Le pays commémore le génocide de Srebrenica
Bosnie: Le pays commémore le génocide de Srebrenica

24 Heures

time11-07-2025

  • Politics
  • 24 Heures

Bosnie: Le pays commémore le génocide de Srebrenica

Des commémorations auront lieu ce vendredi Srebrenica pour les trente ans du génocide commis par les forces serbes de Bosnie. Publié aujourd'hui à 05h56 Mis à jour il y a 2 minutes Un visiteur passe devant le mur commémoratif au cimetière de Potocari, près de Srebrenica, le 10 juillet 2025. AFP Des milliers de personnes sont attendues vendredi à Srebrenica pour commémorer le génocide commis il y a trente ans par les forces serbes de Bosnie, l'un des pires massacres commis sur le sol européen depuis la Deuxième Guerre mondiale. Srebrenica est l'épisode le plus sanglant du conflit intercommunautaire bosnien (1992-1995), qui a embrasé cette ancienne république yougoslave après la proclamation de son indépendance, souhaitée par les Bosniaques (musulmans) et les Croates (catholiques), mais refusée par les Serbes (orthodoxes). Assiégée pendant plus de trois ans, l'enclave de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, proche de la frontière avec la Serbie, pourtant proclamée «zone protégée» des Nations unies, a été attaquée en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie du général Ratko Mladic. Environ 8000 hommes et adolescents bosniaques exécutés En l'espace de quelques jours, environ 8000 hommes et adolescents bosniaques y ont été exécutés, leurs corps jetés dans des dizaines de fosses communes. À ce jour, les restes de plus de 80% de victimes ont été retrouvés et enterrés. Essayant de dissimuler la gravité des crimes, les autorités serbes bosniennes avaient organisé des opérations de déplacements de cadavres, souvent «déchiquetés» par les machines lourdes et transportés vers plusieurs fausses communes «secondaires», selon les experts. «Nous recherchons toujours un peu moins de 1.000 victimes», précise la porte-parole de l'Institut bosnien pour les personnes disparues, Emza Fazlic. «Nous portons la douleur dans nos âmes» «Depuis trente ans nous portons la douleur dans nos âmes. Nos enfants ont été tués innocents dans la zone protégée de l'ONU. L'Europe et le monde ont observé muets la tuerie de nos enfants», explique Munira Subasic, présidente de la principale association des mères de Srebrenica, dont le mari Hilmo et le fils Nermin, 17 ans, ont été tués. Vendredi, des survivants et des familles vont inhumer lors des commémorations au Centre mémorial Srebrenica-Potocari sept victimes, dont deux jeunes hommes qui avaient 19 ans au moment du massacre, et une femme qui était âgée 67 ans. Leurs familles ont attendu pendant plusieurs années pour les inhumer, espérant que d'autres restes seraient retrouvés. Une centaine de femmes tuées dans le massacre «Malheureusement, pour la plupart de ces victimes il s'agit de restes incomplets, dans certains cas il n'y a qu'un ou deux os», explique Emza Fazlic, précisant qu'une centaine de femmes, dont 80 sont toujours recherchées, ont aussi été tuées dans le massacre. Mevlida Omerovic a décidé de ne plus attendre et a donné son accord pour l'enterrement des restes de son mari, Hasib, tué à 33 ans, probablement à Petkovci, à une soixantaine de kilomètres au nord de Srebrenica. Il s'agit de l'un des cinq lieux d'exécutions de masse lors de ce massacre, seul épisode du conflit bosnien qualifié de génocide par la justice internationale. Environ mille personnes y ont été transportées, enfermées dans une école, puis exécutées. «Je n'ai plus rien à attendre» «Son frère a été retrouvé et enterré il y a dix ans. Trente années sont passées et je n'ai plus rien à attendre», explique Mevlida Omerovic, 55 ans, qui souhaite pouvoir se recueillir avec ses enfants sur la tombe de son mari. Même si dans le cercueil, il n'y aura que la mâchoire de Hasib. Les anciens chefs politiques et militaires des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à perpétuité par la justice internationale pour crimes de guerre et génocide. Mais la gravité de ce crime continue à être relativisée par de nombreux dirigeants politiques serbes, en Bosnie et en Serbie. «Les Serbes n'ont pas commis de génocide à Srebrenica, et il n'a pas eu lieu», a encore déclaré début juillet le président de l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik. L'Assemblée générale de l'ONU a créé en 2024 une Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, le 11 juillet, malgré la colère de la Serbie. Pour les familles et les survivants, cette date ne s'effacera jamais. «Pour moi, chaque jour est le 11 juillet, chaque nuit, chaque matin, quand je me lève et réalise qu'ils ne sont pas là», soupire Ramiza Gurdic, dont le mari Junuz et les fils Mehrudin et Mustafa ont été tués dans le massacre. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Srebenica: trente ans après le massacre, l'impossible mémoire commune
Srebenica: trente ans après le massacre, l'impossible mémoire commune

24 Heures

time10-07-2025

  • Politics
  • 24 Heures

Srebenica: trente ans après le massacre, l'impossible mémoire commune

Massacre en Bosnie en 1995 – Trente ans après le génocide de Srebrenica, l'impossible mémoire commune La contestation du génocide de Srebrenica par les nationalistes serbes empêche toujours la réconciliation de la société bosnienne. Louis Seiller - Envoyé spécial à Srebenica Le génocide de Srebenica est le plus important massacre commis sur le sol européen depuis 1945. Louis Seiller Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Trente ans après le massacre, la ville de Srebrenica peine à reconstruire une coexistence paisible entre communautés. Les Serbes continuent de nier le génocide malgré les preuves internationales. L'identification des victimes dans les fosses communes se poursuit encore aujourd'hui. Les discours nationalistes des dirigeants serbes freinent la réconciliation en Bosnie. «Je me bats pour ce pays! Je me bats pour tous ses habitants: les Serbes, les Bosniaques, les Croates… Je me bats pour une Bosnie multiethnique, multiculturelle!» À l'étroit, dans son petit bureau situé au rez-de-chaussée de la mairie de Srebrenica, Muhizin Omerovic s'efforce de rester optimiste. Carrure imposante et sourire enfantin, ce survivant du génocide, que tout le monde surnomme «Djilé», veut croire au vivre-ensemble entre Bosniaques musulmans et Serbes orthodoxes, trois décennies après la fin d'une guerre qui a fait plus de 100'000 morts et 2 millions de réfugiés. Le 11 juillet 1995, «l'enclave» de Srebrenica, pourtant déclarée «zone de sécurité de l'ONU» deux ans auparavant et protégée par un bataillon de casques bleus néerlandais, tombe aux mains des Serbes de Bosnie. Les femmes et les enfants sont expulsés, et 8372 hommes et adolescents sont massacrés en quelques jours par l'armée du général Ratko Mladic. Pendant deux mois, Djilé se cache dans les denses forêts de la région avant d'atteindre la zone contrôlée par l'armée de la République de Bosnie-Herzégovine. Des lieux encore marqués par le génocide Trois décennies après, des maisons en ruine sont toujours visibles entre les vergers et les fermes familiales, mais Serbes et Bosniaques vivent à nouveau côte à côte sur les collines autour de Srebrenica. «Les gens sont bien conscients que nous ne pouvons pas vivre autrement qu'ensemble», veut croire Djilé, 50 ans, dans un français parfait, lui qui a été réfugié en Suisse après le conflit. «Nous n'avons pas d'autres options parce qu'il n'existe pas de pays «ethniquement pur». C'est le mélange qui fait la richesse d'une nation.» Comme la plupart des Bosniaques chassés par les nettoyages ethniques de 1992, Djilé est revenu vivre sur ses terres dans les années 2000 avec sa famille. Les débuts n'ont pas été faciles dans une République serbe de Bosnie (RS) alors largement hostile au retour des réfugiés. La RS est l'une des deux entités politiques créées par les Accords de Dayton qui ont mis fin aux hostilités en 1995. Son drapeau aux couleurs serbes s'affiche partout le long des routes qui surplombent la Drina. Il flotte notamment à quelques centaines de mètres du mémorial de Potocari et ses milliers de stèles blanches musulmanes. À l'entrée du cimetière, Fadila Efendic, 74 ans, tient un petit kiosque de souvenirs. «J'y ai d'abord enterré mon mari, on a retrouvé ses restes dans une première fosse commune, mais pas son crâne. On a retrouvé sa tête que deux ans plus tard quand une deuxième fosse a été ouverte. De mon fils, je n'ai retrouvé que deux os des jambes.» Présidente de l'association des Mères de Srebrenica, Fadila Efendic se bat depuis des années pour exhumer la vérité des charniers qui se sont multipliés dans la région à l'été 95. Un génocide pas reconnu par la Serbie Dans les semaines qui suivent le massacre, les forces serbes tentent de maquiller leurs crimes et ensevelissent les dépouilles dans différentes fosses communes le long de la Drina. Encore aujourd'hui, des centaines de personnes sont toujours portées disparues, et les restes des victimes identifiées durant l'année écoulée sont enterrés chaque 11 juillet, au cimetière de Potocari. «Il n'a pas été facile de mener notre combat pour la vérité parce que les auteurs du génocide le nient, et ils font une intense propagande contre nous, raconte Fadila Efendic, les mains jointes et un foulard clair sur les cheveux. Ils auraient voulu que la vérité ne soit jamais révélée… Mais tant que je vivrai, tant que je pourrai marcher, je dirai toujours la vérité. Je n'ai peur de personne.» Plus important massacre perpétré sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale, la tuerie de Srebrenica a été qualifiée de génocide par la Cour internationale de justice en 2006. Mais en Serbie voisine comme dans l'entité serbe de Bosnie, les dirigeants rejettent les conclusions de la justice internationale, qui a également condamné à perpétuité les responsables de guerre bosno-serbes. Certains collègues serbes de Djilé partagent cette relecture de l'histoire. «Les ambassades et les médias occidentaux disent que le général Ratko Mladic est un criminel de guerre, mais c'est un héros! s'emporte ainsi Branimir Kojic, également employé à la mairie de Srebrenica. Les musulmans avaient un plan pour nettoyer ethniquement toute la région. Si Ratko Mladic n'avait pas été là, il n'y aurait pas de Serbes ici.» Surnommé à l'époque «le boucher des Balkans» par la presse, Mladic est détenu à La Haye depuis 2011. Bataille de la mémoire Au pouvoir depuis presque vingt ans, le dirigeant de la RS, Milorad Dodik, nie ouvertement le génocide et il menace régulièrement de faire imploser le fragile État fédéral bosnien. Ses discours négationnistes sont largement partagés au sein de la population serbe, qui cultive une autre mémoire que celle des Bosniaques. «Srebrenica n'est pas un génocide, la science a prouvé que ce n'était pas un génocide, affirme ainsi Branimir Kojic, qui préside une association de victimes civiles serbes. Quelque 3267 Serbes ont été tués par les musulmans dans la région. Tant que les musulmans n'auront pas reconnu que mon père a été assassiné lui aussi, et tant que nous ne regarderons pas toutes les victimes de la même manière, il n'y aura pas d'avenir en Bosnie-Herzégovine.» Cette bataille des mémoires éloigne chaque jour un peu plus les peuples de Bosnie-Herzégovine. Absent des manuels scolaires de la RS, le génocide de Srebrenica est nié ou minimisé presque tous les jours dans les médias locaux. Beaucoup de Bosniaques accusent l'actuel président serbe, Aleksandar Vucic, d'attiser le nationalisme serbe dans toute l'ex-Yougoslavie en appuyant sur les plaies mal cicatrisées des conflits. «Nous n'avons pas de problème avec nos voisins serbes, mais avec la politique, se désole Djilé. La politique de Vucic est la même que celle de Milosevic en 1992: l'idée de la grande Serbie. La clé de tous nos problèmes, c'est Belgrade.» Trente ans après le génocide de Srebrenica, les divisions politiques empêchent toute réconciliation des peuples de Bosnie-Herzégovine autour d'une mémoire commune. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store