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Interview de Martial Courtet: «Enseigner le français qu'à l'école secondaire me semble inconcevable»
Interview de Martial Courtet: «Enseigner le français qu'à l'école secondaire me semble inconcevable»

24 Heures

time2 hours ago

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Interview de Martial Courtet: «Enseigner le français qu'à l'école secondaire me semble inconcevable»

Le ministre jurassien de la formation défend l'apprentissage précoce des langues nationales face aux débats qui agitent la Suisse alémanique. Publié aujourd'hui à 09h46 Martial Courtet lors de notre interview dans son bureau à Delémont. Pino Covino Des débats animés sur l'enseignement du français à l'école primaire agitent actuellement la Suisse alémanique. À 48 ans, Martial Courtet, ancien professeur du secondaire, siège au gouvernement jurassien depuis une décennie. Il est à la tête du Département jurassien de la formation, de la culture et des sports (DFCS) . Il préside également la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). À Zoug, le parlement a récemment transmis au gouvernement un postulat qui demande de supprimer l'enseignement précoce du français à l'école. Qu'en pensez-vous, monsieur Courtet? Ce qui est important, c'est ce que les directeurs cantonaux de l'éducation décident. Nous venons d'avoir une réunion de la Conférence des directeurs de l'instruction publique à Berne. jusqu'à présent, aucun canton de Suisse alémanique ne semble réellement prêt à sacrifier le français précoce. La tendance est pourtant évidente: douze des 19 cantons suisses alémaniques souhaitent abolir ou ont déjà aboli l'enseignement précoce du français. Aucun canton ne l'a fait au cours des dernières années. Mais il y a un risque que l'on détruise un bon compromis suisse. Nous devons l'empêcher. N'oublions pas: aujourd'hui, les cantons alémaniques ont la possibilité d'enseigner d'abord l'anglais en cinquième année, puis le français en septième année. En revanche, tous les cantons romands enseignent l'allemand avant l'anglais. La Suisse alémanique dispose donc de nombreuses libertés en matière d'enseignement des langues. Selon vous, existe-t-il une ligne rouge à ne pas franchir? Je n'aime pas le mot «ligne rouge» car il sonne comme une menace. Mais que le français ne soit enseigné qu'au secondaire, c'est impensable pour moi. Je ne crois pas que cela suffise pour apprendre une langue nationale. De plus, il y a un autre problème. Lequel? On parle toujours d'une possible surcharge des élèves du primaire. Je vois plutôt le danger que l'école secondaire soit surchargée. Pendant cette période, il se passe tellement de choses chez les élèves: ils entrent dans la puberté, doivent choisir un apprentissage ou le gymnase. Si on leur impose une nouvelle langue à ce moment-là, on n'arrivera pas à atteindre les objectifs. Je dis cela en tant qu'ancien enseignant du secondaire. Que se passera-t-il si, malgré tout, les cantons ne commencent l'enseignement du français qu'au niveau secondaire? Si cela devait arriver, la Confédération devrait intervenir car les objectifs pédagogiques ne pourraient être atteints. Mais je crois et j'espère qu'on n'en arrivera pas là – par considération pour la cohésion nationale et pour la crédibilité de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP). Quel est l'objectif de l'enseignement précoce de l'allemand et du français? C'est très simple: apprendre la langue le mieux possible. Je le vois avec mes enfants, qui ont 5, 7, 9 et 11 ans. À la maison, à table, ils insèrent des mots allemands et anglais. C'est quelque chose que je n'ai jamais fait. Plus on est jeune, plus on apprend facilement une langue. C'est formidable que cela fonctionne pour eux. Cependant, une étude révèle que la moitié des élèves ne parvient même pas à comprendre des textes basiques à la fin de l'école primaire. Ces résultats ne sont pas bons. Nous devons les améliorer, mais au sein du système existant. J'ai l'impression que nous sommes trop souvent encore pris dans ce vieux schéma (prioritairement apprentissage du vocabulaire et de la grammaire) et qu'il faut plutôt, à notre époque de l'intelligence artificielle, privilégier l'oral, l'immersion et la mobilité. «Je l'avoue: à l'armée, il m'arrivait de parler anglais avec mes camarades suisses alémaniques», déclare Martial Courtet. Pino Covino Votre canton a enregistré parmi les pires résultats de Suisse romande. Oui, nous devons faire des progrès en allemand dans le Jura et c'est pourquoi, entre autres, nous avons décidé d'augmenter le nombre d'heures en apprentissage oral d'allemand et d'anglais il y a quelques mois. Quel est votre niveau d'allemand? Il n'est pas très bon, malheureusement. Je l'avoue: à l'armée, je parlais aussi parfois anglais avec mes camarades alémaniques. Dans le Jura, l'allemand est historiquement chargé. Quand j'étais à l'école, il y avait encore des affiches «Le Jura parle français». L'allemand était la langue des opposants à l'indépendance du canton. Heureusement, cette mentalité change. Nous sommes par exemple désormais pionniers dans la maturité bilingue intercantonale avec Bâle-Campagne. Vous parlez d'échanges linguistiques? Oui, nous avons aussi un échange linguistique intensif avec le canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures et je n'en reçois que des retours positifs. Je l'ai mis en place avec mon homologue Alfred Stricker, alors directeur de l'éducation d'Appenzell Rhodes-Extérieures. L'Appenzell et le Jura ont beaucoup plus en commun qu'on ne le pense. Traduit de l'allemand par Olivia Beuchat. Apprentissage des langues à l'école Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Benno Tuchschmid est journaliste basé à Lausanne. Il a obtenu son diplôme de journalisme au MAZ en 2009 et a ensuite travaillé pour l'Aargauer Zeitung, la SonntagsZeitung et le SonntagsBlick, entre autres. Plus d'infos @BennoTuchschmid Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

1000 vies: Les F-35 ne sont plus des avions
1000 vies: Les F-35 ne sont plus des avions

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timea day ago

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1000 vies: Les F-35 ne sont plus des avions

Opinion L'affaire des avions de combat s'apparente à une série quotidienne de rebondissements médiatiques. Chronique Publié aujourd'hui à 14h06 En bref: Les F-35 ne sont plus des avions de combat. Ce sont les épisodes d'une série en streaming live sur Play Suisse. Chaque jour, un rebondissement. Un e-mail oublié, un lobbyiste en surchauffe, un général ou un conseiller fédéral qui dit l'inverse de la veille. C'est pire qu'un trend sur Google, ou qu'une papesse du vernis à ongles: pourrait-on quémander un dôme d'acier antiscandale? Ou une toute petite demi-heure sans qu'un nouveau pataquès ne surgisse en alerte TikTok du tarmac des ennuis? Ça donne envie de se sacrifier pour la patrie en courant dans les tranchées, tous ces brillants officiers et négociateurs, pas vrai? La Suisse voulait des chasseurs furtifs, elle se retrouve avec des grenades à retardement médiatiques. Cela pour la «police du ciel» d'une armée devenue d'opérette, intégrée à rien, à la mission imprécise et au budget incertain: on vise 1% du PIB vers 2035. Un objectif si minimal qu'il ressemble à une arme secrète: il s'agit sans doute de faire mourir de rire, du Kremlin au Pentagone. Complot ou incompétence? Maladresse ou stratégie? On a déjà eu des évaluations classées top-secret et devenues top suspectes. Des réunions avec les Américains, où le mot «neutralité» était rangé dans la corbeille à papier. Des audits qui donnent des sueurs froides aux pilotes avant même qu'ils aient mis leur casque. Des communiqués où l'on parlait «d'avions les plus performants du monde», tout en oubliant de préciser que, parfois, ils refuseraient de décoller par mauvais temps, que le prix de la maintenance est énorme, que le work in progress du F-35 impliquera encore moult difficultés surprenantes. Et désormais, Berne bafouille une rumeur de mauvaise compréhension du «coût fixe» ici, un contrat mal ficelé là. C'est écrit en anglais, voyez-vous. Et où sont les bombinettes – forcément archicoûteuses – qui devraient aller avec? Au pays dit des banques, on est en délicatesse avec la comptabilité. Bien du plaisir à la Commission de gestion du Conseil national qui a décidé d'enquêter. Car la Suisse n'achète pas 36 avions, mais voit trente-six chandelles et fait une master class en géopolitique embarrassée. Allez, nous finirons sûrement par les avoir, ces jolis avions, ne serait-ce que parce que les décideurs politiques et militaires s'accrocheront à la dilution des responsabilités plutôt qu'à corriger les énormités et erreurs. Et puis, faut pas fâcher Trump, n'est-ce pas? Outil de défense, le F-35 restera un abonnement à la polémique, mais tout le monde fera semblant de rien. Les Gripen de jadis, qu'on avait rejetés à coups de bulletins, font aujourd'hui figure de bon vieux projet rationnel. À croire que la vraie menace n'était pas dans le ciel, mais dans les appels d'offres. Les militaires comme les politiques adorent les expressions lyrico-sentencieuses un peu bêtes, genre «théâtre des opérations» ou «théâtre de guerre». Soupirons que quel que soit l'avenir de la guerre par ici, nous aurons au moins eu le théâtre de patronage. Chers contribuables, soyez gentils de laisser votre argent dans le chapeau à la fin du spectacle. Christophe Passer, né à Fribourg, travaille au Matin Dimanche depuis 2014, après être passé notamment par le Nouveau Quotidien et L'Illustré. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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