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La Presse
10-07-2025
- Sport
- La Presse
Ben Healy, à la gloire des attaquants
Tour de France : au cœur du peloton, la série de Netflix sur la Grande Boucle, n'a pas eu l'impact de Drive to Survive, qui a contribué à propulser l'intérêt mondial pour la F1 à un niveau inégalé. C'est probablement pourquoi la troisième saison, mise en ligne à quelques jours du grand départ et qui décrypte l'édition de 2024, sera la dernière. Parfois un peu trompeuse dans son montage pour alimenter la tension, « Au cœur du peloton » a néanmoins permis de conquérir un public plus large en attirant les non-initiés. L'Américain Jonathan Vaughthers, directeur général d'EF Education-EasyPost au franc-parler, est l'un des personnages principaux depuis le premier volet. En entrevue récente à The Cycling Podcast, il racontait à quel point il est maintenant reconnu à son gym local, une renommée qu'il attribue directement à l'effet Netflix. Sébastien Piquet, la voix de Radio-Tour, en est un autre qui figure au premier plan, en particulier dans la première saison. Aussi responsable des interviews d'après-course, le Français n'a pas pu s'empêcher de faire référence à la série en conclusion de son entretien avec Ben Healy, l'Irlandais d'EF, brillant vainqueur solo de la sixième étape, jeudi, après avoir été à l'attaque toute la journée. « Ça aurait pu faire un épisode fantastique, avec votre patron dans le bus qui profite du moment… » Au septième ciel après cette première réussite sur le Tour, Healy n'en avait évidemment rien à cirer. Il a néanmoins offert cette réplique savoureuse : « Peut-être que je pourrais l'intégrer dans la série de l'an dernier, en refaisant le montage avec les images… » Après cinq étapes dominées par les sprinteurs et les favoris au général, les fameux « baroudeurs » ont enfin eu le droit d'exister lors de cette étape de 201,5 km entre Bayeux et Vire, région surnommée la « Suisse normande » en raison de sa topographie accidentée. Healy et le champion américain Quinn Simmons (Lidl-Trek), un autre coureur offensif, ont ferraillé dès les premiers kilomètres pour se sauver, au même titre que l'ex-maillot jaune Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceunink), déterminé à prendre de l'avance pour éviter une autre explication entre cadors dans les deux montées menant à l'arrivée. PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS Mathieu van Der Poel Ce n'est qu'après une cinquantaine de kilomètres qu'un groupe de huit a pu se détacher pour de bon. À tout seigneur tout honneur, c'est Healy lui-même qui a initié cette contre-attaque gagnante, à laquelle se sont joints les deux cyclistes susmentionnés, ainsi que le vainqueur sortant du Giro Simon Yates, l'Australien Michael Storer Harold Tejada, Will Barta, l'autre Irlandais Eddie Dunbar. « L'interrupteur était allumé dès le départ, et peut-être que j'ai un peu trop donné pour accrocher l'échappée, mais bon, c'est comme ça que je cours, a expliqué Healy au micro de Piquet. Et une fois qu'on était devant, il a vraiment fallu travailler pour creuser l'écart. On a roulé à bloc toute la journée. » Healy a pris ses compagnons par surprise en plaçant un démarrage imparable à 42 km du but. En dépit de leurs gros moteurs, les poursuiteurs ont vu l'avance augmenter à chaque coup de pédale furieux de l'aérodynamique Healy, gagnant de la huitième étape du Giro de 2023, devant le Canadien Derek Gee. Simmons et Storer sont sortis une douzaine de kilomètres plus loin, sans réussir à se rapprocher du meneur. Ils ont terminé dans cet ordre au sommet de l'ultime raidillon de 700 mètres, à près de trois minutes de Healy. Le cycliste de 24 ans avait découvert le Tour l'an dernier, finissant cinquième d'une étape au bout d'une autre échappée de 150 km, dont Gee (3e) faisait également partie. Selon les données de ProCyclingStats, il a passé plus de 600 km devant durant les deux dernières semaines. « Ça m'a vraiment ouvert les yeux, ça m'a fait croire que j'étais capable de le faire, a souligné Healy. Après ça, je me suis retroussé les manches, j'ai travaillé dur et j'ai essayé d'affiner mon style de course aussi. J'ai regardé plein de courses, de vidéos, et aujourd'hui, ça a vraiment payé. » Cinq de ses coéquipiers l'applaudissaient devant la scène au moment où il a reçu médaille et fleurs, image inhabituelle qui témoigne de l'importance de cette victoire pour la formation américaine, dont la survie est directement liée à ses performances sur le Tour, répète le grand patron Jonathan Vaughters, dans la vraie vie comme dans Netflix. Dérisoire et vertigineux PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS Tadej Pogacar Cette première échappée victorieuse a été rendue possible par le tempo dicté au peloton par les UAE Emirates du meneur Tadej Pogacar, qui a repris les manettes après un début d'étape débridé. Les Visma-Lease a Bike avaient auparavant affiché leur intention de ne pas s'en laisser imposer après la claque encaissée par leur leader Jonas Vingegaard au chrono de la veille. Avec une avance culminant à 6 minutes, le maillot jaune semblait destiné à retourner sur les épaules de Van der Poel. Le Néerlandais n'était cependant « pas dans son meilleur jour » sur un terrain qui collait pourtant à ses aptitudes. « À la fin, je me battais contre moi-même », a avoué le gaillard, qui a conclu au 8e échelon, à près de 4 minutes de Healy. Pogacar, avec Vingegaard dans son sillage, est arrivé une minute et demie plus tard. Il a perdu sa tunique jaune au profit de MVDP par… une seconde, ce qui lui a épargné l'entrevue et le protocole habituel. Van der Poel ne se berçait pas d'illusions : il s'attend à en être dépouillé à l'issue de la septième étape, qui se termine par deux ascensions de la côte de Mûr-de-Bretagne, endroit où il avait pourtant obtenu sa première victoire et le maillot jaune du Tour en 2021 devant… Pogacar. À voir comment Tadej roulait aujourd'hui, s'il attaque demain, Jonas aussi, ce sera très difficile, non seulement pour moi, mais pour tout le peloton, de suivre sur cette montée. Mathieu van Der Poel Après six étapes, Pogacar détient une priorité de 42 secondes sur le maillot blanc Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), qui s'est remis dans le coup après son succès au contre-la-montre de Caen mercredi. L'épatant Normand Kévin Vauquelin (Arkea), qui a eu le bonheur de vivre un départ dans sa ville d'origine de Bayeux, suit à 59 secondes du Slovène. Assommé par Pogacar au chrono, Vingegaard pointe déjà à 1 min 13, un recul à la fois dérisoire avec 2200 km et toute la montagne à franchir, et vertigineux compte tenu de l'aisance affichée par le champion mondial, résolument en marche vers une place tout en haut de l'histoire de son sport.


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10-07-2025
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Healy, à la gloire des attaquants
Tour de France : au cœur du peloton, la série de Netflix sur la Grande Boucle, n'a pas eu l'impact de Drive to Survive, qui a contribué à propulser l'intérêt mondial pour la F1 à un niveau inégalé. C'est probablement pourquoi la troisième saison, mise en ligne à quelques jours du grand départ et qui décrypte l'édition de 2024, sera la dernière. Parfois un peu trompeuse dans son montage pour alimenter la tension, « Au cœur du peloton » a néanmoins permis de conquérir un public plus large en attirant les non-initiés. L'Américain Jonathan Vaughthers, directeur général d'EF Education-EasyPost au franc-parler, est l'un des personnages principaux depuis le premier volet. En entrevue récente à The Cycling Podcast, il racontait à quel point il est maintenant reconnu à son gym local, une renommée qu'il attribue directement à l'effet Netflix. Sébastien Piquet, la voix de Radio-Tour, en est un autre qui figure au premier plan, en particulier dans la première saison. Aussi responsable des interviews d'après-course, le Français n'a pas pu s'empêcher de faire référence à la série en conclusion de son entretien avec Ben Healy, l'Irlandais d'EF, brillant vainqueur solo de la sixième étape, jeudi, après avoir été à l'attaque toute la journée. « Ça aurait pu faire un épisode fantastique, avec votre patron dans le bus qui profite du moment… » Au septième ciel après cette première réussite sur le Tour, Healy n'en avait évidemment rien à cirer. Il a néanmoins offert cette réplique savoureuse : « Peut-être que je pourrais l'intégrer dans la série de l'an dernier, en refaisant le montage avec les images… » Après cinq étapes dominées par les sprinteurs et les favoris au général, les fameux « baroudeurs » ont enfin eu le droit d'exister lors de cette étape de 201,5 km entre Bayeux et Vire, région surnommée la « Suisse normande » en raison de sa topographie accidentée. Healy et le champion américain Quinn Simmons (Lidl-Trek), un autre coureur offensif, ont ferraillé dès les premiers kilomètres pour se sauver, au même titre que l'ex-maillot jaune Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceunink), déterminé à prendre de l'avance pour éviter une autre explication entre cadors dans les deux montées menant à l'arrivée. PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS Mathieu van Der Poel Ce n'est qu'après une cinquantaine de kilomètres qu'un groupe de huit a pu se détacher pour de bon. À tout seigneur tout honneur, c'est Healy lui-même qui a initié cette contre-attaque gagnante, à laquelle se sont joints les deux cyclistes susmentionnés, ainsi que le vainqueur sortant du Giro Simon Yates, l'Australien Michael Storer Harold Tejada, Will Barta, l'autre Irlandais Eddie Dunbar. « L'interrupteur était allumé dès le départ, et peut-être que j'ai un peu trop donné pour accrocher l'échappée, mais bon, c'est comme ça que je cours, a expliqué Healy au micro de Piquet. Et une fois qu'on était devant, il a vraiment fallu travailler pour creuser l'écart. On a roulé à bloc toute la journée. » Healy a pris ses compagnons par surprise en plaçant un démarrage imparable à 42 km du but. En dépit de leurs gros moteurs, les poursuiteurs ont vu l'avance augmenter à chaque coup de pédale furieux de l'aérodynamique Healy, gagnant de la huitième étape du Giro de 2023, devant le Canadien Derek Gee. Simmons et Storer sont sortis une douzaine de kilomètres plus loin, sans réussir à se rapprocher du meneur. Ils ont terminé dans cet ordre au sommet de l'ultime raidillon de 700 mètres, à près de trois minutes de Healy. Le cycliste de 24 ans avait découvert le Tour l'an dernier, finissant cinquième d'une étape au bout d'une autre échappée de 150 km, dont Gee (3e) faisait également partie. Selon les données de ProCyclingStats, il a passé plus de 600 km devant durant les deux dernières semaines. « Ça m'a vraiment ouvert les yeux, ça m'a fait croire que j'étais capable de le faire, a souligné Healy. Après ça, je me suis retroussé les manches, j'ai travaillé dur et j'ai essayé d'affiner mon style de course aussi. J'ai regardé plein de courses, de vidéos, et aujourd'hui, ça a vraiment payé. » Cinq de ses coéquipiers l'applaudissaient devant la scène au moment où il a reçu médaille et fleurs, image inhabituelle qui témoigne de l'importance de cette victoire pour la formation américaine, dont la survie est directement liée à ses performances sur le Tour, répète le grand patron Jonathan Vaughters, dans la vraie vie comme dans Netflix. Dérisoire et vertigineux PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS Tadej Pogacar Cette première échappée victorieuse a été rendue possible par le tempo dicté au peloton par les UAE Emirates du meneur Tadej Pogacar, qui a repris les manettes après un début d'étape débridé. Les Visma-Lease a Bike avaient auparavant affiché leur intention de ne pas s'en laisser imposer après la claque encaissée par leur leader Jonas Vingegaard au chrono de la veille. Avec une avance culminant à 6 minutes, le maillot jaune semblait destiné à retourner sur les épaules de Van der Poel. Le Néerlandais n'était cependant « pas dans son meilleur jour » sur un terrain qui collait pourtant à ses aptitudes. « À la fin, je me battais contre moi-même », a avoué le gaillard, qui a conclu au 8e échelon, à près de 4 minutes de Healy. Pogacar, avec Vingegaard dans son sillage, est arrivé une minute et demie plus tard. Il a perdu sa tunique jaune au profit de MVDP par… une seconde, ce qui lui a épargné l'entrevue et le protocole habituel. Van der Poel ne se berçait pas d'illusions : il s'attend à en être dépouillé à l'issue de la septième étape, qui se termine par deux ascensions de la côte de Mûr-de-Bretagne, endroit où il avait pourtant obtenu sa première victoire et le maillot jaune du Tour en 2021 devant… Pogacar. À voir comment Tadej roulait aujourd'hui, s'il attaque demain, Jonas aussi, ce sera très difficile, non seulement pour moi, mais pour tout le peloton, de suivre sur cette montée. Mathieu van Der Poel Après six étapes, Pogacar détient une priorité de 42 secondes sur le maillot blanc Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), qui s'est remis dans le coup après son succès au contre-la-montre de Caen mercredi. L'épatant Normand Kévin Vauquelin (Arkea), qui a eu le bonheur de vivre un départ dans sa ville d'origine de Bayeux, suit à 59 secondes du Slovène. Assommé par Pogacar au chrono, Vingegaard pointe déjà à 1 min 13, un recul à la fois dérisoire avec 2200 km et toute la montagne à franchir, et vertigineux compte tenu de l'aisance affichée par le champion mondial, résolument en marche vers une place tout en haut de l'histoire de son sport.


Le Figaro
10-07-2025
- Sport
- Le Figaro
Sébastien Piquet, 50 ans, la voix de Radio Tour : «C'est un privilège d'être à 10 mètres du maillot jaune»
UN JOUR, UN MÉTIER - Il est celui qui assure que le lien n'est jamais rompu entre les coureurs et toutes les composantes de la Grande Boucle. Un relais précieux. Dans le Village départ, lunettes de soleil sur le nez, il compte parmi les visages familiers. Mais ce que le Tour connaît, c'est sa voix. Durant les étapes, les acteurs de la Grande Boucle sont tous branchés sur Radio Tour. Sébastien Piquet vit son 21e Tour comme speaker et présente : « C'est une radio destinée à donner un maximum d'informations sur ce qui se passe en course, les échappés, les écarts… avec la possibilité d'appeler toutes les voitures des directeurs sportifs dès qu'il y a une crevaison ou un coureur qui lève la main parce qu'il a soif ou veut nous rendre des vêtements. Dès qu'il y a une chute, je l'annonce avec le nom des coureurs concernés, si j'arrive à les identifier. Et parce que parfois, c'est un peu long et qu'on peut un peu s'ennuyer durant une étape, j'y ajoute également des informations historiques, touristiques, culinaires ou des petites anecdotes que je vais piocher à gauche, à droite, parce que je m'adresse en priorité aux directeurs sportifs, mais aussi aux commentateurs, aux journalistes qui sont sur leur moto, aux commentateurs qui sont en cabine, et aussi aux invités qui sont dans des voitures. » À découvrir Le classement du Tour de France 2024 Un précieux stylo quatre couleurs Pour chaque étape, Sébastien Piquet s'appuie sur une grille répertoriant tous les dossards et se munit d'un stylo 4 couleurs. Les coureurs du groupe de tête seront en bleu, une autre couleur pour le groupe intercalé. Une autre grille recensera les sprints et les ascensions dont il répercute les temps forts : « Au sommet de telle côte, Benjamin Thomas passe en tête. Deux points pour lui. En deuxième position, Jean-Claude Dusse (sic), un point. Je travaille avec un casque et une pédale. Comme ça, je peux avoir les mains libres. J'actionne la pédale avec mon pied et dès que j'appuie, je peux parler et tout le monde m'entend. On travaille avec 4 canaux différents. » Christian Prudhomme, le directeur du Tour, Thierry Gouvenou, le directeur sportif et le président des commissaires peuvent, en fonction des circonstances, également intervenir. Publicité Après l'étape, les interviews pour le signal international Sa journée commence 3 heures avant le départ de l'étape. « Je regarde un peu le profil de l'étape, ce qu'il y a au menu, les sprints intermédiaires, les ascensions… Je lis un peu la presse. Ensuite, 1h30 avant le départ, c'est mon deuxième job sur le Tour de France, je travaille pour la télévision. Je vais faire des interviews d'une quinzaine, d'une vingtaine de coureurs. Qui seront les principaux acteurs de la journée. Des interviews qui sont ensuite destinées au signal international du Tour. Ces vidéos sont diffusées pendant le live. Elles sont aussi distribuées à France Télévisions, à Eurosport et à toutes les chaînes. Et ensuite, 5 minutes avant le départ, je monte dans la voiture. Là, je mets ma casquette de speaker de Radio Tour. Cela dure 4, 5 parfois 6 heures. À l'arrivée, je sors de la voiture et je cours derrière le podium. Je vais faire l'interview en direct du vainqueur de l'étape, du maillot jaune, du maillot vert, du maillot à pois, du maillot blanc, du combatif pour l'ensemble des télévisions. » En français, en anglais et en espagnol. Avant de couper le son. Après les résultats et une courte soirée avec le service compétition, direction l'hôtel. «C'est très facile de trouver le sommeil. » Des micro-siestes dans la voiture Et quand il retrouve sa place privilégiée, Sébastien Piquet est dans une bulle : « Il faut être archi concentré, avoir un œil un peu partout, ne pas raconter n'importe quoi, donner une information si elle est réelle, parce que ça a des conséquences. » Dans ces conditions, comment boire, manger et dormir (d'un œil) ? « On s'arrête en général une fois sur l'étape, parfois deux fois quand on a des étapes de plus de 200 km pour des raisons naturelles évidentes, et dans ce cas-là c'est une voiture commissaire qui nous remplace. Un commissaire fait Radio Tour à ce moment-là, durant 5, 10 minutes maximum. Je mange parfaitement normalement, j'essaye de ne pas parler la bouche pleine, mais bon, malheureusement c'est le cas, et on me le reproche. Et il m'arrive de faire des micro-siestes, quand je n'en peux vraiment plus, je demande à Thierry Gouvenou (directeur sportif du Tour) de prendre le micro, et durant 7, 8 ou 9 minutes, je ne dors pas mais au moins je peux fermer les yeux, et me poser un peu et ensuite c'est reparti... » Trois motos infos, souvent pilotées par d'anciens coureurs professionnels comme Bruno Thibout, lui fournissent le détail la composition des groupes d'échappés, chronomètrent les écarts : « Ils sont mes yeux sur la course. Je ne suis que la voix. J'ai cette chance incroyable, je n'ai jamais eu de problème de voix. J'ai eu d'autres problèmes, mal au cou, etc. Pourvu que ça dure… » Dans la voiture n°2, sont assis à l'arrière Thierry Gouvenou, le directeur de course et le président du jury des commissaires. « Moi, je suis à l'avant, à côté d'Ismaël Mottier, qui est le pilote, qui est précieux, non seulement dans sa conduite, mais aussi parce que lui aussi va voir des choses que je ne peux pas forcément voir, parce que j'aurais peut-être les yeux en bas, il va me dire, ''attention, il y a un Ineos qui est dans le fossé à gauche…'' » Bientôt l'aventure des Championnats du monde au Rwanda En janvier, la voix de Sébastien Piquet accompagnait le Tour d'Arabie saoudite, en septembre il sera au cœur des premiers championnats du monde au Rwanda. Et quand il ne suit pas le peloton professionnel dans ses pérégrinations, le journaliste est responsable éditorial pour la télévision sur le Dakar, anime des séminaires, des conférences pour l'UCI ou joue le rôle d'interviewer pour le Ballon d'Or depuis 3 ans. Publicité Du tourbillon du Tour il assure : « Je n'ai que des bons souvenirs, c'est un plaisir incroyable d'être dans cette voiture, à cette position, on se trouve derrière le peloton en plaine mais on se trouve derrière le groupe des favoris, dès que ça grimpe, et c'est un privilège d'être à 10 mètres du maillot jaune, de Pogacar, Vingegaard et les favoris, donc il n'y a pas de meilleur souvenir, il y a juste des souvenirs marquants et toujours la même excitation, parce qu'on ne sait pas du tout ce qui va se passer sur l'étape, même une étape de sprint. C'est excitant. » La hantise, les chutes En revanche pour le pire souvenir, il avoue : « Toutes les chutes, ce n'est pas agréable de voir des coureurs à terre qui souffrent, d'entendre des sons de souffrance, des cris et de ne pas savoir ce qui va se passer. On essaie de ne pas regarder trop longtemps. » Ses étapes sont parfois traversées par des sueurs froides : « Il arrive parfois qu'il y ait des soucis techniques, mais c'est surtout lié à la météo, lorsqu'on a un orage, par exemple. Mais sinon ça fonctionne quand même très, très bien, et c'est plutôt clair. Sinon, dans les descentes de col, il faut avoir l'estomac bien en place. J'ai cette chance de ne jamais avoir été malade en voiture. Quand on descend les cols dans les Pyrénées et les Alpes, je m'endors tellement je suis à l'aise. Ça devient un bateau et je suis bercé. » Les conseils de Bernard Hinault Sébastien Piquet raconte n'avoir jamais oublié les conseils de Bernard Hinault : « Quand j'ai commencé en 2005, il était venu me voir sur un Paris-Nice en me disant ''c'est bien ce que tu fais mais reste calme, parce que si tu commences à t'exciter, ça va exciter tout le monde, ça va exciter les directeurs sportifs, ils vont conduire n'importe comment, donc reste le plus neutre, et le plus calme possible, pour ne pas énerver les gens sur la course'' ». Stable en toutes circonstances, la voix de Radio-Tour avoue ne connaître qu'une « angoisse qui revient régulièrement, je loupe le départ. Et ça m'arrive souvent. Je ne suis pas dans la voiture pour le départ… »


Le Figaro
10-07-2025
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Sébastien Piquet, 50 ans, la voix de Radio Tour : « C'est un privilège d'être à 10 mètres du maillot jaune »
UN JOUR, UN MÉTIER - Il est celui qui assure que le lien n'est jamais rompu entre les coureurs et toutes les composantes de la Grande Boucle. Un relais précieux. Dans le Village départ, lunettes de soleil sur le nez, il compte parmi les visages familiers. Mais ce que le Tour connaît, c'est sa voix. Durant les étapes, les acteurs de la Grande Boucle sont tous branchés sur Radio Tour. Sébastien Piquet vit son 21e Tour comme speaker et présente : « C'est une radio destinée à donner un maximum d'informations sur ce qui se passe en course, les échappés, les écarts… avec la possibilité d'appeler toutes les voitures des directeurs sportifs dès qu'il y a une crevaison ou un coureur qui lève la main parce qu'il a soif ou veut nous rendre des vêtements. Dès qu'il y a une chute, je l'annonce avec le nom des coureurs concernés, si j'arrive à les identifier. Et parce que parfois, c'est un peu long et qu'on peut un peu s'ennuyer durant une étape, j'y ajoute également des informations historiques, touristiques, culinaires ou des petites anecdotes que je vais piocher à gauche, à droite, parce que je m'adresse en priorité aux directeurs sportifs, mais aussi aux commentateurs, aux journalistes qui sont sur leur moto, aux commentateurs qui sont en cabine, et aussi aux invités qui sont dans des voitures. » À découvrir Le classement du Tour de France 2024 Un précieux stylo quatre couleurs Pour chaque étape, Sébastien Piquet s'appuie sur une grille répertoriant tous les dossards et se munit d'un stylo 4 couleurs. Les coureurs du groupe de tête seront en bleu, une autre couleur pour le groupe intercalé. Une autre grille recensera les sprints et les ascensions dont il répercute les temps forts : « Au sommet de telle côte, Benjamin Thomas passe en tête. Deux points pour lui. En deuxième position, Jean-Claude Dusse (sic), un point. Je travaille avec un casque et une pédale. Comme ça, je peux avoir les mains libres. J'actionne la pédale avec mon pied et dès que j'appuie, je peux parler et tout le monde m'entend. On travaille avec 4 canaux différents. » Christian Prudhomme, le directeur du Tour, Thierry Gouvenou, le directeur sportif et le président des commissaires peuvent, en fonction des circonstances, également intervenir. Publicité Après l'étape, les interviews pour le signal international Sa journée commence 3 heures avant le départ de l'étape. « Je regarde un peu le profil de l'étape, ce qu'il y a au menu, les sprints intermédiaires, les ascensions… Je lis un peu la presse. Ensuite, 1h30 avant le départ, c'est mon deuxième job sur le Tour de France, je travaille pour la télévision. Je vais faire des interviews d'une quinzaine, d'une vingtaine de coureurs. Qui seront les principaux acteurs de la journée. Des interviews qui sont ensuite destinées au signal international du Tour. Ces vidéos sont diffusées pendant le live. Elles sont aussi distribuées à France Télévisions, à Eurosport et à toutes les chaînes. Et ensuite, 5 minutes avant le départ, je monte dans la voiture. Là, je mets ma casquette de speaker de Radio Tour. Cela dure 4, 5 parfois 6 heures. À l'arrivée, je sors de la voiture et je cours derrière le podium. Je vais faire l'interview en direct du vainqueur de l'étape, du maillot jaune, du maillot vert, du maillot à pois, du maillot blanc, du combatif pour l'ensemble des télévisions. » En français, en anglais et en espagnol. Avant de couper le son. Après les résultats et une courte soirée avec le service compétition, direction l'hôtel. «C'est très facile de trouver le sommeil. » Des micro-siestes dans la voiture Et quand il retrouve sa place privilégiée, Sébastien Piquet est dans une bulle : « Il faut être archi concentré, avoir un œil un peu partout, ne pas raconter n'importe quoi, donner une information si elle est réelle, parce que ça a des conséquences. » Dans ces conditions, comment boire, manger et dormir (d'un œil) ? « On s'arrête en général une fois sur l'étape, parfois deux fois quand on a des étapes de plus de 200 km pour des raisons naturelles évidentes, et dans ce cas-là c'est une voiture commissaire qui nous remplace. Un commissaire fait Radio Tour à ce moment-là, durant 5, 10 minutes maximum. Je mange parfaitement normalement, j'essaye de ne pas parler la bouche pleine, mais bon, malheureusement c'est le cas, et on me le reproche. Et il m'arrive de faire des micro-siestes, quand je n'en peux vraiment plus, je demande à Thierry Gouvenou (directeur sportif du Tour) de prendre le micro, et durant 7, 8 ou 9 minutes, je ne dors pas mais au moins je peux fermer les yeux, et me poser un peu et ensuite c'est reparti... » Trois motos infos, souvent pilotées par d'anciens coureurs professionnels comme Bruno Thibout, lui fournissent le détail la composition des groupes d'échappés, chronomètrent les écarts : « Ils sont mes yeux sur la course. Je ne suis que la voix. J'ai cette chance incroyable, je n'ai jamais eu de problème de voix. J'ai eu d'autres problèmes, mal au cou, etc. Pourvu que ça dure… » Dans la voiture n°2, sont assis à l'arrière Thierry Gouvenou, le directeur de course et le président du jury des commissaires. « Moi, je suis à l'avant, à côté d'Ismaël Mottier, qui est le pilote, qui est précieux, non seulement dans sa conduite, mais aussi parce que lui aussi va voir des choses que je ne peux pas forcément voir, parce que j'aurais peut-être les yeux en bas, il va me dire, ''attention, il y a un Ineos qui est dans le fossé à gauche…'' » Bientôt l'aventure des Championnats du monde au Rwanda En janvier, la voix de Sébastien Piquet accompagnait le Tour d'Arabie saoudite, en septembre il sera au cœur des premiers championnats du monde au Rwanda. Et quand il ne suit pas le peloton professionnel dans ses pérégrinations, le journaliste est responsable éditorial pour la télévision sur le Dakar, anime des séminaires, des conférences pour l'UCI ou joue le rôle d'interviewer pour le Ballon d'Or depuis 3 ans. Publicité Du tourbillon du Tour il assure : « Je n'ai que des bons souvenirs, c'est un plaisir incroyable d'être dans cette voiture, à cette position, on se trouve derrière le peloton en plaine mais on se trouve derrière le groupe des favoris, dès que ça grimpe, et c'est un privilège d'être à 10 mètres du maillot jaune, de Pogacar, Vingegaard et les favoris, donc il n'y a pas de meilleur souvenir, il y a juste des souvenirs marquants et toujours la même excitation, parce qu'on ne sait pas du tout ce qui va se passer sur l'étape, même une étape de sprint. C'est excitant. » La hantise, les chutes En revanche pour le pire souvenir, il avoue : « Toutes les chutes, ce n'est pas agréable de voir des coureurs à terre qui souffrent, d'entendre des sons de souffrance, des cris et de ne pas savoir ce qui va se passer. On essaie de ne pas regarder trop longtemps. » Ses étapes sont parfois traversées par des sueurs froides : « Il arrive parfois qu'il y ait des soucis techniques, mais c'est surtout lié à la météo, lorsqu'on a un orage, par exemple. Mais sinon ça fonctionne quand même très, très bien, et c'est plutôt clair. Sinon, dans les descentes de col, il faut avoir l'estomac bien en place. J'ai cette chance de ne jamais avoir été malade en voiture. Quand on descend les cols dans les Pyrénées et les Alpes, je m'endors tellement je suis à l'aise. Ça devient un bateau et je suis bercé. » Les conseils de Bernard Hinault Sébastien Piquet raconte n'avoir jamais oublié les conseils de Bernard Hinault : « Quand j'ai commencé en 2005, il était venu me voir sur un Paris-Nice en me disant ''c'est bien ce que tu fais mais reste calme, parce que si tu commences à t'exciter, ça va exciter tout le monde, ça va exciter les directeurs sportifs, ils vont conduire n'importe comment, donc reste le plus neutre, et le plus calme possible, pour ne pas énerver les gens sur la course'' ». Stable en toutes circonstances, la voix de Radio-Tour avoue ne connaître qu'une « angoisse qui revient régulièrement, je loupe le départ. Et ça m'arrive souvent. Je ne suis pas dans la voiture pour le départ… »