
Healy, à la gloire des attaquants
Parfois un peu trompeuse dans son montage pour alimenter la tension, « Au cœur du peloton » a néanmoins permis de conquérir un public plus large en attirant les non-initiés. L'Américain Jonathan Vaughthers, directeur général d'EF Education-EasyPost au franc-parler, est l'un des personnages principaux depuis le premier volet. En entrevue récente à The Cycling Podcast, il racontait à quel point il est maintenant reconnu à son gym local, une renommée qu'il attribue directement à l'effet Netflix.
Sébastien Piquet, la voix de Radio-Tour, en est un autre qui figure au premier plan, en particulier dans la première saison. Aussi responsable des interviews d'après-course, le Français n'a pas pu s'empêcher de faire référence à la série en conclusion de son entretien avec Ben Healy, l'Irlandais d'EF, brillant vainqueur solo de la sixième étape, jeudi, après avoir été à l'attaque toute la journée.
« Ça aurait pu faire un épisode fantastique, avec votre patron dans le bus qui profite du moment… »
Au septième ciel après cette première réussite sur le Tour, Healy n'en avait évidemment rien à cirer. Il a néanmoins offert cette réplique savoureuse : « Peut-être que je pourrais l'intégrer dans la série de l'an dernier, en refaisant le montage avec les images… »
Après cinq étapes dominées par les sprinteurs et les favoris au général, les fameux « baroudeurs » ont enfin eu le droit d'exister lors de cette étape de 201,5 km entre Bayeux et Vire, région surnommée la « Suisse normande » en raison de sa topographie accidentée.
Healy et le champion américain Quinn Simmons (Lidl-Trek), un autre coureur offensif, ont ferraillé dès les premiers kilomètres pour se sauver, au même titre que l'ex-maillot jaune Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceunink), déterminé à prendre de l'avance pour éviter une autre explication entre cadors dans les deux montées menant à l'arrivée.
PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS
Mathieu van Der Poel
Ce n'est qu'après une cinquantaine de kilomètres qu'un groupe de huit a pu se détacher pour de bon. À tout seigneur tout honneur, c'est Healy lui-même qui a initié cette contre-attaque gagnante, à laquelle se sont joints les deux cyclistes susmentionnés, ainsi que le vainqueur sortant du Giro Simon Yates, l'Australien Michael Storer Harold Tejada, Will Barta, l'autre Irlandais Eddie Dunbar.
« L'interrupteur était allumé dès le départ, et peut-être que j'ai un peu trop donné pour accrocher l'échappée, mais bon, c'est comme ça que je cours, a expliqué Healy au micro de Piquet. Et une fois qu'on était devant, il a vraiment fallu travailler pour creuser l'écart. On a roulé à bloc toute la journée. »
Healy a pris ses compagnons par surprise en plaçant un démarrage imparable à 42 km du but. En dépit de leurs gros moteurs, les poursuiteurs ont vu l'avance augmenter à chaque coup de pédale furieux de l'aérodynamique Healy, gagnant de la huitième étape du Giro de 2023, devant le Canadien Derek Gee. Simmons et Storer sont sortis une douzaine de kilomètres plus loin, sans réussir à se rapprocher du meneur. Ils ont terminé dans cet ordre au sommet de l'ultime raidillon de 700 mètres, à près de trois minutes de Healy.
Le cycliste de 24 ans avait découvert le Tour l'an dernier, finissant cinquième d'une étape au bout d'une autre échappée de 150 km, dont Gee (3e) faisait également partie. Selon les données de ProCyclingStats, il a passé plus de 600 km devant durant les deux dernières semaines.
« Ça m'a vraiment ouvert les yeux, ça m'a fait croire que j'étais capable de le faire, a souligné Healy. Après ça, je me suis retroussé les manches, j'ai travaillé dur et j'ai essayé d'affiner mon style de course aussi. J'ai regardé plein de courses, de vidéos, et aujourd'hui, ça a vraiment payé. »
Cinq de ses coéquipiers l'applaudissaient devant la scène au moment où il a reçu médaille et fleurs, image inhabituelle qui témoigne de l'importance de cette victoire pour la formation américaine, dont la survie est directement liée à ses performances sur le Tour, répète le grand patron Jonathan Vaughters, dans la vraie vie comme dans Netflix.
Dérisoire et vertigineux
PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS
Tadej Pogacar
Cette première échappée victorieuse a été rendue possible par le tempo dicté au peloton par les UAE Emirates du meneur Tadej Pogacar, qui a repris les manettes après un début d'étape débridé. Les Visma-Lease a Bike avaient auparavant affiché leur intention de ne pas s'en laisser imposer après la claque encaissée par leur leader Jonas Vingegaard au chrono de la veille.
Avec une avance culminant à 6 minutes, le maillot jaune semblait destiné à retourner sur les épaules de Van der Poel. Le Néerlandais n'était cependant « pas dans son meilleur jour » sur un terrain qui collait pourtant à ses aptitudes. « À la fin, je me battais contre moi-même », a avoué le gaillard, qui a conclu au 8e échelon, à près de 4 minutes de Healy.
Pogacar, avec Vingegaard dans son sillage, est arrivé une minute et demie plus tard. Il a perdu sa tunique jaune au profit de MVDP par… une seconde, ce qui lui a épargné l'entrevue et le protocole habituel.
Van der Poel ne se berçait pas d'illusions : il s'attend à en être dépouillé à l'issue de la septième étape, qui se termine par deux ascensions de la côte de Mûr-de-Bretagne, endroit où il avait pourtant obtenu sa première victoire et le maillot jaune du Tour en 2021 devant… Pogacar.
À voir comment Tadej roulait aujourd'hui, s'il attaque demain, Jonas aussi, ce sera très difficile, non seulement pour moi, mais pour tout le peloton, de suivre sur cette montée.
Mathieu van Der Poel
Après six étapes, Pogacar détient une priorité de 42 secondes sur le maillot blanc Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), qui s'est remis dans le coup après son succès au contre-la-montre de Caen mercredi. L'épatant Normand Kévin Vauquelin (Arkea), qui a eu le bonheur de vivre un départ dans sa ville d'origine de Bayeux, suit à 59 secondes du Slovène.
Assommé par Pogacar au chrono, Vingegaard pointe déjà à 1 min 13, un recul à la fois dérisoire avec 2200 km et toute la montagne à franchir, et vertigineux compte tenu de l'aisance affichée par le champion mondial, résolument en marche vers une place tout en haut de l'histoire de son sport.
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