Dernières actualités avec #TheLancet


24 Heures
4 days ago
- Science
- 24 Heures
«Plus de la moitié des cancers du foie sont évitables»
Une étude corrobore ce que les spécialistes observent partout: les cas sont en hausse. Interview d'Antonia Digklia du Service d'oncologie médicale du CHUV. Publié aujourd'hui à 08h33 Illustration prétexte. Le surpoids, l'obésité et le diabète de type 2 font partie des facteurs à risque pour développer un cancer du foie. IMAGO/HalfPoint Images En bref: Dans une étude publiée fin juillet, les experts de la commission de «The Lancet», revue scientifique britannique de référence, lancent l'alerte: le nombre de cancers du foie explose. Selon leurs projections, les carcinomes hépatocellulaires pourraient quasiment doubler d'ici à 2050 , passant de 870'000 en 2022 à 1,5 million. Au niveau mondial, ce type de cancers est le sixième le plus fréquent, et le troisième qui tue le plus. Alors que dans 60% des cas il est évitable, rappelle l'étude. Le développement du cancer du foie se caractérisant par une progression allant d'une maladie hépatique chronique à la cirrhose puis au cancer, cette période étendue offre une opportunité d'intervention pour empêcher que la maladie ne se manifeste. Pour freiner la progression du crabe, un effort particulier doit être mis sur la prévention. Les experts de la commission de «The Lancet» proposent un certain nombre de recommandations. Comme renforcer le dépistage et la vaccination contre l'hépatite B (qui peut précéder un cancer du foie), sensibiliser aux dangers de l'alcool ou encore promouvoir une activité régulière et une alimentation saine. La doctoresse Antonia Digklia est médecin associée au Service d'oncologie médicale du CHUV. Elle revient sur les points clés de l'étude. La doctoresse Antonia Digklia est médecin associée au Service d'oncologie médicale du CHUV. DR Qu'avez-vous pensé de l'étude publiée dans «The Lancet»? Elle confirme ce que nous constatons ces dernières années dans notre pratique clinique: le nombre de cancers du foie augmente. Alors que, comme le rappelle aussi l'étude, un certain nombre de facteurs de risque sont bien connus et évitables. Mais que pas grand-chose n'est mis en place en Suisse, notamment en matière de politique de santé publique, pour cibler ce problème. Au CHUV, quels sont les chiffres qui témoignent de cette hausse? Nous ne tenons pas de statistiques spécifiques, mais ce que nous voyons au niveau clinique c'est une augmentation des patients cirrhotiques dont le cancer du foie n'est pas lié à une consommation d'alcool mais se caractérise par une accumulation de graisses dans le foie, associée à des troubles métaboliques comme l'obésité (soit un indice de masse corporel de plus de 30) , le diabète ou une dyslipidémie (une anomalie du bilan lipidique). De quelle manière ces cancers peuvent-ils être évités? Par une politique de santé publique ciblée, comme vous l'évoquez? Une politique de santé publique efficace devrait, à mon sens, se concentrer sur une meilleure sensibilisation de la population à cette problématique. Les hommes, en particulier, sont plus touchés que les femmes et devraient par conséquent être ciblés en priorité. Ils ne se rendent pas compte des effets de leur consommation d'alcool sur leur santé. Ils imaginent que seuls les alcooliques profonds sont touchés. Alors qu'une consommation régulière, quotidienne, est un important facteur de risque. Les personnes en surpoids semblent aussi ignorer que l'obésité et le diabète de type 2 font partie des facteurs de risque pour développer un cancer du foie. On devrait, là encore, mieux sensibiliser ces personnes. Pourquoi les hommes sont plus touchés que les femmes? Les hommes ont tendance à banaliser leur consommation d'alcool, ils font moins attention à leur image, et la société stigmatise moins leur embonpoint. Alors que les femmes sont en général beaucoup plus soucieuses de leur apparence, de ne pas prendre du poids. De manière générale, les hommes prennent moins soin d'eux et vont moins souvent chez le médecin. Le foie a une particularité: il ne fait pas de bruit. Qu'est-ce que ça veut dire? Je dis souvent que c'est un organe «féminin» parce qu'il souffre en silence. Si vous avez un problème de cœur, ou un problème aux poumons, vous allez rapidement voir des signes. Vous allez tousser, par exemple. Mais pour le foie, lorsque les symptômes apparaissent, c'est souvent déjà trop tard. Même une prise de sang ne permet pas toujours d'identifier les problèmes. Des patients nous le disent d'ailleurs souvent: ils ne comprennent pas, ils ont fait régulièrement des contrôles sanguins qui ne montraient rien de spécial. D'où l'importance de la prévention. Et du dépistage. Quels sont les freins qui empêchent les patients de se faire dépister? Ce qu'on voit, de manière générale, c'est que les adultes qui sont en bonne santé vont rarement voir leur médecin. Ils commencent à consulter à la cinquantaine, lorsque des symptômes apparaissent. Or pour une bonne partie de ces patients, si on avait pu les voir avant que la maladie ne se déclare, on aurait eu du temps d'agir en amont et d'éviter le développement de la pathologie. On aurait par exemple pu les vacciner contre l'hépatite B (ce qui réduit les risques de développer un cancer du foie), s'ils ne l'étaient pas déjà. Ou leur rappeler l'importance d'un mode de vie sain pour lutter contre ce type de cancers. C'est à ça que doit servir le dépistage. Mais pour cela il faut encore une fois sensibiliser la population. C'est du reste ce qu'on est parvenu à faire pour les femmes et le cancer du sein. C'est parce qu'on a martelé l'importance de le détecter au plus tôt qu'elles ont pris l'habitude de régulièrement se faire examiner. Quels sont les conseils en matière de prévention à suivre? La prévention du cancer du foie repose principalement sur la vaccination contre l'hépatite B et la réduction des facteurs de risque liés à l'hépatite C et à la consommation d'alcool. Le surpoids et le diabète peuvent augmenter le risque de stéatose hépatique non alcoolique (ndlr: MASLD, connue autrefois sous le nom de «foie gras») , qui est un facteur de risque de cancer du foie. Une hygiène de vie saine, comprenant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, peut également contribuer à diminuer les risques. De plus, un dépistage régulier – par prise de sang et échographie afin de surveiller l'état du foie – est recommandé pour les personnes à risque, comme les porteurs chroniques de l'hépatite B ou C. Sur le cancer du foie, lire aussi À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Catherine Cochard est journaliste à la rubrique vaudoise et s'intéresse aux sujets de société. Elle produit également des podcasts. Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Temps ainsi qu'en tant que réalisatrice indépendante pour l'Université de Zurich. Plus d'infos @catherincochard Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


La Presse
7 days ago
- Politics
- La Presse
La pollution plastique, une menace « grave et croissante » pour la santé
Cette photo aérienne prise le 5 juin 2021 montre des déchets plastiques sur un site de collecte en Indonésie. La pollution plastique, une menace « grave et croissante » pour la santé (Paris) La pollution plastique est un « danger grave, croissant et sous-estimé » pour la santé qui coûte au monde au moins 1500 milliards de dollars par an, avertissent des experts dans un rapport paru lundi dans la revue médicale The Lancet. Agence France-Presse Ce nouvel état des lieux, établi par des chercheurs et médecins de renom, est publié à la veille de la reprise à Genève de discussions pour conclure le premier traité mondial sur la pollution plastique. « Les plastiques provoquent des maladies et des décès de l'enfance à la vieillesse et sont responsables de pertes économiques liées à la santé dépassant 1500 milliards de dollars (environ 1300 milliards d'euros) par an », indiquent les auteurs. Les experts estiment que l'impact de cette pollution pourrait être atténué par certaines politiques. Ils appellent les représentants de près de 180 pays attendus mardi à Genève pour de nouvelles négociations, après l'échec de discussions à Busan en Corée du Sud en décembre, à enfin s'entendre sur un traité. Philip Landrigan, médecin et chercheur au Boston College aux États-Unis, prévient que les personnes vulnérables, en particulier les enfants, sont les plus touchées par la pollution plastique. « À ceux qui se réunissent à Genève : s'il vous plaît, relevez le défi et l'opportunité de trouver un terrain d'entente qui permettra une coopération internationale significative et efficace en réponse à cette crise mondiale », dit-il dans un communiqué. Les chercheurs mettent notamment en garde contre de minuscules morceaux de plastique appelés microplastiques, présents partout dans la nature – y compris dans les corps humains. Leurs effets sur la santé ne sont pas encore entièrement connus, mais des chercheurs ont tiré la sonnette d'alarme sur l'impact potentiel de ce plastique omniprésent. La quantité de plastique produite dans le monde est passée de deux millions de tonnes en 1950 à 475 millions de tonnes en 2022, selon ce rapport. Si rien n'est fait, la consommation mondiale de plastique pourrait tripler d'ici 2060, selon les projections de l'OCDE. Or, moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés. Philip Landrigan rappelle que la « crise » mondiale liée aux plastiques est liée à la crise climatique, le plastique étant fabriqué à partir des combustibles fossiles. « Il ne faut pas sous-estimer l'ampleur » de ces crises, estime-t-il. « Toutes deux provoquent aujourd'hui des maladies, des décès et des incapacités chez des dizaines de milliers de personnes. » Le rapport annonce également une nouvelle initiative pour suivre l'impact de la pollution plastique sur la santé, le dernier d'une série appelée The Lancet Countdown.


Le HuffPost France
7 days ago
- Science
- Le HuffPost France
Sur la pollution plastique, l'alerte de ces scientifiques avant d'ultimes négociations mondiales
ENVIRONNEMENT - Ils tirent la sonnette d'alarme. Des scientifiques alertent sur les dangers de la pollution plastique dans le monde et sur la santé, à la veille de la rencontre, mardi 5 août, des représentants de près de 180 pays à Genève. Ces derniers ont bon espoir d'élaborer le premier traité mondial pour éliminer la pollution plastique, malgré l'opposition des pays producteurs de pétrole et de gaz. Comme le rapporte Le Monde ce lundi 4 août, trente chercheurs des plus grandes institutions académiques ont publié un rapport dans la revue médicale The Lancet, qui compile les données les plus récentes sur le sujet. Plus précisément sur les multiples impacts sanitaires des plastiques. Ainsi, ils lancent le « Lancet Countdown on Health and Plastics », qui permet de « documenter dans la durée leurs effets sur la santé et de suivre les éventuels progrès réalisés pour les atténuer », explique Le Monde. Des décès par dizaines de milliers par an Dans ce rapport de 19 pages, les scientifiques estiment que les dangers de la pollution plastique sont largement « sous-estimés » et veulent placer le sujet « au centre des débats ». Il est rappelé que le plastique, quelle que soit l'étape de son cycle de vie, est responsable de maladies et de décès « par dizaines de milliers », d'abord chez les populations défavorisées. En outre, « les pertes économiques liées à ces pathologies sont estimées à plus de 1 500 milliards de dollars (environ 1 300 milliards d'euros) par an », souligne le quotidien. À ce stade, si la production de plastique demeure incontrôlée, elle pourrait tripler d'ici 2060, selon les projections de l'OCDE, pour atteindre 1,2 milliard de tonnes par an. D'un point de vue sanitaire, le rapport évoque une estimation « prudente » d'au moins 35 000 décès prématurés par an chez les ouvriers qui travaillent sur les sites de production de polymères. Ceci à cause de l'exposition aux substances chimiques toxiques. Et c'est sans compter le reste de la population mondiale, totalement imprégnée de polluants toxiques, même in utero. Naissances prématurées, infertilité, cancers, infarctus, obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, hypertension, diminution des capacités cognitives… la liste des répercussions médicales établie par le rapport est longue. « L'ampleur réelle des effets néfastes de ces produits chimiques sur la santé est sous-estimée », déplorent les scientifiques. « Il est très possible de quitter Genève avec un traité » Sur la planète, on produit actuellement 460 millions de tonnes de plastique chaque année, dont la moitié à usage unique. Et moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés. La production de déchets plastique dans les sols, les cours d'eau, du sommet des montagnes aux océans, devrait bondir de 50 % d'ici 2040, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), qui assure le secrétariat des négociations onusiennes. En se décomposant en micro et nanoplastiques qui contaminent les écosystèmes, les polymères pénètrent jusque dans le sang et les organes humains, montrent des études récentes. C'est donc pour toutes ces raisons que certains pays veulent agir. Malgré l'extrême complexité de la négociation, qui touche des intérêts antagonistes de la société moderne (produits chimiques, développement économique versus environnement, santé), « il est très possible de quitter Genève avec un traité » a déclaré cette semaine à la presse la Danoise Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement. Le plus difficile concerne le fait d'inscrire (ou non) dans le texte final une limitation de la production de plastiques neufs, résume Saeed Hamid, membre d'une coalition regroupant 39 États insulaires. Des pays pétroliers comme l'Arabie saoudite, l'Iran ou la Russie ne veulent pas en entendre parler et ont contribué à l'échec de précédentes discussions, à Busan en Corée du Sud, en décembre 2024.