
La pollution plastique, une menace « grave et croissante » pour la santé
La pollution plastique, une menace « grave et croissante » pour la santé
(Paris) La pollution plastique est un « danger grave, croissant et sous-estimé » pour la santé qui coûte au monde au moins 1500 milliards de dollars par an, avertissent des experts dans un rapport paru lundi dans la revue médicale The Lancet.
Agence France-Presse
Ce nouvel état des lieux, établi par des chercheurs et médecins de renom, est publié à la veille de la reprise à Genève de discussions pour conclure le premier traité mondial sur la pollution plastique.
« Les plastiques provoquent des maladies et des décès de l'enfance à la vieillesse et sont responsables de pertes économiques liées à la santé dépassant 1500 milliards de dollars (environ 1300 milliards d'euros) par an », indiquent les auteurs.
Les experts estiment que l'impact de cette pollution pourrait être atténué par certaines politiques. Ils appellent les représentants de près de 180 pays attendus mardi à Genève pour de nouvelles négociations, après l'échec de discussions à Busan en Corée du Sud en décembre, à enfin s'entendre sur un traité.
Philip Landrigan, médecin et chercheur au Boston College aux États-Unis, prévient que les personnes vulnérables, en particulier les enfants, sont les plus touchées par la pollution plastique.
« À ceux qui se réunissent à Genève : s'il vous plaît, relevez le défi et l'opportunité de trouver un terrain d'entente qui permettra une coopération internationale significative et efficace en réponse à cette crise mondiale », dit-il dans un communiqué.
Les chercheurs mettent notamment en garde contre de minuscules morceaux de plastique appelés microplastiques, présents partout dans la nature – y compris dans les corps humains. Leurs effets sur la santé ne sont pas encore entièrement connus, mais des chercheurs ont tiré la sonnette d'alarme sur l'impact potentiel de ce plastique omniprésent.
La quantité de plastique produite dans le monde est passée de deux millions de tonnes en 1950 à 475 millions de tonnes en 2022, selon ce rapport. Si rien n'est fait, la consommation mondiale de plastique pourrait tripler d'ici 2060, selon les projections de l'OCDE. Or, moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés.
Philip Landrigan rappelle que la « crise » mondiale liée aux plastiques est liée à la crise climatique, le plastique étant fabriqué à partir des combustibles fossiles.
« Il ne faut pas sous-estimer l'ampleur » de ces crises, estime-t-il. « Toutes deux provoquent aujourd'hui des maladies, des décès et des incapacités chez des dizaines de milliers de personnes. »
Le rapport annonce également une nouvelle initiative pour suivre l'impact de la pollution plastique sur la santé, le dernier d'une série appelée The Lancet Countdown.
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La Presse
5 hours ago
- La Presse
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Les négociations sont constamment freinées par un groupe de pays essentiellement pétroliers (Arabie saoudite, Koweït, Russie, Iran, Malaisie…) réunis sous le surnom de « pays qui pensent la même chose ». Les États-Unis sont aussi proches de cette mouvance, ainsi que l'Inde. (Genève) Des diplomates venus de 184 pays tentent lundi d'arrondir les angles et de réduire leurs profondes divisions dans l'espoir de pouvoir afficher jeudi comme prévu le premier traité mondial contre la pollution plastique, y compris en milieu marin. Isabel MALSANG et Robin MILLARD Agence France-Presse Après une journée de répit dimanche faisant suite à une première semaine de discussions onusiennes qui n'a marqué aucune avancée décisive, les délégués ont repris lundi leurs travaux en groupes de travail spécialisés ou régionaux. Quelques rencontres informelles, voire « informelles-informelles » ont eu lieu dimanche ; ce qui signifie en langage onusien des rencontres hors du cadre corseté et transparent des négociations formelles. Ces rendez-vous discrets, parfois dans des villas autour du lac Léman, permettent une meilleure compréhension respective de positions antagonistes. Même s'il ne contient pas grand-chose, il y aura un traité comme prévu jeudi, a assuré un négociateur africain à l'AFP qui parle sous condition d'anonymat. « Nous n'avons pas travaillé trois ans pour repartir sans rien ». Les négociations informelles « vont maintenant très vite », ajoute une autre source diplomatique. Selon cette source, le fait que certains États acceptent ces réunions « informelles-informelles », alors qu'ils sont opposés idéologiquement, est un signe de « recherche de compromis ». Pays « ambitieux » Depuis le début des pourparlers il y a deux ans et demi, un groupe de pays essentiellement pétroliers (Arabie saoudite, Koweït, Russie, Iran, Malaisie…) bloque le processus. Les États-Unis sont proches de cette mouvance, ainsi que l'Inde. Ils souhaitent que le traité porte quasi exclusivement sur le traitement du plastique à l'état de déchets, et s'opposent à toute contrainte sur la partie « amont » du plastique, issu du pétrole. En face, un groupe grandissant de pays – qualifiés d'« ambitieux » – veulent des mesures pour réguler la production, seule solution pour freiner le fléau de la pollution plastique qui s'infiltre dans les écosystèmes, les montagnes, les fleuves, les océans, et jusqu'à l'intérieur du corps humain. Ce groupe demande que le traité comporte une clause prévoyant une réduction de la production exponentielle de plastiques, qui doit tripler d'ici 2060. Il réunit les 27 pays de l'Union européenne (UE), de nombreux pays d'Amérique latine, d'Afrique, l'Australie, le Royaume-Uni, la Suisse, le Canada ainsi que la plupart des pays îliens submergés par des vagues de déchets de plastique venus de l'océan. Pour le représentant des Palaos, archipel du Pacifique, qui s'exprime au nom de 39 micro-États îliens, le traité doit servir à nettoyer les déchets qui sont « déjà en train d'étouffer l'océan ». « Nous savions avant de venir que cela ne serait pas facile […], nous sommes venus ici pour essayer de trouver des priorités », dit à l'AFP l'ambassadeur de la Barbade à l'ONU, Matthew Wilson. Un vote ? « Le temps presse », a alerté Eirik Lindebjerg, conseiller au WWF sur les politiques plastique, qui suggère, comme d'autres ONG, une accélération radicale des procédures. « La majorité ambitieuse qui s'est engagée depuis longtemps pour demander un traité fort a choisi de laisser une poignée de pays bloquer le processus. Espérer trouver une porte de sortie par le consensus est une illusion », a-t-il déclaré à l'AFP. « La seule solution possible pour finaliser un texte dans les temps impartis est de recourir à un vote » selon lui. Mais le consensus – et non le vote – est la règle par défaut. « En déclenchant un vote, la minorité qui bloque le processus réaliserait qu'elle va perdre et serait forcée à faire des compromis », ajoute Claire Arkin, porte-parole de l'ONG Gaia (Global alliance for incinerator alternatives), basée en Europe, en Afrique et aux États-Unis. « Il n'est pas trop tard, mais il faut qu'il soit annoncé aussi vite que possible ». Soixante-dix ministres et une trentaine de hauts cadres d'administration, soit les responsables de l'environnement d'une centaine de pays, sont attendus à Genève à partir de mardi pour aider à débloquer la fin des négociations. La Commissaire européenne à l'Environnement, Jessika Roswall, a appelé lundi « toutes les parties à être constructives et orientées vers les résultats ». « Nous avons plus de parenthèses dans le texte (c'est-à-dire de paragraphes sur lesquels les pays ne sont pas encore parvenus à s'entendre, NDLR) que de plastique dans la mer », a-t-elle dit.


La Presse
11 hours ago
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La Presse
3 days ago
- La Presse
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Dans cette lettre publiée le 8 août dans le journal Libération et soumise à La Presse, des spécialistes du droit international et pénal font collectivement huit constats sur la situation à Gaza. 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De tels actes commis sur le territoire israélien sont indéniablement des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qu'aucune cause ne saurait justifier. 3. face à ces attaques provenant de l'intérieur d'un territoire occupé, Israël ne pouvait se réclamer du droit de légitime défense au sens de l'article 51 de la Charte des Nations unies mais, comme l'a rappelé la Cour internationale de justice dans son avis consultatif du 9 juillet 2004 sur le « Mur », l'État hébreu conserve « le droit, et même le devoir » de répondre à de tels actes « en vue de protéger la vie de ses citoyens. Ces mesures n'en doivent pas moins demeurer conformes au droit international applicable ». 4. dans le cadre de sa riposte, Israël a commis et continue de commettre de nombreuses violations graves du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire. De telles violations, commises en lien avec un conflit armé, peuvent aussi recevoir la qualification de crimes de guerre. 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Les signataires de cette tribune appellent en définitive au plein respect des obligations applicables à la situation. Chacun devrait œuvrer à une paix juste et durable dans le respect du droit international. 1. Consultez la liste complète des signataires 2. Lisez « Manifestly Illegal : Israeli International Law Scholars on the Stated Plan to 'Concentrate' the Palestinian Population in South Gaza » (en anglais) 3. Lisez « Our Genocide » (en anglais) 4. Lisez « Genocide in Gaza » (en anglais) 5. Lisez « La population palestinienne de Gaza victime d'un génocide » 6. Lisez « Extermination and Acts of Genocide – Israel Deliberately Depriving Palestinians in Gaza of Water » (en anglais) Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue