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«Plus de la moitié des cancers du foie sont évitables»

«Plus de la moitié des cancers du foie sont évitables»

24 Heures9 hours ago
Une étude corrobore ce que les spécialistes observent partout: les cas sont en hausse. Interview d'Antonia Digklia du Service d'oncologie médicale du CHUV. Publié aujourd'hui à 08h33
Illustration prétexte. Le surpoids, l'obésité et le diabète de type 2 font partie des facteurs à risque pour développer un cancer du foie.
IMAGO/HalfPoint Images
En bref:
Dans une étude publiée fin juillet, les experts de la commission de «The Lancet», revue scientifique britannique de référence, lancent l'alerte: le nombre de cancers du foie explose. Selon leurs projections, les carcinomes hépatocellulaires pourraient quasiment doubler d'ici à 2050 , passant de 870'000 en 2022 à 1,5 million.
Au niveau mondial, ce type de cancers est le sixième le plus fréquent, et le troisième qui tue le plus. Alors que dans 60% des cas il est évitable, rappelle l'étude. Le développement du cancer du foie se caractérisant par une progression allant d'une maladie hépatique chronique à la cirrhose puis au cancer, cette période étendue offre une opportunité d'intervention pour empêcher que la maladie ne se manifeste.
Pour freiner la progression du crabe, un effort particulier doit être mis sur la prévention. Les experts de la commission de «The Lancet» proposent un certain nombre de recommandations. Comme renforcer le dépistage et la vaccination contre l'hépatite B (qui peut précéder un cancer du foie), sensibiliser aux dangers de l'alcool ou encore promouvoir une activité régulière et une alimentation saine.
La doctoresse Antonia Digklia est médecin associée au Service d'oncologie médicale du CHUV. Elle revient sur les points clés de l'étude.
La doctoresse Antonia Digklia est médecin associée au Service d'oncologie médicale du CHUV.
DR
Qu'avez-vous pensé de l'étude publiée dans «The Lancet»?
Elle confirme ce que nous constatons ces dernières années dans notre pratique clinique: le nombre de cancers du foie augmente. Alors que, comme le rappelle aussi l'étude, un certain nombre de facteurs de risque sont bien connus et évitables. Mais que pas grand-chose n'est mis en place en Suisse, notamment en matière de politique de santé publique, pour cibler ce problème.
Au CHUV, quels sont les chiffres qui témoignent de cette hausse?
Nous ne tenons pas de statistiques spécifiques, mais ce que nous voyons au niveau clinique c'est une augmentation des patients cirrhotiques dont le cancer du foie n'est pas lié à une consommation d'alcool mais se caractérise par une accumulation de graisses dans le foie, associée à des troubles métaboliques comme l'obésité (soit un indice de masse corporel de plus de 30) , le diabète ou une dyslipidémie (une anomalie du bilan lipidique).
De quelle manière ces cancers peuvent-ils être évités? Par une politique de santé publique ciblée, comme vous l'évoquez?
Une politique de santé publique efficace devrait, à mon sens, se concentrer sur une meilleure sensibilisation de la population à cette problématique. Les hommes, en particulier, sont plus touchés que les femmes et devraient par conséquent être ciblés en priorité. Ils ne se rendent pas compte des effets de leur consommation d'alcool sur leur santé. Ils imaginent que seuls les alcooliques profonds sont touchés. Alors qu'une consommation régulière, quotidienne, est un important facteur de risque. Les personnes en surpoids semblent aussi ignorer que l'obésité et le diabète de type 2 font partie des facteurs de risque pour développer un cancer du foie. On devrait, là encore, mieux sensibiliser ces personnes.
Pourquoi les hommes sont plus touchés que les femmes?
Les hommes ont tendance à banaliser leur consommation d'alcool, ils font moins attention à leur image, et la société stigmatise moins leur embonpoint. Alors que les femmes sont en général beaucoup plus soucieuses de leur apparence, de ne pas prendre du poids. De manière générale, les hommes prennent moins soin d'eux et vont moins souvent chez le médecin.
Le foie a une particularité: il ne fait pas de bruit. Qu'est-ce que ça veut dire?
Je dis souvent que c'est un organe «féminin» parce qu'il souffre en silence. Si vous avez un problème de cœur, ou un problème aux poumons, vous allez rapidement voir des signes. Vous allez tousser, par exemple. Mais pour le foie, lorsque les symptômes apparaissent, c'est souvent déjà trop tard. Même une prise de sang ne permet pas toujours d'identifier les problèmes. Des patients nous le disent d'ailleurs souvent: ils ne comprennent pas, ils ont fait régulièrement des contrôles sanguins qui ne montraient rien de spécial. D'où l'importance de la prévention.
Et du dépistage. Quels sont les freins qui empêchent les patients de se faire dépister?
Ce qu'on voit, de manière générale, c'est que les adultes qui sont en bonne santé vont rarement voir leur médecin. Ils commencent à consulter à la cinquantaine, lorsque des symptômes apparaissent. Or pour une bonne partie de ces patients, si on avait pu les voir avant que la maladie ne se déclare, on aurait eu du temps d'agir en amont et d'éviter le développement de la pathologie. On aurait par exemple pu les vacciner contre l'hépatite B (ce qui réduit les risques de développer un cancer du foie), s'ils ne l'étaient pas déjà. Ou leur rappeler l'importance d'un mode de vie sain pour lutter contre ce type de cancers. C'est à ça que doit servir le dépistage. Mais pour cela il faut encore une fois sensibiliser la population. C'est du reste ce qu'on est parvenu à faire pour les femmes et le cancer du sein. C'est parce qu'on a martelé l'importance de le détecter au plus tôt qu'elles ont pris l'habitude de régulièrement se faire examiner.
Quels sont les conseils en matière de prévention à suivre?
La prévention du cancer du foie repose principalement sur la vaccination contre l'hépatite B et la réduction des facteurs de risque liés à l'hépatite C et à la consommation d'alcool. Le surpoids et le diabète peuvent augmenter le risque de stéatose hépatique non alcoolique (ndlr: MASLD, connue autrefois sous le nom de «foie gras») , qui est un facteur de risque de cancer du foie. Une hygiène de vie saine, comprenant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, peut également contribuer à diminuer les risques. De plus, un dépistage régulier – par prise de sang et échographie afin de surveiller l'état du foie – est recommandé pour les personnes à risque, comme les porteurs chroniques de l'hépatite B ou C.
Sur le cancer du foie, lire aussi
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Catherine Cochard est journaliste à la rubrique vaudoise et s'intéresse aux sujets de société. Elle produit également des podcasts. Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Temps ainsi qu'en tant que réalisatrice indépendante pour l'Université de Zurich. Plus d'infos @catherincochard
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Ensevelie sous la neige, une Suissesse a vécu les minutes les plus terrifiantes de sa vie
Ensevelie sous la neige, une Suissesse a vécu les minutes les plus terrifiantes de sa vie

24 Heures

time31 minutes ago

  • 24 Heures

Ensevelie sous la neige, une Suissesse a vécu les minutes les plus terrifiantes de sa vie

Coincée dans un abri à neige effondré, une Suissesse a vécu les minutes les plus terrifiantes de sa vie. Trente ans plus tard, elle raconte son expérience et l'impact qu'elle a eu sur son existence. Publié aujourd'hui à 17h02 Ensevelie sous la neige, Catherine Hedinger ne pouvait «pas bouger d'un centimètre». L'accident s'est produit il y a plus de trente ans. Urs Jaudas En bref: Cela aurait pu être les dernières minutes de la vie de Catherine Hedinger. Ses derniers moments conscients. Ceux que la mort engloutit et dont sa famille et ses amis se seraient peut-être demandé toute leur vie: a-t-elle souffert? Quelles étaient ses dernières pensées? Savait-elle que c'était sa fin? Si Catherine Hedinger était morte ce jour-là, dans le massif de la Jungfrau , elle n'aurait jamais rencontré son mari, ses deux fils ne seraient jamais nés et elle ne serait pas là aujourd'hui, dans son jardin zurichois, par cet après-midi d'été orageux. À 66 ans, elle raconte comment, bloquée dans la neige il y a une trentaine d'années, elle se sentait «follement seule». Les mains de son père Si les choses s'étaient passées autrement, ses parents auraient peut-être trouvé du réconfort dans le fait que leur fille, alors âgée de 34 ans, soit morte en montagne. Car la montagne était un peu comme un membre de la famille. «Je me souviens encore aujourd'hui de l'odeur des mains de mon père en montagne, dit Catherine Hedinger, l'odeur du soleil et du sel.» C'est son plus ancien souvenir des excursions familiales dans la nature. Des sapins enneigés et des branches gelées qui brillent au soleil: c'est ainsi que Catherine Hedinger se souvient des hivers de son enfance. Urs Jaudas Encordée et équipée de lunettes de glacier, elle évolue dans les Alpes dès son plus jeune âge: sur la glace, sur la neige , sur les rochers et les prairies. Son père lui apprend qu'une montagne n'est pas simplement de la roche, mais qu'elle est vivante. Qu'en alpinisme, il faut regarder la morphologie, les conditions météorologiques, la qualité de la neige. Il est médecin, mais aurait parfois préféré devenir géologue. Il connaît tous les minéraux et toutes les formations rocheuses. Sa mère, également médecin, connaît pour sa part toutes les fleurs et les oiseaux par leur nom. Ne pas avoir peur de la montagne Été, automne et printemps, la famille gravit les sommets de l'Engadine et du Valais. L'hiver venu, elle chausse les skis dans les Alpes vaudoises pour dévaler la poudreuse, loin des pistes balisées. Catherine Hedinger (au centre) n'a jamais eu peur en montagne par le passé. DR Plus tard, devenue une jeune randonneuse, Catherine Hedinger fait confiance aux personnes qui l'accompagnent dans ses sorties. Elle s'associe à des gens qui connaissent mieux la montagne qu'elle. Une expérience scientifique à la Jungfrau À l'époque, elle dirige avec une amie le service d'oncologie de la Ligue contre le cancer. Elle rend visite aux patients à domicile et accompagne bon nombre d'entre eux jusqu'à leur dernier souffle. Elle connaît les signes physiologiques qui annoncent la fin. «Chez beaucoup d'entre eux, un triangle blanc se forme autour de la bouche et du nez, et la fin se voit aussi dans leurs yeux», explique la Suissesse. Elle alterne alors travail et passion: une semaine pour la Ligue contre le cancer, une semaine pour l'alpinisme. La nature et le sport l'aident, surtout quand elle se sent perdue dans la vie. Comme à l'époque, vers la trentaine, quand sa relation avec un alpiniste de l'extrême traversait une crise. Jeune femme, Catherine Hedinger (au centre) passe chaque minute de son temps libre dans la nature. DR Au même moment, Catherine Hedinger est sollicitée pour une expérience de médecine d'altitude: une équipe de scientifiques veut savoir si l'on peut se prémunir contre le mal des montagnes en entraînant ses muscles respiratoires. Catherine Hedinger participe à l'expérience. Pour les besoins de l'étude, elle escalade plusieurs fois la Jungfrau. En automne, au milieu des années 90, c'est la catastrophe. Aujourd'hui, Catherine Hedinger ne part en montagne que par beau temps. Auparavant, elle partait aussi en randonnée par temps de brouillard, comme ici. DR En raison du mauvais temps, l'équipe est bloquée dans la station de recherche de la Jungfrau , à 3500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dehors, une tempête de neige fait rage. À l'intérieur, c'est l'ennui et le mal de tête lié à l'altitude. Le directeur de recherche propose donc de construire à l'extérieur un igloo tout comme un trou à neige où l'on pourrait bivouaquer en cas d'urgence. Quelques personnes du groupe participent, dont Catherine Hedinger. Elle se lance dans la construction de l'igloo parce qu'elle est claustrophobe dans les grottes. Un mauvais pressentiment Lorsque le trou à neige est terminé, le directeur d'étude veut convaincre les personnes présentes de jeter un coup d'œil à l'intérieur. Catherine Hedinger a un mauvais pressentiment, mais ne veut pas faire la «difficile». Elle se rend donc dans l'abri. L'intérieur est si haut qu'on peut s'y tenir debout. Une chambre faite entièrement de neige, avec à l'intérieur deux bancs en neige. Catherine Hedinger se sent mal à l'aise, mais les autres – un groupe d'environ cinq personnes – la convainquent de s'arrêter un instant. Elle s'assied à côté d'une femme sur l'un des bancs. Soudain, l'abri s'effondre sur eux dans un bruit sourd. Catherine Hedinger est toujours assise sur le banc de neige, mais comme comprimée. Lors de l'effondrement, elle a instinctivement porté ses mains à son visage. Elle ne peut pas bouger, «pas d'un centimètre». Il y a de la neige partout, il fait froid. Sa première pensée: «Merde! Je dois sortir de là.» Elle essaie de créer une cavité avec sa main droite pour avoir plus d'air. Mais cela se retourne immédiatement contre elle. De la neige lui tombe sur le visage. «Dans quelques minutes, nous serons morts» Elle ne voit rien du tout. Quand elle lève les yeux, elle ne voit qu'un peu de bleu. Entre ses yeux et la neige, il n'y a que quelques millimètres. Elle n'entend rien non plus. La femme qui était assise à côté d'elle il y a quelques instants a été avalée par la neige. Catherine Hedinger est seule. Elle ne fait rien. Elle ne peut rien faire. Elle a du mal à respirer, tout est étroit, la neige pèse sur elle. «Tu ne peux pas faire de bruit, tu ne peux pas crier», se souvient-elle. L'impuissance totale. Catherine Hedinger se souvient encore aujourd'hui très précisément de ces minutes passées dans la neige. Photo: Urs Jaudas Elle se dit: «Si nous sommes tous ensevelis, nous serons morts dans quelques minutes.» Le groupe de la station de recherche ne remarquera son absence qu'au moment du dîner, une heure plus tard environ. Catherine Hedinger sait que dans cinq minutes environ, il sera déjà trop tard. Elle urine. Pas intentionnellement, mais peut-être à cause du choc. L'urine est chaude. «C'était une sensation si étrange, dit-elle, j'ai cru que la vie me quittait. Ma chaleur s'écoulait dans ce froid.» Elle en est sûre: c'est la fin. «J'étais brutalement objective» Elle pense à ses parents. Au fait qu'elle va mourir avant sa mère malade, dans ce «trou stupide» dans lequel elle ne voulait pas aller. Elle imagine l'horreur pour son père et sa sœur lorsqu'ils la trouveront ici, dans la neige. Et elle pense à l'alpiniste de l'extrême, son amour. Seule sa mort rendrait peut-être possible la séparation définitive avec lui. À l'époque, Catherine Hedinger ne pense pas à l'avenir. Elle ne s'apitoie pas sur son sort. Elle ne se demande pas: «Pourquoi moi, précisément?» Elle ne panique pas non plus. Elle accepte le fait qu'elle ne peut rien y faire et n'envisage pas un instant qu'elle pourrait sortir vivante de ce trou. Elle ne voit pas de lumière transcendante, ne ressent aucun sentiment de bonheur, ne vit pas d'expérience de mort imminente, comme dans certains récits de ses anciens patients atteints de cancer. «J'étais brutalement objective, dit Catherine Hedinger, je pensais que j'allais mourir banalement dans ce trou.» Pendant ces minutes dans la neige, elle se sent «follement seule», plus seule que jamais dans sa vie. Pas seule au milieu des gens, pas seule dans une relation, mais seule et isolée. C'est silencieux, froid et définitif. Puis elle perd connaissance. Elle ne reverra plus jamais les gens du groupe La vie de Catherine Hedinger reprend au son de la pelle qui la dégage de la neige et à la vue de «la peur bleue» dans les yeux du directeur de l'étude. Le directeur de l'étude ne dit rien. Plus tard, le groupe, indemne, reste également silencieux sur l'incident. Même après son accident, Catherine Hedinger continue à faire des randonnées. DR Sur le chemin du retour vers la station de recherche, ils traversent un tunnel éclairé par des néons. Catherine Hedinger se dit: «Cette lumière et ce tunnel m'auraient été utiles avant.» Le lendemain, elle accompagne le groupe au sommet de la Jungfrau pour conclure l'expérience. L'étude ne révèle aucun résultat révolutionnaire. Catherine Hedinger rentre chez elle. Elle ne reverra plus jamais les personnes de son groupe de recherche. Un an plus tard, elle rencontre son futur mari. Elle donne naissance à un premier fils, puis à un second. Après le décès de ses parents, elle s'installe dans la maison familiale. Elle continue à aller en montagne, mais évite désormais les tempêtes de neige. Entre son jardin qu'elle cultive et les livres qu'elle dévore, elle trouve un équilibre. La solitude la visite parfois, mais jamais plus avec cette intensité dévastatrice d'autrefois. Avec l'âge viennent quelques problèmes de genou. Malgré tout, elle se considère comme chanceuse. Traduit de l'allemand par Olivia Beuchat Davantage sur l'alpinisme Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Alice Britschgi est stagiaire au «Tages-Anzeiger». Elle a étudié la germanistique, la linguistique évolutionnaire et la théorie de la photographie à Zurich, Helsinki et Berlin. Plus d'infos @alice_in_butter Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

La chaleur revient en Suisse mais ne devrait pas s'installer durablement
La chaleur revient en Suisse mais ne devrait pas s'installer durablement

24 Heures

time4 hours ago

  • 24 Heures

La chaleur revient en Suisse mais ne devrait pas s'installer durablement

L'été fait son grand retour en Suisse ce week-end. Des orages pourraient toutefois éclater en montagne, alors que l'Europe du Sud suffoquera sous 40 degrés. Publié aujourd'hui à 13h29 Ce week-end, le thermomètre dépassera les 30 degrés en Suisse. DOMINIQUE MEIENBERG/TAMEDIA En bref: Ces dernières semaines, la chaleur estivale s'est révélée particulièrement difficile à supporter en Suisse. La dernière fois que le thermomètre a dépassé les 30 degrés remonte au 3 juillet, soit exactement 35 jours. Par la suite, le temps a été marqué par des températures moyennes et des pluies fréquentes. Mais le week-end prochain, le plein été fera son grand retour dans notre pays. «La barre des 30 degrés sera dépassée à de nombreux endroits», explique Christoph Holstein, météorologue à MétéoSuisse. Selon les prévisions météorologiques, les températures de la semaine prochaine devraient rester estivales, voire très estivales, soit entre 27 et 30 degrés. L'Europe du Sud en alerte face à une vague de chaleur record La situation change donc par rapport à ce qui s'est passé durant une grande partie du mois de juillet . Cela s'explique d'abord par l'affaiblissement de la dépression qui dominait l'Europe centrale ces dernières semaines. À la place, une masse d'air chaud subtropical s'élèvera depuis l'ouest de la Méditerranée vers les Alpes. Samedi, une zone de haute pression s'établira sur l'Espagne et le sud de la France. Sous cette «coupole» se développe généralement une vague de chaleur marquée, avec des températures maximales dépassant 35 degrés. Selon les estimations actuelles des experts de Severe Weather Europe , des températures maximales dépassant les 40 degrés sont même possibles sur la péninsule Ibérique. Les vacanciers au Portugal, en Espagne ou dans le sud de la France risquent donc d'avoir chaud. La carte météo révèle aussi une Europe clairement divisée en deux. Une dépression persiste au-dessus des îles Britanniques, de la Scandinavie et du nord de l'Allemagne, maintenant un temps frais et venteux. La vague de chaleur extrême qui touchait encore certaines parties de la Scandinavie en juillet a désormais complètement disparu. Et en Suisse? Le pays se trouve, comme c'est souvent le cas cet été , à la limite de ce gradient nord-sud. Cela influence considérablement le temps qu'il fait et complique du même coup les prévisions météorologiques à long terme. La raison en est que même de petits changements dans cette configuration atmosphérique peuvent avoir de grandes conséquences. Le week-end prochain peut servir d'exemple. Samedi, un front froid s'approchera effectivement du continent européen par l'ouest. Mais ce front, évoluant de plus en plus dans des conditions de haute pression, finit par s'enliser. Les météorologues parlent dans ce cas d'un ciel de traîne. Même affaibli, le front continue de générer une dynamique ascendante et déclenche des orages. L'intensité de ce front orageux ne pourra probablement être évaluée avec précision qu'à court terme. «Pour l'instant, nous partons du principe que les orages de samedi et dimanche se limiteront plutôt aux montagnes », indique Christoph Holstein. Face à ces incertitudes, les organisateurs d'activités de plein air ont donc tout intérêt à suivre attentivement les prévisions météorologiques des prochains jours. Une nouvelle canicule cet été en Suisse? La grande question du moment: l'été va-t-il se terminer en beauté chez nous aussi en août, avec peut-être même une vague de chaleur prolongée? Un regard en arrière montre que c'est possible. Ainsi, en 2023, la Suisse a vécu sa période de chaleur la plus intense de l'été entre le 15 et le 25 août, avec des températures record. À Bâle, par exemple, le thermomètre a grimpé à plus de 35 degrés le 19 août 2023. Les modèles météorologiques n'annoncent cependant pas de vague de chaleur aussi intense à court terme. Le météorologue Markus Übel, du service météorologique allemand, estime qu'«il ne faut pas s'attendre à un anticyclone stable avec un temps estival sans perturbations, ni même à une véritable vague de chaleur». La carte montre l'écart de température par rapport à la norme climatique à long terme pour la période du 5 au 11 août. On y distingue une Europe divisée en deux: un sud-ouest chaud et un nord plus frais. La Suisse se trouve à la frontière entre ces deux zones, mais plutôt du côté chaud. ECMWF La Suisse se trouve cependant plus proche de l'anticyclone méditerranéen chaud que le nord de l'Allemagne, par exemple. Des masses d'air divisent l'Europe en deux. On peut donc supposer qu'à partir du week-end, notre pays connaîtra une vague de chaleur durable. Les abondantes précipitations qu'ont connues de nombreuses régions suisses en juillet rendent peu probable une canicule en fin d'été. Selon MétéoSuisse, certaines régions du centre et du nord-est de la Suisse ont connu deux fois plus de précipitations que la normale. Le sol contient donc beaucoup d'humidité susceptible de s'évaporer, ce qui a généralement un effet modérateur sur l'évolution des températures. C'est exactement l'inverse qui se produirait en cas de sécheresse marquée dans notre pays. Elle peut en effet amplifier et prolonger les vagues de chaleur. L'automne frappe déjà aux portes de la Suisse Le plein été tire à sa fin. Dès le mois d'août, les jours raccourcissent de façon notable. Ils passent de près de quinze heures au début du mois à un peu plus de treize heures à la fin août. Les nuits s'allongent, favorisant le refroidissement nocturne. Parallèlement, l'hémisphère Nord entame sa transition progressive du régime estival vers le régime hivernal. Autrement dit, dès la mi-août au plus tard, l'automne est déjà aux portes de l'été. Au vu des prévisions, un conseil s'impose: profitez bien des températures estivales qui s'annoncent. Il ne reste plus beaucoup de temps au plein été en Suisse. Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan À propos de la météo en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Martin Steinegger ist als Redaktor im Ressort Wissen des Tages-Anzeigers tätig. Er berichtet schwerpunktmässig über die Themen Wetter und Klima. Plus d'infos @Stonie_78 Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

En Suisse de plus en plus d'enfants désertent l'école et personne ne sait quoi faire
En Suisse de plus en plus d'enfants désertent l'école et personne ne sait quoi faire

24 Heures

time5 hours ago

  • 24 Heures

En Suisse de plus en plus d'enfants désertent l'école et personne ne sait quoi faire

Les services de psychologie scolaire signalent une hausse inquiétante du nombre d'élèves qui ne vont plus à l'école. Entre horaires surchargés et surexposition numérique, les experts appellent à des solutions concertées. Publié aujourd'hui à 12h34 L'école, les loisirs, le téléphone portable: de nombreux enfants souffrent de semaines surchargées. IMAGO En bref: De plus en plus d'enfants désertent les salles de classe en Suisse. Ils craignent la pression de la performance, le harcèlement et les comparaisons avec leurs camarades. Mais par-dessus tout, ils ont peur de l'école. Résultat: ils n'y mettent plus les pieds. Ils souffrent de maux de ventre et de tête, perdent toute envie d'apprendre. Parfois, ils ne restent que quelques jours à la maison, parfois plusieurs semaines. Pour certains, le chemin du retour devient même impossible à retrouver. Enseignantes et psychologues tirent la sonnette d'alarme Absentéisme scolaire. C'est le terme technique utilisé pour désigner ce phénomène qui prend de l'ampleur. S'il n'existe pas de données nationales, les services de psychologie scolaire, les pédopsychiatres, les enseignants et les parents de toutes les régions du pays tirent la sonnette d'alarme. Le Syndicat des enseignants romands (SER) et son pendant alémanique, l' Association faîtière des enseignantes et enseignants suisses (LCH), ont eux aussi reconnu le problème. La thématique a été mise au centre des débats lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi à Berne. «Nous devons trouver des solutions qui s'imbriquent les unes dans les autres», note Dagmar Rösler, présidente de la LHC. KEYSTONE «L'école ne peut pas faire face seule à ce problème. Il est important de se serrer les coudes et de trouver des solutions qui s'imbriquent les unes dans les autres», explique Dagmar Rösler, présidente de la LCH. La relation avec les enseignants est au centre Lorsque l'on interroge des experts, des enseignants et des parents, un mot-clé revient systématiquement: relation. La relation entre les enseignants et leurs élèves, mais aussi entre les enfants et les parents. «On pense toujours immédiatement à l'école et à la pression quand on aborde ce sujet, mais c'est plus nuancé. Il y a tout un éventail de causes», fait remarquer le psychologue pour enfants et adolescents Fabian Grolimund. Les attentes parentales ou le perfectionnisme de nombreux parents diplômés peuvent également générer une pression à la performance. Par ailleurs, une peur de l'école peut aussi masquer une angoisse de séparation, du harcèlement ou révéler une crise familiale. «La surstimulation est un problème», affirme Fabian Grolimund, psychologue pour enfants et adolescents. DR Tous les spécialistes s'accordent sur un point: une relation stable avec le ou la titulaire de classe est déterminante. Sans cette relation de confiance, les difficultés se multiplient. Certains adolescents issus de milieux peu instruits n'établissent ainsi aucun lien avec l'école et n'y trouvent aucun sens. Autre problème pointé par les experts: la surcharge sensorielle. «Beaucoup d'enfants sont totalement épuisés le soir. En plus de l'école, il y a le repas de midi bruyant et donc fatigant, puis les cours de musique, le sport, etc. Certains ont un emploi du temps hebdomadaire complètement surchargé. Pour se reposer, ils vont sur leur téléphone portable, ce qui les épuise encore plus. L'absentéisme scolaire correspond au burn-out dans le monde du travail», note Fabian Grolimund. «Donner un soutien et une direction» L'enseignante primaire Sandra Locher, ancienne conseillère nationale (PS/GR) et membre du comité directeur de la LCH, confirme qu'une bonne relation entre les personnes impliquées est essentielle. Elle va même plus loin et évoque la nécessité d'un réel encadrement: «L'enseignant doit donner un soutien et une direction, c'est sa tâche centrale.» Mais les enseignants croulent eux aussi sous les responsabilités. Les exigences se multiplient: ils doivent jongler avec de multiples contraintes, gérer des classes surchargées et composer avec des parents parfois difficiles. La pénurie d'enseignants et les changements fréquents, qui compliquent l'établissement de liens durables avec les élèves, aggravent encore la situation. «Il est décisif de percevoir les élèves au niveau relationnel», précise Sandra Locher. C'est seulement de cette manière que les signaux d'alerte peuvent être détectés assez tôt. Par exemple, quand un enfant se replie sur lui-même et ne participe plus aux cours, qu'il présente des difficultés de concentration ou une tolérance à la frustration diminuée. Tout cela fait certes partie du quotidien scolaire. L'élément déterminant, c'est quand ces signes apparaissent brusquement ou s'intensifient. Ou encore quand des troubles physiques surgissent sans explication, accompagnés d'absences plus fréquentes. «Le rôle du titulaire de classe doit être renforcé», estime par ailleurs Sandra Locher. Presque tous les cantons le reconnaissent et leur accordent davantage de temps pour d'autres tâches, notamment pour répondre aux questions des élèves et des parents. L'idéal serait également de disposer de classes les plus petites possible, car plus elles sont grandes, plus il devient difficile de répondre aux besoins individuels. Et qu'en est-il des nombreuses réformes de notre système scolaire, au cours des dernières décennies? Ont-elles une influence sur la problématique de l'absentéisme? Moins de pression de la part des enseignants «L'enseignant est tout aussi important que le type d'enseignement», souligne Sandra Locher. «Mais il est également décisif que les élèves aient des expériences de réussite pour qu'ils restent motivés.» Ceux qui ne comptent pas parmi les meilleurs sur le plan cognitif pourront peut-être exceller en cours de sport. Dans une société en mutation rapide, où les profils professionnels évoluent constamment, l'école a aussi pour rôle de diminuer cette pression, note Sandra Locher. Et d'ajouter: «Je pense qu'il est important d'insister à l'école et auprès des parents sur la perméabilité de notre système de formation.» Selon elle, il est également important de fixer des objectifs réalistes, en collaboration avec les parents. «Les enseignants doivent être conscients de leur responsabilité vis-à-vis du parcours de formation de leurs élèves», souligne-t-elle. À chaque génération son propre défi L'absentéisme scolaire est-il un problème surmontable? «Chaque génération a ses propres défis. Dans les années 90, on craignait de perdre les jeunes à cause de la drogue. Aujourd'hui, c'est le surmenage», explique le psychologue Fabian Grolimund. Diverses études attestent bel et bien une hausse de l'anxiété et des dépressions. Mais Fabian Grolimund souligne qu'aujourd'hui, on porte aussi une attention plus soutenue à ces phénomènes. Les enfants et les adolescents savent désormais bien mieux exprimer leurs sentiments. «De nos jours, les jeunes sont beaucoup plus surveillés que les générations précédentes. On intervient plus rapidement, on leur apporte de l'aide.» La question essentielle à se poser serait la suivante: de quoi cet enfant a-t-il précisément besoin pour se sentir à nouveau bien à l'école et y réussir? Pour certains, une simple intervention suffit, comme réduire le temps de présence en classe, un peu comme le télétravail dans le monde professionnel. Les experts s'accordent toutefois à dire qu'il n'existe pas de solution universelle et que le problème ne peut être résolu que par un effort collectif. Traduit de l'allemand par Olivia Beuchat Absentéisme scolaire en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Michèle Binswanger écrit sur les gens, leurs histoires et fait des recherches approfondies. Elle a été élue journaliste de société de l'année en 2016, 2017 et 2018. Aujourd'hui, elle dirige avec Philippe Zweifel la rubrique Culture-Savoirs-Service de la Sonntagszeitung. Plus d'infos @mbinswanger Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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