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5 days ago
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Sommes-nous trop compétitifs ?
Si on est toujours dans la compétition, même dans nos loisirs, on peut avoir un problème de confiance et d'estime de soi, souligne le psychiatre Frédéric Fanget. La culture de la compétition et de la performance dans notre société ne date pas d'hier, mais elle peut parfois être à double tranchant Dans notre société axée sur la performance, peut-on encore courir ou jardiner pour le simple plaisir, sans rivaliser avec les autres ni montrer nos exploits ? Sommes-nous toujours dans un modèle de compétition en tout temps ? « On a hérité ça des Grecs ! Ça fait penser à la culture de la compétition en Grèce antique, la culture de l'Agon qui est une culture de la compétition sportive, intellectuelle, artistique. L'esprit de compétition se trouve à l'origine de la grandeur de la culture grecque, car la compétition pousse à l'excellence, au progrès et à l'innovation », croit Isabelle Chouinard, professeure de philosophie à l'UQAM. Selon elle, il y a clairement des origines culturelles lointaines à toujours vouloir se mesurer à autrui et rivaliser avec les autres. « Il y a de nombreux concours dans notre société, des concours sportifs, littéraires, gastronomiques, philosophiques, animaliers, les Oscars, les Félix, les Gémeaux, etc. Remporter un trophée ou une médaille, ça envoie le message qu'il faut être le meilleur, quel que soit le domaine, et on reproduit cela dans notre vie personnelle. » PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Isabelle Chouinard, professeure de philosophie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) Attention, si on est toujours dans la compétition, même dans nos loisirs, on peut avoir un problème de confiance et d'estime de soi, souligne le psychiatre Frédéric Fanget. Il est toutefois normal, selon lui, de se prouver des choses à soi-même et on va tous à un moment donné dans notre vie prouver qu'on vaut quelque chose. Ce n'est alors pas pathologique. Si vous vous mettez à courir à 40 ou à 50 ans pour prouver que votre corps est encore capable, vous êtes dans une performance par rapport à vous-même. À condition que l'effort que vous faites reste un plaisir. Frédéric Fanget, psychiatre Ce qui compte, à ses yeux, c'est de connaître ses forces et ses faiblesses, et de ne pas viser l'inatteignable. « La performance, si c'est dans nos capacités, c'est bien pour notre santé mentale. Mais au-delà de nos compétences, on va être dans la souffrance. » L'aspect social Jocelyne Planche, 52 ans, participe à une ou deux courses organisées par année. Elle estime ne pas être une personne compétitive dans la vie, mais pour le sport, le sentiment de dépassement de soi entre en jeu. « Lors d'une compétition, tu as des sensations que tu n'as jamais eues auparavant, la vitesse, ton corps en mouvement, tes muscles en action. C'est incroyable, tu défies les limites de ton corps, tu le pousses au maximum, et la sensation est extrême, estime-t-elle. Ce n'est pas comme un petit jogging du samedi. » PHOTO FOURNIE PAR JOCELYNE PLANCHE Jocelyne Planche lors du demi-marathon d'Ottawa « Il y a un sentiment de communauté et de connexion très fort lors de ces évènements, ajoute-t-elle. Les gens avec qui tu cours deviennent des amis. Des groupes se créent, on se fixe des objectifs et on se retrouve en compétition ! » Il ne faut pas oublier l'attrait des réseaux sociaux. « On veut montrer nos exploits, ce qui crée une culture de performance qu'on retrouve dans d'autres sphères de nos vies. Par exemple, des parents sont dans la compétition et souhaitent que leur enfant soit toujours le meilleur », explique Fannie Valois-Nadeau, professeure en études culturelles et médiatiques à l'Université TELUQ. Cette mise en scène de la performance est omniprésente. « On aime recevoir des likes et être encouragé. Il y a aussi le phénomène des défis sportifs, des communautés se créent via les réseaux sociaux. » On court pour la bonne cause, on va participer à des collectes de fonds et à un défi physique. C'est une tendance qu'on observe de manière croissante, depuis 15 ans. Fannie Valois-Nadeau, professeure en études culturelles et médiatiques à l'Université TELUQ La professeure évoque aussi la culture matérielle qui s'est développée à travers la mise en marché d'équipements de sport à la fine pointe. Car on ne va pas courir en vieux jogging, on s'équipe (leggings, shorts, chaussures), ce qui accroît le côté compétitif. « Avec l'apparition des applications et des montres intelligentes, on va encore plus loin. Les données sont quantifiées sur notre course, et ces outils ont un effet aussi sur notre esprit de compétition. C'est très contemporain et cela concerne les gens les plus favorisés de la société. Il y a un statut de classe sociale qui vient avec la volonté de performer », précise Fannie Valois-Nadeau. Conditions favorables On peut toutefois se soustraire au modèle dominant de la performance, selon le psychiatre Frédéric Fanget. « Vous n'êtes pas obligé de vous soumettre aux diktats sociaux. On ne vous impose pas le modèle de performance, mais on y répond. Il faudrait éviter de pratiquer un loisir pour épater les autres. On ne se met pas à jardiner avec l'objectif d'avoir le plus beau jardin du monde et le souhait qu'il soit admiré par tous, on jardine pour notre plaisir », estime l'auteur de La confiance en soi – Comment croire en vous. PHOTO PHILIPPE QUAISSE, FOURNIE PAR LES ÉDITIONS LES ARÈNES Frédéric Fanget, médecin psychiatre et psychothérapeute français Tout le monde ne prend évidemment pas le chemin de la compétition, mais les conditions y sont favorables. « Il y en a pour qui courir avec de la musique est suffisant. Mais les outils sont là pour nous pousser vers la compétition », observe Fannie Valois-Nadeau. Même chez les enfants. « Le simple fait de jouer pour le plaisir devient de plus en plus difficile dans les sports d'équipe. Les fédérations sportives commencent à en prendre conscience et perdent beaucoup de jeunes qui auraient aimé continuer de pratiquer un sport sans être dans la compétition. » Nous sommes poussés à la compétition par défaut, car c'est profondément ancré dans notre culture, rappelle Isabelle Chouinard. Même dans les débats démocratiques, les arguments sont mis en compétition. « On vise l'excellence, et c'est par le jugement des autres qu'on va atteindre la victoire, la gloire et les honneurs et socialement. C'est ce qu'on valorise. »


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6 days ago
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« C'est la vraie croisée des chemins »
Après l'été, Florence K fera la rencontre de ses premiers patients, dans la clinique de psychologie de l'UQAM, passage indispensable à l'obtention de son doctorat. Le titre de cette série semble avoir été créé sur mesure pour la chanteuse, musicienne, chroniqueuse, animatrice à la radio, conférencière et bientôt psychologue. Après des années de transition en douceur, mêlant piano et études, le début de ses stages marquera une transition dans sa vie. « Je te dirais que vraiment, cet été, pendant que tu fais cet article-là, c'est la vraie croisée des chemins », m'a-t-elle dit, assise sur son sofa, entourée des siens et de son minuscule caniche brun. À 42 ans, Florence Khoriaty est passionnée par la psychologie humaine au point d'y consacrer neuf ans d'études et de vouloir en vivre. Elle donne déjà des conférences sur le sujet en plus de tenir une chronique à la radio. Mais le début de ses stages rendra son rêve plus concret que jamais. La musique, elle, se déplacera doucement… sans quitter son cœur. L'artiste aimerait continuer à chanter pour le public de temps à autre. Pas pour payer les factures, juste pour vivre un moment agréable. Quand je vais monter sur scène, j'aurai choisi les occasions. Ça va être dans des moments où je me sentirai bien. Ça va juste être du plaisir. Florence K Ses réflexions sur son avenir professionnel sont évidemment teintées par la profonde transformation de l'industrie de la musique. Les plateformes d'écoute en continu ont eu un effet dévastateur sur les revenus de ceux qui ne créent pas des mégasuccès. Et sur leurs façons de travailler. Les artistes qui ne peuvent plus compter sur la vente d'albums doivent miser sur les tournées. « Mais c'est saturé ! Il y a plus d'artistes, mais pas plus de salles nécessairement, lâche-t-elle. J'ai tellement eu des désillusions dans la dernière année face à la façon dont l'industrie pouvait fonctionner… » Elle se demande aussi : « Dans 10 ans, est-ce que je vais encore être en état de faire de la tournée ? En plus, je m'ennuie profondément de ma maison, de mes enfants, quand je pars. » C'est sans compter que les chanteurs doivent désormais alimenter les réseaux sociaux constamment pour garder le contact, une nouvelle tâche accaparante, exigeante. J'en conclus que l'aspirante docteure est fort prévoyante. Elle éclate de rire quand je lui souligne cette démonstration de sagesse, notamment financière. Elle y voit plutôt la preuve de son anxiété ! Quoi qu'il en soit, les bancs d'école ne sont pas un fardeau qu'elle s'inflige en désespoir de cause. Florence a toujours aimé étudier. « C'est le fun de se coucher le soir et de sentir qu'on a appris. » D'ailleurs, après le cégep, elle avait obtenu un bac en communication. « Je ne me voyais pas arrêter d'étudier après le cégep. C'était aussi pour avoir un plan B parce que ma mère, oui elle est connue aujourd'hui, mais j'ai vu mes parents rusher énormément les 10 ou 12 premières années de ma vie. J'ai vu comment ce n'était pas facile pour eux de gagner leur vie avec leur art. Je n'ai pas voulu vivre ça. » Autrement dit, l'histoire se répète. La motivation ne manque pas. Mais Florence le dit sans détour : concilier ses rôles d'étudiante, de mère et d'artiste est un numéro d'équilibriste épuisant. À lui seul, le doctorat lui demande de 30 à 60 heures par semaine. Par la force des choses, c'est devenu un projet « familial », me dit-elle, pendant que son amoureux vide le lave-vaisselle. Sans le soutien de sa tribu, elle n'y arriverait pas. Voilà pourquoi elle s'est souvent exclamée, en rentrant à la maison : « On a eu A+ ! » Pour elle, il est évident que toute la maisonnée a contribué à sa note… ne serait-ce qu'en écoutant ses exposés de vulgarisation scientifique. Florence insiste d'ailleurs sur le « sérieux » et la « rigueur » de la psychologie, tout en rappelant que le cerveau est un « organe ». « C'est la santé des gens. On ne peut pas se permettre de faire des trucs qui ne sont pas prouvés scientifiquement. La recherche est hyper importante. » PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE L'artiste se passionne également pour la recherche et les statistiques. Je n'exclus pas l'idée que je vais peut-être devenir professeure d'université ou chercheuse après, parce que j'aime beaucoup la recherche aussi. Florence K Contre toute attente, elle est tombée amoureuse des statistiques. « La journée où tu comprends que tes données, tes analyses racontent une histoire, c'est comme… la plus belle affaire au monde ! » La passion de Florence est contagieuse lorsqu'elle parle de ses recherches, des théories sur le vieillissement, du pouvoir des émotions ou des facteurs de protection. Ça tombe bien : elle aime utiliser ses talents de communicatrice pour partager ses connaissances. Jusqu'ici, elle a donné une centaine de conférences sur le thème de la psychologie. Elle tient aussi une chronique sur le sujet à l'émission de radio Dessine-moi un matin, animée par Franco Nuovo à Radio-Canada… chronique qu'elle agrémente d'une chanson au piano. « On peut être bipassionnel ! » La psychologie s'avère aussi une manière pour elle de redonner au suivant. « J'ai envie de travailler dans un métier de relation d'aide, j'ai envie de me mettre au service de mes futurs patients. » Étant donné son vécu, son diagnostic de bipolarité de type II, sa dépression majeure, sa psychose, elle a la conviction qu'elle sera « vraiment capable d'empathie ». On le serait à moins. D'ici la fin de ses études, elle poursuivra ses travaux de recherche en travaillant dans deux laboratoires de l'UQAM, le CREO (qui s'intéresse à la manière dont le cerveau produit des idées originales) et le GRACE (qui se penche notamment sur le développement de l'identité chez les artistes et les athlètes). Ces sujets, Florence les incarne et les étudie avec l'enthousiasme d'une personne qui a trouvé sa voie. Elle rédigera aussi sa thèse qui porte sur un sujet très peu étudié : l'influence de l'humeur et de la santé mentale sur le niveau de créativité des artistes. Ses travaux lui permettront, dit-elle, de démolir le mythe selon lequel les artistes torturés sont plus talentueux. Avec sa recherche scientifique, à laquelle 200 artistes de la scène du Québec ont participé, Florence promet de nous apprendre beaucoup de choses avec « ses gros chiffres ». Elle lancera aussi une seconde étude, pancanadienne celle-là, avec 300 participants qui passeront des tests de créativité au fil du temps tout en décrivant leur humeur. Les artistes qui deviennent des scientifiques étant plutôt rares, sa transition amène quelques questions inédites. Les psychologues se doivent d'être « le plus neutres possible », comme des feuilles blanches pour leurs patients. Or, la vie personnelle de Florence K est abondamment documentée en ligne. Y aura-t-il un impact ? Que faire si des admirateurs se présentent à la clinique, si des patients sont admiratifs ? Ces questions inédites ont suscité des discussions avec ses professeurs. Mais comment savoir ce qui va arriver ? Il n'y a pas de précédent. Alors Florence devra devenir psychologue pour avoir des réponses. Chaque jour, ce rêve se rapproche. Après avoir donné à son public des moments de bonheur avec sa voix magnifique, Florence K s'apprête à devenir une oreille attentive. Encore une façon, pour elle, de se mettre au service des autres. De faire du bien.


La Presse
16-07-2025
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À quoi s'attendre de la nourriture dans un tout-inclus
Certains hôtels tout-inclus proposent de grands buffets diversifiés aux voyageurs, et d'autres en proposent de plus petits avec des choix limités. Pour de nombreux voyageurs, bien manger est un facteur important lors de la planification d'un séjour dans un tout-inclus. L'offre des repas, qu'ils soient pris dans un buffet ou dans un restaurant à la carte, diffère néanmoins d'un hôtel à un autre. Britanie Sullivan La Presse La qualité de la nourriture dans les tout-inclus varie en fonction de la qualité des lieux. L'offre culinaire n'est donc généralement pas la même « selon que l'on est dans un hôtel avec deux, trois ou quatre étoiles […]. Plus on est dans le haut de gamme, plus il va y avoir de la diversité », fait remarquer Alain A. Grenier, professeur en tourisme et développement durable à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Le nombre d'étoiles affiché par les voyagistes est un bon indicateur pour connaître la qualité d'un établissement touristique. C'est d'ailleurs pourquoi les agences de voyages s'y réfèrent souvent pour recommander des produits à leurs clients. Toutefois, il faut savoir que la classification des hôtels par étoiles n'est pas un système réglementé à l'échelle mondiale. Par conséquent, le nombre d'étoiles affiché sur le site web des voyagistes n'est pas toujours le même que celui affiché par les hôtels. Pour les voyagistes, la classification est faite à partir de critères qui leur sont propres, ce qui explique pourquoi le nombre d'étoiles affiché pour un hôtel peut parfois également différer d'un voyagiste à un autre. En général, « plus un hôtel est mieux coté, plus le prix [pour un forfait] est élevé. Mais on a plus de services, on a plus de choix, on a plus de luxe », soutient Claudie Lapointe, directrice de succursales, qui travaille notamment à l'agence de voyages Club voyages Raymonde Potvin. Les restaurants à la carte Dans la majorité des tout-inclus, les voyageurs ont la possibilité de prendre leurs repas dans un buffet ou dans un restaurant à la carte. « À certains endroits, il va y avoir un seul restaurant à la carte et, à d'autres endroits, il y aura plusieurs niveaux gastronomiques », déclare M. Grenier. De plus, « certains restaurants à la carte sont illimités, c'est-à-dire qu'on peut y aller tous les soirs s'il y a de la place. Sinon, il y a des hôtels qui vont mettre des limites, ce qui veut dire qu'on pourrait aller manger deux fois au restaurant à la carte durant la semaine, avec une réservation », explique Mme Lapointe. Des spécialités culinaires du pays d'accueil pourraient être offertes au sein de restaurants, tandis que des plats italiens ou japonais pourraient être offerts ailleurs. Et, « quand on va au restaurant à la carte, on ne paie pas de frais supplémentaires, sauf si l'on veut, par exemple, avoir une bouteille de vin [ou autres boissons alcoolisées de meilleure qualité]. Il peut aussi y avoir des plats sur le menu qui nécessitent de payer des frais supplémentaires », fait savoir la directrice de succursales, qui ajoute que cela pourrait être le cas pour certains fruits de mer ou certaines pièces de viande, par exemple. Lisez l'article « Les tout-inclus, leur prix et leurs exclusions » Les buffets Certains hôtels tout-inclus proposent de grands buffets diversifiés aux voyageurs, et d'autres en proposent de plus petits avec des choix limités. Selon la destination, « ça se peut qu'on mange presque la même chose chaque soir. Dans ce cas, on dit souvent à notre clientèle : 'Quand vous arrivez au buffet, ne mangez pas tout à la première soirée. Essayez de diversifier les repas d'une journée à une autre puisque ça peut être répétitif' », déclare Claudie Lapointe, qui ajoute que cela peut se produire à Cuba, où l'approvisionnement est restreint. De plus, « il y aura souvent une section à la thématique du pays. Donc, par exemple, si l'on va au Mexique, il pourrait y avoir des tacos et du guacamole », ajoute Mme Lapointe, qui constate également que de nombreux plats américains sont souvent offerts dans les buffets, comme des hamburgers, des hot-dogs ainsi que des croquettes de poulet et des frites. Des pancartes peuvent aider les voyageurs à savoir quels sont les divers aliments mis à leur disposition. Selon les destinations, des plats végétaliens ou sans gluten sont aussi proposés. Par ailleurs, le gaspillage de nourriture est un enjeu dans les buffets. Par conséquent, Alain A. Grenier recommande d'y prêter une attention particulière puisque « lorsqu'on se sert soi-même, surtout lorsqu'on est un touriste et qu'on a l'esprit à la fête, on a tendance à ambitionner », affirme le professeur en tourisme et développement durable. Lisez l'article « Voyager dans un tout-inclus de manière écoresponsable » Les intoxications alimentaires En voyage, afin d'éviter les intoxications alimentaires, il est recommandé d'éviter de manger de la viande, du poisson et des œufs n'étant pas suffisamment cuits. Il est aussi préférable de ne pas consommer de produits laitiers non pasteurisés. « Selon l'endroit où l'on va, si l'eau n'est pas potable, il faut faire attention aux fruits et aux légumes crus qui auraient pu être lavés sous l'eau », rappelle Claudie Lapointe. C'est donc pourquoi il est mieux de laver les fruits et les légumes d'une source d'eau fiable (l'eau embouteillée ou bouillie est une bonne option), de les peler ou de les manger cuits. Consultez les conseils aux voyageurs et les avertissements par destination du gouvernement du Canada


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16-07-2025
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Voyager dans un tout-inclus de manière écoresponsable
Les tout-inclus comprennent généralement les déplacements (vols et transferts), l'hébergement, les repas, les boissons et des activités. Partir en vacances dans un tout-inclus peut faire rêver de nombreux voyageurs. Pour un séjour sans tracas à la plage, pourquoi ne pas également tenter de diminuer son empreinte écologique ? Britanie Sullivan La Presse Les tout-inclus, ce sont des « milieux réceptifs qui ont été construits pour accueillir des milliers de personnes avec une rotation régulière », explique Alain A. Grenier, professeur en tourisme et développement durable à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Et pour un voyageur, il existe de nombreux avantages à partir en vacances dans un tout-inclus. Il s'agit d'une formule clés en main qui comprend généralement les déplacements (vols et transferts), l'hébergement, les repas, les boissons et des activités. Cette manière simplifiée de prendre des vacances peut ainsi répondre plus facilement au but premier du voyageur, c'est-à-dire se reposer. Le tourisme de masse Pourtant, « dans les années 1970, on a commencé à critiquer l'explosion du tourisme de masse. Et au lieu de corriger le problème, on a voulu créer une diversion en disant que les bons touristes ne vont pas dans les tout-inclus, ils vont plutôt faire de l'écotourisme », raconte Alain A. Grenier. Or, « à l'époque, il y avait une mécompréhension du concept d'écotourisme. [On comprenait] que pour être 'éco', il fallait être en nature », ajoute M. Grenier, qui fait savoir que le tourisme de nature engendre aussi des impacts environnementaux. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux transports, l'érosion par piétinement et le gaspillage en sont des exemples. Et le déplacement de voyageurs dans divers écosystèmes contribue à transférer les impacts environnementaux à de multiples endroits. Ainsi, « on a davantage intérêt à concentrer les touristes dans des milieux capables d'accueillir et de gérer de grandes masses de visiteurs », dit-il. Malgré tout, il y a des façons de mieux encadrer les voyages dans les tout-inclus afin de réduire les impacts sur l'environnement. Les certifications écologiques « De plus en plus, nous avons une clientèle qui nous demande de voyager de manière écoresponsable », indique Serge H. Malaison, cofondateur et directeur général de Voyages Centaure, qui remarque que cela se manifeste surtout chez les plus jeunes générations. À son agence de voyages, environ un voyageur sur quatre en fait la demande, expose-t-il. Les conseillers de Voyages Centaure ont d'ailleurs des connaissances en écoresponsabilité afin de mieux guider les voyageurs vers des produits qui conviennent à leurs exigences environnementales, s'ils en ont. Et « de plus en plus, les complexes hôteliers s'assurent de s'adapter à cette nouvelle demande, [même si ceux ayant] des certifications écoresponsables sont assez limités puisque cela demande énormément de travail et d'investissements », constate M. Malaison. Voici quelques exemples de certifications écoresponsables : Green Globe est une norme de certification comprenant 44 critères liés à l'environnement, à la gestion durable, au patrimoine culturel ainsi qu'aux secteurs économique et social ; est une norme de certification comprenant 44 critères liés à l'environnement, à la gestion durable, au patrimoine culturel ainsi qu'aux secteurs économique et social ; La certification Travelife est basée sur les trois piliers du développement durable, permettant donc de couvrir les impacts environnementaux, sociaux et économiques ; est basée sur les trois piliers du développement durable, permettant donc de couvrir les impacts environnementaux, sociaux et économiques ; EarthCheck offre une certification écoresponsable établie sur plusieurs aspects, tels que les émissions de carbone, l'utilisation d'eau et du papier, les déchets générés ainsi que les impacts sur la communauté environnante et les employés ; offre une certification écoresponsable établie sur plusieurs aspects, tels que les émissions de carbone, l'utilisation d'eau et du papier, les déchets générés ainsi que les impacts sur la communauté environnante et les employés ; Green Key s'appuie sur 13 critères de durabilité définis par la Fondation pour l'éducation à l'environnement ; s'appuie sur 13 critères de durabilité définis par la Fondation pour l'éducation à l'environnement ; ISO 14001 est une norme de l'Organisation internationale de normalisation étant notamment basée sur les performances environnementales ; est une norme de l'Organisation internationale de normalisation étant notamment basée sur les performances environnementales ; EU Ecolabel est une certification reconnue dans les pays de l'Union européenne étant attribuée aux produits et aux services davantage respectueux de l'environnement. Le professeur Alain A. Grenier soutient que, bien que des lieux d'hébergement aient des certifications écoresponsables, le déplacement pour s'y rendre est tout de même à considérer. « N'oublions pas que ces endroits-là peuvent parfois être plus éloignés. Ainsi, on est écologique au sein de l'hébergement, mais comment a-t-on fait pour se rendre là ? Certaines personnes peuvent dire avoir été dans [un hôtel écoresponsable] en Amazonie, par exemple. Mais comment se sont-elles rendues là ? En avion, en autobus, en pagayant ? », questionne-t-il. Le transport Le transport est la plus grande source de pollution lors d'un voyage. Ainsi, « si l'on veut vraiment être écologique, on reste chez nous. Mais si tout le monde reste chez soi, on va nuire aux économies de pays en développement. C'est donc une question d'équilibre », souligne M. Grenier, qui recommande de voyager moins souvent, mais pour une plus longue durée. Par exemple, au lieu de prendre l'avion pour un voyage d'une semaine par année, il est préférable de prendre l'avion pour un voyage de deux semaines, et ce, une fois tous les deux ans. Et « ce n'est pas juste l'avion [qui est polluant], mais aussi les transports qu'on prend une fois à destination. Si l'on prend les transports en commun, cela améliore déjà la situation », affirme-t-il. Le déplacement en voiture, ou en voiturette de golf, est ainsi à éviter. Les abus Les abus sont problématiques dans les tout-inclus, mais aussi au sein d'autres destinations de voyage. « Le touriste en vacances se dit : 'Moi, j'ai fait des sacrifices toute l'année pour ramasser mes sous et j'en veux pour mon argent.' Et c'est là qu'il ambitionne, fait remarquer Alain A. Grenier. Pourtant, ce n'est pas parce qu'on est en voyage qu'on n'a plus de responsabilité écologique. » Le professeur observe même que certains touristes, en ayant des comportements nuisibles à l'environnement en voyage, annulent leurs efforts écologiques qu'ils ont faits avant d'arriver à destination (un effort écologique pourrait être, par exemple, de prendre les transports en commun pour aller au travail). Ces abus entraînent donc, entre autres, le gaspillage de nourriture, d'eau et d'énergie, qui ont des effets néfastes sur l'environnement. Par conséquent, « de nombreux complexes hôteliers ont enlevé les grands buffets afin d'éviter la perte de nourriture. On va y aller beaucoup plus avec des repas ciblés par la clientèle », constate Serge H. Malaison, de Voyages Centaure, qui ajoute que les pichets d'eau ont aussi été retirés de certains sites afin d'éviter le gaspillage d'eau. Les contenants de boisson en verre, au lieu que ce soit en plastique jetable, sont aussi privilégiés au sein de certains hôtels Quant au gaspillage d'énergie, M. Grenier souligne que l'air climatisé est un autre problème. « Les gens veulent aller chercher la chaleur [en voyageant] en hiver, et une fois sur place, les toits d'hôtels sont remplis de climatiseurs […]. À un moment donné, il va falloir s'habituer à la chaleur », croit-il. Les conditions de travail Dans une optique de durabilité, l'aspect social, tout comme l'environnement et l'économie, est à considérer. « Si les voyagistes se rendent compte que les clients demandent que le personnel ait de bonnes conditions de travail [durant leur voyage], ils vont pouvoir faire des pressions sur les entreprises », soutient Alain A. Grenier. En résumé Les tout-inclus offrent des milieux qui concentrent des milliers de personnes, permettant ainsi de faciliter la gestion de comportements nuisibles à l'environnement ; Des hôtels ont des certifications écologiques comprenant également les dimensions sociale et économique du développement durable, mais l'emplacement éloigné de certains de ces lieux est à tenir en compte ; Puisque le transport est la plus grande pollution engendrée par les voyages, les séjours moins fréquents, mais d'une plus longue durée, sont à privilégier, tout comme les transports en commun une fois arrivé à la destination ; En vacances, certains touristes peuvent être plus enclins à avoir des comportements nuisibles à l'environnement, d'où l'importance de faire attention aux abus comme le gaspillage de nourriture, d'eau et d'énergie ; Puisque le développement durable comprend une dimension sociale, des voyageurs pourraient considérer de voyager dans des tout-inclus ayant de bonnes conditions de travail, ce qui pourrait sensibiliser des hôtels à répondre à cette demande. Lisez l'article « Costa Rica : Écotourisme et biodiversité au menu »


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10-07-2025
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Quelques milliards de plus aujourd'hui ou une fortune demain
Des militaires ukrainiens tirant avec une arme antiaérienne à Bakhmut, dans l'est du pays Il est moins coûteux pour le Canada et l'Europe d'armer l'Ukraine pour lui permettre de résister à l'agression russe que de consacrer 5 % du PIB à la défense, estime le professeur Justin Massie. Justin Massie Professeur titulaire et directeur du département de science politique, UQAM ; codirecteur, Réseau d'analyse stratégique ; codirecteur, Le Rubicon Lors du sommet de l'OTAN qui s'est tenu les 24 et 25 juin à La Haye, les alliés se sont engagés à porter les dépenses liées à la défense et à la sécurité à 5 % du PIB d'ici 2035, soit 3,5 % pour les dépenses militaires et 1,5 % pour les infrastructures critiques, le cyber, la résilience et l'innovation. Si ce niveau de dépenses en fait sourciller plusieurs, il existe aujourd'hui une stratégie plus immédiate et rentable pour le Canada : armer l'Ukraine pour qu'elle force la Russie à mettre fin à sa guerre d'agression. Le soutien direct à l'Ukraine et à son industrie de défense compte désormais parmi les objectifs de l'OTAN. Le sommet de La Haye a établi une feuille de route : les mises à jour annuelles des progrès en matière de défense commenceront à la mi-2026, suivies d'un examen collectif en 2029. La décision de laisser l'aide à l'Ukraine s'appliquer aux objectifs de l'OTAN est une reconnaissance du fait que la défaite de la Russie est un investissement de première ligne pour la sécurité de l'OTAN. Il y a quelques jours, le Pentagone, sous la direction du secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, et du responsable politique Elbridge Colby, a suspendu les livraisons de missiles d'interception Patriot, d'obus d'artillerie de 155 mm, de roquettes GMLRS, de missiles Hellfire et d'autres munitions de précision. Les responsables américains, y compris les membres du Congrès, ont prévenu que cette suspension encourageait la Russie et affaiblissait les défenses de l'Ukraine à un moment où les attaques russes contre les centres de population ukrainiens se multiplient. Kyiv a qualifié cette décision de « choc total », tandis que la Russie l'a saluée. Plutôt que de se contenter de se plaindre, l'Europe et le Canada devraient augmenter de manière significative leur soutien militaire à l'Ukraine. Une aide insuffisante Les promesses d'aide européenne et canadienne à l'Ukraine pour 2025 sont en effet insuffisantes. La promesse de 30 milliards d'euros de l'Europe est inférieure aux 44 milliards d'euros qu'elle a alloués annuellement à l'Ukraine entre 2022 et 2024. Les 4,5 milliards de dollars d'aide promis par le Canada pour 2025 sont à peine plus élevés que les 4 milliards de dollars qu'il a versés annuellement à l'Ukraine au cours des trois dernières années. Ni le Canada ni l'Europe n'ont renforcé leur soutien à l'Ukraine depuis le désengagement des États-Unis. La pause américaine affectant désormais des systèmes clés, l'Ukraine manque cruellement de munitions, de défenses aériennes et de plateformes pour repousser les bombardements quotidiens de la Russie. PHOTO GLEB GARANICH, ARCHIVES REUTERS L'explosion d'un drone militaire illuminant le ciel au-dessus de Kyiv, au milieu d'une attaque aérienne russe contre l'Ukraine Pourtant, il est moins coûteux d'armer l'Ukraine maintenant que de mener une guerre directe contre la Russie demain. Atteindre l'objectif de 3,5 % du PIB en matière de dépenses de défense représente un fardeau considérable. Par exemple, cette année, le Canada aurait besoin d'environ 70 milliards de dollars supplémentaires par rapport à l'année dernière pour atteindre cet objectif. En 2035, 3,5 % du PIB devraient représenter 161 milliards de dollars. De telles dépenses seront fiscalement et électoralement difficiles à soutenir, à moins que le Canada ne soit directement engagé dans une guerre majeure. En revanche, il en coûterait moins cher d'accroître immédiatement le soutien à la défense de l'Ukraine et cela contribuerait, par le fait même, à dégrader les forces armées de la Russie et à dissuader celle-ci de s'en prendre à d'autres pays. La déclaration de l'OTAN exhorte les alliés à supprimer les barrières commerciales et à exploiter les technologies émergentes pour la défense collective. Le Canada devrait saisir cette occasion pour établir des coentreprises afin de codévelopper et coproduire de l'artillerie, des drones, des intercepteurs de défense aérienne, des munitions et d'autres systèmes clés en partenariat avec l'Ukraine. Cela permettrait d'accélérer l'approvisionnement, de remplir les stocks, de soutenir la base industrielle et de contribuer à l'objectif de 5 % de l'OTAN, tout en réduisant la dépendance du Canada à l'égard des États-Unis. Les nouveaux objectifs de l'OTAN sont très ambitieux et peu soutenables. L'enjeu immédiat consiste à donner à l'Ukraine les moyens d'agir maintenant afin d'éviter d'être contraints de dépenser plus tard 5 % du PIB pour mener un conflit direct contre la Russie. Le coût d'une défaite russe en Ukraine est bien moindre que celui du réarmement européen et canadien nécessaire pour affronter la Russie sans le soutien des États-Unis. La voie la moins coûteuse et la plus rapide vers la paix consiste à aider l'Ukraine à vaincre la Russie maintenant. Lisez notre article « Ce que nous coûtera le boom des dépenses militaires » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue