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Quelques milliards de plus aujourd'hui ou une fortune demain

Quelques milliards de plus aujourd'hui ou une fortune demain

La Presse6 days ago
Des militaires ukrainiens tirant avec une arme antiaérienne à Bakhmut, dans l'est du pays
Il est moins coûteux pour le Canada et l'Europe d'armer l'Ukraine pour lui permettre de résister à l'agression russe que de consacrer 5 % du PIB à la défense, estime le professeur Justin Massie.
Justin Massie
Professeur titulaire et directeur du département de science politique, UQAM ; codirecteur, Réseau d'analyse stratégique ; codirecteur, Le Rubicon
Lors du sommet de l'OTAN qui s'est tenu les 24 et 25 juin à La Haye, les alliés se sont engagés à porter les dépenses liées à la défense et à la sécurité à 5 % du PIB d'ici 2035, soit 3,5 % pour les dépenses militaires et 1,5 % pour les infrastructures critiques, le cyber, la résilience et l'innovation.
Si ce niveau de dépenses en fait sourciller plusieurs, il existe aujourd'hui une stratégie plus immédiate et rentable pour le Canada : armer l'Ukraine pour qu'elle force la Russie à mettre fin à sa guerre d'agression.
Le soutien direct à l'Ukraine et à son industrie de défense compte désormais parmi les objectifs de l'OTAN. Le sommet de La Haye a établi une feuille de route : les mises à jour annuelles des progrès en matière de défense commenceront à la mi-2026, suivies d'un examen collectif en 2029.
La décision de laisser l'aide à l'Ukraine s'appliquer aux objectifs de l'OTAN est une reconnaissance du fait que la défaite de la Russie est un investissement de première ligne pour la sécurité de l'OTAN.
Il y a quelques jours, le Pentagone, sous la direction du secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, et du responsable politique Elbridge Colby, a suspendu les livraisons de missiles d'interception Patriot, d'obus d'artillerie de 155 mm, de roquettes GMLRS, de missiles Hellfire et d'autres munitions de précision. Les responsables américains, y compris les membres du Congrès, ont prévenu que cette suspension encourageait la Russie et affaiblissait les défenses de l'Ukraine à un moment où les attaques russes contre les centres de population ukrainiens se multiplient.
Kyiv a qualifié cette décision de « choc total », tandis que la Russie l'a saluée. Plutôt que de se contenter de se plaindre, l'Europe et le Canada devraient augmenter de manière significative leur soutien militaire à l'Ukraine.
Une aide insuffisante
Les promesses d'aide européenne et canadienne à l'Ukraine pour 2025 sont en effet insuffisantes. La promesse de 30 milliards d'euros de l'Europe est inférieure aux 44 milliards d'euros qu'elle a alloués annuellement à l'Ukraine entre 2022 et 2024. Les 4,5 milliards de dollars d'aide promis par le Canada pour 2025 sont à peine plus élevés que les 4 milliards de dollars qu'il a versés annuellement à l'Ukraine au cours des trois dernières années.
Ni le Canada ni l'Europe n'ont renforcé leur soutien à l'Ukraine depuis le désengagement des États-Unis. La pause américaine affectant désormais des systèmes clés, l'Ukraine manque cruellement de munitions, de défenses aériennes et de plateformes pour repousser les bombardements quotidiens de la Russie.
PHOTO GLEB GARANICH, ARCHIVES REUTERS
L'explosion d'un drone militaire illuminant le ciel au-dessus de Kyiv, au milieu d'une attaque aérienne russe contre l'Ukraine
Pourtant, il est moins coûteux d'armer l'Ukraine maintenant que de mener une guerre directe contre la Russie demain. Atteindre l'objectif de 3,5 % du PIB en matière de dépenses de défense représente un fardeau considérable. Par exemple, cette année, le Canada aurait besoin d'environ 70 milliards de dollars supplémentaires par rapport à l'année dernière pour atteindre cet objectif.
En 2035, 3,5 % du PIB devraient représenter 161 milliards de dollars. De telles dépenses seront fiscalement et électoralement difficiles à soutenir, à moins que le Canada ne soit directement engagé dans une guerre majeure.
En revanche, il en coûterait moins cher d'accroître immédiatement le soutien à la défense de l'Ukraine et cela contribuerait, par le fait même, à dégrader les forces armées de la Russie et à dissuader celle-ci de s'en prendre à d'autres pays.
La déclaration de l'OTAN exhorte les alliés à supprimer les barrières commerciales et à exploiter les technologies émergentes pour la défense collective. Le Canada devrait saisir cette occasion pour établir des coentreprises afin de codévelopper et coproduire de l'artillerie, des drones, des intercepteurs de défense aérienne, des munitions et d'autres systèmes clés en partenariat avec l'Ukraine.
Cela permettrait d'accélérer l'approvisionnement, de remplir les stocks, de soutenir la base industrielle et de contribuer à l'objectif de 5 % de l'OTAN, tout en réduisant la dépendance du Canada à l'égard des États-Unis.
Les nouveaux objectifs de l'OTAN sont très ambitieux et peu soutenables. L'enjeu immédiat consiste à donner à l'Ukraine les moyens d'agir maintenant afin d'éviter d'être contraints de dépenser plus tard 5 % du PIB pour mener un conflit direct contre la Russie. Le coût d'une défaite russe en Ukraine est bien moindre que celui du réarmement européen et canadien nécessaire pour affronter la Russie sans le soutien des États-Unis.
La voie la moins coûteuse et la plus rapide vers la paix consiste à aider l'Ukraine à vaincre la Russie maintenant.
Lisez notre article « Ce que nous coûtera le boom des dépenses militaires »
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