
Donald Trump exhorte l'Ukraine à ne pas cibler Moscou
Agence France-Presse
Lundi, le président américain s'est engagé à fournir des équipements militaires supplémentaires à l'Ukraine et a donné 50 jours à la Russie pour mettre fin à son offensive dans ce pays, déclenchée en février 2022, sous peine de sanctions sévères.
Le quotidien Financial Times a, en outre, rapporté que Donald Trump aurait encouragé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à frapper Moscou.
« Non, il ne devrait pas cibler Moscou », a toutefois répondu le président américain devant la presse, ajoutant que Washington ne fournirait pas à Kyiv de missiles à longue portée.
À Moscou, réagissant au plan américain, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé que « cette décision prise à Washington, dans les pays de l'OTAN et directement à Bruxelles sera perçue par Kyiv non comme un signal en faveur de la paix, mais comme un signal pour la poursuite de la guerre ».
PHOTO MARCOS BRINDICCI, REUTERS
Vladimir Poutine et Donald Trump en 2018 lors du sommet du G20 de Buenos Aires
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a essayé de pousser Moscou et Kyiv à mettre fin au conflit, notamment en se rapprochant de Vladimir Poutine dont il se dit désormais « déçu ».
« Je pensais que nous aurions un accord il y a deux mois, mais ça ne semble pas se concrétiser », a-t-il regretté lundi à la Maison-Blanche, aux côtés du secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte.
Sans accord d'ici à 50 jours, les États-Unis mettront en place des « droits de douane secondaires », c'est-à-dire contre les alliés de Moscou, a-t-il averti.
L'an dernier, les principaux partenaires commerciaux de la Russie étaient la Chine, pour quelque 34 % du total des échanges, ainsi que, dans une moindre mesure, l'Inde, la Turquie et la Biélorussie, selon les Douanes russes.
Pékin a fustigé mardi une « coercition qui ne mène nulle part ».
« Partage du fardeau »
Donald Trump a par ailleurs annoncé lundi que des équipements militaires « d'une valeur de plusieurs milliards de dollars », en particulier des systèmes de défense antiaérienne Patriot, seraient envoyés à l'Ukraine.
Ce matériel sera acheté par les membres européens de l'OTAN. Mark Rutte a précisé que l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Finlande, le Canada, la Norvège, la Suède et le Danemark feraient partie des acheteurs.
Le Danemark et les Pays-Bas ont annoncé mardi à Bruxelles être prêts à participer au plan de Donald Trump.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a cependant appelé les États-Unis à « partager le fardeau ».
« Nous saluons l'annonce du président Trump d'envoyer davantage d'armes à l'Ukraine, bien que nous aimerions voir un partage du fardeau », a-t-elle déclaré à Bruxelles devant la presse.
Elle a aussi concédé qu'aucun accord n'avait pu être obtenu mardi sur un 18e« paquet » de sanctions contre la Russie, en raison de l'opposition de la Slovaquie.
Mardi, le ministère russe de la Défense a encore revendiqué la prise de deux villages dans la région de Donetsk (est).
Les attaques aériennes russes se sont aussi intensifiées ces dernières semaines.
Dmitri Peskov a affirmé que la Russie restait prête à négocier, mais attendait « des propositions de la partie ukrainienne » concernant un troisième cycle de négociations, après deux récentes sessions peu fructueuses à Istanbul.
Moscou, qui rejette toute trêve prolongée, exige, entre autres, que l'Ukraine lui cède quatre régions, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce à rejoindre l'Alliance atlantique.
Inacceptable pour Kyiv qui réclame, avec ses alliés européens, un cessez-le-feu sans conditions de 30 jours avant des négociations de paix et veut que l'armée russe se retire entièrement du territoire ukrainien.
« Partie d'échecs »
Des Moscovites interrogés par l'AFP considèrent les déclarations de Donald Trump comme un jeu politique.
PHOTO PIGISTE, REUTERS
Des ouvriers nettoient une rue à côté de voitures endommagées à la suite d'une attaque de drone ukrainien dans la ville de Voronej, en Russie, le 15 juillet 2025.
« C'est une partie d'échecs », commente Svetlana, une ingénieure dans l'aéronautique.
« Les négociations vont se poursuivre », juge cette femme de 47 ans, peu impressionnée. Donald Trump « a donné 50 jours, et puis ensuite ce sera prolongé », ajoute-t-elle.
Dans l'est de l'Ukraine, des soldats ukrainiens se disent quant à eux reconnaissants, sans nourrir trop d'illusions.
Un militaire de 44 ans, qui se fait appeler Shah, dit ainsi ne pas croire aux paroles de Donald Trump, dénonçant un « fossé entre les promesses (des États-Unis) et la réalité ».
Un autre soldat, Master, juge que les systèmes Patriot, très efficaces contre les frappes aériennes russes, « auraient pu être envoyés plus tôt » et sauver des vies.
Avec sa longue barbe rousse, Rouslan, 29 ans, est plus positif. « Mieux vaut tard que jamais », soupire-t-il.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
7 hours ago
- La Presse
Prêts pour un réseau social québécois
Un si puissant voisin Blâmer le Canada, vous êtes sérieux, là ? Quel travail ingrat que celui d'employé de l'ambassade du Canada à Washington ! Le président des États-Unis est en guerre contre votre pays. Il est imprévisible. Et colérique. Et vous, en toutes circonstances, vous devez garder votre calme. Ne jamais dire un mot plus haut que l'autre. Demeurer courtois même quand on cherche à vous humilier.


La Presse
8 hours ago
- La Presse
Les avocats des Vénézuéliens expulsés vers une prison du Salvador face à un mur
Des personnes tiennent des photos alors qu'elles se rassemblent devant la Mission permanente du Salvador auprès des Nations unies à New York le 5 juin 2025 pour lire les noms des détenus du CECOT, la prison de haute sécurité du Salvador pour les terroristes présumés. Les avocats des Vénézuéliens expulsés vers une prison du Salvador face à un mur (Santa Tecla) Ni droit de visite, ni recours, ni preuves de vie, ni même une liste. Les avocats et militants qui défendent les 252 Vénézuéliens expulsés par les États-Unis et emprisonnés sans jugement dans une prison géante du Salvador font face à un mur juridique. María Isabel Sánchez Agence France-Presse C'est en voyant les images de ces hommes entravés, crâne rasé, à genoux dans le Centre de confinement du terrorisme (CECOT), prison de haute sécurité construite par le président salvadorien Nayib Bukele pour les membres de gangs, qu'une poignée d'avocats et de militants ont décidé de les défendre. Mais cette bataille indispensable à leurs yeux est inégale. Le président américain Donald Trump et son homologue salvadorien gardent le silence sur ces Vénézuéliens expulsés en mars, qu'ils accusent de faire partie du gang criminel vénézuélien Tren de Aragua sans fournir de preuves, se refusant même à dévoiler leur identité. Dans une ancienne école de Santa Tecla près de San Salvador, l'avocat René Valiente raconte le combat à la David contre Goliath de l'ONG Cristosal, les journées passées à solliciter en vain la direction des centres pénitentiaires, la présidence, les ministères et les tribunaux… « Nous avons demandé des informations et elles nous ont été refusées à plusieurs reprises », témoigne-t-il. Sur environ 70 recours pour contester la légalité de la détention des migrants vénézuéliens, « aucun n'a abouti », se désole M. Valiente, chef des enquêtes au sein de ce groupe de défense des droits humains qui offre une assistance psychologique et juridique à distance aux familles des expulsés. Cristosal a mis sur pied une base de données avec l'aide des familles ayant vu les noms des expulsés sur une liste non officielle publiée par la presse américaine ou reconnu leurs proches dans des vidéos lors du transfert des Vénézuéliens vers le Cecot. L'avocate Ruth Lopez, responsable anticorruption de Cristosal, travaillait à orienter juridiquement ces familles lorsqu'elle a été arrêtée le 18 mai et accusée de détournement de fonds par le parquet salvadorien. Quelques jours auparavant, cette critique virulente de la politique sécuritaire du président Bukele, qui enquêtait sur des soupçons de corruption au sein du gouvernement, avait parlé à l'AFP de son travail destiné à documenter ces « disparitions forcées ». « Silence total » Son arrestation a laissé sous le choc avocats critiques, militants et ONG. « Parler, demander quoi que ce soit qui n'est pas validé par le gouvernement, signifie risquer d'être arrêté », affirme le directeur de Cristosal, Noah Bullock. Assis dans un café, Salvador Rios, avocat d'un cabinet engagé par le gouvernement vénézuélien, montre des documents et énumère les articles des traités internationaux et de la Constitution sur lesquels repose la défense des expulsés. « Nous avons demandé l'accès à l'accord entre M. Bukele et Trump, la liste des prisonniers, demandé à savoir de quoi ils sont accusés et à pouvoir entrer au Cecot. En tant que défenseurs, nous en avons le droit. Ce sont des détentions illégales et ils gardent un silence total. Les portes sont restées closes », déplore-t-il. Walter Marquez, président de l'ONG vénézuélienne Fundacion Amparo, fait part des mêmes difficultés. En fauteuil roulant, il a accompagné en juin au Salvador les proches de certains de ces migrants vénézuéliens, pas représentés par le cabinet engagé par Caracas car critiques envers le président Nicolas Maduro. L'une de ces proches, Reina Cardenas, a fait partie du voyage, financé par des tombolas, de la vente de nourriture et des dons. Le groupe est rentré au Venezuela sans avoir pu voir les détenus ni même obtenir une « preuve de vie ». Selon le vice-président salvadorien Félix Ulloa, son pays fournit aux 252 Vénézuéliens un service d'« hébergement carcéral » pour lequel Washington verse six millions de dollars au Salvador. Aucune autre information n'a filtré. Les demandes de l'AFP pour des entretiens avec des responsables du gouvernement salvadorien sont pour l'instant restées sans réponse. Une voix « gênante » Ruth Lopez a déclaré à la police avoir été arrêtée parce qu'elle appartient à une « organisation gênante » : Cristosal dénonce régulièrement le régime d'exception mis en place par le président Bukele, pierre angulaire d'une « guerre » anti-gangs que l'ONG accuse de violer les droits humains. L'état d'urgence en vigueur depuis 2022 dans le pays supprime certaines libertés. Environ 87 000 personnes ont été incarcérées depuis, sans mandat judiciaire ni droit à des appels ou des visites, pas même celles de leurs avocats. Les expulsés vénézuéliens sont dans la même situation. « Dans un trou noir juridique », affirme René Valiente de Cristosal. Les données collectées par Cristosal racontent « une histoire complètement différente » de celle déroulée par les présidents Trump et Bukele, dit-il. Elles ont permis d'identifier 152 expulsés jusqu'à présent, dont 90 % sont sans antécédents criminels selon leurs proches. « Nous cherchons à documenter la grave violation des droits humains, laisser une trace. Les voies nationales sont en train de s'épuiser », souligne M. Valiente. Les militants et avocats jugent cette étape essentielle pour pouvoir ensuite saisir des instances internationales. Walter Marquez de la Fundacion Amparo, l'assure : « Le Salvador est obligé de répondre. Ne pas le faire devient un crime contre l'humanité et ouvre la voie à un jugement international ».


La Presse
10 hours ago
- La Presse
L'Ontario devrait réorganiser l'aide aux entreprises automobiles, selon un rapport
Les revenus des petites et moyennes entreprises du secteur automobile ont diminué de 13 % en moyenne, et la moitié d'entre elles ont dit avoir suspendu ou annulé des investissements en raison de l'incertitude causée par la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis. (Toronto) L'Ontario devrait remanier ses programmes destinés à soutenir les entreprises du secteur automobile concernant les répercussions des droits de douane et l'incertitude économique qui en découle. Leur structure actuelle laisse les petites entreprises dans l'embarras, affirme un groupe de défense dans un nouveau rapport. Allison Jones La Presse Canadienne La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a publié mercredi un rapport basé sur un sondage mené auprès de 187 petites et moyennes entreprises du secteur automobile, allant des fournisseurs de pièces aux ateliers de réparation, et a constaté que les droits de douane ont déjà des répercussions. Leurs revenus ont diminué de 13 % en moyenne, et la moitié d'entre elles ont dit avoir suspendu ou annulé des investissements en raison de l'incertitude causée par la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, ce qui pourrait entraîner des pertes de revenus de plusieurs milliards de dollars ou des investissements manqués, selon le rapport. « Il est impossible pour un propriétaire d'entreprise de savoir réellement ce qui se passe de nos jours », a affirmé Joseph Falzata, coauteur du rapport et analyste des politiques à la FCEI en Ontario, à propos de l'impact des nouvelles sur les politiques commerciales. « Je fais cela à temps plein, et c'est toujours difficile pour moi. On peut donc imaginer un entrepreneur qui travaille 50 à 60 heures par semaine et qui essaie de suivre. » Leurs revenus sont affectés en partie par la hausse des prix et la confusion quant aux produits touchés par les droits de douane, ainsi que par les coûts liés à la recherche de nouvelles chaînes d'approvisionnement, a expliqué M. Falzata. L'Ontario dispose de programmes destinés à soutenir les entreprises du secteur automobile, mais bien qu'appréciés, ils ne sont pas à la hauteur lorsqu'il s'agit de soutenir les petites entreprises, soutient le rapport de la FCEI. Dans son budget du printemps, le gouvernement provincial a annoncé l'investissement de 85 millions dans deux programmes : le Programme de modernisation pour le secteur automobile de l'Ontario, pour aider les fournisseurs de pièces à moderniser leur équipement, et le Réseau ontarien d'innovation pour les véhicules, pour la recherche et le développement. « Bien que ces programmes aient été créés avec de bonnes intentions, peu de petites entreprises prévoient y recourir, et plus d'un tiers d'entre elles ne sont pas admissibles », indique le rapport de la FCEI. « Ces programmes se concentrent sur l'innovation en recherche et développement et la fabrication à grande échelle, sans tenir compte du fait que la plupart (des petites et moyennes entreprises) du secteur automobile ne peuvent pas se permettre ces processus ou n'y participent pas. » Le nouveau fonds « L'Ontario, ensemble pour le commerce », doté de 50 millions et destiné à aider les entreprises à développer de nouveaux marchés et à trouver des chaînes d'approvisionnement nationales, exige que les entreprises démontrent une perte de revenus d'au moins 30 % et qu'elles investissent 200 000 $ de leurs propres capitaux, ce que le rapport qualifie de « luxe que la plupart (des petites et moyennes entreprises) ne peuvent pas se permettre ». Le gouvernement a déclaré que ses programmes ont déjà aidé des centaines d'entreprises : le Réseau ontarien d'innovation pour les véhicules a soutenu plus de 600 petites et moyennes entreprises depuis sa création en 2019, et le Programme de modernisation pour le secteur automobile de l'Ontario a soutenu 215 projets depuis 2021. « Face à une incertitude économique mondiale sans précédent, notre gouvernement protège et renforce les progrès que nous avons réalisés pour soutenir les petites entreprises du secteur automobile et de l'ensemble de l'économie », a écrit Jennifer Cunliffe, porte-parole du ministre du Développement économique de l'Ontario, Vic Fedeli, dans un communiqué. Selon la FCEI, la meilleure façon d'aider les petites entreprises serait de réduire leur taux d'imposition de 3,2 % à 2 %. Le gouvernement a abaissé ce taux qui était de 3,5 % en 2020.