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24 Heures
3 days ago
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L'eau de pluie, le nouveau trésor que la Suisse pourrait subventionner?
Face aux sécheresses, une motion parlementaire propose un soutien financier pour la récupération des eaux pluviales. Faut-il une aide fédérale? Publié aujourd'hui à 12h48 Certains particuliers ont déjà mis en place leur méthode de récupération d'eau de pluie pour prévenir le manque d'eau dû au changement climatique. IMAGO/Content Curation Face aux défis climatiques, la récupération d'eau de pluie émerge comme une solution pour les périodes de sécheresse en Suisse. Une initiative parlementaire portée par le conseiller national centriste valaisan Benjamin Roduit vise à développer cette pratique à l'échelle nationale. Sa motion demande au Conseil fédéral d'explorer des mécanismes de soutien financier pour les particuliers et les communes qui s'équipent de systèmes de collecte d'eaux pluviales. L'alternance entre longues périodes sèches et orages violents caractérise désormais les étés suisses. Cette eau, qui provoque parfois des inondations lors de fortes précipitations, pourrait être valorisée pour des usages ne nécessitant pas d'eau potable, comme l'arrosage, les toilettes ou les machines à laver. L'installation d'un système complet de récupération d'eau représente un investissement conséquent, estimé entre 6000 et 9000 francs. Emmanuel Amoos, conseiller national socialiste valaisan et cosignataire de la motion, défend au micro de la RTS l'idée d'un soutien public pour ces initiatives. «Si on peut avoir une récupération des eaux directement, ce sont les coûts les plus évidents à éviter», explique-t-il, établissant un parallèle avec les subventions pour les panneaux solaires. La question du niveau institutionnel le plus approprié pour soutenir ces initiatives fait débat. Alors que certaines communes comme Leytron (VS) et Lausanne ont déjà mis en place des subventions, les approches diffèrent. Interrogé par la RTS, Pierre-Antoine Hildbrand, municipal lausannois en charge de l'eau, privilégie une gestion communale adaptée aux spécificités locales, estimant que «les grands enjeux ne sont pas forcément à chercher dans des démarches individuelles». À l'inverse, Emmanuel Amoos défend une impulsion fédérale: «S'il y a un déclenchement fait par la Confédération, cela fera un effet domino: les cantons commenceront à prendre cette idée en compte et les communes également.» De la récupération de l'eau de pluie Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Claude Béda est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 heures. Licencié en sciences sociales et politiques, passionné par les sujets de société et la vie des gens d'ici, il a couvert plusieurs régions du canton, avant de rejoindre la rédaction lausannoise. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
10-07-2025
- Politics
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États-Unis: À la Maison-Blanche, le pétrole est roi, dénonce un sénateur
Le sénateur américain Sheldon Whitehouse a dénoncé dans un entretien le rôle des énergies fossiles auprès de Donald Trump. Publié aujourd'hui à 06h49 Mis à jour il y a 10 minutes Le sénateur américain Sheldon Whitehouse lors d'une interview au Capitole, discutant du changement climatique et des politiques environnementales du gouvernement Trump, le 8 juillet 2025. AFP L'administration du président américain Donald Trump ne gouverne plus, elle «occupe» le pays au service de l'industrie des énergies fossiles, tonne un influent sénateur démocrate. Sheldon Whitehouse, l'un des élus américains les plus engagés sur les questions climatiques, tire la sonnette d'alarme dans un entretien sur la toute-puissance du lobby de l'or noir à Washington. «Il ne s'agit même plus d'un gouvernement», fustige devant la presse l'élu du Rhode Island, âgé de 69 ans. «C'est une force d'occupation de l'industrie des combustibles fossiles qui s'est infiltrée dans les postes-clés». «Il est temps de se réveiller» Pour le démocrate, les membres du gouvernement «ont les bureaux, les titres», mais «ce sont des larbins des combustibles fossiles […] ils ne se soucient pas le moins du monde de l'opinion publique ou de la sécurité publique». Celui qui s'apprête à tenir mercredi au Congrès son 300e discours d'alerte sur la crise climatique, une allocution qu'il a intitulée «Time to Wake Up» («Il est temps de se réveiller»), exhorte à exposer l'ampleur de cette «escroquerie» pour la contrer. D'après une récente analyse de l'organisation Climate Power, les grandes entreprises pétrolières ont dépensé au moins 445 millions de dollars (353,4 millions de francs suisses) pour faire élire Donald Trump en novembre 2024, un montant probablement très sous-estimé car de nombreux dons restent anonymes. Les mesures environnementales de son prédécesseur démocrate détricotées Depuis son retour au pouvoir, le dirigeant républicain a enclenché une marche arrière toute en matière de lutte contre le changement climatique, sortant une nouvelle fois la première puissance mondiale de l'Accord de Paris sur le climat, sapant les agences scientifiques et détricotant les mesures environnementales de son prédécesseur démocrate. Et ce alors que les signes de cette crise se multiplient, les États-Unis pleurant cette semaine leurs morts après des inondations dévastatrices au Texas dont la survenue a été rendue plus probable par le changement climatique. Les «rêves les plus sordides» des pollueurs «deviennent réalité», accuse Sheldon Whitehouse, qui appelle ses pairs à dénoncer publiquement ce qu'il qualifie «de corruption et de fraude politique les plus graves que le pays ait jamais connu». Un arrêt controversé de la Cour suprême datant de 2010 Pour lui, l'emprise du lobby du pétrole sur la politique remonte à un arrêt controversé de la Cour suprême datant de 2010 et ayant levé toute limite au financement des campagnes politiques par les entreprises. Elles «ont pu entrer dans le Parti républicain et dire: 'Nous vous donnerons des sommes illimitées. Vous aurez plus d'argent dans vos élections que vous n'en avez jamais vu auparavant'», assure Sheldon Whitehouse. Avant cela, élus démocrates et républicains collaboraient sur les questions climatiques et le candidat conservateur à la présidentielle de 2008, John McCain, disposait même d'un programme à ce sujet «tout à fait respectable», insiste-t-il. Une question d'argent et non d'idéologie Et pour preuve, selon lui, qu'il s'agit d'une question d'argent et non d'idéologie: Donald Trump lui-même cosignait en 2009 une publication exhortant le président de l'époque, Barack Obama, à en faire plus en matière de climat. Malgré ce constat, le démocrate veut croire en un possible changement. D'abord, à l'international, avec la possible mise en place d'une initiative mondiale de taxe carbone qui se traduirait par un impôt sur les importations ayant une lourde empreinte climatique. Des pays comme le Royaume-Uni, le Canada, le Mexique et l'Australie pourraient copier le mécanisme de taxe aux frontières adopté en ce sens par l'Union européenne en 2022, et cela se répercuterait sur les États-Unis via les nombreuses transactions marchandes liant Washington à ces pays, espère-t-il. L'économie américaine menacée par le changement climatique Une autre piste se trouve dans les mains de Sheldon Whitehouse et de ses collègues du Congrès, qui pourraient adopter un projet de loi pour rendre les dons de campagne davantage transparents. Mais la solution la plus concrète pourrait venir de l'économie américaine elle-même, veut-il croire, car cette dernière est menacée par le changement climatique. La multiplication des événements météorologiques extrêmes pousse en effet les assureurs et banques à se retirer des régions les plus vulnérables, et fait craindre une crise financière similaire à celle ayant ébranlé le pays en 2008. «Lorsqu'il sera clairement établi ce qui est fait ici, il y aura une remise à zéro spectaculaire», assure-t-il. Et «il y aura des comptes à rendre». Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


La Presse
09-07-2025
- Politics
- La Presse
Des élus républicains se plaignent de la fumée canadienne
Le feu de forêt à Dryden Creek, au nord of Squamish, en Colombie-Britannique le 10 juin 2025. Des élus républicains accusent le Canada de mal gérer ses incendies de forêt, dont la fumée empêche leurs électeurs du Midwest de profiter pleinement de la saison estivale. Un discours où le rôle des changements climatiques est soigneusement ignoré. Six élus se plaignent Dans une lettre adressée à Kirsten Hillman, ambassadrice du Canada aux États-Unis, les représentants du Congrès américain Tom Tiffany, Brad Finstad, Glenn Grothman, Michelle Fischbach, Pete Stauber et Tom Emmer, élus du Wisconsin et du Minnesota, se plaignent de « la fumée suffocante des incendies de forêt canadiens qui envahit l'air en ce début d'été ». « Alors que nous entrons dans la période la plus intense de la saison des incendies, nous aimerions savoir comment votre gouvernement compte atténuer les incendies de forêt et la fumée qui se propage vers le sud », écrivent-ils. Dans leur missive datée du 7 juillet, les élus soulignent que leurs « concitoyens ont été limités dans leur capacité à sortir et à respirer en toute sécurité en raison de la qualité dangereuse de l'air causée par les incendies de forêt ». Une préoccupation légitime, mais… « Dans nos régions, les mois d'été sont la meilleure période de l'année pour passer du temps à l'extérieur, profiter de moments en famille et créer de nouveaux souvenirs, mais la fumée des incendies de forêt rend toutes ces activités difficiles », mentionnent notamment les élus. Selon le Census Bureau des États-Unis, environ 37 millions d'Américains ont d'ailleurs été exposés à une mauvaise qualité de l'air en juin en raison des incendies au Manitoba et en Saskatchewan. « La fumée est nocive pour la santé humaine. La préoccupation est donc légitime », soutient Mike Flannigan, professeur à l'Université de l'Alberta et spécialiste des incendies de forêt. Mais il insiste : les causes à l'origine de cette fumée, ce sont les changements climatiques causés par l'humain. « La fumée ne connaît pas les frontières », précise-t-il, signalant que des vents du sud poussent actuellement la fumée des incendies qui sévissent au Manitoba et en Ontario jusqu'en Europe. En 2020, le panache de fumée provoqué par des incendies de forêt en Californie et en Oregon s'était répandu jusqu'au Canada ainsi que dans l'est des États-Unis, touchant entre autres New York. Des incendies de plus en plus importants Les élus américains rappellent dans leur lettre que le Canada a connu en 2023 « la pire année jamais enregistrée en matière d'incendies de forêt » et que les deux années suivantes sont parmi les pires. Depuis le début de l'année, près de 3000 incendies de forêt au pays ont en effet brûlé une superficie de 4,7 millions d'hectares. Le Manitoba et la Saskatchewan ont été particulièrement touchés cette année, forçant l'évacuation de milliers de personnes. PHOTO NICK INGRAM, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS La fumée des feux de forêt canadiens obscurcit partiellement la ligne d'horizon du centre-ville de Kansas City, le mercredi 4 juin 2025. La tendance est néanmoins similaire aux États-Unis, où les incendies de forêt brûlent des superficies de plus en plus importantes depuis 10 ans. Selon l'Agence américaine de l'environnement (EPA), la saison des incendies commence dorénavant plus tôt et s'étend sur une plus longue période. Un argument cher à Donald Trump L'un des signataires de la lettre, l'élu du Wisconsin Glenn Grothman, a déjà affirmé qu'il ne croyait pas au réchauffement planétaire. Le message à l'ambassadrice du Canada ne fait d'ailleurs aucune mention des impacts des changements climatiques sur les incendies de forêt. Les auteurs affirment plutôt que « l'un des principaux facteurs à l'origine du problème est le manque de gestion active des forêts ». Les élus reprennent ainsi un argument cher au président Donald Trump, qui a accusé la Californie de mal gérer ses forêts lors des incendies qui ont touché Los Angeles plus tôt cette année. « Le président Trump a souvent dit qu'il fallait ramasser les feuilles mortes et le problème disparaîtrait, rappelle Mike Flannigan. Mais le problème, ce n'est pas la gestion des forêts, affirme-t-il. Le problème, c'est que nous avons des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies : nous avons de plus en plus de journées chaudes, sèches et venteuses qui favorisent les incendies. » L'expert ajoute que la gestion des incendies au Canada est parmi les meilleures au monde. Encore plus d'incendies causés par l'humain aux États-Unis « Nous avons également constaté que des incendies criminels ont aussi contribué à déclencher plusieurs grands incendies de forêt au Canada », affirment les représentants républicains. PHOTO TIM EVANS, ARCHIVES REUTERS Le smog dû à la fumée des feux de forêt canadiens à Minneapolis, Minnesota, le 3 juin 2025 En réalité, le portrait est beaucoup plus nuancé : environ la moitié des incendies au Canada sont d'origine humaine, mais ceux provoqués par la foudre font plus de dégâts avec près de 70 % des superficies brûlées, selon Ressources naturelles Canada. Ceux-ci surviennent généralement dans les zones inhabitées. Aux États-Unis, près de 90 % des incendies sont causés par l'humain. En Californie, cette proportion grimpe à 95 %, selon l'agence Cal Fire. Des arguments climatosceptiques ? Curieusement, les arguments des élus républicains ressemblent à ceux avancés par plusieurs comptes propageant de la désinformation climatique sur les réseaux sociaux. Dans une analyse couvrant la période allant d'avril à juin 2025, le groupe Climate Action Against Disinformation, qui réunit plusieurs organisations environnementales, signale que les « récits » les plus populaires affirment que les incendies sont d'origine criminelle ou encore qu'ils sont attribuables à une mauvaise gestion des forêts par le gouvernement canadien et non aux changements climatiques. Lisez le rapport du Climate Action Against Disinformation (en anglais) Le rapport indique également qu'une nouvelle théorie émerge sur les réseaux sociaux voulant que les incendies, dont la fumée se propage jusqu'aux États-Unis, soient intentionnellement provoqués par le gouvernement canadien dans un contexte de tensions grandissantes entre les deux pays. Une recette éprouvée Ce n'est pas la première fois que les incendies de forêt canadiens provoquent de telles réactions au sud de la frontière. Le 7 juin 2023, le commentateur de Fox News Jesse Watters avait blâmé le premier ministre du Canada pour la fumée des incendies de forêt qui s'était propagée jusqu'aux États-Unis. « Ce que nous savons, c'est que 100 millions d'Américains respirent la fumée canadienne. Et [Justin] Trudeau n'a pas présenté d'excuses », avait-il déclaré sur les ondes du réseau américain. La réponse de l'ambassade du Canada « Je peux vous assurer que le Canada prend très au sérieux la prévention, la lutte et l'atténuation des incendies de forêt. Je peux confirmer que la lettre a été reçue par l'ambassade et transmise aux organismes canadiens concernés. Nous y répondrons en temps opportun », a indiqué à La Presse Tarryn Elliott, porte-parole de l'ambassade du Canada à Washington.


La Presse
09-07-2025
- Science
- La Presse
La Corée du Sud tapissée de mouches
Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Incheon) Des sommets de montagnes recouverts, des devantures de restaurants souillées et une odeur pestilentielle. Une plaie s'abat chaque année sur la Corée du Sud : les invasions de mouches qui prolifèrent en raison du réchauffement climatique. Claire LEE Agence France-Presse Ces « bibions », ou « mouches de la Saint-Marc », volent le plus souvent en couple, d'où leur surnom de « lovebugs » (« insectes d'amour » en anglais), et colonisent le pays plusieurs semaines par an. Si ces insectes (Plecia nearctica) sont inoffensifs pour les humains, c'est leur nombre croissant qui gêne. Quand ils volent en groupe, la nuée peut tapisser un mur ou un chemin de randonnée. Et avec une durée de vie très courte, les bibions meurent souvent sur place, formant une couche de cadavres à l'odeur nauséabonde. PHOTO ANTHONY WALLACE, AGENCE FRANCE-PRESSE Les scientifiques pensent que ces mouches sont venues du sud de la Chine et ont profité de la hausse du mercure liée au changement climatique pour prospérer. « Au début, j'ai cru que c'était des ordures… En fait, c'était la puanteur d'insectes morts », témoigne Ahn So-young, une randonneuse de 29 ans. « J'ai pleuré quand je suis montée ici. J'étais tellement effrayée », raconte-t-elle. Les scientifiques pensent que ces mouches sont venues du sud de la Chine et ont profité de la hausse du mercure liée au changement climatique pour prospérer. « En général, de nombreux insectes tendent à se reproduire rapidement sous des températures chaudes », rappelle à l'AFP Ju Jung-won, chercheur associé à l'Agence sud-coréenne de contrôle et de prévention des maladies. « Pour ce qui est des 'lovebugs', il semblerait que les températures et l'environnement de régions étrangères où elles sont présentes se retrouvent maintenant aussi en Corée du Sud, leur permettant de survivre », ajoute l'expert. La quantité de plaintes concernant ces insectes a monté en flèche dernièrement, selon les données de la ville de Séoul. Ils dérangent même les vedettes de la K-pop : dans une vidéo devenue virale sur les réseaux, le chanteur de BTS RM semble lâcher un juron à leur vue, tandis que dans un autre extrait, son acolyte Jin souffle sur l'une de ces mouches en plein concert. Au sommet du mont Gyeyang, à Incheon, des agents publics en combinaison s'affairent à pelleter les amas de « lovebugs » mortes. D'autres volent en nuage. Il y en a tellement qu'il est difficile de garder les yeux ouverts. Dans les pires cas, les restes « se sont empilés sur plus de dix centimètres de haut », raconte Jung Yong-sun, 59 ans, affecté à la lutte contre les nuisibles. « C'est comme marcher sur un coussin », dit-il en se frayant un chemin parmi les immondices. « Steak haché » Selon Park Sun-jae, chercheur à l'Institut national des ressources biologiques, ces mouches de la Saint-Marc ont été repérées pour la première fois en Corée du Sud en 2015 à Incheon, à l'ouest de Séoul. « Depuis 2022, leur population a commencé à bondir », explique-t-il à l'AFP, précisant que l'insecte « se retrouve maintenant dans toute la région métropolitaine du grand Séoul ». Cette année, l'invasion a fait beaucoup réagir en ligne, avec des créateurs de contenu présents dans les zones les plus touchées. Un youtubeur a même fait un « steak haché » de « lovebugs » qu'il a mangé face caméra. « C'est pas mauvais. C'est (même) vraiment délicieux », réagit-il dans sa vidéo visionnée 648 000 fois. Tout en haut du mont Gyeyang, Kim Ji-young et Sam Jung ont prévu une tenue entièrement blanche, une couleur qui attire les insectes. Positionnés devant un grand piège collant installé par le gouvernement, complètement noir d'insectes morts, les deux créateurs de contenu se filment en train d'être recouverts. « C'est probablement quelque chose que je ne revivrai jamais », commente Sam Jung, son chapeau et ses habits grouillant de mouches. « Monde bien plus malheureux » Au-delà de l'aspect surprenant, l'invasion de « lovebugs » est synonyme de dérangement quotidien pour nombre de Séoulites. Au marché de Daejo, dans le nord-ouest de la capitale, des restaurateurs chassent en permanence les nuisibles pour protéger leurs produits. Mais les insectes ne cessent de s'entasser au sol et forcent les personnels de nettoyage à redoubler d'efforts, s'agace Chang Seo-young. « Je veux pouvoir déjeuner sans me préoccuper de 'lovebugs' qui se posent sur mon visage ou dans ma nourriture », confie la commerçante de 48 ans à l'AFP. Les autorités sud-coréennes qualifient néanmoins les bibions d'« insectes bénéfiques », car ils aident à dégrader les matières organiques des plantes. Normalement, ils disparaissent au début du mois de juillet au plus tard. Au vu des changements engendrés par le réchauffement de la planète, les scientifiques n'excluent pas les invasions d'autres espèces, y compris dangereuses. « Je crains que les générations futures ne souffrent énormément », s'inquiète Jeon In-hyeop, 29 ans, après avoir balayé du regard la montagne Gyeyang, partiellement souillée. « Je sens que nos enfants pourraient finir par vivre dans un monde bien plus triste », lâche-t-il.


Le Figaro
09-07-2025
- Science
- Le Figaro
Le réchauffement climatique a amplifié l'impact sanitaire de la dernière canicule
Une étude suggère que le dérèglement du climat dû aux activités humaines a triplé le nombre de décès dans les grandes villes européennes lors de la dernière vague de chaleur qui a frappé l'Europe en ce début d'été. La vague de chaleur précoce que viennent de subir l'ouest et le sud de l'Europe était exceptionnelle et précoce, que ce soit en Espagne (qui a connu son mois de juin le plus chaud) où dans d'autre pays comme la Belgique et les Pays-Bas, moins habitués à ces chaleurs. En France, l'épisode a duré 16 jours, du 19 juin au 4 juillet, soit autant que la canicule meurtrière de 2003. Il a notamment entraîné la fermeture temporaire de près de 2000 établissements scolaires. Mais quel est le bilan humain de cette vague de chaleur ? Dans une analyse rendue publique le 9 juillet, des chercheurs de l'Imperial College de Londres, de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, de l'université de Berne (Suisse), de l'Institut météorologique royal des Pays-Bas et de l'université de Copenhague (Danemark) dressent une première estimation de la mortalité attribuable à cette canicule dans douze villes européennes. Et selon eux, au cours de cet événement extrême, le changement climatique a triplé le nombre de décès liés à la chaleur. Publicité « Tueurs silencieux » Les scientifiques rappellent que ces épisodes de canicule sont des « tueurs silencieux » : la plupart des décès liés à la chaleur ne sont pas signalés et les estimations officielles peuvent prendre des mois avant d'être publiées, si elles le sont. « Les vagues de chaleur ne laissent pas de traces de destruction comme les incendies de forêt ou les tempêtes. Leurs effets sont le plus souvent invisibles, mais discrètement dévastateurs - un changement de seulement 2 ou 3 °C peut faire la différence entre la vie et la mort pour des milliers de personnes », explique Ben Clarke, chercheur à l'Imperial College de Londres. Pour mener à bien leur analyse, les scientifiques se sont concentrés sur les effets de dix jours de chaleur, du 23 juin au 2 juillet, dans 12 villes reparties assez uniformément sur le continent, comme Londres, Paris, Budapest, ou Barcelone. Dans un premier temps, ils ont utilisé les méthodes de la World Weather Attribution combinant modélisation et données météorologiques historiques pour chercher à savoir à quoi aurait ressemblé cette vague de chaleur dans un monde sans réchauffement induit par l'homme, donc avec 1,3 °C de moins. Ils constatent que le dérèglement actuel du climat causé principalement par la combustion de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) et la déforestation a amplifié cette vague de chaleur d'environ 2 à 4 degrés dans la plupart des villes. Dans le climat actuel, ce genre d'épisode extrême devrait selon eux se produire tous les 2 à 6 étés dans la plupart des villes. Météo France rappelait d'ailleurs récemment que la toute récente vague de chaleur qu'a connue la métropole est la cinquantième depuis 1947, dont 33 ont eu lieu rien qu'au XXIe siècle, ce qui illustre l'augmentation de la fréquence de ces événements. Les auteurs de l'analyse ont ensuite utilisé des modèles épidémiologiques déjà publiés (et différenciés selon les villes) de corrélation entre la chaleur et le nombre de décès quotidiens en milieu urbain, quelle qu'en soit la cause. L'objectif : en tirer le nombre de décès lors de cette vague de chaleur, puis le comparer au bilan qu'aurait entraîné un événement similaire dans un climat sans le réchauffement actuel. Leurs résultats suggèrent que 2300 personnes sont mortes en 10 jours dans ces grandes villes ; mais dans un monde avec 1,3 °C plus frais, il y en aurait environ 1 500 de moins. « Ces chiffres représentent des personnes réelles qui ont perdu la vie au cours des derniers jours à cause de la chaleur extrême. Et deux tiers d'entre elles ne seraient pas mortes sans le changement climatique », résume Friederike Otto, de l'Imperial College de Londres. L'urgence de s'adapter Si l'on regarde ville par ville, ce changement climatique est à l'origine de 317 des décès par excès de chaleur à Milan, 286 à Barcelone, 235 à Paris ou encore 171 à Londres. Les chercheurs estiment également que les 65 ans et plus représentent 88 % de ces morts attribuables au réchauffement du climat et ils soulignent à quel point la chaleur accable les personnes vulnérables souffrant de maladies chroniques comme le diabète et les problèmes respiratoires. «Les décès dus à la chaleur peuvent augmenter rapidement lorsque la température atteint certains seuils, ce qui pousse les personnes vulnérables dans leurs limites», note ainsi Garyfallos Konstantinoudis de l'Imperial College. Le chercheur a rappelé lors d'un point presse les limites de cette analyse qui ne porte que sur 12 villes et ne donne donc qu'un aperçu du bilan sur toute l'Europe. Elle ne tient par exemple pas compte des politiques de prévention et d'adaptation mises en place ces dernières années dans de nombreuses villes et qui pourraient avoir atténué le nombre de décès. Pour Pierrre Masselot, chercheur à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, « les villes peuvent s'adapter en plantant des arbres, en réduisant l'espace accordé aux voitures et en s'occupant des plus vulnérables. Mais en fin de compte, le meilleur moyen d'éviter des conséquences désastreuses est de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. »