Dernières actualités avec #esclavage


Le Parisien
4 days ago
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« Une noire n'a rien à faire à ce poste » : la vice-présidente de l'Assemblée nationale Nadège Abomangoli visée par un courrier raciste
« Ils croient nous humilier, nous intimider, nous faire peur. Ils se trompent. » La vice-présidente de l'Assemblée nationale Nadège Abomangoli a publié ce vendredi sur X un courrier raciste qu'elle a reçu, déplorant le fait que « les racistes expriment sans complexe leur nostalgie de l'esclavage et de la colonisation ». « Madame la fausse vice-présidente, je souhaite que la dissolution se produise car vous êtes une erreur de casting (…) Une noire n'a rien à faire à ce poste. L'esclavage a été aboli mais il y a des limites à se sentir à l'aise », écrit l'auteur de la lettre. Celui qui se présente comme un certain « M. Jourdain » revendique son statut d'« homme blanc » ainsi que son nom de famille. Ce qui, selon ses dires, lui conférerait « plus de mérite » à occuper la vice-présidence de l'Assemblée nationale. « Voir une femme noire au perchoir de l'assemblée, c'est voir leur hiérarchie sexiste et raciste, ainsi que leurs privilèges s'effondrer. Et ils ont la rage », a déploré la députée LFI de Seine-Saint-Denis , assurant qu'elle continuera à combattre le racisme « avec force ». Plusieurs personnalités politiques ont apporté leur soutien à Nadège Abomangoli. « Le racisme n'a pas sa place dans notre République. Il ne l'a jamais eue », a écrit sur X la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, indiquant condamner « sans réserve » ces insultes. Plusieurs députés de La France Insoumise ont aussi épaulé leur collègue. « Total soutien », a indiqué sur X l'élu de l'Essonne Antoine Léaument. « Les racistes n'ont que leur haine pour exister, ils sont petits et pitoyables », estime la députée de Saint-Étienne Andrée Taurinya . « On déguste les larmes des racistes. Leur seum est notre délice », déclare pour sa part la députée de Paris Danièle Obono , qui avait notamment été dépeinte en esclave par Valeurs Actuelles.


Le Figaro
06-07-2025
- Entertainment
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Notre critique de When I Saw the Sea: un miracle sensible
Réservé aux abonnés FESTIVAL D'AVIGNON - En donnant la parole à des femmes africaines, esclaves domestiques des maisons libanaises, Ali Charhour compose une pièce si juste qu'elle en impose. Le théâtre dégage par essence un tintamarre émotionnel. Guy Debord l'avait prédit : l'actualité travaille aujourd'hui sur le même registre de surenchère de guerres, de drones, de bombes, de saccages, d'emportements, de promesses, de haines, de chapelles, de causes, de mouvements compassionnels capables de se défaire aussi vite qu'ils sont nés. L'émotionnel est à la barre avec toute la déraison qui s'ensuit. Aussi est-ce avec un respect infini que l'on évoque ici la création d'Ali Charhour. À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour L'homme est libanais. Il a créé sa pièce dans son pays. When I Saw the Sea traite d'une question dramatique sur fond d'une guerre qui ne l'est pas moins. La question du kafala, système selon lequel des Africaines venues travailler dans les maisons de maîtres libanais abandonnent leurs droits à « Madame » qui les emploie. Leurs droits et plus que ça : passeport, vie personnelle, téléphone... Tout leur est confisqué. Le départ des patrons à Dubaï ou en Europe depuis la guerre les a laissées…


La Presse
04-07-2025
- Entertainment
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Enquête sur les cégeps Dawson et Vanier
Depuis sa plus tendre enfance, l'écrivain afro-américain Alex Haley entendait parler de son ancêtre, kidnappé en Gambie pour être réduit en esclavage aux États-Unis. Adulte, il s'est envolé pour l'Afrique dans l'espoir de confirmer la légende familiale. L'écrivain a raconté l'histoire de son ancêtre à un paquet d'experts tribaux gambiens. Ces derniers ont déniché un « griot », c'est-à-dire un conteur africain détenteur des traditions orales, qui a pu lui confirmer toute l'histoire, exactement comme sa famille la lui avait toujours racontée. Cela a donné le roman Racines, prix Pulitzer 1977. Des années plus tard, on s'est rendu compte que le griot n'en était pas vraiment un et n'avait fait que reformuler l'histoire qu'Alex Haley avait lui-même racontée aux experts gambiens. On était devant un cas classique de diffusion circulaire, ou fausse confirmation. Tout ça pour dire qu'on tient un nouveau cas, québécois celui-là. Ça concerne une conclusion-choc de l'enquête administrative ordonnée par le gouvernement caquiste afin d'évaluer si les collèges Dawson et Vanier avaient pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de leurs élèves, dans le contexte explosif du conflit au Proche-Orient. Accrochez-vous, ça tourne en rond. Ça spinne aussi fort qu'un gouvernement qui chercherait désespérément à justifier ses actions. Diffusé vendredi dernier, le communiqué de presse du cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a braqué les projecteurs sur l'un des constats les plus troublants du rapport d'enquête. Extrait du communiqué : « Les principes de la laïcité ne sont pas respectés dans les deux établissements. Toujours selon l'enquête, la présence de salles de prière alimente un climat de radicalisation, de repli communautaire et de méfiance réciproque à l'intérieur du cégep 1 ». Ce n'est pas rien, ce constat. C'est percutant. Au point que, le jour même, La Presse Canadienne a choisi d'en faire l'amorce d'un article sur le sujet : « Un nouveau rapport du gouvernement du Québec indique que les salles de prière alimentent un climat de radicalisation et de méfiance dans les collèges de la province 2 ». Bien qu'il s'agisse d'un constat majeur, nulle part, dans le rapport d'enquête de 71 pages, on ne retrouve un fait ou un témoignage pour l'étayer. « Certains établissements » disposent de locaux de prière, mentionne simplement le rapport, qui prévient : « Mais loin de contribuer au mieux vivre-ensemble, cela ne fait qu'alimenter un climat de radicalisation, de repli communautaire et de méfiance réciproque à l'intérieur du cégep 3. » PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE Le collège Vanier est situé dans l'arrondissement de Saint-Laurent Pour toute référence, le rapport cite un texte d'opinion publié dans La Presse en 2023 et signé par un groupe de militantes québécoises en faveur de la laïcité, parmi lesquelles Nadia El-Mabrouk et Fatima Aboubakr. Ce texte d'opinion rappelle qu'en 2015, un local avait été mis à la disposition des élèves du collège de Maisonneuve pour la prière du vendredi. Il souligne que cette concession n'avait rien fait pour améliorer les choses, bien au contraire : « Loin de contribuer au mieux vivre-ensemble, cela n'a fait qu'alimenter un climat de radicalisation, de repli communautaire et de méfiance réciproque à l'intérieur du cégep 4. » Et voilà. Il était donc question d'une situation particulière survenue il y a dix ans au cégep de Maisonneuve, où un groupe d'élèves radicalisés étaient partis combattre en Syrie. Le rapport reprend intégralement les mots du texte d'opinion en les expurgeant de ce contexte particulier. Dans son communiqué de presse, le cabinet de la ministre présente cela comme un constat de la situation actuelle aux cégeps Dawson et Vanier ! Pas trop étourdis ? Tant mieux, parce que ça n'a pas fini de tourner. Mercredi, Le Devoir a publié un texte d'opinion qui déplore que l'établissement de salles de prière à Dawson et à Vanier ne se soit « pas fait sans heurts ». Pour appuyer cet argument, le texte cite évidemment le rapport : « Les enquêteurs estiment que 'loin de contribuer au mieux-vivre ensemble, cela ne fait qu'alimenter un climat de radicalisation, de repli communautaire et de méfiance réciproque à l'intérieur du cégep' 5. » Cette nouvelle tribune est notamment signée par… Nadia El-Mabrouk et Fatima Aboubakr. Elles attribuent ainsi un constat aux enquêteurs, tout en citant un extrait de leur propre texte d'opinion, publié en 2023 et retranscrit mot pour mot dans le rapport ! Autrement dit, les deux auteures se citent elles-mêmes, apparemment sans s'en rendre compte. Diffusion circulaire. La boucle est bouclée. « Ça fait au moins 25 ans qu'on a une salle de prière, et on n'a jamais, jamais eu de plaintes. On n'a jamais entendu parler d'étudiants qui se seraient radicalisés », affirme Diane Gauvin, directrice générale du collège Dawson. Mme Gauvin est catégorique : « Les conclusions du rapport sont fausses. » Bien sûr, le conflit au Proche-Orient a créé des tensions sur le campus. Mais ces tensions sont politiques, pas religieuses, dit-elle. À Dawson, comme ailleurs, le mouvement propalestinien est porté par des élèves de tous horizons : musulmans, chrétiens, athées, alouette. « Ces gens-là ne se rencontrent pas dans la salle de prière… » Le directeur général du cégep Vanier, Benoit Morin, n'a pas davantage constaté de radicalisation des élèves qui fréquentent la salle de prière, en place depuis des années. S'il avait reçu la moindre information à ce sujet, il aurait agi promptement, assure-t-il. « On prend très au sérieux la sécurité de nos étudiants. » Les deux gestionnaires rappellent qu'en 2023, la ministre Pascale Déry a refusé d'interdire les salles de prière dans les cégeps et les universités. « À l'heure actuelle, rien ne nous laisse croire que la gestion des demandes d'accommodement pour motifs religieux est problématique dans les établissements », avait déclaré son cabinet. Difficile pour le gouvernement, après cela, d'accuser les deux cégeps de ne pas respecter les principes de la laïcité. Je ne suis pas en train de vous dire que je suis favorable aux salles de prière dans les cégeps. Tout ce que je dis, c'est qu'avant d'affirmer que leur présence alimente la radicalisation des élèves, ce qui n'est pas une mince affirmation, ça prend un minimum de données fiables pour le prouver. Or, « dans l'état actuel de la recherche, aucune étude scientifique rigoureuse n'a pu fournir des données probantes qui démontrent le lien direct entre les accommodements religieux et la radicalisation ou le prosélytisme », souligne l'essayiste et psychologue Rachida Azdouz, spécialiste de ces questions. Très nuancé, le rapport du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, rédigé en 2016 dans la foulée des évènements du collège de Maisonneuve, déplorait déjà que « peu de littérature » éclaire le phénomène, ce qui laissait les établissements scolaires québécois « tiraillés par des tensions et des débats complexes autour de l'attitude à adopter en matière d'accommodements 6 ». On rapporte quelques incidents mais il est très difficile d'en saisir la portée et l'ampleur car les auteurs tendent à les minimiser ou à les exagérer selon leur propre orientation idéologique. Rachida Azdouz, essayiste et psychologue Le milieu de la recherche est traversé par la même ligne de fracture que le débat public, explique-t-elle. D'un côté, on avance que les accommodements ouvrent la porte à la radicalisation et à l'entrisme religieux ; de l'autre, on estime que c'est plutôt le refus d'accommoder qui crée un sentiment d'exclusion et qui incite au repli et à la radicalisation… J'ai bien peur qu'on en débatte à l'infini, en restant sourd aux arguments des uns et des autres. Faut croire qu'on aime tourner en rond. 1. Lisez la réaction de la ministre Pascale Déry au rapport 2. Lisez l'article de la Presse Canadienne : « Les salles de prière créent des tensions dans les collèges, selon un rapport » 3. Consultez le rapport d'enquête sur le collège Dawson et le collège Vanier 4. Lisez le texte paru dans La Presse : « Lieux de 'ressourcement' ? Vraiment ? » 5. Lisez le texte paru dans Le Devoir : « Une réflexion sur la laïcité dans les cégeps s'impose » 6. Consultez le rapport du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence