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Le Figaro
2 days ago
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Buste de Néfertiti, frises du Parthénon... Ces œuvres d'art réclamées par leurs pays d'origine
À l'instar du tambour parleur « Djidji Ayôkwé » restitué par la France à la Côte d'Ivoire le 7 juillet, de nombreuses pièces de collection conservées dans des pays européens sont revendiquées par leur pays d'origines. Retour sur quatre d'entre elles. À l'instar du tambour parleur « Djidji Ayôkwé » dont la restitution à la Côte d'Ivoire a été actée lundi 7 juillet par l'Assemblée nationale, de nombreuses pièces sont réclamées depuis des années par leur pays d'origine. Dont quatre exemples emblématiques. À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour Le précédent du trésor royal d'Abomey Empire colonial du XVIe à la première moitié du XXe siècle, la France possède encore des dizaines de milliers d'objets, notamment africains, dans ses musées. Le seul musée parisien du Quai Branly conserve quelque 70 000 objets d'Afrique subsaharienne. Lors d'une visite à Ouagadougou en 2017, le président Emmanuel Macron annonçait la volonté d'écrire « une nouvelle histoire » en restituant des biens culturels datant de la colonisation. Plusieurs pays ont adressé des demandes de restitution. Mais pour chaque demande, une loi est nécessaire pour « déclasser » les biens et permettre leur sortie des collections. Publicité Fin 2020, le Parlement a adopté une loi autorisant le retour définitif au Bénin de 26 œuvres du trésor royal d'Abomey, prises de guerre françaises en 1892. La restitution du tambour parleur « Djidji Ayôkwé », instrument sacré de trois mètres de long et 430 kg, définitivement votée lundi 7 juillet à l'Assemblée nationale répond à un engagement pris en 2021 par Emmanuel Macron et à une demande de la Côte d'Ivoire datant de 2019. Les « bronzes du Bénin » D'autres pays européens ont engagé le mouvement de restitution d'art africain : en juin 2025, les Pays-Bas ont restitué au Nigeria, 119 sculptures anciennes, désignés comme « bronzes du Bénin », confisquées à la fin du XIXe siècle au royaume du Bénin situé dans ce qui est aujourd'hui le sud du Nigeria. Après des années de négociations, un accord a été conclu en juillet 2022 entre Berlin et le Nigeria pour la restitution d'environ 1 100 œuvres de l'ancien royaume de Benin. En décembre 2022, les 22 premiers bronzes ont été restitués. Au Royaume-Uni, le British Museum refuse de restituer la centaine de « bronzes du Bénin » en sa possession. Les opposants aux restitutions craignent un effet domino qui verrait les revendications se succéder au point de vider les musées britanniques. À l'heure actuelle, ces rétrocessions sont limitées en raison d'un cadre juridique daté : des lois des années 1960 et 1980 empêchent les musées nationaux d'effectuer des restitutions. Antiquités égyptiennes Au cours des siècles, un grand nombre d'œuvres et d'objets sont sortis d'Égypte. C'est le cas de trois pièces emblématiques, réclamées de longue date par Le Caire à l'Allemagne, au Royaume-Uni et à la France : le buste de Néfertiti, la pierre de Rosette et le zodiaque de Dendérah. Le buste de Néfertiti, peint en 1340 avant J.-C. a atterri au Neues Museum de Berlin en vertu du partage colonial. La pierre de Rosette, stèle gravée en 196 avant J.-C. en grec ancien, égyptien démotique et hiéroglyphes, est exposée depuis 1802 au British Museum de Londres, avec en cartel, « prise en Égypte en 1801 par l'armée britannique ». Enfin, le zodiaque de Dendérah a été descellé à l'explosif d'un temple du sud de l'Égypte en 1820. Cette représentation de la voûte céleste de plus de 2,5 mètres de largeur et de hauteur est accrochée à un plafond du Louvre depuis 1922, alors qu'une copie de plâtre la remplace à Dendérah. Publicité L'épine des frises du Parthénon Mais ce sont les frises du Parthénon exposées au British Museum depuis plus de deux siècles qui concentrent le plus d'attention en matière de restitutions. Athènes réclame depuis des décennies leur retour, affirmant qu'elles ont été l'objet d'un pillage orchestré en 1802 par lord Elgin, ambassadeur britannique auprès de l'Empire ottoman. Londres affirme au contraire que les précieuses frises longues de 75 mètres ont été « acquises légalement » par lord Elgin, qui les a revendues au British Museum. À l'issue d'une rencontre en décembre 2024 entre le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et son homologue britannique Keir Starmer à Londres, le British Museum avait indiqué mener des « discussions constructives » avec Athènes en vue d'un « partenariat sur le long terme » concernant ces vestiges.


Le Figaro
6 days ago
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Rachida Dati va présenter une loi pour faciliter la restitution de biens coloniaux
Le projet de loi-cadre, qui devrait être présenté en Conseil des ministres le 30 juillet, doit permettre de déroger par décret au principe d'inaliénabilité des collections publiques pour faire sortir un bien pillé par la France pendant la colonisation et réclamé par un pays. Un projet de loi facilitant la restitution des biens coloniaux doit être présenté en Conseil des ministres fin juillet, a-t-on appris jeudi 10 juillet auprès de Matignon, marquant le retour à l'agenda d'un texte promis par Emmanuel Macron et longtemps dans l'impasse. « Le projet de loi a été envoyé au Conseil d'État et devrait être présenté en Conseil des ministres le 30 juillet », a indiqué cette source, assurant qu'il pourrait être examiné en septembre au Sénat, sans que cette date ne soit « encore totalement actée ». À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour Devenu un serpent de mer, ce projet de loi-cadre défendu par la ministre de la Culture Rachida Dati doit permettre de déroger, par décret, au principe d'inaliénabilité des collections publiques pour faire sortir un bien pillé par la France pendant la colonisation et réclamé par un pays. À l'heure actuelle, les restitutions de biens coloniaux, promises par le chef de l'État en 2017, se font au compte-goutte et parfois sous la forme de prêt afin d'éviter de passer par une loi spécifique, comme celle ayant permis le retour au Bénin de 26 trésors du Dahomey fin 2021. Publicité Des œuvres d'art réclamées par dix pays « Je sais que l'essentiel des attentes se porte aujourd'hui vers la loi-cadre », a convenu lundi Rachida Dati, en marge du vote d'une autre de ces lois d'espèces, concernant cette fois la restitution d'un tambour à la Côte d'Ivoire. Peu après l'arrivée de Rachida Dati au gouvernement en janvier 2024, un premier projet de loi-cadre avait été inscrit à l'ordre du jour du Sénat, avant d'en être rapidement retiré face à l'opposition de certains élus et des réserves du Conseil d'État qui avait pointé des risques juridiques. Selon un avis alors obtenu par Le Monde, la haute juridiction administrative avait estimé que le texte n'avançait pas de motif impérieux justifiant de déroger au principe d'inaliénabilité des collections publiques, malgré de fortes attentes des anciennes colonies françaises. Selon des chiffres d'un rapport d'avril 2023, la France avait alors reçu des demandes formelles de restitution de plusieurs milliers d'objets venant de dix pays, dont huit situés en Afrique, notamment le Mali, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal. En 2023, la France a adopté deux autres lois-cadres facilitant la restitution des restes humains et des biens spoliés par les nazis.


Le Figaro
07-07-2025
- Politics
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L'Assemblée nationale s'apprête à voter la restitution d'un tambour parleur à la Côte d'Ivoire
Le transfert de l'œuvre à Abidjan doit être décidé aujourd'hui. Confisqué en 1916 par les autorités coloniales, l'instrument est conservé au musée du Quai-Branly. En 2021, Macron s'était engagé à le rendre à la Côte d'Ivoire. Saisi il y a plus d'un siècle par la France, le tambour parleur « Djidji Ayôkwé » s'apprête à retrouver la Côte d'Ivoire. Un vote lundi 7 juillet à l'Assemblée nationale doit permettre cette restitution, six ans après la demande officielle d'Abidjan. Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d'enrôlement militaire. Confisqué en 1916 par les autorités coloniales auprès de l'ethnie Ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly. Restauré en 2022, il est aujourd'hui conservé dans une caisse, et attend son retour. À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour La restitution de ce tambour emblématique répond à un engagement pris par Emmanuel Macron en 2021. La proposition de loi débattue à partir de 15h dans l'hémicycle, et déjà adoptée fin avril au Sénat, doit permettre de « déclasser » ce bien culturel, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques. La Côte d'Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. « Mais les communautés locales le réclament depuis l'indépendance », souligne Serge Alain Nhiang'O, fondateur de l'association Ivoire Black History Month, à Abidjan. C'est le premier objet d'une liste de 148 œuvres dont la Côte d'Ivoire a demandé la restitution à la France, et son retour « pourrait devenir un symbole très fort », dit-il. Publicité Du côté français, ce retour est perçu comme un acte de reconnaissance. « Le retour du tambour contribuera à la réparation d'une extorsion commise à l'époque coloniale, le témoin de notre prise de conscience », affirme le député Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte. Mais cette restitution met aussi en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 œuvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d'Abomey au Bénin et du sabre d'El Hadj Omar au Sénégal. Rapatriements au « compte-gouttes » Considérée comme pionnière, la France apparaît à présent à « la traîne » par rapport à d'autres pays occidentaux, estime l'anthropologue Saskia Cousin, professeure à l'université de Nanterre, citant par exemple l'Allemagne, qui a enclenché un vrai travail d'inventaire des œuvres dans les musées, contrairement à la France, où « il y a clairement une rétention d'informations ». En outre, les rapatriements se font au compte-goutte, en l'absence d'une loi-cadre promise par le chef de l'État pour faciliter ces processus, devenus un « serpent de mer », explique l'anthropologue. Elle permettrait d'éviter une loi spécifique à chaque restitution, processus long et complexe, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques par décret. En 2023, la France a adopté deux lois-cadres : l'une pour restituer les biens spoliés durant la Seconde Guerre mondiale aux familles juives, l'autre pour encadrer le retour des restes humains issus des collections publiques. Mais la troisième loi, annoncée pour les objets pillés pendant la colonisation, n'a toujours pas vu le jour. En 2024, un texte a été transmis au Conseil d'État. Dans un avis révélé par Le Monde, la juridiction demandait un nouveau travail, estimant que la restitution devait obéir à un « intérêt général supérieur » semblable à celui identifié s'agissant des biens spoliés par les nazis. Éviter « l'instrumentalisation » Selon Le Monde, le motif de restitution évoqué dans le texte était la coopération culturelle avec les anciennes colonies. Il ne serait pas suffisant aux yeux du Conseil d'État pour justifier une entorse à l'inaliénabilité des collections publiques. Pour certains, exiger un « intérêt général supérieur » reviendrait à faire du projet un texte de « repentance » sur la colonisation, un débat que l'exécutif semble vouloir éviter. Pour Saskia Cousin, la France « n'a pas un problème » avec la restitution, mais un problème avec « la façon dont elle pense son passé impérial ». Pressée par les députés de la commission des Affaires culturelles sur le devenir de cette loi, la ministre de la Culture Rachida Dati a affirmé la semaine dernière que le texte avait bien fait l'objet d'un nouveau travail, et qu'elle souhaitait le présenter en Conseil des ministres d'ici à la fin juillet. Elle espère un débat au Parlement avant la fin de l'année, tout en disant vouloir éviter qu'il n'ouvre la « porte à une instrumentalisation ».


Le Parisien
07-07-2025
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- Le Parisien
Trois mètres, saisi en 1916… C'est quoi ce tambour parleur qui devrait être rendu par la France à la Côte d'Ivoire ?
Le tambour parleur Djidji Ayôkwé s'apprête à retrouver la Côte d'Ivoire, plus d'un siècle après avoir été volé par la France. Un vote ce lundi à l'Assemblée nationale doit permettre cette restitution, six ans après la demande officielle d'Abidjan. La restitution de ce tambour emblématique répond à un engagement pris par Emmanuel Macron en 2021. Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d'enrôlement militaire. Saisi en 1916 par les autorités coloniales auprès de l'ethnie ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly. Restauré en 2022, il est aujourd'hui conservé dans une caisse, et attend son retour. La proposition de loi débattue à partir de 15 heures dans l'hémicycle, et déjà adoptée fin avril au Sénat, doit permettre de « déclasser » ce bien culturel, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques. La Côte d'Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. « Mais les communautés locales le réclament depuis l'indépendance », souligne Serge Alain Nhiang'O, fondateur de l'association Ivoire Black History Month, à Abidjan. C'est le premier objet d'une liste de 148 œuvres dont la Côte d'Ivoire a demandé la restitution à la France, et son retour « pourrait devenir un symbole très fort », dit-il. Du côté français, ce retour est perçu comme un acte de reconnaissance. « Le retour du tambour contribuera à la réparation d'une extorsion commise à l'époque coloniale, le témoin de notre prise de conscience », affirme le député Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte. Mais cette restitution met aussi en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 œuvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d'Abomey au Bénin et du sabre d'El Hadj Omar au Sénégal. Considérée comme pionnière, la France apparaît à présent à « la traîne » par rapport à d'autres pays occidentaux, estime l'anthropologue Saskia Cousin, professeure à l'université de Nanterre, citant par exemple l'Allemagne, qui a enclenché un vrai travail d'inventaire des œuvres dans les musées, contrairement à la France, où « il y a clairement une rétention d'informations ». En outre, les rapatriements se font au compte-goutte, en l'absence d'une loi-cadre promise par le chef de l'État pour faciliter ces processus, devenus un « serpent de mer », explique Saskia Cousin. Elle permettrait d'éviter une loi spécifique à chaque restitution, processus long et complexe, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques par décret. En 2023, la France a adopté deux lois-cadres : l'une pour restituer les biens spoliés durant la Seconde Guerre mondiale aux familles juives, l'autre pour encadrer le retour des restes humains issus des collections publiques. Mais la troisième loi, annoncée pour les objets pillés pendant la colonisation, n'a toujours pas vu le jour. En 2024, un texte a été transmis au Conseil d'État. Dans un avis révélé par Le Monde , la juridiction demandait un nouveau travail, estimant que la restitution devait obéir à un « intérêt général supérieur » semblable à celui identifié s'agissant des biens spoliés par les nazis. Selon Le Monde, le motif de restitution évoqué dans le texte était la coopération culturelle avec les anciennes colonies. Il ne serait pas suffisant aux yeux du Conseil d'État pour justifier une entorse à l'inaliénabilité des collections publiques. Pour certains, exiger un « intérêt général supérieur » reviendrait à faire du projet un texte de « repentance » sur la colonisation, un débat que l'exécutif semble vouloir éviter. Pour Saskia Cousin, la France « n'a pas un problème » avec la restitution, mais un problème avec « la façon dont elle pense son passé impérial ». Pressée par les députés de la commission des Affaires culturelles sur le devenir de cette loi, la ministre de la Culture Rachida Dati a affirmé la semaine dernière que le texte avait bien fait l'objet d'un nouveau travail, et qu'elle souhaitait le présenter en Conseil des ministres d'ici à la fin juillet. Elle espère un débat au Parlement avant la fin de l'année, tout en disant vouloir éviter qu'il n'ouvre la « porte à une instrumentalisation ».