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L'Assemblée nationale s'apprête à voter la restitution d'un tambour parleur à la Côte d'Ivoire

L'Assemblée nationale s'apprête à voter la restitution d'un tambour parleur à la Côte d'Ivoire

Le Figaro07-07-2025
Le transfert de l'œuvre à Abidjan doit être décidé aujourd'hui. Confisqué en 1916 par les autorités coloniales, l'instrument est conservé au musée du Quai-Branly. En 2021, Macron s'était engagé à le rendre à la Côte d'Ivoire.
Saisi il y a plus d'un siècle par la France, le tambour parleur « Djidji Ayôkwé » s'apprête à retrouver la Côte d'Ivoire. Un vote lundi 7 juillet à l'Assemblée nationale doit permettre cette restitution, six ans après la demande officielle d'Abidjan. Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d'enrôlement militaire. Confisqué en 1916 par les autorités coloniales auprès de l'ethnie Ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly. Restauré en 2022, il est aujourd'hui conservé dans une caisse, et attend son retour.
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La restitution de ce tambour emblématique répond à un engagement pris par Emmanuel Macron en 2021. La proposition de loi débattue à partir de 15h dans l'hémicycle, et déjà adoptée fin avril au Sénat, doit permettre de « déclasser » ce bien culturel, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques. La Côte d'Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. « Mais les communautés locales le réclament depuis l'indépendance », souligne Serge Alain Nhiang'O, fondateur de l'association Ivoire Black History Month, à Abidjan. C'est le premier objet d'une liste de 148 œuvres dont la Côte d'Ivoire a demandé la restitution à la France, et son retour « pourrait devenir un symbole très fort », dit-il.
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Du côté français, ce retour est perçu comme un acte de reconnaissance. « Le retour du tambour contribuera à la réparation d'une extorsion commise à l'époque coloniale, le témoin de notre prise de conscience », affirme le député Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte. Mais cette restitution met aussi en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 œuvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d'Abomey au Bénin et du sabre d'El Hadj Omar au Sénégal.
Rapatriements au « compte-gouttes »
Considérée comme pionnière, la France apparaît à présent à « la traîne » par rapport à d'autres pays occidentaux, estime l'anthropologue Saskia Cousin, professeure à l'université de Nanterre, citant par exemple l'Allemagne, qui a enclenché un vrai travail d'inventaire des œuvres dans les musées, contrairement à la France, où « il y a clairement une rétention d'informations ». En outre, les rapatriements se font au compte-goutte, en l'absence d'une loi-cadre promise par le chef de l'État pour faciliter ces processus, devenus un « serpent de mer », explique l'anthropologue. Elle permettrait d'éviter une loi spécifique à chaque restitution, processus long et complexe, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques par décret.
En 2023, la France a adopté deux lois-cadres : l'une pour restituer les biens spoliés durant la Seconde Guerre mondiale aux familles juives, l'autre pour encadrer le retour des restes humains issus des collections publiques. Mais la troisième loi, annoncée pour les objets pillés pendant la colonisation, n'a toujours pas vu le jour. En 2024, un texte a été transmis au Conseil d'État. Dans un avis révélé par Le Monde, la juridiction demandait un nouveau travail, estimant que la restitution devait obéir à un « intérêt général supérieur » semblable à celui identifié s'agissant des biens spoliés par les nazis.
Éviter « l'instrumentalisation »
Selon Le Monde, le motif de restitution évoqué dans le texte était la coopération culturelle avec les anciennes colonies. Il ne serait pas suffisant aux yeux du Conseil d'État pour justifier une entorse à l'inaliénabilité des collections publiques. Pour certains, exiger un « intérêt général supérieur » reviendrait à faire du projet un texte de « repentance » sur la colonisation, un débat que l'exécutif semble vouloir éviter. Pour Saskia Cousin, la France « n'a pas un problème » avec la restitution, mais un problème avec « la façon dont elle pense son passé impérial ».
Pressée par les députés de la commission des Affaires culturelles sur le devenir de cette loi, la ministre de la Culture Rachida Dati a affirmé la semaine dernière que le texte avait bien fait l'objet d'un nouveau travail, et qu'elle souhaitait le présenter en Conseil des ministres d'ici à la fin juillet. Elle espère un débat au Parlement avant la fin de l'année, tout en disant vouloir éviter qu'il n'ouvre la « porte à une instrumentalisation ».
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POLITIQUE - « Premier ministre cherche solution pour équation budgétaire insoluble ». Ce n'est pas une petite annonce, mais probablement l'état d'esprit qui anime François Bayrou ce mardi 15 juillet. Le chef du gouvernement doit effectivement lever le voile ce jour sur ses orientations budgétaires et ce, dans un contexte particulièrement difficile, marqué par l'état alarmant du déficit public, les injonctions contradictoires formulées dans son propre camp et une situation politique ne laissant quasiment aucune marge de manœuvre. Avec en bonus, la pression mise par le chef de l'État. Emmanuel Macron a effectivement appelé dimanche 13 juillet à une hausse des crédits alloués à la défense, chiffrée par ses soins à 6,5 milliards d'euros d'ici deux ans. « Pour être libre dans ce monde, il faut être craint et pour être craint, il faut être puissant », a prévenu le président de la République, complexifiant de facto la mission budgétaire de son Premier ministre. Face à ce défi, les Français ne se font guère d'illusions. Selon un sondage réalisé par YouGov pour Le HuffPost, seulement 11 % des Français font confiance à François Bayrou pour parvenir aux 40 milliards d'euros d'économies attendues. Avant d'en dire plus, le Premier ministre avait déjà annoncé la philosophie de sa feuille de route : pas de hausse d'impôts généralisée (pour remédier au manque de recettes), mais un « effort » demandé à « tous les Français ». Ce qui signifie, en langue courante, un budget difficile à faire accepter, faisant peser le plus gros du travail sur la baisse des dépenses publiques. Soit la perspective d'une cure d'austérité qui ne dit pas son nom, tant il est impossible pour François Bayrou d'envisager une hausse exceptionnelle de la contribution des plus riches, puisque les partis composant le « socle commun » soutenant son gouvernement y sont allergiques. 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Problème : cette solution en vogue chez Renaissance, qui toucherait de facto au portefeuille des retraités, présente un coût politique bien trop important. Le Rassemblement national, bien conscient du potentiel électoral de ce segment de la population, a promis une censure si le gouvernement franchissait cette « ligne rouge ». C'est d'ailleurs, entre autres, parce que le budget de Michel Barnier prévoyait une sous-indexation des retraites que le RN avait voté la chute du gouvernement à l'automne. Résumons : François Bayrou doit donc trouver 40 milliards d'euros sans toucher aux impôts, sans taxer les plus riches et sans mettre davantage à contribution les retraités. Le tout dans un contexte où, études après études, les Français constatent une dégradation des services publics. 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Le président Emmanuel Macron a insisté ces derniers jours sur la nécessité de se doter d'une armée puissante face aux menaces extérieures. Et en ce lundi 14 juillet, jour de défilé, l'armée avait organisé, à l'Hôtel des Invalides, une grande journée de rencontre avec le public. L'occasion de tenter de recruter des candidats. Et à ce petit jeu de séduction, l'armée de terre se démarque et multiplie des approches originales. Par des influenceurs en treillis sur les réseaux sociaux, mais aussi des défis sportifs. Cette fois, le parcours du combattant a été adapté au public. « C'est une manière ludique de les tester et de les intéresser », indique le chef d'escadron Cédric. L'an dernier, cette même journée de rencontre et de recrutement avait débouché sur 80 rendez-vous dans les centres d'Ile-de-France et une vingtaine de jeunes recrutés. Mais tous les participants aux jeux et défis sportifs ne sont pas forcément en âge de prendre un poste dans l'un des 117 métiers que compte l'armée de terre. « Pour les plus jeunes, on plante une petite graine. Pour les ados, on a déjà des parcours et des formations. Et les adultes, qu'ils soient parents en quête d'une orientation pour leur enfant ou jeunes candidats, ces activités constituent une bonne entrée en matière pour discuter », poursuit le chef d'escadron. Le stand avec le parcours du combattant, baptisé « dé-terre-mination », n'a pas désempli de la journée. Au programme, des tractions. « Il faut rester avec le menton au niveau de la barre pour pouvoir regarder deux images et jouer au jeu des sept erreurs », précise l'un des instructeurs en treillis, motivant les participants. Après un chemin d'agilité, des pompes et des flexions, les participants doivent essayer de toucher une cible avec un pistolet laser. « On leur apprend à tenir une arme », précise un autre instructeur. Mais pour Léonard, 15 ans, c'est la compétition avant tout. « J'ai fini dans les meilleurs temps, savoure cet habitant de Thiais (Val-de-Marne). Là, j'entre en seconde, mais dans quelques années, m'engager pourrait m'intéresser. » Roberta, 7 ans, et Jesse, 10 ans, ont pour leur part surtout envie de gagner des cadeaux. Et une médaille de fabrication-maison est offerte à tous. « On avait découvert cette journée spéciale l'an dernier et on était revenu avec plein de petites choses », rigole Jesse. « Mais pas sûr que je fasse la guerre quand je serai plus grande, parce que j'ai déjà prévu de faire trois métiers », poursuit sa sœur qui se verrait bien dans le domaine médical. « On a des postes dans ce secteur-là. Dans l'armée, on peut aussi être comptable, financier, ingénieur, tente d'amadouer le chef d'escadron Cédric. Mais ce qui nous fait défaut, ce sont surtout les métiers de maintenance et de cybersécurité, car nous sommes en concurrence avec les entreprises privées. Et l'armée, servir son pays, ça reste un réel engagement. » « Ça me plairait de travailler avec eux. Il y a plein de choses intéressantes à faire et à voir », glisse Jesse, quelque peu séduit.

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