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Pourquoi le budget de François Bayrou a (déjà) des airs de mission impossible

Pourquoi le budget de François Bayrou a (déjà) des airs de mission impossible

POLITIQUE - « Premier ministre cherche solution pour équation budgétaire insoluble ». Ce n'est pas une petite annonce, mais probablement l'état d'esprit qui anime François Bayrou ce mardi 15 juillet. Le chef du gouvernement doit effectivement lever le voile ce jour sur ses orientations budgétaires et ce, dans un contexte particulièrement difficile, marqué par l'état alarmant du déficit public, les injonctions contradictoires formulées dans son propre camp et une situation politique ne laissant quasiment aucune marge de manœuvre. Avec en bonus, la pression mise par le chef de l'État.
Emmanuel Macron a effectivement appelé dimanche 13 juillet à une hausse des crédits alloués à la défense, chiffrée par ses soins à 6,5 milliards d'euros d'ici deux ans. « Pour être libre dans ce monde, il faut être craint et pour être craint, il faut être puissant », a prévenu le président de la République, complexifiant de facto la mission budgétaire de son Premier ministre. Face à ce défi, les Français ne se font guère d'illusions. Selon un sondage réalisé par YouGov pour Le HuffPost, seulement 11 % des Français font confiance à François Bayrou pour parvenir aux 40 milliards d'euros d'économies attendues.
Avant d'en dire plus, le Premier ministre avait déjà annoncé la philosophie de sa feuille de route : pas de hausse d'impôts généralisée (pour remédier au manque de recettes), mais un « effort » demandé à « tous les Français ». Ce qui signifie, en langue courante, un budget difficile à faire accepter, faisant peser le plus gros du travail sur la baisse des dépenses publiques. Soit la perspective d'une cure d'austérité qui ne dit pas son nom, tant il est impossible pour François Bayrou d'envisager une hausse exceptionnelle de la contribution des plus riches, puisque les partis composant le « socle commun » soutenant son gouvernement y sont allergiques.
Dramatisation
Depuis plusieurs semaines, ses ministres préparent les esprits à cette perspective peu réjouissante. Quitte à pousser très fort le curseur de la dramatisation pour favoriser son acceptation. À l'image de la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui a agité le spectre d'une mise sous tutelle du FMI en cas de budget trop dépensier. Face à l'émoi provoqué par cette hypothèse reléguant la France au rang de pays en voie de développement, la ministre a tenu à faire baisser la température. « Je sens un très grand climat de psychose dans le pays qui arrive parce que d'un seul coup il y aurait des annonces budgétaires », a-t-elle ensuite relativisé sur TF1, après avoir elle-même alimenté des scénarios funestes.
Dans ce brouillard, la perspective d'une année blanche (soit un gel des budgets, du barème de l'impôt, des prestations sociales et des pensions de retraite sans tenir compte de l'inflation) devient chaque jour plus crédible. Problème : cette solution en vogue chez Renaissance, qui toucherait de facto au portefeuille des retraités, présente un coût politique bien trop important. Le Rassemblement national, bien conscient du potentiel électoral de ce segment de la population, a promis une censure si le gouvernement franchissait cette « ligne rouge ». C'est d'ailleurs, entre autres, parce que le budget de Michel Barnier prévoyait une sous-indexation des retraites que le RN avait voté la chute du gouvernement à l'automne.
Résumons : François Bayrou doit donc trouver 40 milliards d'euros sans toucher aux impôts, sans taxer les plus riches et sans mettre davantage à contribution les retraités. Le tout dans un contexte où, études après études, les Français constatent une dégradation des services publics. Or, plusieurs économistes soulignent que tout ne pourra reposer sur une baisse drastique des dépenses publiques, d'autant que ce type de cure pourrait avoir des effets récessifs affectant négativement la croissance. Raison pour laquelle sept prix Nobel d'économies exhortent dans Le Monde l'exécutif à s'asseoir sur le dogme macroniste, en ciblant les patrimoines des milliardaires. Dit autrement, à instaurer la « taxe Zucman » laquelle pourrait, selon les estimations, rapporter entre 15 milliards et 25 milliards d'euros par an.
Sauvé grâce au RN ?
Mais, comme dit plus haut, les soutiens du Premier ministre au Parlement sont majoritairement hostiles à cette idée. Retour à la case départ donc, avec une équation qui semble, sur le papier, impossible à résoudre. À moins que le salut ne vienne du… Rassemblement national. En effet, selon Le Point, le parti d'extrême droite pourrait finalement s'accommoder d'un budget sévère, dans l'optique de se montrer « responsable » aux yeux des marchés.
C'est à ces mêmes fins que le parti présidé par Jordan Bardella a (discrètement) opéré un spectaculaire changement de doctrine sur la règle d'or des 3 % de déficit public, telle que recommandée par l'Europe. L'intérêt d'un tel revirement ? S'éviter d'avoir à assumer une cure d'austérité en cas de victoire en 2027. Une alliance d'intérêts qui devra se confirmer mais qui pourraît, en théorie, sauver le budget. Et donc François Bayrou. À moins que le Premier ministre se souvienne du seul enseignement retenu du passage de Michel Barnier à Matignon, marqué par de multiples (et infructueuses) concessions au RN : il n'est jamais prudent de mettre son destin politique dans les mains de Marine Le Pen.
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«Le journalisme n'est pas un crime»: les proches de Christophe Gleizes se mobilisent pour sa libération

La famille du journaliste emprisonné en Algérie se mobilise pour tenter de changer une situation devenue plus que chaotique. «Le journalisme n'est pas un crime»: derrière ce slogan, la famille et des proches de Christophe Gleizes, ce journaliste emprisonné en Algérie pour «apologie du terrorisme», ont défilé mercredi à travers Avignon, pour «alerter l'opinion publique», à l'initiative de son frère Maxime, comédien. «Christophe est parti faire son métier en Algérie le 15 mai 2024. Il a été arrêté le 28 mai 2024», avant d'être placé sous contrôle judiciaire pendant 13 mois: «On pensait qu'on venait de vivre un enfer, mais les dix jours que nous venons de vivre, après (l'annonce de) son emprisonnement (NDLR: le 29 juin), ça, c'était l'enfer», a témoigné sa mère, avant la marche, dans l'enceinte du théâtre où joue Maxime Gleizes durant le festival d'Avignon. À lire aussi «Le silence français à géométrie variable l'a invisibilisé» : Mélenchon demande au président algérien de gracier Boualem Sansal, mais aussi Christophe Gleizes Publicité «Je veux tout faire pour que mon frère rentre le plus vite possible», a confié de son côté Maxime à l'AFP: «J'en appelle au monde du foot, de la presse, je rappelle que mon frère est juste journaliste de foot. (...) Je souhaite que ça devienne un enjeu national, voire mondial», a-t-il insisté. Mercredi matin, un comité de soutien d'une centaine de personnalités lancé par Reporters sans Frontières avait également appelé à la libération du journaliste, via un communiqué. Parmi eux, plusieurs personnalités du football, du journalisme ou du monde culturel comme l'ex-entraîneur Vahid Halilhodzic, le journaliste sportif Hervé Mathoux, l'actrice Catherine Deneuve ou son collègue Gilles Lellouche, le romancier Nicolas Mathieu ou encore la journaliste Anne-Sophie Lapix. À lire aussi «Il a été condamné pour avoir fait son travail» : sept ans de prison pour le journaliste sportif Christophe Gleizes «Nous devons unir nos forces», plaide le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, dans ce texte, appelant «les plus hautes autorités algériennes à procéder» à la libération de Christophe Gleizes «et les autorités françaises à mobiliser tous les leviers diplomatiques». 17.000 signatures Ces noms figurent aussi parmi les plus de 17.100 signatures recueillies par la pétition lancée fin juin par l'ONG pour réclamer «la libération immédiate» du journaliste. Alors que le ministre délégué en charge des partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi, avait déclaré, le 9 juillet, que le gouvernement français préfère agir «à bas bruit» pour faire libérer Christophe Gleizes et les autres ressortissants français emprisonnés de par le monde, les proches du journaliste ont souhaité, par cette marche, mobiliser l'opinion public. Publicité La justice lui reproche d'avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse Sportive de Kabylie «Quand Christophe a été condamné, nous avons décidé de briser le silence et de médiatiser son histoire, avec l'aide de RSF et des journalistes de So Foot et de So Press», titres pour lesquels Christophe Gleizes travaillait en tant que journaliste pigiste, a expliqué Sylvie Godard, sa mère. Mais nous faisons aussi «confiance au Quai d'Orsay et à l'Élysée», a-t-elle ajouté, «touchée et fière de voir que le parlement européen et l'Assemblée nationale ont tous appelé à la libération de Christophe, et ce de façon transpartisane». « Nous sommes dans la lutte, pas dans l'apitoiement sur nous-mêmes » Francis Godard, beau-père de Christophe Gleizes «Nous sommes dans la lutte, pas dans l'apitoiement sur nous-mêmes», a ajouté Francis Godard, beau-père de Christophe Gleizes, qu'il a élevé depuis ses 11 ans. Nous sommes tristes, mais nous réservons nos coups de barre psychologiques à notre intimité. Mais en public, on mobilise, on est dans l'énergie. Nous voulons défendre la liberté de la presse, nous souhaitons sa libération. Nous défendons une juste cause«. Collaborateur des magazines »So Foot« et »Society«, Christophe Gleizes, 36 ans, a été condamné fin juin à sept ans de prison ferme en Algérie, notamment pour »apologie du terrorisme« et »possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national". La justice lui reproche d'avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), par ailleurs responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par les autorités algériennes en 2021.

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La cheffe de file du parti nationaliste a jugé «déséquilibré», «inefficace» et «indigne» le projet de budget de François Bayrou, menaçant de déposer une motion de censure si le gouvernement ne revoit pas sa copie. Le ton est ferme, la posture offensive. Au lendemain de la présentation du plan d'économies de François Bayrou, Marine Le Pen a de nouveau agité la menace de la censure. «En l'état, il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement», a-t-elle prévenu dans Le Parisien, ce mercredi. La présidente des députés Rassemblement national juge le budget présenté par le premier ministre à la fois injuste et inefficace : «Il faudrait que François Bayrou inverse quasiment totalement les grandes masses qu'il a annoncées. J'y crois peu.» L'élue du Pas-de-Calais étrille un projet selon elle déséquilibré. «Les augmentations d'impôts, ou devrais-je plutôt dire les réductions d'avantages, représentent peu ou prou 20 milliards d'euros, tandis que les économies sur le fonctionnement de l'État plafonnent à 1,8 milliard. C'est dérisoire. C'est même indigne!», accuse-t-elle. Le gouvernement prévoit notamment la fin de l'abattement de 10 % pour les retraités et la suppression de deux jours fériés, mesures jugées «choquantes» par Marine Le Pen : «En quoi le fait de priver les Français de deux jours fériés fait faire des économies à l'État? C'est un effort financier supplémentaire demandé à ceux qui travaillent. Ce n'est pas exactement la même chose. C'est un leurre.» Publicité L'immigration dans le viseur Dans sa ligne de mire : une fiscalité jugée trop concentrée sur les classes moyennes et les retraités, et des économies qu'elle estime inexistantes sur des postes pourtant prioritaires selon elle, comme l'immigration ou les énergies renouvelables. «On nous dit que tout le monde doit faire un effort, mais pas l'immigration? Je considère qu'un pays, dans la situation où il est, ne peut plus accueillir 500.000 personnes par an.» Quant à la perspective d'une dissolution de l'Assemblée nationale, l'ancienne candidate à l'Élysée l'envisage sans ciller : malgré la peine d'inéligibilité de cinq ans prononcée contre elle en première instance dans l'affaire des assistants parlementaires, elle entend bien se présenter. «Je me présenterai et j'irai défendre ma candidature auprès des instances chargées de la valider», affirme-t-elle. Elle prévoit notamment de déposer une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel pour contester l'exécution immédiate de sa condamnation. «L'autorité constitutionnelle pourrait enfin analyser la validité de cette exécution provisoire de l'inéligibilité. (...) J'avais dit que j'utiliserai tous les recours possibles, je le ferai.»

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