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2 days ago
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« On appelle le 911 quatre fois par jour »
La sécurité ne règne plus sur un tronçon de la rue Saint-André, entre les rues Jean-Talon et Bélanger, à Montréal. Une faune de rôdeurs – proxénètes, prostituées, trafiquants, toxicomanes et sans-abri – a envahi l'artère pourtant résidentielle, située juste derrière la Plaza Saint-Hubert. La situation a atteint son paroxysme dans les derniers mois. Tantôt une surdose de fentanyl sur la pelouse d'une résidence, tantôt un homme inconscient dans sa voiture, pipe à crack à la main, en passant par une agression à coups de couteau : les résidants ont des histoires d'horreur à la tonne. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Les résidants de la rue Saint-André sont nombreux à s'inquiéter de la dégradation du secteur, où toxicomanie, itinérance et criminalité prolifèrent. « Quand je pars avec mon fils le matin, je dois regarder autour de ma voiture pour qu'il ne ramasse pas de condoms usagés », explique Guillaume, qui habite rue Saint-André et qui est impliqué dans la mobilisation du voisinage. « On appelle le 911 quatre fois par jour. » J'ai un petit de 5 ans. Puisqu'il voit tout ce qui se passe dans la rue et qu'il m'entend chaque fois que les policiers viennent chez moi, il sait ce que c'est, une pipe à crack, il sait ce que c'est, une prostituée, il sait ce que c'est, un pimp. Il a 5 ans. Guillaume, résidant de la rue Saint-André Gabriel habite aussi rue Saint-André. Il explique devoir régulièrement sortir des gens de son entrée de garage, entre 2 h et 5 h du matin. « Je trouve des gens en train de fumer du crack ou de baiser juste là », témoigne-t-il, en pointant l'espace sous son escalier. Inquiet, il s'est récemment remis à marcher vers l'école avec son fils, qui a 12 ans. Comme Gabriel, Maria a surpris plusieurs personnes qui dormaient sous ses escaliers, en plus de devoir ramasser le contenu de poubelles et du matériel de toxicomanes sur son terrain. « Un jour, je suis revenue de l'épicerie et il y avait quelqu'un dans ma voiture en train de fumer », raconte la résidante, qui a déménagé le lendemain de notre entrevue. « C'est sûr que c'est désagréable de sortir et que quelqu'un fasse caca devant chez toi », témoigne pour sa part Julien, qui habite près du lieu de rassemblement des rôdeurs. Les relations avec les résidants sont particulièrement tendues. C'est la raison pour laquelle les voisins refusent de donner leur nom complet : la police les aurait prévenus qu'ils étaient exposés et potentiellement fichés par les trafiquants qui sont, au mieux, méfiants, au pire, agressifs. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE Le poste de quartier se trouve tout près du secteur problématique. Rencontrés dans la rue, les voisins souhaitent que la police – dont le poste de quartier ne se trouve qu'à une cinquantaine de mètres de là – et les autres instances mettent fin à cette situation, avant qu'il ne soit trop tard. « C'est seulement une question de temps avant que ça finisse en tragédie. » Le 15 juillet dernier, les policiers ont mené une importante opération pour tenter de juguler la distribution de drogues dures dans la rue. Ils ont notamment perquisitionné dans deux commerces réputés chauds – le bar Oméga et le Cinéma Saint-Hubert, qui projette des films pornographiques – et y ont arrêté une personne pour trafic de stupéfiants. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE La façade du Bar Oméga, sur la Plaza. À droite, l'entrée du Cinéma Saint-Hubert. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE Les portes arrière du bar Oméga et du Cinéma Saint-Hubert PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE La façade du Bar Oméga, sur la Plaza. À droite, l'entrée du Cinéma Saint-Hubert. 1 /2 L'épicentre de cette criminalité se trouve autour de ces établissements, qui ont pignon sur rue du côté de la Plaza, mais qui possèdent aussi une porte arrière rue Saint-André. Les rôdeurs entrent régulièrement par ce côté. Par courriel, un des voisins décrit l'arrière de ces commerces, et particulièrement celui du bar Oméga, comme le « hub du trafic de drogues » dans le secteur, photos à l'appui. Sur le terrain, La Presse a pu confirmer l'ampleur de l'activité illicite. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE L'arrière du bar Oméga et du Cinéma Saint-Hubert attire de nombreux rôdeurs dans la rue Saint-André. Des proxénètes et des prostituées se serviraient aussi du cinéma comme base de leurs activités, selon le voisinage. Le va-et-vient y est constant. Un dur réveil post-pandémique Ce tronçon de la rue Saint-André a un aspect hybride : l'Ouest agit comme l'arrière-boutique de la Plaza Saint-Hubert et des camions y font souvent des livraisons, alors que l'Est compte surtout des plex. Les passages menant aux cours entre les maisons sont fermés par des clôtures cadenassées. Sinon, les rôdeurs volent ce qui s'y trouve, y consomment des drogues dures, laissent des seringues, et les prostituées y emmènent leurs clients. Le bruit est également incessant, même au petit matin. « Ils gueulent, ils hurlent, ils se parlent tout seuls et deviennent agressifs entre eux », raconte un des voisins, qui habite tout juste devant le Cinéma Saint-Hubert. Parmi les voisins rencontrés, tous ceux qui avaient leur chambre du côté de la rue l'ont déplacée dans les dernières années. Le quartier n'a jamais été le plus paisible en ville, notamment à cause de sa proximité avec le métro Jean-Talon, mais la rue était agréable et familiale. Les problèmes sont arrivés au sortir de la pandémie et ont rapidement empiré depuis. L'itinérance s'y est installée en premier ; ont suivi le trafic de stupéfiants, la toxicomanie et la violence, puis la prostitution et le proxénétisme. Le 12 avril dernier, un homme a même été poignardé près de l'angle des rues Saint-André et Bélanger. Moi, ce que je ne veux pas, c'est que ça devienne comme 'l'allée du crack' dans le Quartier des spectacles. Guillaume, résidant de la rue Saint-André Guillaume fait référence au surnom malheureux donné à la rue Berger, elle aussi aux prises avec une dégradation des conditions sociales et sécuritaires dans les dernières années. Les voisins ont commencé à s'organiser dans les derniers mois, après avoir réalisé qu'ils étaient des dizaines à avoir appelé la police pour des situations semblables. Ils convoquent notamment des réunions périodiques, souvent chez l'un d'entre eux, auxquelles le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a déjà participé. « Si on avait un élu qui habitait [dans cette] rue, en deux semaines, ce serait réglé », dit Guillaume. La conseillère de la Ville du secteur, Josefina Blanco, était justement l'invitée de la dernière rencontre de voisins, il y a quelques semaines. « On pensait qu'il y aurait cinq ou six personnes, et on était une vingtaine, voire plus », avoue la conseillère Josefina Blanco. « Consciente des enjeux dans le secteur », elle précise que son objectif est « de continuer à travailler en collaboration et en concertation », pour régler la situation, qu'elle qualifie d'« inacceptable ». « Du caca d'humain » sur la terrasse Les commerçants sont frustrés par la situation. David Goudreau est copropriétaire de Mellön, une brasserie située à l'angle de la rue Jean-Talon, qui possède une jolie terrasse. Mais sa terrasse n'attire pas que les clients : les sans-abri et les toxicomanes s'en servent aussi régulièrement pour dormir… et même pour déféquer. « J'en ai eu un beau sur la terrasse la semaine dernière. Ça fait trois fois qu'on ramasse des excréments », explique M. Goudreau. Et c'est bel et bien « du caca d'humain ». Les rôdeurs mendient aussi sur sa terrasse, entrent dans la brasserie, se battent près du stationnement ou consomment des drogues dures à proximité, « de minuit à minuit ». Le copropriétaire raconte qu'il doit composer des équipes mixtes d'employés pour la fermeture, à 23 h 30, parce que le personnel féminin ne se sent pas en sécurité. « Disons qu'on a beaucoup d'autres choses à gérer que des dégâts sur la terrasse et des gens qui se battent dans la rue et qui sont vraiment agressifs. Ça tue le vibe. »


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3 days ago
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Pistes cyclables contre égouts
Des résidants de Saint-Léonard, à Montréal, ont subi des inondations à la suite des pluies torrentielles du 13 juillet dernier. En début de semaine, Montréal a été frappé par des pluies diluviennes. Des résidants qui avaient subi des inondations causées par des pluies torrentielles il y a un an ont vu leurs sous-sols inondés de nouveau. C'est mon idée de l'enfer : t'as les pieds dans l'eau à sortir le mobilier, en tentant d'appeler ta compagnie d'assurances (qui te dira que t'es pas ou peu assuré). Mon idée de l'enfer, bis : me retaper ce calvaire l'année suivante ! Je n'ai qu'une chose à dire à ces gens inondés : vous avez toute ma sympathie. Je n'ai pas de message particulier, je n'ai pas de point de vue sur la pertinence ou pas d'avoir un sous-sol aménagé quand notre maison est bâtie dans une « zone de cuvette 1 », expression que je ne connaissais pas avant l'an dernier. Juste ça : je sympathise. J'ose pas imaginer le tourment qui vous prend aux tripes depuis l'inondation de dimanche… Pour la suite, collectivement, j'ai bien peur qu'il n'y ait pas de solution totalement étanche (désolé, j'essaie de détendre l'atmosphère) à ces inondations causées par des pluies de plus en plus violentes, une plaie de l'époque qui se réchauffe. Comme tout le monde, quand ces inondations ont commencé à se faire plus fréquentes, j'ai pensé que construire des égouts plus volumineux serait la solution pour évacuer les pluies du XXIe siècle… Mais, comme tout le monde, je ne suis pas un expert de ces choses-là, et les experts de ces choses-là, eux, par exemple Jean-Luc Martel de l'École de technologie supérieure, le disent : c'est impraticable. Je cite le professeur Martel, expert en hydrologie urbaine 2 : « Si on voulait que l'égout évacue toute cette eau [des pluies diluviennes de dimanche dernier], on aurait des égouts qui seraient tellement gros, ça serait tellement dispendieux, ça prendrait l'entièreté des sous-sols des rues, ça n'aurait aucun sens. On ne peut pas se permettre de telles infrastructures. » Il n'est pas le seul expert à faire métier d'étudier l'eau en milieu urbain à nous dire : Oubliez ça, le problème des inondations consécutives à de fortes pluies ne passe pas par les égouts… Ils disent à peu près tous ça. Alors, on fait quoi ? Il y a un ensemble de solutions qui ne sont absolument pas sexy, je parle d'aménagement de parcs éponges (pour « avaler » l'eau) et de déminéralisation (un autre mot inconnu jusqu'à tout récemment – en enlevant de l'asphalte et du béton), notamment. La Presse avait des textes intéressants à cet égard 3, la semaine dernière 4. La solution n'est pas dans des égouts plus larges, donc. Ça n'a pas empêché Soraya Martinez Ferrada, candidate à la mairie du parti Ensemble Montréal, de nous faire croire que la solution, justement, passerait par les égouts. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE Soraya Martinez Ferrada, candidate à la mairie du parti Ensemble Montréal Je la cite, dans son point de presse à Saint-Léonard, un quartier particulièrement vulnérable aux inondations post-pluies : « Entre vous et moi, il serait temps de faire une petite pause avec les pistes cyclables et d'investir dans les égouts. » Ah, ce serait l'fun si c'était si simple… Si, pour éviter des inondations après des pluies de plus en plus sévères, si, pour éviter le calvaire d'un sous-sol inondé à des centaines de nos concitoyens, il s'agissait simplement de mettre plus d'argent dans les égouts de Montréal plutôt que dans les pistes cyclables… Sauf que c'est une fausseté de dire ça. Si Mme Martinez Ferrada connaît un expert qui gagne sa vie dans une de nos universités qui croit qu'« investir dans les égouts » est une solution magique pour éviter des inondations comme celles qui ont affligé nos concitoyens il y a une semaine, qu'elle nous dise son nom. Je serais curieux de l'entendre et de lire ses recherches. Surtout que Montréal investit dans les infrastructures souterraines. Noovo rapportait la semaine dernière que la Ville va consacrer d'ici 2033 plus de 6,1 milliards aux égouts et autres conduites d'eau sous terre… Les pistes cyclables, d'ici 2033 ? Trois cents millions de dollars. Bref, la Ville de Montréal dépense 20 fois plus en infrastructures d'eau qu'en pistes cyclables. C'est ridicule de mettre égouts et pistes cyclables en opposition, comme si c'était un combat de MMA. Mais on comprend le procédé : il y a cette perception que les pistes cyclables monopolisent le budget de la Ville, que les pistes cyclables prennent « trop » de place, alors qu'elles ne représentent qu'un pourcentage minime de l'espace réservé aux voitures… Et Mme Martinez Ferrada surfe sur cette perception. Sur cette fausseté. J'aimerais juste dire à Mme Martinez Ferrada que cette guéguerre contre les pistes cyclables est non seulement lassante, mais dangereuse. Moins de pistes cyclables, c'est plus d'interactions vélos-autos ou camions. C'est plus dangereux pour les cyclistes, qui sont de plus en plus nombreux dans cette ville. Je pédale, mon épouse pédale, mon fils pédale, mes voisins pédalent. Et on conduit tous, aussi, des chars. Personne n'est en guerre contre le char. Quand je prends le BIXI pour aller au marché Jean-Talon, c'est un char de moins sur la route, un char de moins dans le bouchon. Et si je roule sur un couloir protégé et que j'évite ainsi l'hôpital, ben, tout le monde est gagnant. Alors, je vais être aussi démago que vous sur les égouts, Mme Martinez Ferrada : si vous souhaitez que plus de cyclistes soient tués ou blessés au nom de la fausseté que le problème des inondations va se régler avec « plus » d'égouts, dites-le donc carrément, parce que le résultat net d'une « petite pause » dans la construction de pistes cyclables, ce sera exactement ça. 1. Lisez l'éditorial de Stéphanie Grammond : « Se sortir la tête de la cuvette » 2. Lisez l'article du 24 heures : « Pluies diluviennes : est-ce que les égouts de Montréal sont suffisamment efficaces ? » 3. Lisez l'article de La Presse : « Les parcs éponges, comment ça marche ? » 4. Lisez l'article de La Presse : « Montréal doit devenir une ville éponge » 5. Lisez l'article de Noovo : « Inondations à Montréal : 'une petite pause avec les pistes cyclables' pour investir dans les égouts ? »


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4 days ago
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Ciel, mon assurance prend l'eau !
Des résidants de la rue Belmont, dans Saint-Léonard, à Montréal, ont été particulièrement touchés par les inondations causées par les fortes pluies de dimanche dernier. Rues fermées, sous-sols inondés, résidences évacuées… Après les Montréalais dimanche, c'était au tour des résidants de Québec d'être frappés par des pluies diluviennes, jeudi. Avec les changements climatiques, les inondations sont en train de devenir la norme, plutôt que l'exception. Face à l'explosion des coûts, les assureurs et le gouvernement ne veulent plus trop écoper. Et les propriétaires se retrouvent le bec à l'eau. Au Québec, la proportion des assurés dont la police d'assurance habitation est assortie d'un avenant contre les refoulements d'égout a considérablement diminué depuis cinq ans, passant de 95 % en 2019 à 75 % en 2023. Le Bureau d'assurance du Canada ne peut pas déterminer si ce sont les assureurs qui ont retiré cette protection ou si ce sont les assurés qui ont choisi de la laisser tomber, la trouvant trop coûteuse. Mais on sait que depuis cinq ans, la prime moyenne d'assurance habitation a bondi de 24 %, alors que le coût moyen des sinistres a grimpé encore plus vite (39 %). 1019 $ Il s'agit de la prime d'assurance habitation moyenne au Québec en 2023, en hausse de 24 % par rapport à 821 $ il y a cinq ans. 17 789 $ Il s'agit du coût moyen des sinistres en assurance habitation en 2023, en hausse de 39 % par rapport à 12 835 $ il y a cinq ans. Source : Bureau d'assurance du Canada Quoi qu'il en soit, le quart des propriétaires ne sont plus couverts par leur assureur pour les refoulements d'égout, ce qui est préoccupant. Ceux-ci ne sont pas non plus couverts par le Programme général d'aide financière (PGAF) du gouvernement qui se limite aux inondations fluviales, un domaine où les assureurs n'ont jamais voulu se mouiller. Mais avec les catastrophes en série, Québec a d'ailleurs réduit la protection du PGAF, en imposant notamment une limite de remboursement à vie pour éviter d'indemniser un propriétaire qui subit des dommages année après année. Cela se comprend : il faut arrêter de rebâtir les deux pieds dans l'eau. Il n'en demeure pas moins que le manque de protection pour les dégâts d'eau – de plus en plus fréquents et coûteux – est un enjeu de société majeur. Sans assurance adéquate, des familles peuvent se retrouver sans logis ou au bord de la faillite. Bonne nouvelle : Québec prépare une nouvelle cartographie des zones inondables qui sera diffusée à partir du 1er mars 2026. Bien connaître les risques, c'est la base pour mieux se protéger. Mais l'exercice donne des sueurs froides… La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a déjà produit et acheminé aux municipalités de son territoire une cartographie préliminaire fondée sur la méthodologie du gouvernement. Il en ressort que près de 20 000 logements additionnels se retrouveront en zone inondable, représentant une valeur foncière de presque 10 milliards1. Certains résidants en zone inondable peuvent avoir du mal à s'assurer, à obtenir un prêt hypothécaire ou à revendre leur maison, comme on a pu le constater après les inondations à Baie-Saint-Paul. Le Mouvement Desjardins avait alors décidé d'arrêter de prêter pour l'achat d'une résidence dans les zones inondables à risque plus élevé, sauf exception, alors que la coopérative était parmi les rares institutions financières à le faire2. Même si la nouvelle cartographie peut faire peur, il est crucial de documenter et de publiciser les zones à risque. Plusieurs résidants qui n'ont jamais eu d'ennuis ignorent le danger qui les guette, tout comme d'éventuels acheteurs qui peuvent faire une offre sans savoir qu'une inondation leur pend au bout du nez. Cela dit, la nouvelle cartographie a une faille. Elle ne tient pas compte du niveau de vulnérabilité de chaque résidence ni des efforts que les propriétaires ont déployés pour la mettre à l'abri du danger. Pour colmater cette faille, on gagnerait à développer des « certificats de résilience » qui encourageraient les propriétaires à protéger leur maison contre les inondations. Cela se fait aux États-Unis, fait remarquer un groupe d'experts du milieu universitaire 3. Le même genre d'attestation existe aussi en France et en Angleterre. Pourquoi pas chez nous ? Cela donnerait aux propriétaires un levier pour réduire la vulnérabilité de leur maison. Aussi, les assureurs pourraient transformer leur façon d'indemniser la clientèle afin de favoriser les comportements positifs. À l'heure actuelle, les polices d'assurance ont pour objectif de remettre le bien dans son état initial après un sinistre. Mais avec les changements climatiques, il est absurde de reconstruire à l'identique. C'est la recette pour que les mêmes ennuis se reproduisent ad vitam æternam. Certains assureurs ont donc commencé à offrir des garanties qui permettent de restaurer sa maison en utilisant des matériaux plus résilients, sans frais supplémentaires (p. ex. : poser de la céramique au sous-sol plutôt que du plancher flottant)4, 5. Ce genre de protection devrait devenir la norme, du moins pour les maisons vulnérables dans les zones à risque. Les assureurs les connaissent bien, eux qui disposent de modélisations prospectives qui déterminent le risque non seulement en fonction des réclamations historiques, mais aussi des éléments environnementaux permettant d'anticiper des dégâts futurs. Chacun a son rôle à jouer pour rendre les communautés plus résilientes aux inondations. Et les assureurs sont aux premières loges pour faire évoluer les mœurs. Ils doivent être proactifs. Il faut atténuer le risque en amont pour réduire la facture en aval. C'est là que ça se joue ! 1. Consultez le communiqué de la CMM datant de septembre 2024 2. Lisez l'article « Zones inondables : Les propriétaires le bec à l'eau » 3. Lisez l'article « La nouvelle cartographie des zones inondables pourrait affecter la valeur des propriétés. Voici pourquoi » 4. Consultez les garanties offertes par la compagnie d'assurance Wawanesa 5. Consultez les garanties offertes par TD Assurance


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5 days ago
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Des sinistrés ciblés par de faux avis municipaux
Inondés pour la deuxième fois en moins d'un an, des dizaines de résidants d'Ahuntsic ont reçu ces derniers jours de faux « avis de travaux ». La lettre affirmant que la Ville préfère aménager des pistes cyclables plutôt que de réparer leurs égouts a soulevé la colère et l'inquiétude chez les résidants. Or, d'importantes nuances s'imposent. « Nous vous informons que la Ville ne prévoit pas intervenir dans votre rue pour corriger la problématique récurrente de refoulement d'égout que vous subissez », lit-on dans le document distribué aux portes. On précise qu'aucun correctif ne sera mis en place au moins avant 2028. La lettre poursuit en avançant que « cela étant dit, vous serez sans doute ravi d'apprendre que deux nouvelles pistes cyclables seront aménagées dès 2025 » dans le secteur. Cet « avis de travaux » est faux. La lettre imite le style et la couleur des avis de chantiers que Montréal envoie habituellement aux résidants à la veille de travaux majeurs. Principale différence : le logo de Montréal, une rosace rouge, n'apparaît pas. L'auteur, qui ne donne pas son identité, invite les citoyens à envoyer leurs « questions, plaintes, commentaires » à la mairesse de l'arrondissement, Émilie Thuillier. L'élue, qui a reçu de nombreux messages à la suite de ce faux avis, a tenté de se faire rassurante. « En aucun cas la Ville n'a priorisé ces travaux au détriment de ceux concernant le système d'égout de votre rue. Il s'agit de travaux de nature très différente : la piste cyclable prévoit uniquement du marquage au sol et l'installation de bollards », a répondu Mme Thuillier à certains résidants. PHOTO FOURNIE PAR UN CITOYEN Le faux avis en question a été reçu par la poste par plusieurs résidants jeudi. D'après nos informations, il est vrai qu'aucun chantier de voirie n'est prévu sur l'avenue De Chateaubriand d'ici 2028. Une inspection du système de canalisation et des puisards est toutefois prévue dans les prochains jours, mais la Ville estime que l'état de l'égout ne justifie pas d'intervention pour le moment. Quant aux deux pistes cyclables qui seront inaugurées prochainement, les travaux avaient été planifiés avant l'inondation de dimanche, et même avant la tempête Debby d'août 2024. Coup marketing Au cabinet de Valérie Plante, on rétorque qu'envoyer de faux avis est une pratique « inacceptable, d'autant plus qu'elle induit en erreur la population ». « C'est 600 millions qui seront investis pour la gestion de l'eau seulement en 2025. Sans compter tous les efforts pour multiplier les aménagements éponges et les programmes comme RénoPlex qui visent à soutenir les propriétaires dans leurs travaux », estime l'attaché de presse de la mairesse, Simon Charron. Pour la spécialiste de la politique municipale Justine McIntyre, « c'est une erreur d'associer égouts et pistes cyclables ». Ça n'a rien à voir. Les pistes cyclables sont devenues un genre de fourre-tout où chaque fois que quelque chose ne va pas à la Ville, on les pointe. C'est un raccourci qu'on a adopté. Justine McIntyre, spécialiste de la politique municipale Vérification faite, la valeur de la seule soumission reçue pour l'aménagement de la piste cyclable de la rue de Louvain s'élève à 108 000 $. En comparaison, la facture du seul chantier dans une rue dans Ahuntsic qui prévoit la réfection des égouts, sur l'avenue Hamel, s'élève à 5,5 millions. C'est 50 fois plus. « Les gens ont souvent cette perception que si on mettait plus d'argent dans les infrastructures, on pourrait régler les inondations. Mais ça aussi, c'est faux. Ça ne suffit pas, de changer un collecteur, puisque le réseau au complet est saturé. Et même avec le meilleur réseau au monde, ce serait impossible d'absorber de fortes pluies sur de si courtes périodes », ajoute Mme McIntyre. N'empêche, « c'est un coup de marketing incroyable, le faux avis », ajoute la spécialiste. « Ça attire l'attention, c'est une manière de frapper un coup pour faire passer un message », note-t-elle. Insatisfaction démontrée Dans l'opposition, la candidate d'Ensemble Montréal à la mairie d'Ahuntsic-Cartierville, Maude Théroux-Séguin, déplore la distribution de faux documents, mais estime que « cela démontre malheureusement le niveau d'insatisfaction de plusieurs à l'égard du manque de prévisibilité de l'administration de Projet Montréal dans la gestion des travaux ». Le faux avis dénonce par ailleurs que « la Ville a[it] choisi d'investir prioritairement en contrepartie plus de 200 millions dans des mandats confiés à des firmes externes de génie-conseil ». Il s'agit ici d'une référence directe à une étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), qui révélait en mai que la valeur des contrats accordés aux firmes de génie-conseil a été multipliée par huit depuis 2012 à la Ville. Questionné sur le sujet, le syndicat des ingénieurs assure ne pas être derrière ce faux avis. Sa leader juge que la situation démontre qu'il faudrait « investir plus dans la voirie et les infrastructures vieillissantes ». « Le geyser de l'an passé dans Centre-Sud, ce n'était pas la première fois. On a eu plusieurs cas similaires dans les deux dernières années », explique la présidente de l'Association des scientifiques et ingénieurs de Montréal (ASIM), Gisella Gesuale. « En ce moment, la Ville de Montréal est vraiment concentrée sur ce qu'ils peuvent faire sur la surface de rue, mais pas assez en dessous », conclut-elle.


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6 days ago
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54 morts en 24 heures dans des pluies torrentielles
Depuis mercredi, des pluies torrentielles balayent sans discontinuer plusieurs parties de la province du Pendjab. (Rawalpindi) Plus de 50 personnes sont mortes en 24 heures dans des pluies torrentielles qui frappent le Pakistan, portant à quelque 180 le nombre de victimes depuis le début de la mousson estivale fin juin, ont annoncé jeudi les autorités, appelant les résidants de plusieurs zones inondables à évacuer. Agence France-Presse Depuis mercredi, des pluies torrentielles balayent sans discontinuer plusieurs parties de la province du Pendjab, la plus peuplée dans l'est frontalier de l'Inde, provoquant des crues subites ou l'effondrement de maisons. « Ces dernières 24 heures, 54 personnes sont mortes et 227 ont été blessées à travers le Pakistan et la province du Pendjab compte le plus de victimes », a indiqué l'Autorité de gestion des catastrophes, précisant que le bilan avait été comptabilisé jusqu'à 8 h (23 h, heure de l'Est) jeudi. Au total, d'après l'autorité fédérale, environ 180 personnes, dont 70 enfants, sont mortes et 500 blessées depuis le début de la mousson estivale fin juin. PHOTO HUSNAIN ALI, AGENCE FRANCE-PRESSE Des Pakistanais se rassemblent devant leurs maisons, qui ont été submergées par les eaux suite aux fortes pluies de mousson à Hyderabad, dans la province de Sindh, le 15 juillet. La plupart des victimes ont péri dans l'effondrement du toit ou d'un mur de leur maison, emportées par les crues soudaines, ou électrocutées. Ordre d'évacuation Après la crue d'une rivière traversant la ville de Rawalpindi, à environ 20 kilomètres de la capitale Islamabad, des habitants ont reçu l'ordre d'évacuer leurs logements et « les secouristes se tiennent prêts », a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'Autorité de gestion des catastrophes. Les autorités de cette ville ont aussi déclaré jeudi jour férié pour inciter les habitants à rester chez eux. « Les résidants de zones à risque doivent préparer des kits de survie avec de la nourriture, de l'eau, des médicaments pour trois à cinq jours », ont-elles dit. PHOTO FAROOQ NAEEM, AGENCE FRANCE-PRESSE Les fortes pluies de mousson ont inondé les rues de Rawalpindi. Le service national de météorologie prévient que les risques de pluies abondantes et donc possiblement de crues subites restent élevés dans les prochaines 48 heures. Le Pakistan est l'un des pays du monde les plus vulnérables aux effets du changement climatique et ses 255 millions d'habitants subissent des évènements climatiques extrêmes de plus en plus fréquemment. En mai, 32 personnes avaient été tuées et plus de 150 avaient été blessées dans de violentes tempêtes au Pakistan, qui a connu au printemps plusieurs épisodes météorologiques extrêmes comme des tempêtes de grêle d'une violence inédite. La mousson d'été apporte 70 à 80 % des précipitations annuelles en Asie du Sud entre juin et septembre et est vitale pour la subsistance de millions d'agriculteurs dans une région d'environ deux milliards d'habitants. Le Pakistan a encore du mal à se remettre des inondations dévastatrices de 2022, qui ont affecté près d'un tiers du pays et plus de 33 millions de personnes. Quelque 1700 personnes avaient alors été tuées et une bonne part des récoltes avaient été perdues.