
Ciel, mon assurance prend l'eau !
Rues fermées, sous-sols inondés, résidences évacuées… Après les Montréalais dimanche, c'était au tour des résidants de Québec d'être frappés par des pluies diluviennes, jeudi.
Avec les changements climatiques, les inondations sont en train de devenir la norme, plutôt que l'exception. Face à l'explosion des coûts, les assureurs et le gouvernement ne veulent plus trop écoper. Et les propriétaires se retrouvent le bec à l'eau.
Au Québec, la proportion des assurés dont la police d'assurance habitation est assortie d'un avenant contre les refoulements d'égout a considérablement diminué depuis cinq ans, passant de 95 % en 2019 à 75 % en 2023.
Le Bureau d'assurance du Canada ne peut pas déterminer si ce sont les assureurs qui ont retiré cette protection ou si ce sont les assurés qui ont choisi de la laisser tomber, la trouvant trop coûteuse.
Mais on sait que depuis cinq ans, la prime moyenne d'assurance habitation a bondi de 24 %, alors que le coût moyen des sinistres a grimpé encore plus vite (39 %).
1019 $
Il s'agit de la prime d'assurance habitation moyenne au Québec en 2023, en hausse de 24 % par rapport à 821 $ il y a cinq ans.
17 789 $
Il s'agit du coût moyen des sinistres en assurance habitation en 2023, en hausse de 39 % par rapport à 12 835 $ il y a cinq ans.
Source : Bureau d'assurance du Canada
Quoi qu'il en soit, le quart des propriétaires ne sont plus couverts par leur assureur pour les refoulements d'égout, ce qui est préoccupant.
Ceux-ci ne sont pas non plus couverts par le Programme général d'aide financière (PGAF) du gouvernement qui se limite aux inondations fluviales, un domaine où les assureurs n'ont jamais voulu se mouiller.
Mais avec les catastrophes en série, Québec a d'ailleurs réduit la protection du PGAF, en imposant notamment une limite de remboursement à vie pour éviter d'indemniser un propriétaire qui subit des dommages année après année. Cela se comprend : il faut arrêter de rebâtir les deux pieds dans l'eau.
Il n'en demeure pas moins que le manque de protection pour les dégâts d'eau – de plus en plus fréquents et coûteux – est un enjeu de société majeur. Sans assurance adéquate, des familles peuvent se retrouver sans logis ou au bord de la faillite.
Bonne nouvelle : Québec prépare une nouvelle cartographie des zones inondables qui sera diffusée à partir du 1er mars 2026. Bien connaître les risques, c'est la base pour mieux se protéger. Mais l'exercice donne des sueurs froides…
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a déjà produit et acheminé aux municipalités de son territoire une cartographie préliminaire fondée sur la méthodologie du gouvernement. Il en ressort que près de 20 000 logements additionnels se retrouveront en zone inondable, représentant une valeur foncière de presque 10 milliards1.
Certains résidants en zone inondable peuvent avoir du mal à s'assurer, à obtenir un prêt hypothécaire ou à revendre leur maison, comme on a pu le constater après les inondations à Baie-Saint-Paul.
Le Mouvement Desjardins avait alors décidé d'arrêter de prêter pour l'achat d'une résidence dans les zones inondables à risque plus élevé, sauf exception, alors que la coopérative était parmi les rares institutions financières à le faire2.
Même si la nouvelle cartographie peut faire peur, il est crucial de documenter et de publiciser les zones à risque. Plusieurs résidants qui n'ont jamais eu d'ennuis ignorent le danger qui les guette, tout comme d'éventuels acheteurs qui peuvent faire une offre sans savoir qu'une inondation leur pend au bout du nez.
Cela dit, la nouvelle cartographie a une faille. Elle ne tient pas compte du niveau de vulnérabilité de chaque résidence ni des efforts que les propriétaires ont déployés pour la mettre à l'abri du danger.
Pour colmater cette faille, on gagnerait à développer des « certificats de résilience » qui encourageraient les propriétaires à protéger leur maison contre les inondations. Cela se fait aux États-Unis, fait remarquer un groupe d'experts du milieu universitaire 3. Le même genre d'attestation existe aussi en France et en Angleterre.
Pourquoi pas chez nous ? Cela donnerait aux propriétaires un levier pour réduire la vulnérabilité de leur maison.
Aussi, les assureurs pourraient transformer leur façon d'indemniser la clientèle afin de favoriser les comportements positifs.
À l'heure actuelle, les polices d'assurance ont pour objectif de remettre le bien dans son état initial après un sinistre. Mais avec les changements climatiques, il est absurde de reconstruire à l'identique.
C'est la recette pour que les mêmes ennuis se reproduisent ad vitam æternam.
Certains assureurs ont donc commencé à offrir des garanties qui permettent de restaurer sa maison en utilisant des matériaux plus résilients, sans frais supplémentaires (p. ex. : poser de la céramique au sous-sol plutôt que du plancher flottant)4, 5.
Ce genre de protection devrait devenir la norme, du moins pour les maisons vulnérables dans les zones à risque. Les assureurs les connaissent bien, eux qui disposent de modélisations prospectives qui déterminent le risque non seulement en fonction des réclamations historiques, mais aussi des éléments environnementaux permettant d'anticiper des dégâts futurs.
Chacun a son rôle à jouer pour rendre les communautés plus résilientes aux inondations. Et les assureurs sont aux premières loges pour faire évoluer les mœurs. Ils doivent être proactifs.
Il faut atténuer le risque en amont pour réduire la facture en aval. C'est là que ça se joue !
1. Consultez le communiqué de la CMM datant de septembre 2024
2. Lisez l'article « Zones inondables : Les propriétaires le bec à l'eau »
3. Lisez l'article « La nouvelle cartographie des zones inondables pourrait affecter la valeur des propriétés. Voici pourquoi »
4. Consultez les garanties offertes par la compagnie d'assurance Wawanesa
5. Consultez les garanties offertes par TD Assurance
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