logo
La Suisse se fait griller la priorité par l'UE sur les droits de douane

La Suisse se fait griller la priorité par l'UE sur les droits de douane

24 Heures28-07-2025
Alors que Washington et Bruxelles ont conclu un accord à 15% ce dimanche, Berne, qui a décidé de faire cavalier seul, ronge toujours son frein. Publié aujourd'hui à 14h34 Mis à jour il y a 7 minutes
Le président des États-Unis, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi que leurs délégations ce dimanche en Écosse.
AFP
En bref:
La Suisse se serait-elle trompée de stratégie? Alors qu'elle semblait à bout touchant d'un accord avec les États-Unis sur les droits de douane, voilà qu'elle se fait dépasser par l'Union européenne, qui vient de signer dimanche un accord avec Trump pour les limiter à 15%.
Or, dans cette affaire, l'historique fait mal. Quand le président américain a dégainé sa menace le 2 avril , la Suisse a d'abord découvert, stupéfaite, qu'il avait l'intention de taxer ses exportations plus lourdement que celles de l'UE: 31% contre 20%. Dans la foulée, Berne et Bruxelles ont alors eu des approches radicalement différentes. Du côté de l'UE, le discours a très vite été de répondre œil pour œil dent pour dent. En face, la Suisse s'empressait de rejeter toute escalade .
Longtemps, cette approche semblait avoir été la bonne. En mai, le Conseil fédéral déclarait même espérer être le deuxième pays , après le Royaume-Uni, à trouver un accord. Les Européens, eux, étaient toujours dans un bras de fer économique. Autant dire que ce dimanche a eu des allures de douche froide, quand Donald Trump et Ursula von der Leyen ont annoncé avoir conclu. Car la Suisse, elle, continue de ronger son frein. C'est en effet le 1er août que le couperet des 31% pourrait tomber. «Chacun défend son pré carré»
La Suisse se serait-elle plantée de stratégie? «Pas du tout, répond Michaël Buffat (UDC/VD). Que l'UE conclue avant nous est une chose, mais l'important, c'est ce qu'il y a dans l'accord; pas le timing. Et pour le moment on ne sait pas ce contiendra notre deal avec Washington.»
Pour lui, il aurait été faux de s'allier avec l'UE. «Ce que nous voyons, c'est que chacun défend son pré carré. Et les spécificités de l'industrie d'exportation suisse ne sont pas les mêmes que celles de nos voisins européens.»
Sidney Kamerzin (Le Centre/VS).
Services du Parlement
Du côté du Centre, Sidney Kamerzin (VS) rappelle que la Suisse – qui ne fait pas partie de l'UE – n'avait pas vraiment le choix de faire cavalier seul et qu'il ne sert à rien de jalouser Bruxelles. «Cet accord est même plutôt encourageant pour nous. Ça montre qu'il y a une marge de manœuvre pour négocier avec l'administration américaine. Nous pourrons nous appuyer sur ce résultat.»
Et de souligner que les États-Unis n'auraient aucun intérêt à punir la Suisse, «alors que nous sommes des partenaires commerciaux de longue date et que nous investissons énormément sur leur territoire».
Carlo Sommaruga (PS/GE).
Service du Parlement
«Je n'ai pas d'états d'âme à voir le Royaume-Uni, le Japon ou l'UE conclure avec les États-Unis avant nous», commente pour sa part Carlo Sommaruga (PS/GE), qui trouve même cela assez logique. «Ce sont là de grands exportateurs vers les USA. On a beaucoup surjoué le rôle qu'auraient eu Karin Keller-Sutter, Guy Parmelin ou la secrétaire d'État à l'Économie et leurs contacts privilégiés avec l'administration américaine. Au final, il faut se rendre compte que la Suisse et ses 9 millions d'habitants, c'est peanuts comme marché, surtout si l'on exclut les pharmas et l'acier.»
Berne n'aurait-elle pas dû faire front commun avec Bruxelles? «On saura à la fin si la stratégie était juste ou pas.» Et d'apporter un autre élément d'analyse: la politique monétaire de la Suisse. «Il y a les droits de douane, mais aussi la force du franc. En jouant sur cette variable, la Banque nationale suisse peut favoriser ou péjorer nos exportations. Je ne serais pas étonné que les États-Unis attendent de voir ce que va faire la BNS ces prochaines semaines avant de conclure.»
Les Verts, eux, sont les plus sévères sur la stratégie adoptée par Berne. «Cela fait un mois que le Conseil fédéral attend une lettre de l'administration Trump, après qu'il a de son côté approuvé un projet de déclaration d'intention commune, réagit la présidente du parti, Lisa Mazzone. Le fait que l'UE passe avant démontre ce que nous disons depuis le début: ensemble, on est plus fort.»
Cela étant dit, la Genevoise voit l'accord sur les droits de douane conclu entre Bruxelles et Washington d'un œil critique: «Le deal est clairement déséquilibré en faveur de Trump. Et il se fait sur le dos du climat, avec des engagements à long terme sur les énergies fossiles américaines qui vont saper les objectifs de l'UE.»
Plus sur les droits de douane, la Suisse, l'Union européenne et les États-Unis Newsletter
«Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.
Autres newsletters
Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes. Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Une «personnalité politique» suisse condamnée pour harcèlement sexuel à Malte
Une «personnalité politique» suisse condamnée pour harcèlement sexuel à Malte

24 Heures

time5 hours ago

  • 24 Heures

Une «personnalité politique» suisse condamnée pour harcèlement sexuel à Malte

L'homme de 59 ans a agressé une femme de ménage dans sa chambre d'hôtel. Le tribunal a accepté de protéger son identité en raison de son statut. Publié aujourd'hui à 17h23 Un Suisse de 59 ans a été condamné pour harcèlement sexuel lundi 4 août à Malte. IMAGO/ZUMA Press Wire Un Suisse de 59 ans a été condamné pour harcèlement sexuel lundi 4 août à Malte, relaye « 20 minutes », citant une information du « Times of Malta» . La défense de ce dernier a demandé que son nom ne soit pas révélé, à cause de son statut de «personnalité politiquement exposée». Il n'est pas possible de déduire s'il s'agit d'un élu, d'un parlementaire, ou encore d'un magistrat. L'homme, qui a reconnu les faits, a agressé une femme de ménage dans un hôtel de l'île. Le Suisse lui aurait demandé un café, puis de l'eau. Lors de son retour pour apporter le verre d'eau demandé, l'employée s'est retrouvée dans la chambre de l'homme, qui s'était mis complètement nu. Il a ensuite attrapé et embrassé la femme de force sur le visage et dans le cou. Cette dernière a finalement réussi à s'échapper et a alerté une collègue ainsi que sa direction. Arrêté et présenté devant la justice le lendemain, l'homme a écopé de 2 ans de prison avec 3 ans de sursis. La Cour a accepté de ne pas divulguer l'identité du Suisse, pour autant que celle de l'employée de l'hôtel soit également protégée. Plus à propos de harcèlement sexuel Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Laure Schmidt est journaliste stagiaire au sein de la rubrique Suisse-Monde-Economie de la rédaction Tamedia depuis septembre 2023. Elle a étudié les sciences sociales et la psychologie à l'Université de Lausanne. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Deux conseillers à Washington, six internats deluxe, natation-médicament: l'essentiel du 5 août
Deux conseillers à Washington, six internats deluxe, natation-médicament: l'essentiel du 5 août

24 Heures

time5 hours ago

  • 24 Heures

Deux conseillers à Washington, six internats deluxe, natation-médicament: l'essentiel du 5 août

Accueil | L'essentiel du jour | Droits de douane: deux conseillers à Washington pour un coup de poker? Les six internats les plus chers du monde sont tous en Suisse Bien-être: la natation pourrait devenir votre meilleur médicament Publié aujourd'hui à 17h20 Après l'échec de l'entretien téléphonique avec Trump, la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et le conseiller fédéral Guy Parmelin jouent leur va-tout face aux droits de douane imminents. Une mission diplomatique qui pourrait se transformer en humiliation nationale. Un coup de poker risqué? Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Tensions commerciales: quand l'or suisse devient la cible du bras de fer avec Washington Les fonderies helvétiques ont exporté pour 39 milliards de francs d'or vers les États-Unis en six mois. Ce boom, désormais terminé, attise les débats politiques alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane de 39% dès le 7 août à la Suisse. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Éducation de luxe: les six internats les plus chers du monde sont tous en Suisse La Suisse abrite les internats privés les plus chers du monde, attirant l'élite internationale, des familles royales aux ultrariches. Ces établissements de prestige combinent une éducation d'excellence avec des services exclusifs comme des cours de survie ou de la cuisine étoilée. Le pays place dix de ses établissements dans un classement des meilleures écoles, et détient les six premières places des internats les plus onéreux. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Sport et bien-être: la natation pourrait devenir votre meilleur médicament Ce sport complet convient à presque tout le monde et soulage les douleurs articulaires. Médecin du sport et ancienne triathlète olympique, Sibylle Matter Brügger livre ses conseils aux nageurs amateurs. Technique, fréquence, équipement: ses réponses aux questions que vous vous posez. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Crise aux HUG: quand les conflits internes menacent la vie des nouveau-nés La cheffe du service d'obstétrique des Hôpitaux universitaires de Genève fait face à une procédure de reclassement après deux décès néonatals survenus dans son service. Ses avocats dénoncent une «cabale». Mais derrière cette affaire se cachent des années de tensions et un climat de peur. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Aussi dans l'actu Accident aérien: le petit avion qui avait coulé après un atterrissage d'urgence sur le lac des Quatre-Cantons le 28 juillet dernier a été retrouvé à une centaine de mètres de profondeur. KEYSTONE L'actu de cette semaine en Suisse Leonardo Pescante est rédacteur en chef adjoint de 24heures depuis 2011. Après des études à l'Université de Lausanne en mathématiques et des cours supérieurs de management au CRPM, il a travaillé près de 15 ans à Radio Suisse internationale. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Parmelin et KKS tentent un coup de poker auprès de Trump
Parmelin et KKS tentent un coup de poker auprès de Trump

24 Heures

time6 hours ago

  • 24 Heures

Parmelin et KKS tentent un coup de poker auprès de Trump

La présidente de la Confédération et le ministre de l'Économie s'envolent pour Washington afin d'empêcher les droits de douane de 39%. Un voyage risqué. Publié aujourd'hui à 15h29 Après l'entretien téléphonique raté entre Donald Trump et Karin Keller-Sutter, la présidente de la Confédération a décidé de s'envoler avec Guy Parmelin à Washington pour tenter de débloquer le dossier des droits de douane. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott) C'est le vol de la dernière chance. La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter (KKS) et le ministre de l'Économie Guy Parmelin ont pris l'avion ce mardi pour Washington afin de tout faire pour empêcher que des droits de douane de 39% ne s'abattent sur les exportations suisses dès jeudi. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. On peut qualifier cette opération de véritable coup de poker. À la lecture du communiqué officiel diffusé par le Conseil fédéral, on comprend entre les lignes que KKS et Guy Parmelin n'ont pas l'assurance de rencontrer le président des USA, Donald Trump. Il est juste mentionné dans la communication que ce voyage impromptu des deux ministres vise à «obtenir des entrevues avec les autorités américaines et à mener des discussions en vue d'améliorer la situation de la Suisse en matière de droits de douane». La Suisse met le pied dans la porte En clair, la présidente et le ministre de l'Économie y vont à la fraîche, espèrent mettre le pied dans la porte avant qu'elle ne se referme. Mais ils n'ont aucune assurance que ce coup de poker marche. L'entreprise est risquée. Ce serait en effet une humiliation pour la Suisse si les deux conseillers fédéraux revenaient les mains vides de la capitale américaine. Mais il faut dire que le Conseil fédéral n'avait plus vraiment le choix. Il lui fallait frapper fort après le téléphone raté de la semaine dernière entre Donald Trump et Karin Keller-Sutter. L'entretien s'était soldé par un échec et la Suisse se voyait frappée de droits de douane additionnels exorbitants à 39% . Un Trump inflexible L'affaire a provoqué passablement de remous, avec des critiques sévères à l'égard du Conseil fédéral en général et de sa présidente KKS en particulier. Cette dernière a été accusée d'avoir mal préparé son entretien et de n'avoir pas eu de plan B face à un Trump inflexible. Il était même question de «fiasco» pour celle qui passe pour la première de classe. Toujours est-il que le Gouvernement s'est rapidement ressaisi. Lundi, il a tenu une réunion de crise en ligne et a promis de présenter «une offre plus attractive aux États-Unis». En quoi consiste-t-elle? Rien de concret n'a filtré pour l'instant. On suppute que la Suisse pourrait s'inspirer de la tactique de l'UE en achetant du pétrole et du gaz américain ainsi que des armements. Et si le poker à Washington échoue? La présidente de la Confédération KKS et son vice-président Parmelin ont pris dans leurs bagages deux secrétaires d'État: Helene Budliger Artieda, qui joue un rôle clé depuis le début des négociations, et Daniela Stoffel, responsable des questions financières internationales. Il est clair cependant que si un déblocage se fait, il ne se fera pas dans les antichambres de Washington mais dans le bureau ovale de Trump. Et si le coup de poker suisse échoue? Eh bien il faudra passer au plan C, comme «catastrophe». A savoir vivre un temps avec des droits de douane arbitraires et surfaits qui peuvent provoquer à terme la disparition de plusieurs dizaines de milliers d'emplois en Suisse. Réactions politiques Olivier Feller (PLR/VD) salue ce voyage. «Le Conseil fédéral prend enfin conscience de la gravité de la situation. C'est une bonne chose qu'il se rende sur place avec ses deux ministres les plus importants dans ce dossier et une petite équipe. Jusque-là, il affichait une forme de passivité. L'échec des négociations a été communiqué jeudi soir. Il ne semble avoir rien fait du week-end, et il ne s'est réuni qu'en visioconférence lundi. La pression des milieux économiques et politiques et des médias a certainement eu un impact.» Le Vaudois doute toutefois d'un effet immédiat, ni même à moyen terme. Un doute que partage également Emmanuel Amoos (PS/VS). Pour le député, ce voyage est avant tout une manière désespérée de sauver la face. «J'ai de la peine à croire que Mme Keller-Sutter et M. Parmelin vont réussir à changer quoi que ce soit en deux jours, surtout s'ils n'ont pas de rendez-vous. Je vois mal M. Trump, ou même son administration, se mettre à leur disposition.» Et le Valaisan de noter que Mme Keller-Sutter et M. Parmelin se sont déjà rendus à Washington. «Ils nous ont dit avoir une excellente offre, et ça a mené à des droits de douane de 39%.» Faire des courbettes devant le président américain n'est, à ses yeux, pas une bonne solution. «Si M. Trump obtient ce qu'il veut, il pourrait très bien exiger autre chose dans quelques mois.» Trump, la Suisse et les droits de douane Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Arthur Grosjean est correspondant politique au Palais fédéral depuis août 2011. Il exerce la profession de journaliste depuis plus de 35 ans. Il a occupé diverses fonctions comme chef de rubrique (Suisse, Genève) et rédacteur en chef adjoint de la Tribune de Genève. Il a commencé sa carrière comme responsable des communes genevoises avant de s'occuper successivement de la politique de la Ville de Genève et celle du canton de Genève. Il écrit pour la Tribune de Genève, 24 Heures et le Matin Dimanche. Plus d'infos @arthurflash Delphine Gasche est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pendant sept ans pour l'agence de presse nationale (Keystone-ATS) au sein des rubriques internationale, nationale et politique. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store