Tour de France 2025 : l'allongement des délais, un cadeau fait aux sprinteurs à Peyragudes ?
13h01, vendredi à Loudenvielle. Jordi Meeus, avant-dernier du classement général, va s'élancer dans exactement 10 minutes. Il fait partie de la meute des sprinteurs que ce contre-la-montre en côte vers l'altiport de Peyragudes menace d'une arrivée hors délai. L'organisation du Tour de France a déjà fixé le délai à 33 %, mais cette rallonge par rapport aux chronos classiques ne calme pas leur angoisse. « Si j'étais inquiet ce (vendredi) matin ? Ah oui, ah bah oui oui ! », dira Arnaud Démare après l'arrivée. Les costauds du peloton ont noté que même Jonas Vingegaard a pris 2'10'' dans la vue face à Tadej Pogacar en douze kilomètres, la veille dans Hautacam. Alors, eux qui n'aiment pas la montagne et que la montagne n'apprécie guère, arriveront-ils à finir dans les sept à huit minutes de délai que l'on imagine ?
À 13h01, donc, alors que Meeus rejoint la cabane de départ, un communiqué tombe et, avec lui, l'enjeu principal de ce début d'après-midi : « Les délais pour terminer seront étendus à 40 % du temps du vainqueur. » La fatigue du peloton et la perf de Pogacar la veille semblent avoir fait craindre un gros wagon d'éliminés à l'organisation. Une belle main tendue vers les sprinteurs, que critiquera Wout Van Aert après-coup : « Ça faisait des mois qu'on savait que la limite serait à 33 %, et 10 minutes avant le départ, ça change. J'ai trouvé ça décevant. »
« Je me suis dit que c'était tant mieux, mais il fallait quand même que je fasse le chrono à bloc »
Arnaud Démare, au sujet de la décision d'allonger les délais
Dans le paddock, au moment de l'annonce, les sprinteurs hésitent, eux, à se sentir soulagés. « Je me suis dit que c'était tant mieux, mais il fallait quand même que je fasse le chrono à bloc », raconte Démare. Anthony Turgis (TotalEnergies), pourtant plus à l'aise dans les bosses que la plupart des grosses cuisses, dit que « le stress a diminué, mais seulement un tout petit peu. Sur un chrono, on ne peut pas se planquer dans les roues, on est rendus à nous-mêmes. » « Je n'étais pas trop inquiet, lance Alberto Dainese (Tudor), mais je me suis dit que certains allaient un peu plus profiter. »
13h11. Jordi Meeus dévale la rampe de départ. « Celui-là, il est grand », lâche un spectateur espagnol sur son passage. 1,90 m, pour 80 kg, pas le gabarit idéal pour avaler 635 m de dénivelé en 10,9 km. À son attitude, on ne perçoit pas de relâchement lié à l'allongement des délais. Le sprinteur belge se cale autour de 20 km/h, effectue de longues relances en danseuse dès que la route se cabre un peu plus. Dans le mur final, il a Mattéo Vercher en ligne de mire, mais ne voit sans doute pas le Français faire un wheeling. Il passe la ligne en 29'34''. Correct.
Démare arrive au sommet de Peyragudes une douzaine de minutes après Meeus. Son chrono est moins bon : 30'59''. « Un beau chantier, sourit le coureur d'Arkea-B & B Hotels. J'ai poussé tout ce que je pouvais, j'étais quasiment sur les bases de mon record sur 30'. Mais j'étais un peu bloqué sur toutes les parties moins raides, là où il fallait mettre des dents de moins pour maintenir la puissance. » Son classement le rassure un peu, quand même. « J'ai vu que Merlier et Mezgec étaient derrière moi, donc a priori ça devrait aller. Mais c'est sur le vainqueur que les temps sont pris... » Il file regarder la fin du chrono à la télé.
6 coureurs sauvés par l'allongement des délais
En zone mixte passe justement Tim Merlier, qui ne lève pas la tête malgré les cris des enfants. Comme Luka Mezgec, le double vainqueur d'étapes sur ce Tour a été une trentaine de secondes plus lent que Démare. Dans la montée, il n'a pas pris le temps de saluer le public, contrairement à son collègue de sprint Biniam Girmay. Et pour cause : Merlier² était dans un « mauvais jour ». À la télé belge, il vient même d'avouer sa peur d'être hors délai.
En début d'après-midi, Luke Plapp claque le premier temps de référence : 24'58''. Pour éliminer Merlier et Mezgec, il faudrait que le futur vainqueur aille 2'30'' (22'28'') plus vite que le rouleur australien. Ça paraît improbable. Mais quand Tadej Pogacar passe au deuxième temps intermédiaire, à 3,3 km de l'arrivée, avec 1'24'' d'avance sur Plapp, un doute surgit. Et si le Slovène écrasait tout dans la rampe finale ? Mais « Pogi » a des limites : quand le chrono fatidique de 22'38'' est atteint, il est à mi-montée de l'altiport. Merlier et Mezgec sont sauvés. L'augmentation du délai de 33 % à 40 % aura été décisive pour eux comme pour Mauro Schmid, Girmay (qui n'aurait sans doute pas fait coucou aux spectateurs avec un délai à 33 %), Démare et Elmar Reinders. Pour eux, la bataille des délais reprend ce samedi, en direction de Luchon-Superbagnères.
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