
Von der Leyen « mangée au petit-déjeuner » ou accord commercial « positif » : l'UE divisée sur le deal avec Trump
L'accord prévoit notamment que les produits européens exportés vers les États-Unis seront taxés à 15 %, quand le président américain agitait la menace de 30 % au 1er août. Mais également que l'UE investisse 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis, et achète pour 750 milliards de dollars d'énergie américaine. En retour… la satisfaction de ne pas avoir subi davantage, même si tous les détails n'ont pas encore été dévoilés.
Malgré ce premier bilan négatif, certains essaient de défendre cet accord. Et en premier lieu la Commission européenne, qui procède ce lundi à une forme de service après-vente, dans le sillage du discours de sa présidente Ursula von der Leyen, laquelle évoquait un « bon accord » dimanche. « Je suis 100 % sûr que cet accord est meilleur qu'une guerre commerciale avec les États-Unis […] C'est clairement le meilleur accord que nous pouvions obtenir dans des circonstances très difficiles », a poursuivi ce lundi le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, qui a négocié durant des mois avec l'administration Trump.
« Éviter une guerre commerciale »
Parmi les autres réactions un tant soit peu enthousiastes, l'Allemagne a également salué un accord à l'arraché permettant d' « éviter une escalade inutile dans les relations commerciales transatlantiques », selon les mots du chancelier Friedrich Merz.
« Nous avons pu préserver nos intérêts fondamentaux, même si j'aurais souhaité davantage d'allègements dans le commerce transatlantique », a-t-il reconnu dimanche, se disant surtout soulagé pour l'industrie automobile. Réaction similaire en Italie, où la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, a salué un accord « qui évite une guerre commerciale au sein de l'Occident avec des conséquences imprévisibles ».
Ce lundi, elle a encore expliqué accueillir « positivement » l'aboutissement des discussions, même si elle estime « évident que nous devrons travailler davantage sur l'accord ». Et notamment sur « certains secteurs particulièrement sensibles » comme les « produits pharmaceutiques », les « voitures » ou « certains produits agricoles ».
« Soulagement », mais pas « réjouissance »
La majeure partie des réactions en Europe sont beaucoup plus mitigées, entre le soulagement d'avoir évité le pire et la constatation d'un accord qui leur reste très largement défavorable. « C'est un moment de soulagement, mais pas de réjouissance. Les droits de douane augmenteront dans plusieurs domaines et certaines questions clés restent en suspens », a par exemple réagi le Premier ministre belge, Bart De Wever.
« J'apprécie l'attitude constructive (...) qu'a eue la présidente de la Commission européenne », Ursula von der Leyen, et « je soutiens cet accord commercial, mais je le fais sans aucun enthousiasme », a de son côté indiqué le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.
Sur le même ton, le gouvernement irlandais a expliqué dans un communiqué « regretter » le nouveau taux de 15 %, mais s'est félicité qu'il apporte « une forme de certitude nécessaire » après des mois d'annonces et menaces tous azimuts.
Trump « a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner »
Dans ce contexte, les dirigeants français sont sans doute les plus offensifs ce lundi. Le ministre chargé de l'Europe Benjamin Haddad a voulu rester mesuré, au petit matin, décrivant un accord « déséquilibré » mais qui apporte « une stabilité temporaire ». Son chef de gouvernement, François Bayrou, a pris beaucoup moins de pincettes par la suite dénonçant un « jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission ».
Dans un autre style que celui du Béarnais, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a également vivement critiqué cet accord, le jugeant « pire » que celui obtenu en mai par le Royaume-Uni. « Ce n'est pas Donald Trump qui a conclu un accord avec Ursula von der Leyen, c'est plutôt Donald Trump qui a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner », a lancé le dirigeant hongrois sur un live Facebook animé par le porte-parole de son parti.
Petit bonus : évidemment pas concernée au premier chef, la Russie de Vladimir Poutine s'est également fendue d'un commentaire sur cet accord favorisant largement les États-Unis. « Une telle approche mènera à une poursuite de la désindustrialisation de l'Europe, à un mouvement des investissements de l'Europe vers les États-Unis et, bien sûr, cela sera un coup très dur » à l'industrie européenne, a réagi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Sans grand chagrin, pour sa part.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Figaro
6 hours ago
- Le Figaro
Le gouvernement veut augmenter la part des assurés sur l'achat de médicaments
Afin de réaliser les 5,5 milliards d'euros d'économies sur le secteur de la santé, une des propositions avancées est d'augmenter la part payée par l'assuré sur les boîtes de médicaments. Alors que le gouvernement souhaite économiser 5,5 milliards d'euros sur le secteur de la santé pour le prochain budget, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder a confirmé jeudi sur France info souhaiter une hausse du plafond des franchises médicales. L'annonce n'est pas nouvelle, elle a déjà été évoquée par Catherine Vautrin dans un entretien au Monde paru ce samedi, qui a appelé à «responsabiliser les assurés». L'augmentation de la franchise médicale n'est pas une première: déjà le 31 mars 2024 elle est passée, pour les médicaments, de 50 centimes à un euro. «Le gouvernement a décidé de doubler le plafond des franchises médicales, et celui des participations forfaitaires ainsi que d'augmenter le montant de ces franchises et participations forfaitaires», a annoncé Catherine Vautrin au Monde samedi dernier. Et la franchise « peut être deux euros » par boîte de médicament, au lieu d'un euro, a précisé Yannick Neuder. Une simple hypothèse ajoute le ministre: « ça fait partie des discussions ». «Nous voulons aussi que, demain, ces franchises soient payées au comptoir [en pharmacie], plutôt que via le fonctionnement actuel, avec un prélèvement ultérieur que l'assuré ne voit pas», a précisé Catherine Vautrin. Autrement dit, le patient pourrait, demain, payer directement le reste à charge à la pharmacie. Publicité Pou rappel, chaque assuré doit régler une franchise médicale sur certains frais, dont les boîtes de médicaments. Elle est aujourd'hui de 1 euro par boîte ou acte paramédical, et 4 euros par transport sanitaire. À l'année, la franchise médicale ne peut excéder 50 euros pour tous les actes et prestations concernées. Autrement, dit c'est un montant à la charge du patient, déduit directement des remboursements. Certaines personnes en sont exonérées, comme les moins de 18 ans, les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ou de l'Aide médicale d'état. La franchise n'est prélevée que sur les médicaments remboursés par l'Assurance maladie. Ainsi, par exemple, si l'assuré achète une boîte de médicaments à 10 euros, et que ce médicament est remboursé à 65 %, l'Assurance Maladie remboursera 5,50 € (6,50 € - 1 € de franchise). Plafond des franchises médicales Enfin, la ministre a annoncé doubler le plafond des franchises médicales. Il est aujourd'hui de 50 euros maximum à payer par an et par assuré sur les boîtes de médicaments, les actes paramédicaux et les transports sanitaires. Il passerait donc à 100 euros par an par assuré. Le gouvernement a aussi décidé de doubler le plafond des participations forfaitaires (consultations) de 50 euros aujourd'hui à 100 euros. L'augmentation de la franchise sur les médicaments est une «mesure injuste qui pénalisera d'abord les malades chroniques et âgés» a dénoncé Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France comme l'ont rapporté nos confrères du Parisien. Mais pour le gouvernement, derrière ces annonces, en plus de faire des économies, l'objectif est aussi de sensibiliser les patients : «La santé n'a pas de prix mais elle a quand même un coût», a campé Yannick Neuder sur France Info. Confirmant ainsi l'affirmation de Catherine Vautrin au Monde: «il faut arrêter avec cette idée que l'Assurance-maladie, 'c'est gratuit, j'y ai droit' : il faut être vigilant, tous ensemble, sur nos dépenses. » Il faut, pour Yannick Neuder, «que tout le monde se rende compte que tout ça n'est pas gratuit" mais financé par les impôts. Cette augmentation à venir du plafond doit être "soutenable pour tout le monde : pour les entreprises, pour l'Assurance-maladie, pour les patients", a-t-il nuancé.


Le Parisien
7 hours ago
- Le Parisien
Le prix des carburants au plus bas en juillet, du jamais-vu depuis quatre ans
Un plein avantageux avant un grand départ en vacances. Les tarifs du carburant étaient au plus bas en ce mois de juillet, à un niveau qui n'avait pas été atteint depuis 2021, à en croire les moyennes établies par le ministère de la Transition écologique . Concrètement, en juillet 2025, le tarif du gazole était en moyenne de 1,6279 euro le litre, contre 1,7070 euro en juillet 2024. Un tarif qui n'avait pas été aussi bas depuis juillet 2021, quand le gazole était à 1,4395 euro le litre. Un plein en juillet 2025 coûtait donc en moyenne 81,395 euros, contre 85,35 euros l'an dernier à la même période. Soit environ 4 euros de différence en un an. La différence est aussi notable sur les tarifs du sans-plomb 95-E10 : en juillet 2025, le ministère de la Transition écologique relevait une moyenne de 1,6694 euro le litre, contre 1,8019 euro le litre en juillet 2024. Là aussi, il faut remonter à juillet 2021 pour retrouver un tarif plus intéressant, avec une moyenne de 1,5508 euro le litre de sans-plomb. Au début de l'été, un plein de sans-plomb 95-E10 de 50 litres coûtait donc 83,47 euros. En comparaison, il coûtait 90,095 euros en juillet dernier. Soit 6,625 euros de différence en un an. Reste à savoir si ces prix avantageux vont durer. Arnaud Aymé, consultant spécialiste des transports chez Sia Partners, se dit optimiste auprès de BFMTV . « Les pays producteurs et exportateurs, les pays de l'Opep, ont annoncé ces derniers jours qu'ils voulaient encore augmenter leur production de pétrole au mois d'août, pour gagner des parts de marché notamment sur les producteurs américains », confie-t-il. De quoi favoriser, donc, le maintien d'une baisse des prix.


Le Figaro
7 hours ago
- Le Figaro
Ascenseur social : les illusions perdues des travailleurs indépendants
Les personnes travaillant à leur compte ont moins de chance d'améliorer leur statut par rapport à celui de leurs parents que les salariés, selon une enquête de l'Insee. Pour réussir dans la vie, il serait préférable d'être salarié. D'après une enquête de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) parue ce 31 juillet dernier, l'ascension sociale est en effet plus fréquente pour les travailleurs non indépendants – représentant 87 % des quelque 20 millions de personnes âgées de 35 à 59 ans – que pour ceux qui sont installés à leur compte. En comparaison avec les salariés, les indépendants, en particulier les microentrepreneurs, ont « 30 à 60 % de chances en moins » de voir les portes de l'ascenseur social s'ouvrir devant eux. À cet égard, les femmes sont les mieux loties, avec près de la moitié d'entre elles (48 %) « en situation de mobilité ascendante par rapport à leur mère ». Les hommes, quant à eux, sont 39 % à grimper l'échelle sociale plus haut que leur père, tout statut confondu. À lire aussi Lionel Christolomme : «Le BTP reste un vrai ascenseur social» Pour déterminer la mobilité sociale, l'institut distingue quatre niveaux de qualification de l'emploi, allant de « l'emploi d'exécution peu qualifié » à « l'emploi dit de niveau supérieur ». Publicité Reste que si le statut - indépendant ou salarié - a un effet discriminant, l'Insee rappelle que pour mettre toutes les chances de son côté, il vaut mieux être studieux. « Les détenteurs d'un diplôme supérieur long (bac + 3 ou plus) disposent de 6 fois plus de chances que les diplômés d'un baccalauréat de bénéficier d'une mobilité ascendante plutôt que descendante ou d'un niveau d'emploi identique », souligne l'étude.