
Émilie Côté et la rubrique La vie, la ville
LA PRESSE
Comment t'est venue l'idée de la rubrique La vie, la ville ?
Émilie Côté : C'est arrivé très vite ! Un matin, en route vers le bureau, je suis arrêtée dans un café où étaient affichés des articles de journaux dans la vitrine. J'ai pris conscience qu'à La Presse, on n'avait pas vraiment de journaliste attitrée à la vie urbaine dans le Grand Montréal. Je suis arrivée au bureau, et j'ai lancé l'idée à mes patrons. Ils m'ont dit : go ! Deux mois plus tard, mon premier texte sur la Plaza St-Hubert était publié. Je trouvais que c'était emblématique de ce que je voulais faire avec cette rubrique-là.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Tony Parente a travaillé pendant 15 ans chez Chaussures Cemy avant d'ouvrir Chaussures Tania en 1978.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Line Grenier et Chantal Parizeau, de Oui je le vœux
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Terry Westcott devant sa librairie d'occasion
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Vanessa St-Louis et Antonin Vézina, de l'Aquarium du Nord
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Tony Parente a travaillé pendant 15 ans chez Chaussures Cemy avant d'ouvrir Chaussures Tania en 1978.
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Lisez Comment va la Plaza ?
Qu'est-ce qui t'intéresse le plus dans cette rubrique ?
Émilie Côté : Il y a tellement de choses à raconter à Montréal. Les vies de quartier se sont beaucoup développées. Avant, ça se passait essentiellement dans les quartiers centraux. Aujourd'hui, à Pointe-aux-Trembles, il y a un petit centre-ville sympathique. À LaSalle, il se passe quelque chose du côté des groupes citoyens. Comme je dis toujours, tu demandes à n'importe qui dans la rue « où êtes-vous né ? » et tu lui poses quelques questions, et tu as un article. Tout le monde a une histoire à raconter. C'est peut-être quétaine à dire, mais j'en suis convaincue.
Ce que j'adore, c'est que chaque texte est « terrain ». Parfois, on me propose de faire des entrevues au téléphone, mais j'insiste pour qu'on se rencontre et qu'on prenne des photos.
Comment trouves-tu tes sujets ?
Émilie Côté : Les sujets sont partout ! Parfois, l'idée me vient lors de mon jogging du matin ou d'une balade en vélo. Je vois un nouveau commerce, un parc qui est en train d'être construit. Je peux aussi faire des recherches sur l'internet pour trouver les plus vieux commerces de Montréal, par exemple. C'est parfois aussi simple que ça !
Je parle aussi souvent de groupes communautaires et d'organismes. Ces groupes partagent souvent de l'information sur Facebook. Je suis donc membre de nombreux groupes de quartiers.
La rubrique La vie, la ville est de plus en plus connue, donc parfois, on m'approche. Mais je suis quand même fière de trouver environ 75 % des sujets – si ce n'est pas plus –, car c'est une partie intéressante de mon travail.
Qu'est-ce qu'un bon sujet pour toi ?
Émilie Côté : C'est un sujet méconnu, ou un angle méconnu. J'aime quand c'est visuellement intéressant, et quand on sent que les gens qui se retrouvent dans l'article mettent du cœur dans ce qu'ils font.
Quand les lecteurs se sentent comme s'ils y étaient, pour moi, c'est mission accomplie.
Quel est ton article le plus marquant de la dernière année ?
Émilie Côté : C'est une rencontre avec Guillaume Girard, un homme qui distribue de la nourriture dans le quartier Rosemont.
Dans mon fil Facebook, j'ai vu que j'avais des amis qui étaient membres du groupe « Du pain et des enjeux ». J'ai vu que Guillaume Girard donnait de la nourriture. Je me suis dit : « c'est incroyable ! ». Guillaume vient du dumpsterdiving. Il récupère des choses dans les poubelles. Mais de plus en plus, il a des ententes avec des commerces qui ont des aliments dont la date de péremption approche.
Je lui ai écrit, mais il ne me répondait pas. Donc, j'ai décidé de me rendre sur place lors d'une distribution au coin de la rue Bélanger et de la 15e avenue.
J'ai vu la file de gens et je l'ai vu lui, avec son vieux camion et beaucoup de nourriture. Au départ, il était surpris de me voir. Je lui ai posé des questions en l'aidant à décharger son camion. Finalement, on a eu une très belle discussion. Je suis allée une fois, deux fois, trois fois, et j'ai interviewé plein de gens.
Je n'ai jamais eu autant d'impact pour un article. La journée de la publication, j'ai eu une pluie d'offres de dons. Comme je ne suis pas chroniqueuse d'opinion, je ne suis pas habituée à ce genre de réaction.
Avec les dons reçus, il a pu s'acheter un nouveau camion. Je lui ai reparlé après la publication de l'article, et il était très reconnaissant. Il m'a écrit pour me dire qu'au départ, il n'était pas certain de vouloir me parler, mais qu'il était content de l'avoir fait.
PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Guillaume Girard en pleine distribution, le vendredi soir
PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Guillaume Girard
PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Guillaume Girard entouré de gens qui lui prêtent main-forte : Riad, Djigi, Bernard, Sarah, Salima et Huguette
PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE
Guillaume Girard en pleine distribution, le vendredi soir
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Lisez L'homme qui nourrit gratuitement les gens.
Est-ce que l'idée de changer la vie des gens t'anime ?
Émilie Côté : Oui, absolument, même si c'est à petite échelle.
Au printemps, j'ai écrit sur des gens qui vont reconduire des patients à l'hôpital de façon bénévole.
Une dame m'a dit que suivant la publication de mon article, 20 personnes avaient proposé leurs services pour devenir bénévoles. Ça fait plaisir, et c'est valorisant.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Murielle Leblanc et son accompagnateur bénévole Pierre Dagenais
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Le rendez-vous de M me Leblanc était à 15 h 15, mais à 15 h 45, nous discutions toujours avec elle et Pierre Dagenais dans la salle d'attente.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Pierre Dagenais et Murielle Leblanc au CUSM
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Murielle Leblanc et son accompagnateur bénévole Pierre Dagenais
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Lisez La chance de se faire conduire.
Je suis touchée par les actions individuelles aussi. Il y a des gens qui font de bonnes actions au quotidien, et c'est important de mettre la lumière là-dessus de temps en temps.
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Progressivement, la grande salle à boire est devenue une véritable salle à manger et le Bar St-Denis s'est assumé à titre de restaurant. Aujourd'hui, une table peut même demander d'être prise en charge par l'équipe, qui composera un menu en cinq services pour 85 $ par personne. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, COLLABORATION SPÉCIALE Emily Homsy et David Gauthier sont copropriétaires du Bar St-Denis. Avec le temps, les deux chefs ont décidé d'optimiser leur fonctionnement en se répartissant les rôles : l'un à la cuisine, l'autre au service. Emily est donc allée en salle. Elle alimente également la carte des vins et à ce chapitre, elle excelle ! Les choix au verre – trop souvent d'une très ennuyante prudence – sont particulièrement jouissifs ici. Enfin des belles quilles ouvertes pour ceux et celles qui n'ont pas envie d'une bouteille au complet. J'ai fini par choisir – et apprécier – un blanc élaboré par la Low Life Barrel House de Winnipeg à partir de raisins ontariens (cépage acadie blanc). 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Si ces touristes sont au rendez-vous, c'est entre autres parce qu'ils consultent le palmarès Canada's 100 Best, sur lequel le Bar St-Denis fait bonne figure (il est présentement au 27e rang), croit la copropriétaire. Depuis quelques années déjà, le compte Instagram du Bar St-Denis fait saliver, avec ses superbes photos de plats colorés prises par le polyvalent artiste Mathieu Goyer. En juin, la palette était au vert. La teinte a dominé mes deux repas. Les dernières asperges de la saison avaient été blanchies à la perfection. Une sauce gribiche ultracrémeuse avec de gros morceaux d'œuf et des boutons d'hémérocalles marinés (à la place des câpres) les enrobait. Les concombres croquants baignaient dans un gaspacho vert herbacé, relevé d'ail des bois mariné et dynamisé par une feta friable au goût salin et légèrement piquant. La savoureuse saucisse à l'agneau en spirale reposait sur des gourganes rehaussées d'herbes salées grossièrement hachées. 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Certes, la salle du Bar St-Denis est plutôt vaste, mais rien ne justifie qu'elle ne soit pas pleine tous les soirs – remplie d'un beau mélange de gens du quartier, de travailleurs de la restauration (qui savent, eux, que cette adresse est une valeur sûre) et de touristes gourmands. C'est un joyau discret de la scène culinaire montréalaise.