
Une bière brassée à partir d'eaux usées
Elle sera produite par une usine mobile de filtration du Carrefour de l'eau, le nouveau pôle d'expertise des technologies de l'or bleu qui fait la fierté du maire de Québec, Bruno Marchand. L'objectif de ce pôle est de propulser la recherche et les innovations dans le recyclage de l'eau.
La Revival, bière de type blonde, à plus ou moins 5 % d'alcool selon l'édition, a été dégustée par un petit groupe lors du lancement du Carrefour de l'eau, en avril dernier. Son concepteur est l'entreprise québécoise H2O Innovation, spécialisée en filtration de l'eau par membrane, qui a mis au point un système de recyclage de l'eau sale et malodorante.
PHOTO FOURNIE PAR LE CARREFOUR DE L'EAU
De gauche à droite : le maire de Québec, Bruno Marchand, Alexandre Guindon, directeur du Carrefour de l'eau et cofondateur de 2 Degrés, et Frédéric Dugré, PDG de H2O Innovation
Pour sa prochaine édition, l'entreprise prévoit un partenariat avec une microbrasserie québécoise, et la bière changera peut-être de nom. Du kombucha à l'eau recyclée pourrait aussi être développé.
La bière est d'abord et avant tout un véhicule pour conscientiser les gens au gaspillage de l'eau potable. Elle ne sera pas vendue à grande échelle.
Au début de l'été, le président et cofondateur d'H2O, Frédéric Dugré, a demandé de façon symbolique aux participants du Festival des Prix Solutions Climatiques, réunis dans le Vieux-Montréal, qui aurait le courage de boire un verre d'eaux usées recyclées. Peu de mains se sont levées. Pourtant, a-t-il fait remarquer lors de sa présentation, plusieurs ont déjà bu un « verre d'eau frappée du Saint-Laurent ».
L'analogie (on n'a pas vraiment offert des eaux usées recyclées provenant des égouts) a été le prétexte pour lancer des discussions sur la pénurie d'eau potable qui menace plusieurs pays dans le monde, dont le Portugal et l'Espagne, dont les réservoirs d'eau sont presque à sec. La crise de l'eau est en train de s'étendre à plusieurs municipalités du Québec à cause des réseaux de distribution d'eau délabrés ou arrivés au maximum de leurs capacités.
« Il y a urgence d'agir », a répété le dirigeant d'H2O Innovation, qui a des clients partout dans le monde, même en acériculture et en agroalimentaire.
Après la conférence à Montréal, l'ingénieur de formation s'est envolé vers le Chili, d'où il s'est entretenu par visioconférence avec La Presse. Il a fait remarquer que des projets immobiliers sont bloqués au Québec à cause du manque de capacité des aqueducs1. En agriculture également.
PHOTO FOURNIE PAR LE CARREFOUR DE L'EAU
La vitrine technologique du Carrefour de l'eau, un pôle d'expertise lancé à Québec, avec son usine mobile de filtration pour conscientiser la population à l'importante de sauvegarder l'eau potable.
« Il y a trop d'eau ou pas du tout dans les champs. Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable avant qu'il ne soit trop tard. On voit ce qui est en train d'arriver dans certaines municipalités, je pense à Saint-Lin–Laurentides [pénurie d'eau], au moratoire à Lévis sur les permis de construction à cause du manque de capacité des usines de traitement des eaux usées. Il est nécessaire de recycler nos eaux usées », enchaîne-t-il.
Le Québec dispose de 3 % des eaux douces renouvelables de la planète, selon les données de la Stratégie québécoise d'économie d'eau potable, a-t-il rappelé.
« Au Québec, on recycle 0 % de nos eaux usées. Elles sont filtrées pour ensuite être rejetées dans le fleuve2. Il faut implanter de l'économie circulaire, mais dans le domaine de l'eau. À l'image de l'électricité, je crois qu'on devrait nationaliser notre eau en commençant par nos quartiers industriels. On pourrait commencer par se servir de nos eaux usées recyclées pour nettoyer les véhicules, refroidir les cheminées des usines, l'arrosage des pelouses. »
D'ici la fin de 2025, les deux tiers de la population mondiale pourraient être confrontés à des pénuries d'eau, selon le Fonds mondial pour la nature.
Aux États-Unis, plusieurs projets voient le jour pour éviter des catastrophes.
Par exemple, grâce à la technologie d'H2O Innovation, le campus de l'hôpital Piedmont d'Atlanta s'est doté d'un « WaterHub » qui transforme les eaux des égouts sanitaires en eaux claires pour les systèmes de chauffage et de refroidissement de l'établissement de santé. D'autres mégasystèmes de recyclage apparaissent avec la participation de l'entreprise québécoise, notamment dans le comté d'Orange, en Californie, afin d'empêcher l'eau de mer d'envahir les nappes d'eau souterraines (l'aquifère).
PHOTO FOURNIE PAR H2O INNOVATION
Projet de recyclage de l'eau dans le comté d'Orange, en Californie. Il s'agit de l'un des plus grands projets au monde.
Alexandre Guindon est directeur du Carrefour de l'eau et cofondateur de 2 Degrés, un incubateur de jeunes pousses dans le domaine. Il ambitionne de transformer la province en chef de file de l'eau, en partenariat avec la Ville de Québec, le Port de Québec, l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), le Centre des technologies de l'eau (Cteau), en plus d'H2O Innovation et de la firme d'architecte Patriarche.
Le projet consiste entre autres à construire une usine de recyclage de l'eau, à propulser des laboratoires de recherche, à mettre au banc d'essais de nouvelles technologies et à ouvrir au public un centre de sensibilisation sur l'eau.
Selon le directeur, il sera insensé d'ici quelques années de ne pas recycler nos eaux usées.
« À l'image de nos bacs de récupération, ce sera un non-sens, souligne Alexandre Guindon. Nous n'avons plus le choix. Le Carrefour de l'eau comprend aussi un volet recherche. Il faut changer les paradigmes, considérer l'eau comme une ressource à protéger, tout reste à construire. »
1. Lisez le dossier « Crise de l'habitation : la construction freinée par les égouts et l'aqueduc »
2. Consultez la page sur le cycle de l'eau de Montréal
Consultez le site du Carrefour de l'eau
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