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La vie, la vie compliquée d'une trentenaire chaotique

La vie, la vie compliquée d'une trentenaire chaotique

La Presse3 days ago
Dans la série culte Girls, qui connaît un regain de popularité auprès de la génération Z, la créatrice Lena Dunham dépeignait de façon crue et sans filtre le quotidien de quatre rivalamies dans la vingtaine, des hipsters qui vivaient à Brooklyn – où d'autre ? – et qui possédaient des personnalités clivantes, que l'on adorait détester.
À la fois polarisantes et attachantes, les jeunes milléniales de Girls, une émission qui a été diffusée de 2012 à 2017, étaient paresseuses, égocentriques, privilégiées et cyniques. Et authentiques, aussi. Les filles de Girls n'hésitaient jamais à se montrer sous leur pire jour, ce qui a inspiré autant de pitié que de dérision.
Avec Too Much (Un peu too much, en version française), la nouvelle minisérie autobiographique qu'elle a imaginée pour Netflix, Lena Dunham s'écarte du style grinçant de Girls pour embrasser les codes plus moelleux de la comédie romantique traditionnelle, mais enrobés d'un réalisme rugueux qui finit par frapper dans le ventre.
Pour être 100 % honnête, les quatre premiers épisodes de Too Much sont moyens, longuets, décevants et répétitifs. Cette série de Netflix décolle véritablement à la cinquième heure avec un long retour dans le passé qui a été déclenché par une consommation excessive de kétamine (woups !) et qui expose les multiples couches de cette histoire d'amour en apparence si simple et jolie. C'est beaucoup plus laid quand on plonge en profondeur.
Mais revenons à la base. Too Much, c'est le récit d'émancipation de la pétillante Jessica (Megan Stalter, hilarante dans Hacks), une assistante de production publicitaire dans la mi-trentaine, qui vit une mégapeine d'amour. Après sept ans de relation, son fiancé l'a cavalièrement larguée pour l'influenceuse Wendy Jones (Emily Ratajkowski), qui aime les lézards et le tricot. Jessica ne s'en remet pas. Elle épluche jour et nuit le compte Instagram de Wendy Jones et lui enregistre même des mémos vocaux acides, qu'elle n'envoie pas et qu'elle archive dans son iPhone. Vous devinez où tout ça se dirige, bien sûr.
Donc, pour réparer son cœur amoché, Jessica accepte un contrat de trois mois à Londres, où elle bossera sur une grosse campagne de pub de Noël. Fan de Bridget Jones et aussi de Prime Suspect, Jessica espère vivre son moment Notting Hill, qui se produit quelques minutes après son atterrissage.
Dans un pub du sud de Londres, Jessica croise le beau et gentil musicien d'indie rock Felix, joué par Will Sharpe, alias le chum d'Aubrey Plaza dans The White Lotus 2. Un vrai bon gars. Felix ne consomme plus depuis trois ans, il parle de ses sentiments, il s'investit dans les conversations, il raffole du corps plus atypique de Jessica et il ne cherche pas à coucher avec elle à tout prix. Bref, c'est quoi son @#%$ de problème, se demande Jessica, peu habituée à rencontrer ce type d'homme bon et bienveillant.
En effet, le rockeur Felix, lui aussi dans la mi-trentaine, est tellement fin et attentionné et parfait qu'il devient lisse et unidimensionnel. Ce romantique fini et fauché grave même des CD (des quoi ?) mixés expressément pour Jessica, qu'il lui fait écouter dans un « Discman » (une relique ?) avec un vieux casque d'écoute filaire (retour en 1987).
À l'opposé, le personnage de Jessica est beaucoup plus complexe et intéressant. Allumée, charmante, drôle et verbomotrice, Jessica peut également flirter avec le chaos, l'insécurité et le sabotage. Elle navigue entre la superficialité et la profondeur et porte des nuisettes victoriennes diaphanes, qui ont la fâcheuse tendance à pogner en feu au beau milieu de la nuit.
La réalisatrice et scénariste Lena Dunham aime beaucoup montrer à la télé ce type de femme adulescente, qui porte de gros rubans de poupée dans les cheveux et dont l'étui à cellulaire ressemble à une manufacture de bonbons. Dans Too Much, Lena Dunham s'est écrit un petit rôle, celui de la grande sœur de l'héroïne, une maman presque quarantenaire qui habite avec sa mère et sa grand-mère et qui ne quitte jamais son pyjama froufrouté.
PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX
Andrew Scott apparaît dans Too Much.
Too Much regorge d'apparitions d'acteurs chevronnés dont Naomi Watts, Kit Harington (c'est Jon Snow !), Adèle Exarchopoulos, Andrew Scott (le prêtre chaud dans Fleabag), Jessica Alba, Jennifer Saunders d'Absolutely Fabulous, Stephen Fry et la chanteuse Rita Ora. Ils sont tous très drôles et excentriques à leur façon.
Maintenant, si vous avez survécu aux quatre premiers épisodes moins bien réussis de Too Much, le cinquième servira de récompense, car il fournit des clés pour comprendre ce qui a dérapé, à New York, entre Jessica et son ancien copain. C'est très bien raconté et dur à regarder.
Too Much excelle dans les moments d'intimité et de tendre complicité entre ses deux protagonistes. Les scènes de sexe, très nombreuses, sont moins explicites et mécaniques que dans Girls, qui se vautrait régulièrement dans le malaise sexuel.
Pour embarquer dans Too Much, il faut aimer le côté échevelé, excessif, égoïste et irritant de Lena Dunham, qui s'est inspirée de son propre mariage avec un musicien britannique pour pondre Too Much.
Pour les fans de Lena Dunham, Too Much n'en fera jamais assez. Mais pour ses détracteurs, c'est déjà trop avant même de commencer. Une conclusion philosophique digne d'une chanson des Spice Girls de 1997.
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Un « dernier bonsoir » à Thierry Ardisson
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time11 hours ago

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Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Paris, France) Une foule d'hommes et femmes en noir ont dit jeudi un « dernier bonsoir » à la vedette du petit écran Thierry Ardisson, dont les obsèques ont été célébrées à Paris, selon un déroulé millimétré et une bande-son qu'il avait choisis. Agence France-Presse Les quelque 500 invités ont respecté le code vestimentaire de l'ancien animateur et producteur mort lundi à 76 ans. Et autant d'admirateurs se sont pressés derrière les barrières et ont applaudi le cercueil noir verni, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des titres de George Harrison, John Lennon, David Bowie ou encore Jean-Louis Aubert (Voilà c'est fini), ont retenti en l'église Saint-Roch, la paroisse des artistes, avant une inhumation dans la plus stricte intimité. Son épouse Audrey Crespo-Mara avait accueilli un à un les invités. PHOTO ABDUL SABOOR, REUTERS Audrey Crespo-Mara a accueilli un à un les invités. Se sont mêlés des amis comme Laurent Baffie, Philippe Corti, Léa Salamé, ainsi que des personnalités tels Michel Drucker, Arthur, Marc-Olivier Fogiel, Alex Vizorek, Florent Pagny, Marc Lavoine, Patrick Timsit ou Guillaume Durand. Brigitte Macron, l'ancien Premier ministre Gabriel Attal et la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, ont également assisté à la cérémonie. Dans la rue barrée, l'émotion était aussi au rendez-vous. « Merci pour moi, mais aussi pour ce que tu as apporté à la télé », lui a adressé Dalila Choufa, 57 ans, qui a posé un congé pour être présente. « Un homme libre et courageux comme ça il n'y en a plus, même si j'étais pas d'accord avec tout ce qu'il disait », a salué auprès de l'AFP Michelle Boesnach, commerçante de 50 ans venue de Normandie. « J'aimais sa créativité, son insolence. C'était quelqu'un aussi qui était très pieux, catholique et royaliste. Cette dichotomie me touchait », a témoigné Julien La Torre, voiturier de 44 ans. « Tu es né un 6 janvier, le jour de la fête des Rois, et tu as dit fuck le jour de la Révolution », avec ce décès un 14 juillet, a lancé dans la nef Audrey Crespo-Mara, en disant « chapeau bas ». « Bal des faux-culs » PHOTO BERTRAND GUAY, AGENCE FRANCE-PRESSE L'animateur provocateur avait déclaré à Paris Match : « Pour moi, ma mort ne peut être que spectaculaire, entourée de vedettes ». Ardisson l'avait prévenue, a-t-elle raconté: « ''Cette cérémonie à Saint-Roch, fais gaffe, ça va être le bal des faux-culs'' ». « Alors oui, il y en a sans doute ici », mais « il y a tous ceux qui t'ont infiniment respecté, admiré, adoré en ton temps », a-t-elle souligné. L'animateur provocateur avait déclaré en mai à Paris Match : « Pour moi, ma mort ne peut être que spectaculaire, entourée de vedettes. (...) Je n'ai pas envie de mourir en douce ». L'hebdomadaire a publié cette semaine en Une une photo de 2005, où Ardisson, lunettes fumées sur le nez, sourit allongé dans un cercueil. Il voulait que cette image soit publiée à sa mort, comme un pied de nez. Jeudi, il a aussi réussi à réunir ses trois épouses successives et ses trois enfants. « Tu as tout affronté, du cancer jusqu'à (Vincent) Bolloré » avec qui il s'était fâché, a affirmé son fils Gaston, avant l'adieu dans l'église. L'annonce du décès de Thierry Ardisson a suscité une pluie d'hommages, du président Macron aux patrons de chaîne, en passant par de nombreuses figures du paysage audiovisuel français (Cyril Hanouna, Karine Le Marchand...). PHOTO BERTRAND GUAY, AGENCE FRANCE-PRESSE Issu d'un milieu social modeste, l'ancien publicitaire a bousculé le paysage cathodique en France. Mais des extraits d'émissions où il avait mis mal à l'aise ses invitées, comme les actrices Judith Godrèche ou Milla Jovovich, ont été aussi relayés. « J'étais ni con, ni macho, on était dans l'époque » et « l'époque a changé », balayait-il en mai sur France Inter. Issu d'un milieu social modeste, l'ancien publicitaire a bousculé le paysage cathodique. Des artistes du monde entier aux hommes politiques, tous se pressaient à ses talk-shows à succès comme Lunettes noires pour nuits blanches dans les années 80, ou Tout le monde en parle sur France 2 (1998-2006). Réalisé par Audrey Crespo-Mara, un documentaire diffusé mercredi soir sur TF1 et disponible sur la plateforme TF1+, La face cachée de l'homme en noir, dresse le portrait d'un homme hypersensible et tourmenté. Ardisson y retrace sa vie en 10 commandements, jusqu'au dernier depuis son lit d'hôpital au printemps : « La mort en face, tu regarderas ».

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Ratafia : pour les desserts… et plus encore !
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