
La France est loin d'être épargnée par le surtourisme, et ces données le prouvent
Et cette tendance, définie par le CNRS comme une « mobilité accrue où l'afflux de visiteurs dépasse la capacité d'accueil d'une destination », a un réel impact dans certaines villes françaises. Au point d'être refaçonnées – parfois malgré elles – pour attirer toujours plus de visiteurs.
C'est ce que montre une récente étude dévoilée par la start-up Ville de rêve, qui a établi un classement des villes de plus de 10 000 habitants les plus impactées par le surtourisme, sur un modèle similaire à celui du Nutri-Score. Ce « Touriscore » permet de constater que sur les 331 communes analysées, 42 % ont une note A ou B, comme Aubagne, Saint-Nazaire, Valence ou La Seyne-sur-Mer. 91 villes, soit 28 % des communes, connaissent une pression touristique préoccupante à critique (D ou E).
L'impact d'Airbnb
Parmi elles, quatorze villes héritent même d'un Touriscore E. Les grandes villes les plus touchées sont Cannes, Nice, Annecy et, dans une moindre mesure, Antibes, Paris et Avignon. Entre 10 000 et 50 000 habitants, Arras, La Ciotat, Épernay ou Montbéliard dominent ce premier indicateur du surtourisme dévoilé fin juin.
Comme l'explique au HuffPost le fondateur de Ville de rêve, Jérôme Devouge, quatre critères ont été pris en compte pour établir le classement : le taux de meublés touristiques, le taux de logements transformés en Airbnb sur une période donnée, la part de loueurs professionnels détenant au moins trois meublés touristiques et la densité de bars et restaurants en centre-ville.
Jérôme Devouge souligne qu'il y a « 25 % d'Airbnb à Cannes et dans les 11 % à Annecy et à Nice ». Un facteur déterminant dans la surfréquentation touristique, souligne-t-il. « Le fait que la thématique du surtourisme arrive dans les villes, c'est assez récent parce qu'il y a eu une explosion du nombre d'Airbnb. En dix ans, on est passé d'environ 200 000 à 800 000. Cette hausse-là est quand même assez difficile à absorber pour les villes, pour les habitants, pour des endroits qui souvent sont des centres-villes assez patrimoniaux, resserrés. »
En entraînant une « raréfaction de l'offre locative », Airbnb pousse les habitants à se loger toujours plus loin des centres-villes et les commerces locaux à évoluer, avec un « fort attrait pour les commerces de type touristique ». En résumé, les bars et les restaurants. « Quand vous avez 700 bars et restaurants au kilomètre carré dans des villes comme Annecy, c'est démentiel par rapport à la capacité réelle de la ville », note-t-il.
80 % du tourisme sur 20 % du territoire
Quelles sont les régions les plus touchées par le surtourisme en France ? « Le Sud et le Sud-Est, à façade méditerranéenne, sont surreprésentés », pointe Jérôme Devouge, qui souligne toutefois que « beaucoup de villes partout en France sont touchées par ce mouvement. Et même le Nord ne fait pas exception, tout comme la première couronne de Paris ».
D'autres données permettent de compléter ce tableau, au-delà des zones urbaines. Statista a dressé une cartographie des sites touristiques les plus affectés dans l'Hexagone. Sont particulièrement prisées les falaises d'Étretat, les Gorges de l'Ardèche ou encore le Mont-Saint-Michel, où ne vit qu'une trentaine d'habitants à l'année, pour 3 millions de touristes accueillis sur la seule année 2024.
Ces statistiques rappellent que la France reste l'une des destinations favorites à travers le monde. En 2024, l'Hexagone a d'ailleurs conforté sa place de première destination touristique mondiale avec 100 millions de visiteurs internationaux. Mais d'après un rapport parlementaire sur le tourisme de 2019, à l'échelle de la France, 80 % de l'activité touristique se concentre sur 20 % du territoire uniquement.
Des solutions locales
Alors pour résister au flux parfois démesuré de touristes, certains sites s'adaptent. Comme sur l'île de Bréhat, en Bretagne, qui ne compte que 400 habitants à l'année (sur 3,09 km²) pour… 450 000 touristes en été. De quoi pousser les élus locaux à prendre un arrêté pour réguler l'afflux de visiteurs, comme le rapporte Ouest-France.
Pour la troisième année de suite, un quota a donc été mis en place (du 28 juillet au 22 août 2025 inclus) afin de limiter à 4 700 le nombre de touristes pouvant s'y rendre sur la période définie. Des mesures similaires existent aussi près de Marseille, dans la Calanque de Sugiton, dans le Var, sur l'île de Porquerolles, ou sur les îles corses de Lavezzi, au large de Bonifacio. Aux grands maux, les grands moyens.
À l'échelle nationale, le gouvernement a lancé en 2023 une campagne destinée à promouvoir des sites touristiques moins connus et fréquentés. Il vise aussi à « encourager un tourisme des 'quatre saisons' mieux réparti sur le territoire », souligne le site institutionnel Vie-publique.fr.
Mais selon Jérôme Devouge, les touristes ne sont pas les seuls à blâmer et surtout à sanctionner. « Il ne faut pas seulement pointer le doigt sur les touristes, il faut aussi garder en tête que pour protéger les habitants, il faut une réglementation qui ait un impact structurel sur eux ». Raison pour laquelle « on parle de réglementation des meublés touristiques en France et dans toutes les villes qu'on a étudiées ».
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