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Vers une campagne binaire ?

Vers une campagne binaire ?

La Presse8 hours ago
La campagne à la mairie de Montréal sera d'une binarité désarmante, à lire les commentaires qui fusent depuis quelques jours.
D'un côté, il y aura la candidate antivélos d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada. Une partisane du statu quo, peu intéressée par la chose environnementale, qui se battra d'abord pour protéger les droits des automobilistes.
Et de l'autre, on trouvera l'écolo Luc Rabouin, chef de Projet Montréal. Son parti a étendu le réseau cyclable à une vitesse exponentielle depuis huit ans, ce qui en fera de facto le meilleur ami des abonnés de BIXI.
L'affaire aurait été scellée lundi dernier.
En conférence de presse, dans un quartier industriel fraîchement doté d'une piste cyclable, l'aspirante mairesse Soraya Martinez Ferrada a promis de réaliser un « audit » de tout le réseau dans les 100 premiers jours de son mandat.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
La cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada
Principale raison invoquée ? La « sécurité ». Certaines pistes seraient « dangereuses », lui ont rapporté des cyclistes et commerçants, ce qui justifierait cette vaste auscultation1.
Cet argument est dur à avaler.
Mon collègue Philippe Mercure l'a bien résumé jeudi : une piste cyclable, même imparfaite, est presque toujours plus sécuritaire qu'une voie partagée avec les véhicules. C'est l'évidence : les usagers à deux roues ne font jamais le poids devant une boîte de tôle de plusieurs tonnes2.
Difficile de ne pas voir dans cette sortie une tentative oblique de rallier le vote des automobilistes frustrés, sans oser nommer la chose. Les dommages pourraient dépasser les gains pour la candidate.
Mais il y avait aussi un deuxième volet dans son annonce. Elle a pointé la planification parfois nébuleuse des nouveaux aménagements cyclables, inégale d'un quartier à l'autre. Et le manque de consultation des populations riveraines, décrié par bien des citoyens.
Deux problèmes réels.
Mme Martinez Ferrada aura encore une centaine de jours pour taper sur ce clou, d'ici au scrutin du 2 novembre. Et, qui sait, peut-être préciser son argumentaire sur la « sécurité »…
Il reste que l'ancienne ministre fédérale d'Hochelaga a réussi quelque chose avec sa déclaration de lundi, si controversée soit-elle : faire parler d'elle. La politicienne a encore une pente abrupte à gravir pour accroître sa notoriété, tout comme son adversaire Luc Rabouin.
Ce n'est pas le seul point commun des deux candidats : leurs engagements électoraux se ressemblent drôlement, jusqu'ici.
Luc Rabouin compte accélérer la délivrance des permis, améliorer l'efficacité de l'appareil municipal et créer de nouveaux outils financiers pour stimuler la construction de logements.
Son adversaire aussi.
L'actuel maire du Plateau-Mont-Royal répète avoir une vision « pragmatique ». Il dit vouloir faire plus avec les leviers actuels de la Ville, pour moins dépendre des ordres de gouvernement supérieurs. Il veut se recentrer sur la prestation de services de base de qualité. S'attaquer aux crises du logement et de l'itinérance. Dynamiser l'économie.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, ARCHIVES LA PRESSE
Le chef de Projet Montréal, Luc Rabouin
Rebelote : sa concurrente préconise tout ça, elle aussi.
Sans invoquer l'aspect sécuritaire, Luc Rabouin a lui aussi reconnu cette semaine que des correctifs pourraient être apportés au réseau cyclable.
Autre similitude : bien des nouveaux candidats auraient pu se présenter tant dans l'une que dans l'autre des deux formations. L'exemple du Plateau, château fort de Projet Montréal, est évocateur.
Jean Beaudoin y briguera la mairie sous les couleurs d'Ensemble Montréal. Cet architecte et ingénieur a œuvré à la piétonnisation de l'avenue du Mont-Royal. Il souhaite commander une étude sur la mobilité, pour rendre les déplacements de tous les usagers plus fluides dans le quartier, tant à pied qu'à vélo ou en voiture.
Pas exactement un chantre du tout-à-l'auto…
Quant à la candidate de Projet Montréal dans le Plateau, Cathy Wong, elle avait d'abord été élue en 2017… dans le parti de Denis Coderre. Elle a changé de camp en 2019.
Bonnet blanc, blanc bonnet ?
C'est un cliché gros comme la Terre : le résultat de la prochaine élection se jouera sur le terrain. Ce sera une affaire de porte-à-porte ininterrompu, de visites assidues dans les évènements communautaires et de serrage de mains perpétuel.
Les deux candidats auront beaucoup à faire pour démontrer ce qui les distingue, en fin de compte. Autant ce qui les distingue l'un de l'autre que ce qui les distingue de leurs prédécesseurs.
Rabouin traîne avec lui l'héritage de Valérie Plante, et Martinez Ferrada, celui de Denis Coderre, ce qui pourrait leur compliquer la tâche.
Il faudra s'attendre à des luttes brûlantes dans plusieurs arrondissements. En 2021, l'écart avait été d'à peine 31 voix à la mairie d'Outremont, de 135 à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, de 161 dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce…
Et c'est sans compter sur l'émergence d'une troisième formation : Transition Montréal.
Le jeune parti s'est doté d'un nouveau chef en juillet, Craig Sauvé. Cet ancien de Projet Montréal a tenté de se faire élire au fédéral sous la bannière du NPD dans LaSalle–Émard–Verdun, en avril dernier. (Il a fini quatrième.)
PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
Le chef de Transition Montréal, Craig Sauvé
Transition Montréal se place à gauche de Projet Montréal sur certains enjeux, comme la taxation des riches propriétaires fonciers. Mais il vise aussi le centre en militant pour des règlements plus souples sur le bruit. Et il tire même un peu à droite en proposant la création d'Infra-Montréal, pour économiser des fonds publics dans les travaux de voirie.
La formation est embryonnaire. Le degré d'enthousiasme des électeurs, difficile à prédire. Mais il faut se rappeler qu'un tiers parti, Mouvement Montréal de Balarama Holness, avait récolté 7 % des votes au dernier scrutin. C'est non négligeable lorsque les marges sont serrées.
Ça chauffe, ça s'active, ça grenouille, et la campagne n'est pas officiellement lancée. Début de la course : le 19 septembre.
1. Lisez l'article « Martinez Ferrada veut revoir l'ensemble du réseau cyclable »
2. Lisez la chronique de Philippe Mercure « La sécurité des cyclistes, vraiment ? »
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