
Édith Fischer, 90 ans, jouera en ouverture de la Semaine de piano à St-Légier
Edith Fischer, pianiste née au Chili en 1935, continue de jouer en Europe et en Amérique tout en donnant des masterclasses.
Semaine internationale de piano
En bref:
À 90 ans, Edith Fischer n'a aucune intention de fermer le couvercle de son piano. Sauf les quelques minutes prises pour répondre à nos questions qui ont interrompu sa répétition. En ouverture ce samedi 9 août de la Semaine internationale de piano et de musique de chambre fondée en 1990 avec son mari, Jorge Pepi-Alos, elle interprète des pièces de Schumann et Beethoven. «Je suis très reconnaissante de pouvoir continuer à jouer, se réjouit-elle. J'enchaîne les concerts et les master classes ces prochains mois, mais je vous assure que je suis devenue plus raisonnable. Aujourd'hui, 80% de mon énergie est concentrée sur le piano. Je ne m'occupe plus du reste!»
Le reste, c'est son mari pianiste qui s'en charge, en programmant la série de concerts tous les soirs à l'Église de La Chiésaz à Saint-Légier, après les master classes avec de jeunes musiciens du monde entier qui se déroulent à la Villa Hindemith à Blonay. Aux côtés du couple argentino-chilien, on retrouve des artistes fidèles du festival, comme les pianistes François Dumont et Cédric Pescia, la violoniste Noëmi Schindler ou le violoncelliste Christophe Roy. Pragmatisme et discipline
Par sa longévité, son élégance ineffable, sa discipline ferme et souriante, et même sa physionomie, Edith Fischer pourrait faire penser à une Elisabeth II du piano classique. En nettement plus abordable! La Chilienne entretient depuis si longtemps sa carrière de soliste et de pédagogue qu'elle peut en tout cas se considérer comme la doyenne des pianistes en activité. Elle incarne une certaine éthique de vie dévouée à la musique, où l'idée de devoir faire soi-même la promotion de ses concerts à travers les réseaux sociaux la met mal à l'aise.
«Durant mon enfance au Chili, juste après la guerre, la vie culturelle était très intense, se souvient l'interprète. Et des chefs d'orchestre comme Kleiber ou Ormandy restaient pendant des semaines à Santiago. Cela a une influence énorme sur la qualité des musiciens et j'ai pu vivre des expériences incroyables.» Avoir côtoyé le légendaire pianiste chilien Claudio Arrau comme professeur laisse aussi des traces indélébiles: «Sa façon très naturelle de toucher le piano et d'utiliser tout le corps était certainement idéale pour épargner les problèmes physiques. Je n'ai jamais eu de tendinite et mes élèves non plus.»
Avec son pragmatisme habituel, Edith Fischer ne fait pas mystère sur ce qui lui permet de conserver une technique redoutable et une mémoire toujours vive: «Quand je me lève le matin, je sais ce que je dois travailler. Je planifie précisément le temps de répétition que j'ai à disposition pour chaque œuvre. Et ensuite, je passe à la suivante. Sans ce contrôle, on s'égare ou on s'épuise. Cela dit, j'ai eu la chance d'avoir été formée très jeune à un vaste répertoire, et je n'ai pas abordé beaucoup d'œuvres nouvelles ces dernières années.» L'interprète insiste aussi sur l'importance du repos, du temps libre, de la connexion au réel: «Chaque fois que je suis en Suisse, je me soigne en jouissant de la nature, cela me nourrit profondément.»
Le contact avec la jeune génération représente pour elle également une cure de jouvence. Elle retrouvera même à Blonay des élèves de ses anciens élèves! «En donnant des master classes et en participant à des jurys de concours, j'ai l'impression qu'on redonne du poids à de vraies personnalités, et pas seulement à la virtuosité et à l'aspect visuel. J'espère que je ne me trompe pas!»
Saint-Légier, Église de La Chiésaz, du 9 au 16 août, concert d'ouverture le 9 (20 h), sipiano.com
L'été des festivals classiques
Matthieu Chenal est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1996. Il chronique en particulier l'actualité foisonnante de la musique classique dans le canton de Vaud et en Suisse romande. Plus d'infos
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